Conférence ESPON « Le développement territorial dans les régions métropolitaines transfrontalières »

21 novembre 2019 09.00 h – 14.00 h

Université du Luxembourg, Campus de Belval, Maison des Sciences Humaines Esch-Belval

Le secrétaire général de l’IGR a participé au point annuel du programme ESPON (European Spatial Planning Observation Network) .

 

L’objectif du programme de coopération ESPON est de soutenir le renforcement de l’efficacité de la politique de cohésion de l’Union Européenne  et d’autres politiques et programmes sectoriels au titre des Fonds structurels et d’investissement européens (Fonds ESI), ainsi que les politiques de développement territorial aux niveaux national et régional, par la production, la diffusion et la promotion de données factuelles territoriales couvrant l’intégralité du territoire des 28 États membres de l’UE et des quatre pays partenaires que sont l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse.

 

Pour mémoire, le projet de recherche appliquée Metroborder a été mené dans le cadre de la seconde période de programmation 2007-2013 du programme ESPON. Son objectif était de développer les grandes lignes d’un processus visant le développement à long terme d’une région métropolitaine polycentrique transfrontalière (RMPT) au sein de la Grande Région.

Le but affiché du projet a été de renforcer le positionnement de la Grande Région au sein de l’Europe.  Comment la Grande Région peut-elle devenir plus compétitive et plus attractive ? De quels éléments a-t-elle besoin pour mieux se préparer aux évolutions au niveau européen dans un contexte où la Commission européenne chercher à renforcer les métropoles existantes et à soutenir les projets en vue de la réalisation de métropoles pour des raisons de compétitivité mondiale conformément à la stratégie Europe 2020.

 

Depuis 2009, la Grande Région s’est dotée d’une stratégie de développement métropolitain à travers le concept de la région métropolitaine polycentrique transfrontalière (RMPT) confirmée, à l’issue de la Présidence lorraine du 13e Sommet lors de la réunion ministérielle du 17 mars 2013 qui a recommandé l’élaboration d’un Schéma de Développement Territorial de la Grande Région (SDT GR)

Cette stratégie a donné lieu dans un premier temps à la production de trois documents : la dimension métropolitaine de la Grande Région, les projets de transport prioritaires, l’étude préparatoire au volet économie.

 

Au début du 15e Sommet de la Grande Région (2015-2016), le Ministère luxembourgeois du Développement Durable et des Infrastructures, agissant pour le compte du Sommet de la Grande Région, a confié à un groupement, une analyse transversale de documents stratégiques, afin d’en tirer un bilan et des préconisations susceptibles de réinterroger la méthode d’élaboration du SDT-GR.

 

Depuis janvier 2018,  dans le cadre de l’objectif spécifique 8 (« renforcer les coopérations transfrontalières dans le domaine de la R+D en vue de faire de la Grande Région un territoire d’excellence ») du programme Interreg V A Grande Région, le projet SDT GR, réunissant 25 opérateurs partenaires, a été lancé.

Le projet SDTGR doit permettre d’aboutir à un Schéma de Développement Territorial partagé par l’ensemble des acteurs de la Grande Région afin de stimuler l’innovation au sein de la Grande Région, à travers notamment l’identification des enjeux et des opportunités qui découlent des dynamiques de développement socio-économiques en cours et de la définition d’une stratégie intégrée polycentrique et transfrontalière qui doit accroître l’attractivité et la compétitivité de la Grande Région.

·       La première phase a consisté en la constitution d’un socle de connaissances partagé et d’un langage commun. Il s’est agi d’établir sur base d’indicateurs socio-économiques et territoriaux des diagnostics permettant la spatialisation des problématiques, et d’aboutir à une série cartographique de présentations des risques et opportunités.

·       Dans la deuxième phase, sur la base de ces résultats, la stratégie de développement territorial est en cours d’élaboration élaborée et des actions à mener pour assurer un volet opérationnel seront identifiées.

 

Dans un souci d’aboutir à un résultat partagé, les travaux ont fait l’objet d’ateliers participatifs transfrontaliers réunissant les acteurs locaux et des experts thématiques afin de renforcer l’adhésion des acteurs de la Grande Région.

 

 

Dans son allocution d’ouverture, le ministre de l’aménagement du territoire du Grand Duché, Claude Turmes, se félicite des travaux menés ces dernières années, “ayant permis de dégager et d’approfondir un ensemble de réflexions favorables au renforcement du processus de métropolisation” dans la Grande Région. Il souligne aussi l’importance de la “mobilisation et du soutien des acteurs politiques de la coopération institutionnelle au sein de la Grande Région dans cette démarche commune”.

Il a appelé de ses vœux le maintien de ce soutien politique, car les “interdépendances fonctionnelles dans moult domaines se sont encore davantage intensifiées entraînant des effets exogènes qui se répercutent sur les territoires de part et d’autre des frontières, démontrant ainsi que les défis globaux et communs ne s’arrêtent pas à une frontière”. Il a conclu son intervention en soulignant qu’ « Il est indispensable de poursuivre ensemble les travaux dans un esprit de concordance des intérêts de chaque partenaire, comme par exemple dans la filière du bois ». Il a en fin souligné l’exemple de la coopération menée dans l’agglomération transfrontalière du Grand Genève, où les décideurs et habitants dépassent les logiques de frontière, tout en valorisant au même titre le rôle précurseur et de modèle de la Grande Région pour d’autres espaces en Europe.

 

La dimension métropolitaine

 

Estelle Evrard (Université du Luxembourg) rappelle le projet de recherche Metroborder en insistant sur la dimension inéluctable de la métropolisation et des enjeux qui en découlent (rayonnement et attractivité, mais aussi disparités et polarisations).

Elle souligne la nécessité d’articuler les différentes échelles (intégration, complémentarité) et de développer une gouvernance pro-active afin d’accompagner, structurer, réguler le développement de la métropolisation, en distinguant trois dimensions : observationnelle, décisionnelle, opérationnelle.

 

Manuel Friesecke (Regio Basiliensis) précise les 4 piliers de la coopération dans le Rhin Supérieur : sciences, économie, société civile, social et évoqué les deux piliers qui vont les compléter dans la stratégie 2020-2030 en cours d’élaboration : la développement durable et le réchauffement climatique.

Il souligne les réussites dans de nombreux domaines de la coopération, mais aussi les limites (difficultés à mobiliser les chefs d’entreprise et les citoyens, grande diversité des structures de coopération).

Andrea Hartz (Groupe d’initiative « Régions métropolitaines transfrontalières »)  insiste sur l’enjeu de l’observation transfrontalière (« penser transfrontalier »), de l’harmonisation des données et d’une base commune « d’indicateurs clefs ». Elle a aussi souligné la nécessité d’orientations stratégiques partagées afin de pérenniser la planification.

