Rencontre avec Peter Altmaier, ancien ministre allemand de l’Economie

à la Mairie de Metz le mardi 9 avril 2024 à 18 h 15

 Animée par Guy Keckhut

A l’initiative de l’IGR et de la Ville de Metz, Peter Altmaier était l’invité d’honneur d’une rencontre qui a réuni près de 80 personnes dans le grand salon de l’hôtel de ville de Metz.

Peter Altmaier : quelques éléments biographiques

Né le 18 juin 1958 à Ensdorf en Sarre.

1978, diplôme d’études secondaires, puis service militaire ; de 1980 à 1985, études de droit à l’Université de la Sarre à Sarrebruck ; premier examen de droit d’État en 1985 et deuxième en 1988 ; 1985 à 1986 études post-universitaires en « Intégration européenne », certificat en études européennes.

De 1985 à 1987, chercheur à la Chaire de droit constitutionnel et international de l’Université de la Sarre ; de 1988 à 1990, assistant de recherche à l’Institut européen de l’Université de la Sarre ; depuis 1990, fonctionnaire de la Commission européenne, de 1993 à 1994, secrétaire général de la Commission administrative de la CE pour la sécurité sociale des travailleurs migrants ; en congé depuis 1994.

En 1974, il rejoint la Junge Union (organisation de jeunesse de la CDU) et en 1976 il adhère à la CDU ; de 1988 à 1990, président d’État de la Junge Union Saar ; de 2000 à 2008, président de district de la CDU Saarlouis ; de 2006 à 2010, président de l’Union européenne Allemagne, depuis lors président d’honneur.

 

Membre du Bundestag depuis 1994 ; de 2004 à 2005 conseiller juridique du groupe parlementaire CDU/CSU ; de novembre 2005 à octobre 2009, secrétaire d’État parlementaire auprès du ministre fédéral de l’Intérieur ; du 27 octobre 2009 au 22 mai 2012, premier secrétaire parlementaire ; de mai 2012 à décembre 2013, ministre fédéral de l’Environnement, de la Protection de la nature et de la Sécurité nucléaire ; de 2013 à mars 2018, chef de la Chancellerie fédérale et ministre fédéral chargé des tâches spéciales ; du 24 octobre 2017 à mars 2018, ministre fédéral des Finances par intérim ; de mars 2018 jusqu’en décembre 2021, ministre fédéral de l’Économie et de l’Énergie.

En raison de sa grande loyauté envers le parti et de son expertise, Peter Altmaier a gagné le respect et la confiance de la chancelière Angela Merkel et a rapidement été considéré comme son proche conseiller.

En 2015-2016, pendant la crise migratoire en Europe, il a milité pour que l’Allemagne prenne ses responsabilités en accueillant des milliers de réfugiés, avec pour conditions l’apprentissage de la langue et une insertion organisée sur le marché du travail. Une position finalement défendue par Angela Merkel.

 

Dans son allocution d’accueil, François Grosdidier, maire de la Ville de Metz et président de l’Eurométropole de Metz, a évoqué la forte vocation européenne de la ville, son grand attachement à la coopération avec l’Allemagne, et en cette période charnière de conflits et de remises en cause, les enjeux du renforcement de la coopération franco-allemande et, dans le cadre de la Grande Région, de l’organisation de l’espace de vie et de mobilité transfrontalière autour de la ville de Luxembourg.

Peter Altmaier a ensuite répondu pendant plus d’une heure aux questions dynamiques posées par Guy Keckhut devant un auditoire très rapidement conquis par sa parfaite maîtrise du français (une des quatre langues qu’il parle couramment), ses qualités oratoires, son très riche parcours politique, son authenticité et sa sincérité.

Après avoir précisé les raisons de son engagement en politique il y a près d’un demi-siècle, « pour changer la vie des gens dans une perspective de paix », il a insisté sur ce que représente pour lui le cœur de l’action politique, à savoir « résoudre les problèmes de la vie quotidienne des citoyens ».

Il a aussi souligné la responsabilité de sa génération de porter l’esprit européen dans le contexte de guerre en Ukraine et à Gaza et appelé, à l‘issue des élections européennes du 9 juin prochain, dont il regrette la « nationalisation », à un compromis entre libéraux, centre, démocrates-chrétiens et droite.

Il a aussi souhaité une relance du processus de l’Union méditerranéenne comme pilier central de la politique européenne dans le contexte géopolitique actuel.

Revenant sur la crise migratoire de 2015-2016, il a justifié les choix proposés à Angela Merkel par des enjeux géopolitiques (stabiliser la cohésion européenne et les relations avec la Turquie) et humanitaires. Il a aussi plaidé pour une politique migratoire à l’échelle européenne et une répartition équitable des flux entre pays de l’Union.

Il a enfin évoqué à plusieurs reprises la coopération franco-allemande qui doit rester le moteur de l’Europe, tout en reconnaissant que la guerre en Ukraine a eu un impact négatif sur la relation entre les deux pays. S’il y a sur le fond une vision assez proche entre les deux pays, aucun accord stratégique n’a pu malheureusement être trouvé.

Il a insisté sur la nécessité d’un compromis préalable entre les deux pays avant toute discussion avec les autres partenaires européens et sur la nécessité de ne pas manifester publiquement ses désaccords.

Article paru sur le site Voisins Nachbarn le 10 avril 2024 : Pourquoi Peter Altmaier est-il entré en politique

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Grande Région vers un traité international ? Coin du feu avec Franz Clément

   

 

Salle Saint Louis – Grand séminaire de Metz

Mercredi 29 novembre 2023 – 17h30-19h30

Près d’une trentaine de participants étaient présents pour entendre Franz Clément et dialoguer avec lui dans la très belle salle Saint-Louis, à l’occasion de ce « Coin du feu » organisé en partenariat avec la radio  RCF Jérico Moselle.

Dans son intervention d’ouverture, Roger Cayzelle a présenté Franz Clément.

Chercheur au LISER (Luxembourg Institute of Socio-Economic Research) depuis 1996, Franz Cléments’intéresse en particulier aux travailleurs frontaliers au sein du marché du travail luxembourgeois et de la Grande Région.

A ce titre, Il est aussi coordonnateur des Cahiers de la Grande Région (en ligne sur le site du LISER https://www.liser.lu/?type=module&id=237 ) dont l’IGR est un des partenaires ; l’ambition est de rendre accessibles au grand public les travaux d’expertise sur les problématiques et les défis rencontrés au sein  de la Grande Région et à concourir au développement d’un esprit « Grande Région ».

Il anime par ailleurs tous les quinze jours le mercredi dans l’émission de RCF Jéricho Moselle « Midi Lorraine les entretiens » un échange avec une personnalité sur les problématiques de la Grande Région (https://www.rcf.fr/actualite/midi-lorraine-les-entretiens?episode=395914 ).