Les services transfrontaliers

Sabine Zillmer (Spatial Foresight) présente le projet ESPON « Cross-Border Public Services – CPS » (les services publics transfrontaliers)

Explorant les schémas territoriaux des services publics transfrontaliers, le projet fait apparaitre que la fourniture de CPS aide les régions frontalières européennes à mieux s’intégrer. Les CPS répondent aux défis communs des régions frontalières voisines et leur offre vise à générer des avantages pour le grand public ou des groupes cibles spécifiques dans la zone frontalière. Ces services contribuent à réduire les effets frontaliers négatifs, à améliorer les connexions, à faire prendre conscience du potentiel transfrontalier et à soutenir les flux transfrontaliers de personnes.

Ce projet est guidé par les questions suivantes:

  • Où les CPS existent-ils le long des frontières européennes?
  • Quels sont les potentiels de développement et les besoins futurs de CPS et quels sont les points d’accès possibles pour exploiter ces potentiels?
  • Quelles principales recommandations politiques peuvent être tirées de l’analyse de la prestation de la CPS?

Sur la base de ces questions, le projet vise à fournir des arguments et une inspiration pour ceux qui sont engagés dans le développement et la mise en œuvre de la coopération transfrontalière et pour le développement de l’agenda territorial et de la politique de cohésion de l’UE après 2020. uniquement des décideurs politiques des régions frontalières mais aussi des décideurs nationaux, des opérateurs publics et privés de services d’intérêt général ainsi que des organisations de la société civile.

 

Concernant l’espace de la Grande Région, elle en souligne les particularités :

  • la moitié des CPS relèvent de la protection de l’environnement et de la protection civile (accidents, catastrophes) ;
  • 50 lignes de bus sont gérées par le Grand Duché ;
  • la majorité des CPS sont bilatéraux (à l’exception du SIG Système d’Information Géographique Grande Région et Portail statistique de la Grande Région).

 

Elle mentionne enfin les pistes de renforcement des CPS en Grande Région : transport, aménagement du territoire, éducation, recherche

 

Le développement territorial transfrontalier

 

Olivier Baudelet (DG Regio Commission européenne) , en introduction à son intervention, évoque la future programmation des fonds européens 2021-2027 autour de 5 objectifs stratégiques :

  • une Europe plus intelligente, grâce à l’innovation, à la numérisation, à la transformation économique et au soutien aux petites et moyennes entreprises ;
  • une Europe plus verte et à zéro émission de carbone, qui met en oeuvre l’accord de Paris et investit dans la transition énergétique, les énergies renouvelables et la lutte contre le changement climatique;
  • une Europe plus connectée, dotée de réseaux stratégiques de transports et de communication numérique;
  • une Europe plus sociale, qui donnera une expression concrète au socle européen des droits sociaux et soutiendra les emplois de qualité, l’éducation, les compétences, l’inclusion sociale et l’égalité d’accès aux soins de santé;
  • une Europe plus proche des citoyens, qui soutiendra les stratégies de développement pilotées au niveau local et le développement urbain durable dans toute l’Union européenne.

 

A ces 5 objectifs stratégiques s’ajoutent 2 objectifs transversaux :

  • Renforcement des capacités administratives ;
  • Coopération entre régions et transfrontalière (intègre la coopération dans les programmes principaux).

 

Il indique ensuite, concernant Interreg,  que la coopération interrégionale et transfrontalière sera favorisée par la nouvelle possibilité pour une région d’affecter une part des fonds (objectif 5%)  qui lui sont attribués au financement de projets partout en Europe, conjointement avec d’autres régions.

La nouvelle génération de programmes de coopération interrégionale et transfrontalière  aidera plus efficacement les États membres à lever les obstacles transfrontaliers et à mettre en place des services conjoints (objectif : consacrer 15% du programme). La Commission propose un nouvel instrument destiné aux régions frontalières et aux pays désireux d’harmoniser leurs cadres juridiques, le Mécanisme transfrontalier européen.

Tirant parti du succès d’une action pilote réalisée au cours de la période 2014-2020, la Commission propose aussi de créer les Investissements Innovants Interrégionaux. Les régions présentant des atouts compatibles de «spécialisation intelligente» bénéficieront d’un soutien financier supplémentaire pour travailler ensemble sur des groupements paneuropéens dans des secteurs prioritaires tels que les mégadonnées, l’économie circulaire, les industries manufacturières de pointe ou la cybersécurité.

Olivier Baudelet  insiste aussi sur les conditions à remplir pour voir un projet soutenu au titre d’Interreg :

  • bien définir le territoire qui doit être fonctionnel (et variable selon les domaines) ;
  • disposer de données factuelles objectivées ;
  • choisir un de nombre de priorités limité à partir des analyses ;
  • prévoir des actions concrètes perceptibles par les citoyens ;
  • s’assurer des ressources humaines et financières ainsi que du soutien politique ;
  • impliquer les acteurs et les citoyens du territoire ;
  • garantir le suivi de la mise en œuvre.

Il évoque enfin la nécessité d’une approche intégrée du territoire et de l’indispensable coordination des différentes politiques à impact transfrontalier : mobilité, énergie, emploi, formation, logement.

Panos Mantziaras (Fondation Braillard: Grand Genève) a présente rapidement le Grand Genève :

 

 

2000 km2

1 million d’habitants

500 000 emploi

2 états

2 cantons et 1 district suisses

1 région française,

2 départements français

212 communes

 

 

 

Cet espace de coopération transfrontalière concertée et transdisciplinaire, dont la croissance démographique restera forte jusqu’en 2030, est marqué par un déséquilibre majeur logement/travail (600 000 déplacements frontaliers par jour avec des distances toujours plus longues, même si la part modale des transports publics progresse avec la naissance d’un réseau ferroviaire transfrontalier : le « Léman express ») et les espaces naturels et agricoles attractifs sont menacés par l’étalement urbain (en particulier sur le versant français).

 

Pour éclairer le contexte de la consultation Visions prospectives pour le Grand Genève, Habiter la ville-paysage du 21e siècle , il rappelle que nous sommes entrés dans une nouvelle phase du développement humain : le réchauffement climatique et la pénurie d’énergies fossiles nous imposent de revoir nos schémas de pensée habituels et d’être innovants sur un certain nombre de questions liées à nos modes de vie, aux mobilités, aux ressources ou encore à l’économie circulaire. Et les villes sont au cœur des changements que. Il y a urgence à réfléchir et agir, en accompagnant la transition écologique par une mutation que nous devons opérer. Quels nouveaux espaces doit-on concevoir et construire et quelle nouvelle esthétique pouvons-nous élaborer, si la modernité fondée sur un progrès perpétuel arrive à son terme ? L’humanité ne s’en sortira que si elle change de trajectoire et transition disciplinaire, et par une transition des pratiques. Il y a urgence à réfléchir et agir, en accompagnant la transition écologique par une transition disciplinaire, et par une transition des pratiques.

 

C’est dans ce cadre que s’inscrit la consultation sous forme d’appel à projets sur le futur du Grand Genève. Il s’agit d’imaginer des scénarios d’aménagement urbain, architectural et paysager à l’horizon 2050, dans une démarche à la fois prospective et de recherche par le projet.

 

La fondation Braillard est convaincue qu’il  faut une réflexion transdisciplinaire développée sur plusieurs scénarios parallèles, non pas pour en primer un, mais pour ouvrir le champ des possibles et accompagner l’action des décideurs.  Elle espère obtenir à l’issue de cette consultation un ensemble cohérent de productions complémentaires, à la fois théoriques et pratiques, conceptuelles et opérationnelles. Le foisonnement des idées, la multiplicité des équipes permettront de faire émerger des orientations globales illustrées par des propositions concrètes qui pourront nourrir les processus du devenir métropolitain franco-valdo-genevois, voire de l’arc lémanique dans son ensemble, afin de créer une dynamique foisonnante et capable surtout de renforcer le sentiment d’appartenance à une entité urbaine et paysagère.

 

En clôture de son intervention, Panos Mantziaras évoque les premiers enseignements de la démarche : s’il apparait nettement que les échelles de l’action s’imbriquent et que la problématique de la transition écologique est désormais installée, l’anticipation est difficile, la maitrise de la transition n’est pas encore au point et les élus et les administrations ne sont pas encore au clair sur la trajectoire à imaginer pour une ville décarbonée.

 

La phase suivante consistera à tester concrètement les théories et les dispositifs sur plusieurs échelles et surtout à les offrir au regard critique citoyen, grâce à une démarche concertée, transparente et dynamique

 

Fee Thyssen (RWTH Aachen University : IBA Basel 2020) précise en préambule que les éléments de bilan (10 ans après le lancement de l’IBA trinational de Bâle) qu’elle va présenter  s’appuient sur un sondage en ligne multiacteurs et l’analyse d’impact menée par des étudiants en master.

Elle rappelle qu’en  l’espace d’un siècle, les Expositions Internationales d’Architecture (Internationale Bauausstellung, IBA en allemand) ont acquis une solide réputation internationale en tant qu’instrument traditionnel de la culture allemande de planification, de construction et d’architecture. Au fil du temps, elles se sont progressivement éloignées des aspects d’origine purement architecturaux. Aujourd’hui, outre les aspects esthétiques et technologiques, d’autres considérations telles que les questions sociales, économiques et écologiques, les notions de qualité des processus et de participation.

L’IBA n’est nullement un projet théorique réservé à un public restreint. Ce processus qui évolue sur de nombreuses années doit, au final, toujours déboucher sur des changements concrets pour les villes et les régions concernées ainsi que pour leur population.

 

En 2010, les principaux acteurs politiques de la région ont créé l’IBA Basel pour atteindre, en l’espace de dix ans, les objectifs suivants :

  • Orienter de manière transfrontalière et à long terme la croissance et l’intégration de la région urbaine ;
  • Réaliser des projets transfrontaliers d’excellence, significatifs et apporter une plus value concrète pour les collectivités territoriales et les porteurs de projet, en soutenant les porteurs de projet lors du développement des projets, des procédures d’autorisation et par le déclenchement d’investissements consécutifs ;
  • Améliorer l’efficacité et la visibilité des engagements transfrontaliers en utilisant les relations publiques et en fixant des priorités claires.
  • Améliorer le rayonnement international et l’ancrage régional de la région urbaine trinationale.
  • Construire une organisation IBA efficace.

 

Pour garantir la réussite de cette initiative commune, la stratégie sous-tend un développement réussi des projets, une mise en réseau transfrontalière des acteurs, un ancrage au sein de la société civile ainsi qu’un rayonnement régional et international.

Les premiers enseignements de l’étude d’impact sont les suivants :

  • la mise en réseau des acteurs : au-delà du « noyau dur » institutionnel trinational, des réseaux infra territoriaux (nationaux / binationaux) se sont créés ;
  • la planification et l’aménagement : une nouvelle génération de projets est apparue (autour des thématiques du développement durable, de l’accès à la nature, de la mise en relation des citoyens, des lieux de vie) ;
  • la perception par les citoyens et les acteurs institutionnels: des divergences apparaissent entre la société civile et les institutions et selon les versants.

Une interrogation est aussi partagée : commet faire évoluer l’IBA afin de pérenniser la démarche et le processus ?

Table ronde (quelques points saillants)

  • l’enjeu d’une stratégie transfrontalière multiniveau, multipartenariale et multiacteurs ;
  • la nécessité de conforter un réseau des territoires transfrontaliers à l’échelle de l’Europe (base de données à l’échelle européenne, boites à outils) ;
  • l’intérêt des macrorégions pour développer les liens entre les territoires ;
  • l’enjeu de la résilience post énergies fossiles (« mettre le territoire en jachère ? ») ;
  • proposer aux citoyens « un objectif qui les dépasse ».

Dans son intervention de clôture, Marie-Josée Vidal (Coordinatrice générale aménagement du territoire- Ministère de l’énergie et de l’aménagement du territoire Luxembourg) remercie les intervenants et les participants.

Elle souligne l’enjeu de l’observation territoriale.

Elle émet le souhait que la Grande Région passe de la coopération transfrontalière au codéveloppement.

 

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Les Brunchs de l’IGR #8 | Thionville (F)

16 octobre 2019 – Salle municipale Le Beffroi

Dialogue avec Jean-Jacques Rommes

Président du Conseil économique et social du Grand-Duché de Luxembourg

Points saillants des échanges

Titulaire d’une maîtrise en droit privé (Université de Nancy) et après une carrière de 30 ans dans le secteur financier, dont 10 ans à la tête de l’Association des Banques et Banquiers (ABBL), Jean-Jacques Rommes a rejoint le Conseil d’administration de l’Union des Entreprises Luxembourgeoises (UEL) en tant qu’Administrateur délégué et a présidé le Comité exécutif de l’UEL jusqu’en juillet 2018.

Il est depuis janvier 2019 président du Conseil économique et social du Grand-Duché de Luxembourg 

Près de 35 personnes parmi lesquelles Pierre Cuny, maire de Thionville et président de la Communauté d’Agglomération Portes de France Thionville, étaient présentes dans la belle salle du Beffroi pour cette manifestation animée par Guy Keckhut.

En préambule, Jean-Jacques  remercie Guy Keckhut pour son élogieux portrait et précise que la fonction qu’il exerce actuellement était moins polémique que la précédente.

1- Réponse aux questions de Guy Keckhut

La situation française

Jean-Jacques Rommes constate que la crise sociale perdure en France, en remarquant que les pays européens « historiques » oublient combien ils vont bien quand on les compare à d’autres pays.

Il comprend cependant le mal-être face à la crainte que nos enfants vivent moins bien que nous et s’inquiète de la montée des populismes.

Il souligne que le dialogue social est très différent selon les pays et craint que certains syndicats ignorent en France les contraintes propres aux entreprises.

Pour lui l’entreprise est certes au carrefour d’intérêts divergents mais beaucoup de chefs d’entreprises souhaitent que leurs salariés aillent bien.

Le Conseil économique et social du Grand-Duché

Le Conseil économique et social se compose de 39 membres (18 membres pour le groupe patronal, 18 membres pour le groupe salarial et 3 membres experts nommés par le Gouvernement) et d’une équipe de  5 personnes très professionnelles autour du Secrétaire général Daniel Becker.