Résidant à Martelange, grand amateur de nature,  de promenades en forêt et de bonne cuisine, passionné de culture et de légendes locales, il est aussi l’auteur de plusieurs romans.

Franz Clément a ensuite développé ses constats et ses propositions.

La Belgique et le Grand-Duché de Luxembourg n’ont cessé d’entretenir des liens privilégiés.

Ce fut le cas dès 1921 lors de la conclusion du traité sur l’UEBL (Union économique belgo-luxembourgeoise). Cette coopération s’est renforcée dès 1944 au sein du Benelux et dès la signature du Traité de Rome en 1957. Actuellement, malgré l’unification européenne, les traités UEBL et Benelux subsistent toujours et permettent, à un niveau infra-communautaire, aux deux Etats, de continuer à entretenir des relations.

Les deux pays se retrouvent depuis les années 1980 au sein de la Grande Région qui se structure progressivement avec deux Länder allemands (Sarre et Rhénanie Palatinat) ainsi qu’une région française (la Lorraine).

Cet espace est un lieu de coopération qui n’atteint pas le stade de l’intégration politique et les relations bilatérales dominent encore largement.

Pourtant cet espace aurait bien besoin de cette intégration. En effet, plus de 50 000 travailleurs frontaliers belges gagnent quotidiennement le Grand-Duché pour y exercer leur activité professionnelle où ils rejoignent les 120 000 frontaliers français et les 50 000 allemands.

Or dans cet espace, on constate une absence totale d’harmonie fiscale et sociale, ce qu’a encore démontré amplement la récente crise sanitaire, ainsi que des déséquilibres et des inégalités croissantes, en particulier dans les territoires de l’espace métropolitain autour de la ville de Luxembourg, dont la processus de développement est de de moins en moins tenable (en particulier au regard des besoins en compétences à venir et de la mobilité induite), tant au Grand-Duché qu’au-delà de ses frontières.

L’espace est confronté à des règles nationales et/ou régionales lorsqu’il s’agit de franchir les frontières alors qu’il est devenu un marché du travail intégré au sein de l’Union européenne.

Par ailleurs force est de constater que le Grand-Duché de Luxembourg traite « à la carte » avec ses voisins frontaliers (compensation fiscale ou encore jusqu’il y a peu le nombre de jours de télétravail)

Il est possible de passer d’un espace de coopération à un espace d’intégration politique garante de davantage de cohésion sociale et territoriale et du maintien de l’attractivité du territoire par le biais d’un traité international à conclure entre les membres de la Grande Région qui permettrait de dépasser l’addition de relations très majoritairement bilatérales et au coup-par coup ainsi que de mettre en œuvre un véritable multilatéralisme.

Cette intégration politique (traduite par de vrais pouvoirs exécutif et législatif qui coopèrent avec la société civile et qui bénéficient de moyens financiers au travers d’un fonds multilatéral et mutualisé de coopération) pourrait permettre, en s’appuyant sur une gouvernance permanente,  de faciliter des décisions en commun pour répondre à des problématiques globales en Grande Région et d’édicter des règles applicables sur l’ensemble du territoire de la Grande Région. Les compétences qui relèveraient de cette gouvernance devraient être identifiées selon le principe de subsidiarité autour des domaines qui concernent la vie quotidienne des habitants de la Grande Région (mobilité, emploi, apprentissage des langues, santé, formation professionnelle, télétravail, etc…).

La conférence a été suivie d’un échange avec les participants dont quelques points saillants peuvent être dégagés :

  • La proposition, jugée par certains comme utopique et trop critique vis-à-vis du Grand-Duché, a le mérite de bousculer les choses;
  • Le processus s’inscrit dans le temps long;
  • L’implication des états (en particulier l’état français) est incontournable ;
  • La hiérarchie des normes devra être respectée (afin d’éviter les collisions avec les traités européens et les constitutions nationales) ;
  • Une volonté politique partagée est indispensable à toutes les échelles territoriales;
  • Le contraste entre les réflexions menées par le LISER, Idea ou le Conseil Economique et Social Luxembourg et l’absence des questions transfrontalières dans la récente campagne législative au Grand-Duché ainsi que leur très faible place dans l’accord de coalition du nouveau gouvernement luxembourgeois pose question.

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LOSHEIM : Vers un tourisme vert

Dans le cadre de nos échanges avec les territoires transfrontaliers, 14 membres de l’IGR ont été reçus mardi 18 octobre à Losheim am See en Allemagne, une commune de plus de 16000 habitants, située en Sarre entre Sarrebruck et Trèves Helmut Hart, maire depuis 2019 et Hanspeter Georgi, vice-président de l’IGR, ancien ministre de l’Économie […]

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Les élections législatives luxembourgeoises du 8 octobre en 5 questions

Quelle place prennent les élections législatives dans la vie politique du pays ?

Ce sont elles qui aboutissent obligatoirement à la mise en place d’un gouvernement et d’un Premier ministre. Elles jouent  donc un rôle essentiel dans la vie du pays tous les cinq ans. Comme dans toutes les démocraties parlementaires l’élection a lieu en un seul tour (pour le Luxembourg cette année c’était le 8 octobre) avec au Luxembourg un système un peu complexe, puisque l’on vote à la fois pour une liste mais aussi nominativement pour des députés.

 

Il faut noter que ces  élections se sont déroulées dans un climat très apaisé, y compris au moment de la proclamation des résultats. Il y a peu de petites phrases et encore moins d’invectives , en raison de la culture du consensus du pays mais aussi parce que les différents acteurs seront nécessairement amenés à s’allier pour gouverner.

 

Que penser des résultats de ces élections ?

 

Ils sont en fait assez lisibles. Le CSV, parti conservateur longtemps dirigé par Jean-Claude Juncker,  a obtenu un nombre de sièges suffisamment important pour le placer en tête et donc pour être désigné par le Grand-Duc comme formateur du futur gouvernement.

 

Luc Frieden, le chef de file du CSV à très rapidement choisi de faire une alliance avec les libéraux de  Xavier Bettel qui dirigeaient le pays depuis 2013 avec les Verts  et les Socialistes

 

Les deux partis vont maintenant s’atteler à se mettre d’accord   sur le  programme de gouvernement qu’ils présenteront ensuite devant l’assemblée. Cela nécessitera un peu de temps mais il est probable que ce travail devrait  déboucher assez rapidement.

 

En ce qui concerne les prises de responsabilité Luc Frieden devait devrait être, sauf  surprise, le futur  Premier ministre. Xavier Bettel, le précédent Premier ministre  resterait dans le gouvernement peut-être, disent certains, sur le poste de ministre des Affaires étrangères. Le maire d’Esch-sur-Alzette, Georges Mischo, pourrait aussi devenir ministre

 

Quels sont les perdants de cette élection ?