Selon le principe du triptyque, la composition différencie les trois grands groupes, que sont le patronat, le salariat et les représentants directement nommés par le Gouvernement. L’approche est de mettre davantage en exergue la finalité première du Conseil économique et social qui est, dans un souci d’intérêt général, la conciliation des positions divergentes.

La saisine du Conseil s’opère à la demande du Gouvernement ou de sa propre initiative.

A titre d’exemple, parmi les trois derniers avis, deux ont été rédigés suite à une saisine gouvernementale (« Le modèle économique, social et sociétal luxembourgeois dans les mutations technologiques », « Analyse de la productivité, de ses déterminants et de ses résultantes, dans un contexte international »), un à l’initiative du C.E.S. (« Analyse des données fiscales au Luxembourg 2018 »).

C’est aussi à l’initiative du C.E.S. qu’un réflexion vient d’être lancée sur la thématique de « la situation transfrontalière », incluant les questions de mobilité, de fiscalité, de co-développement. Les débats ne font que commencer et l’avis devrait être finalisé dans les 3 ans à venir.

La situation du Grand-Duché

Dans son discours à la nation, le Premier ministre Xavier Bettel a joué son rôle de rassembleur mais les chefs d’entreprise ont besoin d’une visibilité à moyen terme de la ligne politique et ne doivent pas être déstabilisés par les changements de cap.

La lutte contre le changement climatique et la croissance verte nécessitent un changement de paradigme alors que nous en sommes juste à la phase de prise de conscience. Et l’enjeu du changement technologique ne doit pas être ignoré.

Les investissements à hauteur de 3 milliards d’euros dans les infrastructures sont effectivement une bonne chose mais le retard à rattraper est fort et il faudra s’assurer que ce montant sera effectivement dépensé, alors que le logement et les transports posent de graves problèmes du point de vue social.

Le travail au Grand-Duché est dans une situation de plus en plus délicate avec un appel croissant à la main d’œuvre hors du pays (voir les différents scenarii prospectifs concernant les frontaliers), des difficultés de plus en plus importantes pour recruter (en particulier dans les secteurs de la fiance et l’artisanat) et former.

La croissance du Grand-Duché est fondée sur la croissance de la main-d’œuvre et non sur celle de la productivité, ce qui entraine mécaniquement un appauvrissement de la population.

Les leviers pour agir sont identifiés :

  • augmenter la productivité de l’économie pour ralentir la croissance de main d’œuvre ;
  • diversifier l’économie (le secteur financier étant déjà productif).

Cela suppose aussi de travailler davantage.

L’Europe, la Grande Région et le Transfrontalier

Le Brexit est une mauvaise nouvelle pour l’Europe. Mais le Grand Duché devrait, en raison de ses liens avec la place financière de Londres, en profiter (sans « jouer les vautours »).

Profondément européen, Jean-Jacques Rommes rappelle que si le Luxembourg se développe au-delà de ses frontières, c’est grâce à l’Europe. S’il apprécie la démarche du Président de la République française, il est par contre déçu par la posture de l’Allemagne et regrette que les pays de l’Europe orientale ne jouent pas le jeu. Il marque son intérêt pour une Europe à deux vitesses.

Le Grand-Duché vit grâce à la Grande Région et la Grande Région vit aussi, dans une moindre mesure, grâce au Grand-Duché.

Il souligne une difficulté : lorsque une entité ne dispose pas d’une représentation qui lui est propre.

La question de la gouvernance de la Grande Région n’est pas facile : faut-il envisager un parlement et un gouvernement spécifiques ?

Le co-développement transfrontalier est un enjeu fort dont les dimensions opérationnelles concernent en priorité l’Université, la recherche, l’innovation et le réseau des infrastructures.

Il est regrettable que le Gouvernement luxembourgeois ait adopté une position si rigide à l’égard de l’équipement ERTMS (European Rail Trafic Management System : norme de l’Union Européenne visant à harmoniser la signalisation ferroviaire en Europe, en la rendant compatible entre les différents pays de l’Union Européenne, ce qui permet des échanges de matériels roulants entre les pays) des TER lorrains

Il est par ailleurs nécessaire que le Grand-Duché pense l’aménagement de son territoire (qu’il n’a pas aujourd’hui réussi) dans le cadre de celui de la Grande Région.

2-Echanges avec les participants

Pierre Cuny, après avoir remercié Jean-Jacques Rommes pour ses propos d’une grande franchise, évoque la récente visite à Thionville de Amélie de Montchanin,  secrétaire d’État chargée des Affaires européennes, avec laquelle il s’est entretenu à propos des  enjeux transfrontaliers avec le Grand-Duché.

Il rappelle son engagement en faveur du co-développement plutôt que de la compensation fiscale et évoque trois problématiques qui semblent essentielles :

  • la formation : on assiste côté lorrain à la fuite des talents et aux difficultés croissantes de recrutement. Pourquoi ne pas envisager de partager la formation (dans les domaines de la restauration et de la sante par exemple) ?
  • la mobilité ; on est proche de l’asphyxie. Il est indispensable de développer le télétravail en faisant évoluer la règlementation française et en incitant les entreprises luxembourgeoises à l’encourager ;
  • la fiscalité (impôt sur les sociétés, cotisations sociales).

Jean-Jacques Rommes assure que le message qu’il relaie en permanence à destination des organisations représentatives est de développer le travail dont il faut harmoniser la réglementation aujourd’hui différente selon les pays concernés (Allemagne, Belgique, France). Il faut cependant veiller à préserver le collectif de travail dans les entreprises.

Il se déclare par ailleurs ouvert à toute proposition relative à la formation.

Pour ce qui est du co-développement, il évoque un travail en cours mené par IDEA pour recenser tous les domaines possibles ainsi que la piste de « zones  à régime particulier » franco-luxembourgeoises.

Pierre Cuny exprime sa réserve à propos des zones « franches » qui risquent d’aboutir à de simples déplacements d’entreprises (effet d’aubaine) et marque sa préférence pour des aides particulières, ciblées.

Jean-Paul Nollet (CESER Grand Est)attire l’attention, pour le télétravail, sur l’importance des contraintes juridiques et de la sécurisation des données.

Frédéric Kestener (IGR) suggère d’utiliser le terme de « zone tampon ».

Après avoir marqué son accord total avec les propos de Pierre Cuny, Jean-Pierre George (Réseau RE@GIR) s’inquiète des chiffres de prospective démographique relatifs aux frontaliers à l’horizon 2050 (plus de 300 000 contre 200 000 aujourd’hui). Il regrette aussi l’absence de gouvernance partagée à l’échelle du territoire transfrontalier et confirme que le sujet de fond est celui des compétences et qu’un des enjeux du co-développement est la formation.

Tristan Atmania (IGR) souligne l’intérêt d’un Schéma de Développement Territorial à l’échelle de la Grande Région.