 

En premier lieu les Verts donc il faut dire qu’ils occupaient des postes très  exposés dans une démocratie : (logement, police, transports).  Ils souffrent aussi paradoxalement du fait que les électeurs installés au  Grand-Duché  privilégient  surtout aujourd’hui le pouvoir d’achat et la sécurité. C’est une problématique qui existe aussi dans d’autres pays, on l’a vu le même jour en Allemagne dans le cadre des élections en Hesse et en Bavière.

 

Les socialistes peuvent également être considérés comme ayant perdu l’élection alors que paradoxalement leur résultat est plutôt bon. C’est le jeu des alliances qui les exclut du pouvoir

 

Enfin les petits partis sont loin d’être en perdition et font des scores parfois significatifs notamment à l’extrême droite, mais dans une proportion qui n’est pas comparable avec celle que connaissent les pays voisins et notamment l’Allemagne et la France.

 

Quelle  incidence ces élections vont-elles avoir sur la vie des frontaliers et plus largement sur la coopération transfrontalière ?

 

Il est difficile de le dire aujourd’hui. La problématique transfrontalière a été très peu présente  dans les thématiques abordées au cours des élections. Luc Frieden a réaffirmé à plusieurs reprises sa volonté de développer une politique transfrontalière plus affirmée. L’avenir dira jusqu’où  le nouveau gouvernement sera prêt à aller. Le travail mené par les  Verts pour favoriser la mobilité des frontaliers sera sans nul doute poursuivi, notamment dans le domaine ferroviaire.

En matière de coopération économique l’introduction d’une rétrocession fiscale automatique vers les communes,  comme cela se passe avec la Belgique,  apparaît très peu probable. Mais la mise en œuvre de projets partagés pourrait peut-être être davantage activée en tout cas espérons-le.

 

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Télétravail et travailleurs frontaliers – Le point au 17 juillet 2023

Le télétravail est au cœur des débats de la Grande Région transfrontalière.  C’est pourquoi nous faisons régulièrement le point sur ce dossier.

Retour sur les règles habituelles, les exceptions au plus fort de la pandémie Covid, les initiatives et les débats, les évolutions et les questions qui restent posées.

Les règles avant la pandémie Covid

 Fiscalité

Si les jours travaillés hors de Luxembourg excèdent les seuils annuels définis dans des conventions bilatérales le salaire y relatif devient en principe taxable dans le pays de résidence.

(*)  Annonce de la commission intergouvernementale franco-luxembourgeoise du 19 octobre 2021

 

Sécurité sociale

Un résident d’un État Membre de l’Union Européenne (pays A) travaillant pour un employeur établi dans un autre État Membre (pays B), et qui exerce une activité substantielle (soit plus de 25 % de son temps de travail/rémunération) dans son pays de résidence A, passe sous le régime de la sécurité sociale de son pays de résidence A. Dans ce cas, l’employeur qui est résident du pays B se voit contraint de cotiser dans le pays A spécifiquement pour ce salarié

Les jours de télétravail ne sont pas contraignants pour les employeurs du Grand-Duché. Ils sont juste un cadre légal définissant le nombre de jours maximum que l’on peut travailler depuis le pays d’origine sans impact au niveau fiscal. Cela ne représente en aucun cas un « droit au télétravail ».

Les exceptions mises en place au plus fort de la pandémie Covid

Fiscalité

Le Grand- Duché  et les trois états voisins frontaliers ont convenu jusqu’à maintenant de ne pas intégrer les jours de télétravail à domicile en raison du COVID dans le calcul du seuil, et donc de maintenir une taxation à 100% au Luxembourg à condition que l’activité partielle dans le pays de résidence n’ait pas déjà été préexistante au COVID.

Les accords relatifs à la fiscalité pour la fiscalité allaient jusqu’au 31 mars, mais ont été automatiquement prolongés avec la Belgique , puis avec la France et enfin avec l’Allemagne jusqu’au 30 juin 2022.

Sécurité sociale

En raison du COVID-19 et de la généralisation du télétravail pour limiter la contagion, les instances européennes ont recommandé aux États Membres la non-application de la règle des 25 %, lorsque le travail à domicile résulte des contraintes liées au COVID-19.

Ainsi, les jours travaillés à domicile en raison du COVID-19 ne sont pas pris en compte pour le calcul du seuil des 25% : le salarié demeure sous le régime de la sécurité sociale du Luxembourg.

Alors que le gel des quotas fiscaux et sociaux devait prendre fin au 30 juin 2022, le 14 juin 2022, les membres de la Commission administrative de l’Union européenne se sont mis d’accord pour un nouveau prolongement (sous forme non contraignante) du gel du quota relatif à la Sécurité Sociale (limite des 25 %), comme « période transitoire de tolérance administrative » jusqu’au 31 décembre 2022.

Le télétravail pour un travailleur frontalier peut donc être illimité sans risque socialEt les frontaliers qui décideront de télétravailler, si leur employeur le leur permet, au-delà de leur quota fiscal paient des impôts sur leur revenu dans leur pays de résidence.

Des initiatives et des réflexions depuis la fin de 2021

 En France

L’Assemblée nationale a adopté le 9 mars 2022 une proposition de résolution visant à favoriser le télétravail pour les frontaliers. L’objectif est de porter le texte devant la Commission européenne dans le cadre de la Présidence Française de l’UE.

Cette proposition de résolution vise à augmenter le nombre de jours de télétravail autorisés pour les travailleurs frontaliers (2 jours par semaine), ainsi qu’à mener « une réflexion européenne sur le statut des travailleurs frontaliers »

Corinne Cahen, Ministre à la Grande Région du Grand-Duché, a réagi dans un premier temps : « toute réflexion sur une éventuelle augmentation du seuil me semble prématurée ».

En Allemagne

Une pétition a été lancée le 29 décembre 2021 auprès du Bundestag pour que le  gouvernement fédéral négocie une extension de l’accord amiable entre l’Allemagne et le Luxembourg (dans le cadre de la convention de double imposition) avec le gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg dans le but d’augmenter le plafond d’exonération fiscale de 19 à 55 jours ouvrables pour les frontaliers et de ne pas créditer ces 55 jours à l’activité soumise aux cotisations de sécurité sociale dans le pays de résidence.

En Belgique

Le 5 mai 2022, une proposition de résolution a été acceptée à la quasi-unanimité (seul le parti Les Engagés, ex-CDH, s’est abstenu) par la Chambre des représentants belge. Par celle-ci, la Chambre recommande donc désormais au gouvernement d’Alexander De Croo et en particulier au ministre des Finances, Vincent Van Peteghem  d’orienter sa politique afin de monter à 48 jours le télétravail (après le rejet d’un amendement proposant 55 jours) autorisé avec les pays voisins. Les promoteurs de cette résolution ont rappelé que  Xavier Bettel, le Premier ministre luxembourgeois, et son vis-à-vis belge de l’époque, Charles Michel, avaient déjà annoncé, en mai 2019, l’arrivée de ces 48 jours.

La position du gouvernement Luxembourgeois

«Nous pensons que pour ceux qui peuvent y avoir recours, un jour de télétravail par semaine serait parfait», a déclaré  dans le dernier numéro de Paperjam la ministre à la Grande Région,  Corinne Cahen.

Le ministre de l’Énergie et de l’Aménagement du Territoire, Claude Turmes a déclaré le 17 mai 2022 à l’agence de presse allemande DPA : «Ce dont nous avons besoin au niveau de l’UE, c’est d’une limite de vitesse coordonnée dans toute l’UE et de deux jours de télétravail par semaine» afin de s’affranchir des importations d’énergie en provenance de Russie.

Au Grand-Duché de Luxembourg : une pétition

Le 13 juillet 2022, une pétition déposée auprès de la commission dédiée a été ouverte à signature, afin de demander une généralisation du télétravail et une extension de celui-ci pour les frontaliers des zones les plus proches à un minimum de 40 %, à savoir deux jours par semaine. Une initiative qui permettrait « de développer un mode de travail hybride plus respectueux de l’environnement tout en maintenant la dynamique positive des interactions sociales en entreprise et en améliorant le pouvoir d’achat des ménages compte tenu de la hausse des coûts de carburant », argumentent les pétitionnaires.

Le texte a  récolté plus de 12 000 signatures, alors que l’objectif était d’en réunir 4500 (seuil  synonyme de débat à la Chambre des députés).

En France aussi : une pétition

A l’initiative d’un frontalier résident dans la région de Thionville une pétition plaidant aussi pour deux jours de télétravail par semaine, vient d’être déposée, sur la plateforme des pétitions de l’Assemblée nationale en France.

Mais en France, il faut qu’une pétition ait recueilli au moins 100 000 signatures pour qu’elle puisse être mise en ligne sur le site de l’Assemblée nationale (afin de lui donner une meilleure visibilité).

Par ailleurs, ce cap des 100 000 n’est qu’une étape. Une fois atteint, un député-rapporteur est alors automatiquement nommé. À lui le choix, soit d’examiner le texte lors d’un débat au sein de la commission dédiée au sujet (ici les affaires étrangères), soit de classer la pétition.

Si la pétition suscite l’engouement des Français et finit par atteindre les 500 000 signatures, la Conférence des présidents de l’Assemblée nationale peut alors décider d’organiser un débat en séance publique.

 L’appel aux décideurs politiques lancé par la Task Force Frontaliers 3.0 de la Grande Région

Le 30 juin 2022, la Task Force Frontaliers a lancé un appel aux décideurs politiques pour appréhender rapidement l’exercice de télétravail dans un contexte frontalier afin de répondre aux questions ouvertes après le 30 juin 2022.

« Il apparait nécessaire, d’appréhender rapidement cette thématique dans son ensemble (droit social, droit fiscal, droit du travail etc..). Des réponses claires doivent être apportées aussi bien pour les employeurs (ex. la question de la création d’établissement stable, droit du travail applicable) que pour les salariés (détermination de la législation applicable) qui essaient d’organiser l’après pandémie ».

L’avis d’initiative  récent du Comité Economique et Social Européen

Lors de sa session plénière des 13 et 14 juillet 2022, le CESE a adopté un avis relatif à l’Imposition des télétravailleurs transfrontaliers et de leurs employeurs.

Alors qu’une enquête menée par Eurofound, on apprend que 46 % des employés de l’UE souhaitent continuer à travailler à domicile tous les jours ou plusieurs fois par semaine depuis la fin de la pandémie, le CESE propose de supprimer ou de minimiser toutes les obligations administratives liées à l’imposition des télétravailleurs transfrontaliers. Une autre option évoquée serait que les États membres acceptent de n’imposer les salariés que si le nombre de jours de travail dans le pays dépasse 96 par année civile.

Le CESE recommande que les employeurs déclarent le nombre de jours travaillés par les télétravailleurs dans leur pays de résidence et dans le pays où se trouve l’employeur. Ainsi « les autorités fiscales seraient en mesure d’évaluer dans quel pays le revenu serait imposable, ou quelle partie du revenu serait imposable dans chaque pays ». 

Dans son avis, le CESE souligne enfin que l’UE doit atteindre un degré élevé de coordination pour parvenir à mettre en place ces différentes recommandations.

Mais comme l’a regretté Vincent Hein économiste de la Fondation Idea, ce rapport n’aborde pas explicitement la question de l’affiliation au régime de sécurité sociale (seuil du 25% du temps de télétravail).

Un accord à moyen terme l’échelle du Benelux ?

            A l’occasion de la Fête nationale belge le 21 juillet 2022, l’ambassadeur de Belgique au Luxembourg, Thomas Lambert, a déclaré : «L’ambition de passer à 48 jours de télétravail par an se heurte à deux obstacles: il y a, au sein de l’administration belge, des soucis de souveraineté fiscale. Et du côté luxembourgeois, le secteur financier dit que si on va trop loin, il existe un risque pour un frontalier belge – qui officie par exemple pour une banque luxembourgeoise – que son domicile soit considéré comme un établissement fixe de la banque aux yeux d’une règle de l’OCDE. Et puis cet accord avec le Luxembourg vient d’être conclu et représente un paquet global avec, notamment, le fonds de compensation pour les communes belges. Il serait un peu spécial qu’à peine un an après avoir conclu ces négociations, on les rouvre sur les jours de télétravail. »

Il a ensuite précisé «Jusqu’à présent, les jours de télétravail étaient considérés comme du bilatéral belgo-luxembourgeois. Mais depuis quelques mois, la Belgique est en train de regarder avec son voisin néerlandais à revoir le nombre des jours de télétravail. Il existe donc une dimension Benelux dans ce sujet et sans doute qu’à moyen terme, nous en viendrons à un règlement Benelux dédié au télétravail, ce qui ne serait pas mal du tout. Le sujet est aussi débattu à l’OCDE. La réalité transfrontalière est très importante, mais est-ce qu’à un moment donné il ne faudrait pas se mettre autour de la table à 27 et regarder s’il faut fixer un cadre européen pour la fiscalité? »

 Vers 24 jours pour les travailleurs frontaliers allemands ?

A la mi-août 2022, dans une réponse à une demande du groupe parlementaire CDU/CSU, la secrétaire d’État parlementaire au ministère des Finances du gouvernement fédéral allemand, Katja Hessel, a confirmé que le gouvernement fédéral envisageait une extension de la règle de 19 à 24 jours de télétravail. Elle a aussi précisé qu’aller au-delà, pourrait ne pas être acceptable en raison des « pertes fiscales pour les autorités fédérales, étatiques et locales ».