Edouard  Jacque (Conseiller régional Grand Est, délégué aux travailleurs frontaliers) après avoir rappelé que le Grand Duché est une opportunité pour ses voisins met en avant deux enjeux qui lui paraissent essentiels ;

  • le plurilinguisme dès le plus jeunes âge ;
  • la mobilité ; il défend le principe d’un péage pour le trafic de transit sur l’A31 et l’A30 qui pourrait financer les infrastructures. Il encourage les Conseils Economiques et Sociaux des entités de la Grande Région à se saisir du sujet

Dans sa dernière intervention, Jean-Jacques Rommes exprime son scepticisme à l’égard des projections démographiques relatives aux travailleurs frontaliers au Luxembourg.

Il souligne le manque d’une gouvernance centralisée de la Grande Région.

Et il s’interroge pour finir : quels sont les projets concrets de co-développement ?

Pour aller plus loin : On va couper les veines de l’économie

 

 

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Présentation du projet de Smart City

par la Communauté de Communes du Pays-Haut Val d’Alzette

Maison de la Grande Région 

Esch sur Alzette – 9 octobre 2019

Trente personnes étaient présentes à l’occasion de cette manifestation co-organisée par l’Institut de la Grande Région et la Communauté de Communes du Pays-Haut Val d’Alzette (CCPHVA) représentée par son Président, André Parthenay et son Directeur Général des Services, Julien Vian.

En ouverture, André Parthenay a replacé ce projet de « territoire intelligent » dans le contexte plus global de la démarche de projet de territoire qui vise à construire une agglomération transfrontalière, en lien avec l’Etablissement Public d’Aménagement Alzette Belval et le Groupement Européen de Coopération Territoriale Alzette Belval, autour de deux enjeux : le développement durable (label Ecocité depuis 2009) et la culture (Pôle culturel de Micheville, travail avec le syndicat des communes du Sud du Grand Duché, Prosud , dans le cadre du projet Esch « capitale européenne de la culture 2022 »).

Il a ensuite appelé de ses vœux la co-construction de projets avec le Grand Duché au service d’un co-développement du territoire transfrontalier.

Avant de céder la parole à Julien Vian, il a précisé que la démarche « territoire intelligent » avait vocation à s’étendre de l’autre côté de la frontière ainsi qu’à l’échelle du nouveau Pôle Métropolitain Frontalier Nord Lorrain du côté français

Julien Vian a tout d’abord précisé que la population du territoire, après consultation, avait choisi le nom « ECLOR » pour ce projet de « territoire intelligent ».

Il a ensuite dégagé les caractéristiques et les originalités de la démarche :

  • une modalité de marché public a été utilisée pour la première fois en France : le partenariat d’innovation (avec un consortium réunissant Capgemini, Bouygues et Suez) ;
  • ce projet de transformation du territoire met en œuvre de nouveaux services innovants pour l’ensemble des acteurs, usagers, entreprises et partenaires de la collectivité.  Il s’appuie sur des technologies digitales avancées telles que les objets connectés, l’intelligence artificielle et les services numériques aux usagers ;
  • la CCPHVA devient ainsi la première communauté de communes de cette taille en France à initier un projet transversal de smart city de cette envergure ;
  • ce projet se distingue aussi par d’autres spécificités du territoire : transfrontalier avec le Luxembourg et en recherche de nouveaux leviers d’attractivité ;
  • ce projet est co-construit tant avec les opérateurs privés qu’avec les citoyens (démarche participative) en veillant à conserver la maîtrise publique des données publiques ;
  • ce projet a pour ambition de renforcer les démarches de développement durable déjà initiées (par exemple en transformant les infrastructures anciennes au sein des zones industrielles ou de l’habitat pour les mettre à disposition de citoyens et d’entreprises désireux de s’engager dans l’économie verte et les énergies renouvelables), promouvoir les initiatives locales par l’open innovation en permettant de rassembler les acteurs publics et privés autour de projets ambitieux, et redynamiser le tissu économique ainsi que l’attractivité régionale par l’implantation de nouvelles activités sur le territoire ;
  • les domaines couverts par ce projets sont : la production d’énergie renouvelable, la gestion de l’éclairage public, la rénovation de l’habitat, la gestion des déchets, la « silver économie », la mobilité interne et transfrontalière, le développement économique et les filières courtes.

Dans les échanges qui ont suivi, plusieurs enjeux essentiels ont été soulignés :

  • la mutualisation et la coopération entre collectivités (tant horizontale que verticale afin de favoriser l’interopérabilité entre les projets et les territoires, en particulier avec les communes luxembourgeoises) afin d’abaisser les coûts fixes ;
  • la mise en place de communautés (facilitant l’échange de bonne pratiques, l’essaimage et l’accompagnement par des experts) ;
  • la formation au numérique des élus et des agents des services des collectivités ;
  • l’accompagnement des citoyens à l’usage du numérique, avec un ciblage spécifique des travailleurs frontaliers ;
  • l’utilisation du projet comme levier de l’aménagement du territoire.

Pour en savoir plus :

https://eclor.eu

Support de la présentation : Partenariat d’innovation – ECLOR 

http://www.lessentiel.lu/fr/news/grande_region/story/une-collectivite-frontaliere-se-veut-ultra-connectee-11611395

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Conférence Mobilité

Conférence Mobilité organisée par

Jeudi 3 octobre 2019 – Espace Cormontaigne Yutz

Le président et le secrétaire général de l’IGR étaient présents à cette conférence organisée par la Fédération Re@gir.

Philippe Couturier, président de l’association entrepreneuriale Demain dès l’Aube et animateur du portefeuille Transport et Mobilité au sein de la Fédération Re@gir, a ouvert cette conférence en excusant Jean-Pierre George, président de la Fédération. 

1- Fabien-Gil Dei-Ciechi : présentation du club Air Affaires

Air Affaires est un club de mise en relation entre entreprises (essentiellement des PME et des ETI), propriétaires d’avions privés et pilotes professionnels.

Au travers d’une plateforme web et d’une application mobile, les entreprises réservent leurs avions et pilotes pour leurs déplacements à coûts accessibles et en favorisant la mutualisation des vols.

198 aéronefs (avions de petite et moyenne taille, hélicoptères) sont ainsi répartis sur le territoire (près de 200 aéroports) et permettent de rejoindre 350 destinations partout en France (et 2000 en Europe), sans procédures d’embarquement et de débarquement longues et fastidieuses.

2- Roland Balcerzak, maire d’Hettange-Grande, vice-président de la Communauté de communes de Cattenom et Environs et vice-président du Smitu (Syndicat mixte des transports urbains Thionville Fensch)

Le transport et la mobilité sont des problématiques essentielles sur le territoire transfrontalier Thionville Fensch avec un flux croissant de frontaliers, un allongement des distances parcourues et des durées de déplacement. C’est un enjeu politique fort avec la nécessité d’articuler dimension environnementale et attentes des citoyens.

Il est nécessaire de gérer ces problématiques à court, moyen et long terme, avec pragmatisme et réalisme (prise en compte des contraintes techniques et financières).