Yuricko    Backes,  ministre des finances du Grand-Duchéa confirmé que des discussions étaient en cours en l’Allemagne et le Grand-Duché en espérant qu’un accord serait rapidement trouvé mais en regrettant qu’on ne puisse aboutir à une règle harmonisée entre l’ensemble des travailleurs frontaliers autour de 34 jours de télétravail.

Un emballement médiatique à l’automne 2022 autour de la perspective d’un nombre de jour illimité de de télétravail pour les frontaliers français

Le Mardi 30 août 2022, le Premier ministre du Grand-Duché, Xavier Bettel a rencontré sonhomologue français Elisabeth Borne à Paris. La coopération transfrontalière et en particulier le quota dejours de télétravail pour les frontaliers, ont été évoqués lors de cet entretien (alors que le seuil esttoujours de 29 jours et que le parlement français n’a pas encore entériné l’accord de principe de 34 jours entre les deux pays).

Vendredi 2 septembre 2022, toujours à Paris, 3 parlementaires lorrains (les députés Martine Etienne,Charlotte Leduc et le sénateur Olivier Jacquin, tous trois membres de la Nupes Nouvelle union populaire,écologique et sociale, force d’opposition) ont rencontré le ministre de l’Economie français Bruno Le Mairepour «présenter les pistes de proposition au gouvernement luxembourgeois en vue des négociationsfiscales entre les deux pays en matière de télétravail».

Le jour même, dans un communiqué de presse de trois élus Nupes ont déclaré «Le gouvernement nous annonce qu’il souhaite permettre d’amplifier le recours au télétravail en simplifiant les démarches pour les entreprises luxembourgeoises par la mise en place d’un acompte prélevé directement par la Direction générale des finances publiques.» Les conseillers de Bruno Le Maire auraient alors parlé de «télétravail illimité dans le cadre d’une compensation fiscale intergouvernementale».

Ils qualifient cette annonce d’«autre cadeau fiscal» au Grand-Duché. «Ces accords ne prennent pas en compte la question des entreprises françaises qui pourraient délocaliser au Luxembourg et le risque accru de créer un différentiel néfaste entre les deux pays», illustrent-ils. «Par ailleurs, l’argent que la France recevrait du Luxembourg sera-t-il dédié aux collectivités locales qui assument la formation et financent les services publics essentiels à la vie des frontaliers ?»

On peut aussi évoquer l’absence de  la problématique de la sécurité sociale, puisque même si les limites fiscales sont abolies, la réglementation européenne veut que le travailleur qui effectue plus de 25% de son activité  depuis son domicile doive s’affilier à la sécurité sociale de son pays de résidence. Ce qui coûte plus cher à l’employeur comme à l’employé au Grand-Duché.

Suite aux remous suscité tant en France qu’au Grand-Duché, deux députés CSV ont demandé, dans une question parlementaire, la position du gouvernement luxembourgeois sur les propositions et si l’accord de principe d’octobre 2021 permettant aux frontaliers français de bénéficier de 34 jours de télétravail était caduc,

Dès le 5 septembre, la députée française mosellane de la majorité, Isabelle Rauch a tenté de calmer les inquiétudes et de répondre aux interrogations.

Elle a précisé  les deux pistes sur lesquelles planchent les gouvernements français et luxembourgeois pour faciliter le télétravail des frontaliers et dépasser les obstacles des  29 jours :  “Soit les télétravailleurs feront eux-mêmes leurs déclarations aux finances publiques françaises et régleront l’impôt dû suite à leurs jours de télétravail ; soit les entreprises luxembourgeoises autoriseront davantage de télétravail aux frontaliers tout en continuant de payer leurs impôts au Luxembourg, mais l’État reversera alors lui-même l’impôt dû à la France”

Elle a aussi déclaré que « le gouvernement français n’a aucune intention de contourner la règle européenne des 25 % de seuil social » et qu’une cinquantaine de jours de télétravail par an pouvait être envisagée.

Le rappel et la mise au point de la ministre des Finances du Grand-Duché

Le 13 septembre 2022, en réponse à la question parlementaire (évoquée supra) Yuriko Backes a rappelé que les seuils de tolérance en vigueur pour les travailleurs frontaliers ne sont, à la base, pas destinés au seul télétravail.

Ces seuils constituent simplement « une exception aux principes généraux d’imposition des revenus d’emploi d’un frontalier et prévoient donc une « tolérance » afin de lui permettre d’exercer son emploi de manière ponctuelle dans son État de résidence ou dans un État tiers, notamment lors d’un détachement ou de journées de formation, pendant un certain nombre de jours durant une période imposable sans être imposé dans son État de résidence », a  précisé la ministre.

Dans sa réponse, la ministre n’a pas évoqué d’évolution nouvelle envisagée du seuil de tolérance, rappelant :

  • pour la Belgique que ce seuil de tolérance est passé à 34 jours par an pour un travailleur frontalier belge suite à un «avenant à la convention de non-double imposition belgo-luxembourgeoise signé en 2021. Le Luxembourg a déjà ratifié cet avenant, la procédure de ratification étant encore en cours en Belgique.»
  • pour la France, ce quota est toujours de 29 jours mais devrait passer à 34 dans les mois à venir : «un accord de principe a pu être trouvé qui doit encore être mis en pratique, à l’aide d’un avenant à la convention fiscale», a indiqué la ministre.
  • Pour l’Allemagne «des discussions sont également en cours concernant le seuil de tolérance», de 19 jours actuellement.

 La confirmation du passage aux 34 jours pour les frontaliers belges et français avant la fin de l’année 2022

En visite de travail au Luxembourg le 15 septembre 2022, la ministre fédérale belge des Affaires étrangères, des Affaires européennes et du Commerce extérieur, Hadja Lahbib, a confirmé que la Belgique voterait bien, avant la fin de l’année, les 34 jours de télétravail accordés aux frontaliers belges, avec une rétroactivité au 1er juillet 2022.

Le 20 octobre 2022, le Conseil des ministres belges a acté l’avant-projet de loi permettant l’augmentation de dix jours de télétravail supplémentaires pour ses citoyens employés au Luxembourg. Le tout sans risquer de double imposition. La loi devait être votée par la Chambre  d’ici la fin de l’année. Cela compris avec un effet rétroactif pour l’année 2022.

Le 1er octobre 2022, un communiqué du gouvernement du Grand-Duché a précisé que lors d’une visite de travail à Paris, Yuriko Backes, ministre des Finances, a été reçue à Bercy par son homologue Bruno Le Maire et que les deux ministres se sont mis d’accord sur les modalités pour augmenter le seuil de tolérance en matière fiscale de 29 à 34 jours à partir du 1er janvier 2023 en vue d’une signature prochain

Le 7 novembre 2022, les deux ministres ont signé un avenant entérinant la décision de porter de 29 à 34 le nombre de jours de télétravail accordés aux frontaliers français, sans se voir imposés dans leur pays de résidence. Le gouvernement précise que « ces dispositions pourront s’appliquer à compter des revenus perçus en 2023, le temps de définir, avant la fin de l’année 2024, une solution pérenne ». Dernière étape : la ratification du texte par chacun des deux États concernés.

 Vers une simplification du télétravail pour les frontaliers français (dans la limite du seuil social)

Le mercredi 13 octobre 2022, la députée française Isabelle Rausch annonçait qu’un un article du projet de loi finances simplifiant les démarches administratives pour le télétravail avait été adopté par l’Assemblée nationale en France.

Le quota de jours travaillés hors du Luxembourg et imposés au Grand-Duché restera fixé à bientôt 34 jours par an. Mais, grâce à ces nouvelles dispositions, les salariés pourront, avec l’accord de leur employeur, télétravailler jusqu’à environ 50 jours – seuil qui correspond au plafond des 25 % de la Sécurité sociale dans l’Union européenne – tout en payant leur impôt en surplus en France.

Jusque-là, les entreprises luxembourgeoises avaient l’obligation de déclarer mensuellement la rémunération imposable en France et de prélever pour le compte du Trésor public français, ce qui alourdissait considérablement leur charge de travail et les coûts.

Au lieu de faire une déclaration tous les mois, l’employeur n’aurait plus qu’à faire une déclaration annuelle. Concernant l’impôt, il serait prélevé directement par le fisc français au salarié.

La loi de finance 2023, adoptée le 30 décembre 2022, prévoit effectivement d’aménager le prélèvement à la source (PAS) pour les employeurs étrangers qui emploient des travailleurs domiciliés en France.

Vers un relèvement du seuil social ?

Très récemment, la ministre luxembourgeoise des Finances Yuriko Backes a laissé entrevoir un autre assouplissement possible au niveau du télétravail, dans sa réponse à une question parlementaire.

Elle a en effet précisé que «Le ministère de la Sécurité sociale a formellement demandé, début août de cette année, l’ouverture de négociations multilatérales avec la Belgique, la France et l’Allemagne pour porter le seuil en matière de télétravail à 41%, ce qui permettrait aux personnes concernées d’effectuer en moyenne 2 jours de télétravail par semaine dans leur pays de résidence sans changement d’affiliation

Il parait cependant difficile que ces négociations multilatérales puissent aboutir sans qu’une harmonisation ne soit menée au niveau européen.

La tolérance relative à la sécurité sociale pour le télétravail frontalier encore prolongée pour 6 mois

En novembre 2022 un nouveau gel des quotas sociaux jusqu’au 30 juin 2023 permet aux frontaliers de continuer à télétravailler au-delà des 25 % de leur temps de travail annuel (soit une cinquantaine de jours par an) tout en conservant leur affiliation à la sécurité sociale luxembourgeoise.

Pour autant, les seuils fiscaux restent de mise. Au-delà de ce quota, les jours prestés en France ou en Belgique sont imposés en France, en Belgique ou en Allemagne.

Le ministère de la Sécurité sociale  du Grand-Duché, a accompagné cette annonce d’une déclaration «les discussions avec les pays frontaliers sur un accord bilatéral ou multilatéral continuent également pendant cette période».

Au Grand-Duché la pétition demandant deux jours de télétravail pour tous a été débattue par les députés

Lors de sa clôture le 24 août 2022, 13 892 signatures très précisément ont été jugées recevables (trois fois le seuil requis de 4500).

Le texte devait initialement être discuté en novembre dernier, mais c’est finalement  le mercredi 25 janvier 2023 à 10 h 30, que la personne à l’origine de la pétition a été invitée  à s’exprimer à la Chambre des députés ce jour-là, pour défendre la raison d’être de sa démarche en mettant en avant ses arguments devant les députés de la Commission du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, ainsi que les membres de la Commission des finances et du budget des pétitions.

Les participants ont pu alors discuter de cette suggestion basée sur un constat : « Avec un plafond annuel (fiscal) de 19 jours en Allemagne et de 34 jours en Belgique et en France, tous limités à 25 % du temps de travail annuel (coté sécurité sociale), les frontaliers n’atteignent même pas un jour par semaine en télétravail. »

Le débat a été retransmis en direct sur Chamber TV et sur le site et l’application chu.lu afin que tout le monde puisse suivre les échanges. 

Les 34 jours de télétravail pour les frontaliers belges adoptés

Le jeudi 22 décembre 2022, la Chambre belge des représentants a adopté à l’unanimité le projet de loi n° 3055 «portant assentiment à l’avenant, fait à Luxembourg le 31 août 2021, à la Convention entre le Royaume de Belgique et le Grand-Duché de Luxembourg en vue d’éviter les doubles impositions et de régler certaines autres questions en matière d’impôts sur le revenu et sur la fortune.». Ainsi les résidents belges employés au Luxembourg peuvent désormais jouir d’une immunité fiscale dont le seuil de tolérance est augmenté de 24 à 34 jours de travail (avec un effet rétroactif au 1er janvier 2022).

Il est à noter qu’au cours des débats, les échanges ont largement porté sur les 48 jours (comme l’évoquait l’accord de principe entre Xavier Bettel et Charles Michel le 18 mai 2019).

Des évolutions en perspective pour les frontaliers allemands au Luxembourg ?

A l’occasion de sa première visite officielle au Grand-Duché 12 janvier 2023, la Ministre Présidente du Land de Sarre  Anke Rehlinger a déclaré à propos du seuil fiscal de 19 jours pour les frontaliers allemands au Grand-Duché concernant le nombre de jours de télétravail.  « Nous voulons faire campagne ensemble pour que quelque chose change dans cette situation ».

Les 34 jours de télétravail des frontaliers français (enfin) actés en mai 2023

A l’unanimité l’Assemblée nationale a validé l’avenant signé Le 7 novembre 2022 par les ministres des Finances français et luxembourgeois avaient  augmentant de 5 jours/an la possibilité de télétravailler pour un frontalier français sans changement de régime fiscal. 

Ces dispositions sont applicables de manière rétroactive à partir du 1er janvier 2023

 

Un certain nombre de questions restent en suspens :·     Quid de la convention fiscale franco luxembourgeoise de 2018 et son avenant de 2019, dont l’application a été suspendue en 2021 et 2022 puis gelée en 2023 ? Elle avait eu de forts impacts négatifs avec une augmentation substantielle des impôts sur les revenus mixtes des ménages frontaliers car elle instaurait  l’application de la méthode de l’imputation (sans prendre en compte les charges sociales et les impôts déjà payés au Grand-Duché) en lieu et place de la méthode de l’exemption des revenus perçus au Grand-Duché ;·     Qui du décompte effectif des jours de télétravail ; la France considère en effet qu’une heure commencée vaut 1 journée. Il s’agit donc de 34 fois et non de 34 jours ;·     Quid de la proratisation envisagée du nombre de jours de télétravail tolérés pour les  contrats à temps partiels ?