Il n’y a pas de solutions « miracles ». Plusieurs réalisations de bon sens, mises en œuvre concomitamment sont déjà mises en œuvre et sont à développer : haltes ferroviaires, parkings de covoiturage, modes doux de déplacement, télétravail, gestion du temps de travail dans les entreprises. 5 à 6 000 véhicules par jours pourraient ainsi ne pas être utilisés.

Le Grand-Duché de Luxembourg, qui bénéficie d’une main d’œuvre qualifiée et formée en Lorraine, doit participer aux financements des projets visant à faciliter la mobilité.

Le Bus à Haut Niveau de Service est une nécessité, le mode actuel de transport est périmé, il n’y a pas de cadencement. A l’unanimité, les membres du Smitu ont validé, le 25 septembre dernier, l’option de la motorisation électrique progressive pour la flotte des bus d’ici 2025.

Si le financement reste encore à boucler, il y a bon espoir d’un soutien de la Banque Européenne d’Investissement (BEI).

3- Arnaud Pinna : directeur du Syndicat mixte des transports du Bassin de Briey (ST2B)

Le syndicat mixte des transports du Bassin de Briey (ST2B) déploie depuis 2015 un ensemble de services dédiés à la mobilité au profit des habitants de ce vaste territoire périurbain et rural (600 km2, 78 000 habitants, 66 communes, 2 intercommunalités) en s’appuyant sur des données objectives relatives aux déplacements sur son territoire (enquête déplacements du SCoT Nord 54).

La mise en place de traditionnelles lignes de bus scolaires, urbaines et interurbaines est enrichie par d’autres offres de service :

  • transport à la demande (sur les zones les moins denses) ;
  • transport adapté pour les personnes à mobilité réduite ;
  • location longue durée de vélos à assistance électrique ;
  • prime à l’acquisition d’un vélo électrique ;
  • auto-partage de véhicules électriques (test à venir) ;
  • covoiturage dynamique : réseau de « court voiturage » consistant à mettre en relation conducteurs et voyageurs (en projet).

4- Philippe Couturier : Iveco Bus Est Bourgogne

La mobilité et les transports sont confrontés aux défis que nous connaissons tous : réchauffement, pollution (CO2 et particules), nuisances sonores. L’enjeu est bien de respecter les recommandations du GIEC et les normes techniques et environnementales.

Les technologies dépendent de la recherche appliquée et sont choisies en fonction des critères de ravitaillement et d’infrastructures, mais aussi de la distance parcourue quotidiennement / annuellement par les véhicules.

Il faut bien avoir en tête la notion de maturité des technologies :

  • gaz naturel véhicule GNV (en développement)
  • électromobilité hybride ou 100 % (en développement)
  • biométhane ou BioGNV (en émergence / développement)
  • bio-hydrogène (horizon 25 à 30 ans)

Le Gaz Naturel Véhicule (GNV) et le BioGNV constituent aujourd’hui des réponses concrètes aux enjeux de la loi de transition énergétique pour la croissance verte en matière de mobilité. Il est très implanté dans d’autres pays où il représente la principale alternative aux carburants traditionnels dans le monde avec 18 millions de véhicules en circulation. C’est une solution accessible, beaucoup moins polluante que les carburants traditionnels, que ce soit en termes de pollution locale ou d’émissions de CO2 et qui présente l’avantage de diminuer les nuisances sonores émises par le système de motorisation.

Pour ce qui est de l’électromobilité, c’est le système de connexion à des câbles (type trolley) qui offre aujourd’hui le rendement le plus élevé.

L’hydrogène utilisé comme carburant présente, à l’évidence, deux avantages majeurs : il peut être produit à partir de n’importe quelle source d’énergie et n’émet pas ou peu de polluants lors de son utilisation. L’idée n’est pas nouvelle, mais sa mise en œuvre dans le secteur des transports se heurte à de nombreux verrous scientifiques et technologiques, et surtout économiques, qui sont autant d’obstacles à une diffusion de masse notamment sur le marché de l’automobile. La recherche est aujourd’hui très active pour trouver des solutions efficientes et pertinentes vis-à-vis des approches batteries seules. Mais le déploiement généralisé de cette solution est envisagé à long terme.

Il est rappelé que sur le périmètre lorrain, il y plusieurs projets liés à la production d’hydrogène au service de la mobilité : le Pays Haut (deux intercommunalités), la Moselle Est.

 

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Projet Alzette Belval : une initiative publique forte pour une écocité transfrontalière

Etablissement Public d’Aménagement – Groupement Européen de Coopération Territoriale

Mardi 24 septembre 2019 – Laboratoire – site de Micheville Audun-le Tiche

 

Jean Christophe Courtin, Directeur Général de l’Etablissement Public d’Aménagement Alzette Belval a accueilli le mardi 24 septembre au matin, dans les magnifiques locaux du Laboratoire, une délégation de l’IGR pour un point d’étape sur la mise en œuvre des projets portés par l’EPA dans le cadre de l’Opération d’Intérêt Nationale créée en 2011.

Pascale Gay-Gressin, Première Conseillère à l’Ambassade de France au Grand-Duché de Luxembourg,  André Parthenay, Président de la Communauté de Communes Pays Haut Val d’Alzette et Lydia Mordacci,  responsable Implantation d’activités et développement des zones à l’Agence Inspire Metz, étaient également présents.

 

En début d’après-midi, Dorothée Habay-Lê, Directrice du Groupement Européen de Coopération Territoriale a reçu le Président et le Secrétaire Général de l’IGR pour leur préciser le projet d’IBA (de l’allemand Internationale BauAusstellung – Exposition internationale d’architecture) dont le GECT est chef de file en partenariat avec le Grand-Duché de Luxembourg. La préfiguration va en être lancée, dans le prolongement et l’ élargissement de la démarche ECOCITE porté par l’EPA.

 

L’Etablissement Public d’Aménagement Alzette-Belval est chargé de l’aménagement et du développement économique du territoire de l’Opération d’Intérêt National Alzette-Belval (OIN) portant sur les 8 communes de la Communauté de communes du pays haut val d’Alzette (Audun-le-Tiche, Aumetz, Rédange, Russange, Boulange, Ottange en Moselle, ainsi que Thil et Villerupt en Meurthe-et-Moselle).

L’Opération d’Intérêt National (OIN) est une opération d’urbanisme créée à l’initiative de l’Etat, quand il juge qu’une zone est stratégique car sa localisation génère de nombreuses opportunités non exploitées. Un périmètre d’action est alors défini afin de reconvertir et développer le territoire. Avec la mise en place de l’OIN, l’instruction et la délivrance des autorisations d’urbanisme (Permis de construire, ZAC, Permis d’aménager, …) sont désormais de la compétence de l’Etat.

La Présidence, tournante, est actuellement assurée par le Président du Conseil Départemental de Meurthe et Moselle, Mathieu Klein.

 

 

L’OIN Alzette-Belval est atypique puisque contrairement aux autres OIN, elle ne se raccroche pas à une métropole existante et ne se résume pas uniquement à la construction ou la réhabilitation d’un quartier mais porte sur les trois quarts d’un territoire intercommunal.