Le relèvement du seuil social de 25 à 49,9 % du temps de travail est désormais effectif pour les frontaliers issus  des autres versants de la Grande Région

            En mai 2023, la Commission européenne, a proposé aux Etats de signer un Accord-cadre relatif à l’application de l’article 16, paragraphe 1, du règlement (CE) n° 883/2004 dans les cas de transfrontaliers habituels

Elaboré par un groupe ad hoc sur le télétravail issu Commission administrative pour la coordination des systèmes de sécurité sociale, cet accord tire les conséquences des nouvelles habitudes de travail hybride, alternant périodes de télétravail et périodes de travail en «présentiel», qui subsistent après la fin des restrictions de circulation liées à la pandémie.

L’accord-cadre conclu pour une durée de 5 ans, renouvelable tacitement, entre en vigueur le 1er juillet 2023 pour les Etats qui l’ont signé avant cette date et le 1er jour du mois suivant la signature pour les Etats membres qui le signeront après cette date.

En outre, pour que ces dispositions puissent s’appliquer, les deux Etats concernés (Etat de résidence et Etat d’implantation de l’entreprise), doivent être signataires de l’accord cadre.

 

Sont considérés comme télétravailleurs dits «transfrontaliers» ceux dont l’activité :

  • peut être exercée à partir de n’importe quel endroit, y compris dans les locaux de l’employeur ou sur son lieu d’activité ;
  • est exercée dans un ou plusieurs États membres autres que celui où sont situés les locaux de l’employeur ou le siège de l’entreprise ;
  • et s’appuie sur les technologies de l’information leur permettant de rester connecté à leur environnement de travail et de réaliser les tâches qui leur sont assignées par l’employeur ou les clients.

 

Désormais, l’accord élargit les possibilités de maintien de l’affiliation au régime de sécurité sociale de l’Etat du siège social de l’entreprise, si le salarié remplit les trois conditions cumulatives suivantes :

  • l’Etat de résidence du salarié diffère de l’Etat du siège social ou du lieu d’établissement de son employeur ;
  • la part de télétravail réalisé dans l’Etat de résidence est inférieure à 50% du temps de travail total du salarié ;
  • la demande est formulée par le salarié ou par l’employeur.

 

L’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg ont été parmi les premiers Etats signataires.

Pour la France, un communiqué de presse du ministère du Travail en date du 30 juin 2023 a précisé que la France sera signataire de cet accord (sans en préciser la date) et qu’une première évaluation des conséquences de la signature de cet accord sera effectuée à l’issue d’une période de six mois.

 

Les 34 jours de télétravail s’appliqueront également aux frontaliers allemands à partir de 2024

 

Jeudi 6 juillet, le Luxembourg et la République fédérale d’Allemagne ont conclu un protocole d’amendement à la convention de double imposition (CDI).

C’est ce qu’a annoncé jeudi matin le ministère luxembourgeois des Finances.

La modification de la CDI existante contribue à la sécurité mutuelle juridique et de planification. Pour les personnes qui travaillent de l’autre côté de la frontière, ce changement signifie une simplification fiscale au bureau à domicile.

La ministre des Finances Yuriko Backes (DP) jeudi à Berlin : « Nous sommes très heureux d’avoir convenu avec nos partenaires allemands de 34 jours de télétravail pour les frontaliers en provenance d’Allemagne. »

Avec le passage aux jours de télétravail, le nouveau règlement correspond aux règles déjà existantes pour la France et la Belgique, de sorte que les mêmes conditions s’appliquent à tous les frontaliers se rendant au Luxembourg.

Selon le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, le nouveau règlement représente un « allègement bureaucratique des deux côtés de la frontière ». Cela simplifie le régime fiscal et l’adapte à un travail plus flexible. « Nous créons des réglementations modernes pour le travail européen et moderne », déclare le ministre Lindner.

 

La chambre des députés du Grand-duché pour 2 jours de télétravail par semaine

Le 7 juillet 2023, la Chambre des députés s’est déclarée – à l’unanimité – favorable à deux jours de télétravail par semaine pour tous les salariés, résidents et frontaliers confondus. Cela correspond à 90 jours par an (en enlevant les congés et les jours fériés de l’année).

C’est la première fois que des élus luxembourgeois prennent aussi clairement position. Ils reprennent ainsi à la lettre, après deux années de consultations, la position défendue à la fois par les syndicats et le patronat.

 

Mais si le relèvement du seuil social désormais acté par les trois pays voisins du Grand-duché permet d’aller au-delà de 90 jours, c’est le seuil fiscal (le contingent de non-double imposition) qui devrait  être ainsi relevé à hauteur de 90 jours correspondants à 2 jours sur 45 semaines travaillées dans l’année sur 52)

«Il est néanmoins clair que nous ne pourrons pas agir seuls. Nous dépendons des décisions de gouvernements étrangers», a souligné  le député Dan Kersch (LSAP), venu présenter le rapport de la sous-commission parlementaire sur le télétravail.

 

La question qui est alors posée est comment convaincre les pays voisins de faire un pas de plus pour arriver à ce seuil fiscal de 90 jours ?

«Il faut être prêt à ouvrir des négociations sur des compensations fiscales pour les régions frontalières. Celui qui ne donne rien n’aura rien en retour», a déclaré le député Sven Clément (Parti pirate). Seul le groupe déi Lénk a ouvertement soutenu cette position.

 

Cette question de compensations fiscales sera-t-elle au cœur des négociations avec les états voisins du Grand-duché pour qu’ils acceptent un tel seuil fiscal ? S’il y avait compensation fiscale reversée directement par l’Etat luxembourgeois à la France et à l’Allemagne (les communes belges dans lesquelles résident un « nombre significatif »  de travailleurs frontaliers- qui paient leurs impôts au Grand-Duché de Luxembourg en bénéficiant déjà à hauteur de 44 millions € en 2022 avec une augmentation annuelle pour arriver à 72 millions €) sera-t-elle affectée au financement de projets d’envergure dont le nord frontalier de la Lorraine et l’ouest des deux Länder ont besoin : l’amélioration des transports et de la mobilité, l’accompagnement à la réindustrialisation, l’amélioration des équipements et services à la population, la formation (métiers de la santé et des services à la personne, de la transition climatique et énergétique, etc.)? Par ailleurs le Grand-duché (dont les cotisations de sécurités sociales perçues sont excédentaires-sauf en 2020- alors que la France finance le chômage des travailleurs frontalier après 3 mois)  ne pourrait-il pas abonder à la même hauteur un fond dédié et cofinancer ainsi ces projets en participant à leur choix sur la base d’une stratégie de cohésion territoriale et sociale transfrontalière partagée ? Et ce relèvement ne risque-t-il pas de conforter les interrogations sur les risques identifiésdepuis la crise sanitaire :·      Comment compenser les inégalités entre emplois « télétravaillables » (éducation, services professionnels, scientifiques et techniques, management, finance et assurance, information etc..) et ceux qui sont « non télétravaillables » (transport, construction, agriculture, commerce de détail, nettoyage, Horeca, santé, social, etc..) ? ·      Quelle prise en compte des coûts informatiques pour les métiers qui télétravaillent ? ·      Comment maintenir un sentiment d’appartenance à un collectif dans les entreprises et les administrations qui mettent en œuvre le télétravail ?