Elle vise à reconquérir un cadre de vie de qualité en recherchant la mixité des fonctions urbaines, la requalification des friches industrielles, le renouvellement de centres anciens, l’amélioration de la qualité résidentielle dans les secteurs denses mais aussi périurbains, tout en tenant compte des espaces naturels, des sites et espèces à protéger présents sur le territoire. Les actions sont traduites dans le PSO, projet stratégique et opérationnel.

La seconde spécificité de l’OIN Alzette-Belval est qu’elle porte un projet transfrontalier avec le Grand Duché du Luxembourg. En effet, le projet français est dépendant et complémentaire du projet luxembourgeois d’Esch-Belval, destiné à devenir la 2è ville et le 2è pole économique du Luxembourg.

 

 

La reconversion de l’ancien site sidérurgique de Micheville

 

Les échanges ont principalement portés sur :

  • la situation fiscale fragile des collectivités du périmètre, liée à la faiblesse de l’économie (le déficit est de 50 % des recettes fiscales par rapport aux collectivités de la même strates) ;
  • les perspectives d’attractivité et de compétitivité pour le territoire par rapport au Luxembourg voisin : forte pour le logement (prix du m2), faible pour le développement économique (compte tenu de la règlementation fiscale et sociale actuelle) ;
  • l’enjeu de la construction d’une agglomération transfrontalière ;
  • le projet prévisionnel d’aménagement : 26 zones, 217ha dont 127 ha de friches ;
  • le bilan à fin d’affaire estimé à 414 millions € (effet levier pour 3 milliards € d’investissements).

 

Pour aller plus loin

 

 

 

 

 

 

 

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Forum d’avenir des Jeunes Citoyens de la Grande Région

Evénement de lancement du Forum d’avenir des Jeunes Citoyens de la Grande Région

le 21 septembre 2019 à l’ISFATES Université de Lorraine Metz

Le Président et le Secrétaire général de l’IGR étaient présents, ainsi que deux membres du Conseil d’Administration (Peter Moll et Frédéric Kestener), à cette manifestation qui a réuni 45 jeunes ce samedi matin dans les locaux de l’ISFATES à Metz.

 

L’IGR a en effet été missionné  par le gouvernement du Land de Sarre  pour l’accompagnement expert du montage et de la mise en œuvre de son projet dédié à la jeunesse à l’occasion de sa Présidence du Sommet des Exécutifs de la Grande Région qu’il occupe depuis le 30 janvier 2019 et jusqu’à 2021.

 

La fondation ASKO EUROPA-STIFTUNG en assure l’accompagnement opérationnel.

 

Il s’agit de mobiliser les jeunes adultes (en formation, actifs) des 5 versants de la Grande Région (Région Grand Est, Grand-duché du Luxembourg, Région  de Wallonie en Belgique, Land de Sarre et Land de Rhénanie Palatinat).

 

Ils développent ensemble les perspectives d’avenir de la Grande Région.  Cela se passe dans le cadre de groupes de travail traitant de différents thèmes et aspects de la coopération transfrontalière (transports et mobilité, plurilinguisme et identité, politique et institutions, marché du travail et évolutions démographiques, environnement et développement durable…) . Chacun peut y apporter son expérience, ses visions et ses idées.

 

D’ici l’automne 2020, ces perspectives d’avenir doivent être transmises aux acteurs politiques responsables sous la forme de propositions concrètes.

 

Après les interventions d’ouverture, dont celle du Président de l’IGR, les jeunes très motivés, en provenance des différents versants de la Grande Région, ont travaillé près de deux heures dans 4 ateliers thématiques qui ont été suivis d’une restitution par un binôme pour chacun des ateliers.

 

La matinée s’est conclue par un repas convivial.

 

Une deuxième manifestation est d’ores et déjà prévue les 16 et 17 novembre 2019 à Braunshausen (Sarre)

 

Pour en savoir plus https://forum-jgr.com/fr/wir-sind/

 

 

 

 

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Les Cahiers de la Grande Région

Séminaire inaugural « La Grande Région face à ses évolutions démographiques »

Vendredi 20 septembre 2019 – LISER – Esch-sur-Alzette – Campus de Belval

Le président et le secrétaire général de l’IGR étaient présents à cette manifestation qui a réuni 45 personnes.

Le LISER et ses partenaires, dont l’IGR, ont présenté le 20 septembre à la Maison des sciences humaines de Belval une nouvelle publication : « Les Cahiers de la Grande Région ». Ce nouvel outil, à la parution semestrielle, a pour mission, d’une part, de mieux faire connaître la Grande Région, ses spécificités et ses enjeux et, d’autre part, de pallier le manque de visibilité de cet espace de vie et de coopération transfrontalière. L’objet des Cahiers consiste à informer tant les populations que les acteurs institutionnels ou de la société civile des problématiques et défis rencontrés au sein de la Grande Région et à concourir au développement d’un « esprit Grande Région ».

Le premier de ces Cahiers est consacré aux évolutions démographiques dans l’espace de la Grande Région. Il laisse place à trois points de vue indépendants sur la question. Ces réflexions se penchent successivement sur les futurs équilibres entre frontaliers et résidents au Luxembourg, sur les enjeux pour l’ensemble de la Grande Région et finalement sur la situation de celle-ci dans les décennies qui s’ouvrent, toujours en relation avec la thématique démographique.

Au sommaire :

  • Évolutions démographiques au Luxembourg : quels équilibres frontaliers – nouveaux résidents ? par Vincent Hein (Fondation IDEA)
  • Vieillissement structurel de la population, quels enjeux pour la Grande Région ? par Frédéric Durand (LISER)
  • Horizon 2035, le transfrontalier dans tous ses états ? Michaël Vollot (Agape)

Téléchargeable sur le site du LISER https://www.liser.lu/?type=module&id=23

La parution du N°2 est prévue pour mars 2020.

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Table ronde « Démographie à la luxembourgeoise : quelles conséquences pour notre cadre de vie ? »

Luxembourg – Chambre de commerce

17 septembre 2019

Le président et le secrétaire général de l’IGR étaient présents à cette manifestation organisée par l’Ordre des Architectes et des Ingénieurs-conseils (OAI) en collaboration avec la Fondation IDEA.

Parmi les quelque 80 participants, on pouvait noter la présence de Bruno Perdu, ambassadeur de France au Grand-Duché de Luxembourg.

L’exposé introductif, par Muriel Bouchet, directeur de la Fondation IDEA asbl, s’est focalisé sur l’évolution de la population résidente et de sa structure par âge, appréhendée sur la base de trois scenarii de projections démographiques de long terme (2060) basées sur les hypothèses d’une croissance annuelle du PIB de 3 %, de la productivité de 1 % et de l’emploi de 2 % :

  • une simulation de référence : 1 million d’habitants en 2060, caractérisée par l’augmentation sensible du nombre de frontaliers, un recours modéré à l’immigration et le vieillissement de la population ;
  • une autre simulation caractérisée par le gel des flux de frontaliers, une fort recours à l’immigration et un rajeunissement de la population ;
  • une dernière simulation fondée sur le gel de l’immigration nette, un très fort recours aux frontaliers et un vieillissement renforcé.

L’incidence sur la population totale, sa ventilation par âge et le nombre de frontaliers a été dégagée. Les conséquences possibles pour l’habitat et les infrastructures en fonction notamment du nombre prévu de ménages ou du nombre de personnes à mobilité réduite ont été également évoquées : convient-il de construire plus en hauteur, de construire davantage de zones mixtes ? Quelles conséquences concrètes pour l’aménagement des bâtiments, pour la voirie publique (accès à l’habitat, aux bâtiments officiels, aux transports publics, modes de stationnement, maisons de repos et de soins, etc.) ?

D’autres interrogations ont été formulées : quelle place pour l’automobile, les transports en commun ou l’habitat ? Quels défis plus globaux pour la cohésion sociale ?

Une table ronde, animée par Michel-Edouard Ruben, senior economist à la Fondation IDEA asbl, a suivi, avec la participation de : Corinne Cahen, ministre de la Famille et de l’Intégration et ministre à la Grande Région, Jos Dell, architecte et président de l’OAI, Marc Feider, ingénieur-conseil et vice-président de l’OAI, Christine Muller, architecte-urbaniste, et Patrick Bousch, coordinateur de la politique nationale à l’institut de recherche public luxembourgeois LISER.

Au cours de ses interventions, la ministre Corinne Cahen a rappelé les investissements dans les infrastructures de transport ainsi que les projets menés au niveau transfrontalier et a insisté sur le fait qu’il faut continuer à diversifier les lieux de travail, à travailler sur le covoiturage et le transport public afin de garantir une bonne work-life-balance à chacun et chacune. En ce qui concerne les défis du logement, la ministre a souligné l’importance de trouver des solutions en collaboration avec les communes.

Au travers des échanges entre les intervenants à la table ronde et les réponses qu’ils ont apportées aux questions des participants dans la salle, plusieurs enjeux ont été dégagés :

  • l’appréhension du concept de « construction durable » (écologiquement, économiquement, socialement) ;
  • la distinction à faire entre le prix du foncier (problème essentiel) et celui du logement lui-même ;
  • le développement d’alternatives à l’accession à la propriété et à la rigidité des logements ;
  • le logement locatif abordable ;
  • la communication entre les acteurs « professionnels » et avec les citoyens ;
  • une stratégie d’aménagement du territoire pensée à l’échelle de l’aire métropolitaine du « grand Luxembourg » et portée par une gouvernance adaptée.

Pour aller plus loin

Support de présentation de Muriel Bouchet : Support présentation M Bouchet Conference-OAI-IDEA-

Le retour d’OAI sur la manifestation : Notre cadre de vie face à l’évolution démographique OAI

 

 

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La mobilité transfrontalière – Enjeux et solutions

Centre Pompidou-Metz

11 septembre 2019

Le secrétaire général de l’IGR était présent à cette rencontre suivie d’échanges avec François Bausch, ministre de la Mobilité et des Travaux Publics du Grand-Duché de Luxembourg, organisée conjointement par la Chambre de commerce et d’industrie Moselle Métropole Metz et la Chambre de commerce Luxembourg, et animée par Guy Keckhut.

Parmi les quelque 70 participants, dont de nombreux dirigeants d’entreprise, plusieurs personnalités étaient présentes : Son Excellence Martine Schommer, ambassadrice du Grand-Duché de Luxembourg en France, Liliane Lind, présidente de la Chambre de métiers et de l’artisanat de la Moselle, Nicole Muller-Becker, vice-présidente de la Région Grand Est déléguée à la Coopération transfrontalière et au Développement du multilinguisme, Olivier Delcayrou, secrétaire général de la Préfecture de la Moselle, sous-préfet de l’arrondissement de Metz, Jean Peyrony et Aurélien Biscaut, respectivement directeur général et secrétaire général de la Mission Opérationnelle Transfrontalière (MOT), Christian Ariès, président de la Communauté d’agglomération de Longwy, des représentants de l’Université de Lorraine et des agences d’urbanisme – Aguram et Agape.

Dans une brève introduction, Fabrice Genter, président de la CCI Moselle Métropole Metz, mais aussi 1ervice-président de la CCI Grand Est en charge du transfrontalier, a vivement remercié François Bausch et rappelé que cette rencontre faisait suite au colloque organisé à Metz le 8 novembre 2018 sur le thème « Les Mosellans au cœur de la chaîne de mobilité territoriale et transfrontalière », et s’inscrivait dans une collaboration étroite avec la Chambre de commerce Luxembourg. Il a aussi souligné que la réflexion sur la mobilité transfrontalière devait s’inscrire dans une approche plus globale de co-développement entre le Grand-Duché et les territoires mosellan et lorrains.

Dans ses réponses à Guy Keckhut puis dans ses échanges avec la salle, François Bausch a insisté sur la nécessité d’avoir une approche globale et systémique de la « mobilité », terme moins réducteur que les « transports » :

  • en prenant en compte deux enjeux essentiels : climatiques et économiques ;
  • en terme de multimodalité (tant pour les personnes que pour le fret) ;
  • en visant à responsabiliser l’ensemble des acteurs : états, collectivités, citoyens, entreprises.

Il a souligné l’importance des choix politiques en rappelant que les investissements du Luxembourg dans les infrastructures se montent à 600 euros par an et par habitant, contre 50 euros en France et 340 euros en Suisse, souvent citées comme modèle.

Il a par ailleurs précisé sa vision du co-développement sur un espace élargi au-delà des territoires proches de la frontière du côté lorrain (la zone d’attraction métropolitaine de Luxembourg), en partenaire soucieux de participer au développement harmonieux des deux côtés de la frontière autour de projets concrets tant dans le domaine économique (accueil d’entreprises sur des friches industrielles) que celui des infrastructures de mobilité (parkings de covoiturage), mais aussi des équipements et services à la population (santé, petite enfance, etc.).

Il a aussi marqué son accord avec une proposition formulée par Fabrice Genter : développer un marketing territorial commun à l’échelle de cet espace pour accroître une attractivité qui servira tous les territoires.

A l’occasion des échanges avec la salle, il a évoqué la piste de zones « franches » en souhaitant un compromis   fiscal et social entre les deux législations nationales et approuvé le souhait exprimé par un intervenant de l’harmonisation des règlementations relatives au télétravail entre le Grand-Duché et les pays frontaliers.

En fin d’intervention, François Bausch a également annoncé une réforme à venir de la fiscalité liée aux voitures de fonction au Grand-Duché. Il entend proposer un « package mobilité », avantage qui pourrait couvrir tous les aspects liés à la mobilité (abonnement au train, frais liés au covoiturage et à l’abonnement à un parking).

Il a enfin évoqué les perspectives d’un nouveau plan d’investissement dans les infrastructures de mobilité à l’horizon 2035 qu’il présenterait à la mi-mandature de l’actuel gouvernement.

Pour en savoir plus, voir aussi le site de PaperJam : Voiture de fonction, avantage fiscal revu en 2021

 

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