 

 

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Le Grand Est et ses voisins : quels enseignements récents sur l’emploi transfrontalier ?

Webinaire 4 juillet 2023 14h – 16h30

La Grande Région est la région transfrontalière avec le plus grand nombre de travailleurs frontaliers de l’UE. En 2021, près de 258 000 personnes ont franchi chaque jour une frontière dans la Grande Région afin de se rendre sur leur lieu de travail situé dans une région voisine, dont 207 500 vers le seul Luxembourg

Chaque jour, ce sont ainsi près de 200 000 travailleurs qui franchissent l’une des frontières pour se rendre en Belgique, au Luxembourg, en Allemagne ou en Suisse, ce qui fait du Grand Est  la 1ère régionfrontalière de France. Ce chiffre est également à comparer aux 45 000 travailleurs qui quittent le Grand Estpour travailler dans une  autre région française, soit un volume près de 5 fois moindre.

Dans ce contexte la Région Grand Est a engagé en 2023 l’actualisation de ces schémas stratégiques, etnotamment celui dédié à la formation et à l’orientation professionnelle (CPRDFOP). La thématique de l’emploi transfrontalier, de ses caractéristiques et de ses évolutions, constitue un sujet clef pour le pilotage des politiques de formation et d’emploi dans les territoires de résidence des travailleurs frontaliers.

Les disparités des conditions de travail et de rémunération rencontrées dans ces pays frontaliers créent en effet des dynamiques d’emploi très contrastées d’une frontière à l’autre, avec des conséquences plus oumoins forte sur la dynamique démographique et économique des territoires de résidence.

Pour tenter d’enrichir la compréhension des dynamiques à l’œuvre que la Région Grand Est et sonpartenaire Pôle Emploi ont engagé 3 travaux d’études complémentaires avec le Liser et l’Université de Lorraine, dont les principaux résultats ont été présentés au cours de cet après-midi. Chaque présentation a été suivie d’un  temps d’échange avec les participants.

Le secrétaire général de l’IGR a suivi ce webinaire animé par Alexandre Parment, chargé de Mission (Service des Actions européennes et transfrontalières – Direction de l’Attractivité des Métiers et des Formations) à la Région Grand Est.

Les liens vers les supports présentés à l’occasion de chacune des interventions

La dynamique économique et de population des territoires du Grand Est proches des pôles économiques frontaliers,  Yves FRYDEL, Sylvain MOREAU, Thibaut MARTINI, INSEE Grand Est

https://reussirsansfrontiere.eu/wp-content/uploads/2023/07/etude1_insee_webinaire-rge-frontaliers_20230704.pdf

Les trajectoires professionnelles des frontaliers du Grand Est au Luxembourg
Laetitia HAURET, Anne-Sophie GENEVOIS, Éric GUASTALLI et Blandine LEJEALLE, LISER Luxembourg 

https://reussirsansfrontiere.eu/wp-content/uploads/2023/07/etude2_liser_webinaire-rge-frontaliers_20230704.pdf

Les salaires et les composantes salariales des métiers en tension dans la Grande Région,  Rachid BELKACEM et Vincent FROMENTIN, Université de Lorraine, Michel Beine, Université de Luxembourg

https://reussirsansfrontiere.eu/wp-content/uploads/2023/07/etude3_universite_webinaire-rge-frontaliers_20230704.pdf

Le replay du webinaire

https://www.youtube.com/watch?v=zAvf1GozDQU

 

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Les rencontres de l’IGR Rencontre à Herbeumont commune wallonne « au vert » entre Ardenne et Gaume

Jeudi 29 juin 2023  – Maison communale Herbeumont

Une délégation de l’IGR a été reçue à la maison communale d’Herbeumont par Bruno Echterbille, premier échevin (et vice-président de l’IGR pour la Wallonie) et Eddy Pirlot président du Centre Public d’Action Sociale (dans chaque commune, il a pour mission d’assurer aux personnes et aux familles, l’aide due à la collectivité. Il assure non seulement une aide palliative ou curative mais encore une aide préventive).

Dans une ambiance à la fois conviviale et pédagogique, les caractéristiques de la commune (située dans l’arrondissement de Neufchâteau dans la Province de Luxembourg) et ses projets pour tirer parti, dans le respect de son environnement, de son riche patrimoine naturel, ont été présentés et ont suscité de nombreux échanges.

Les caractéristiques de la commune

 En 1977, la fusion des anciennes communes d’Herbeumont, Saint-Médard et Straimont a donné à la commune sa forme actuelle

Superficie : 58,4 km2

Habitants : 1677 (une des 4 plus petites communes des 262 communes wallonnes)

Population active : 753 (dont 70 frontaliers au Grand-Duché, majoritairement des cadres pour lesquels la commune touche une rétrocession annuelle de 47 000 €)

Age moyen de la population : 42,3 ans

Part des non belges 5,55% (3,52  intra EU, 2,03% extra eu)  développement récent (ruralité choisie) qui entraine une hausse du prix de l’immobilier (3 à 4000 € le m2)

Chômage 17,8%  (la part des jeunes a été multipliée par 3 en 6 ans)

Revenu moyen : 14 345 €

Logement public : 1%

La forêt couvre 60 % du territoire (2000 ha appartiennent à la commune)

Les terres agricoles couvrent 25% du territoire

Une commune dynamique fait le choix de valoriser, en partenariat, son potentiel au service de la qualité de vie de ses habitants et de son attractivité

L’extraction du schiste ardoisier pour la confection d’ardoises, dans des mines creusées dans les vallées du ruisseau d’Aise et de la  a débuté avant le XVIIIe siècle. Grâce à leur pierre reconnue d’excellente qualité, le développement des ardoisières d’Herbeumont prend de l’ampleur dans les années 1830, atteignant vers 1838 une production annuelle de 8 millions d’ardoises. Vers 1870-80, les ardoisières d’Herbeumont occupent environ 380 ouvriers. L’activité décline ensuite progressivement, malgré l’arrivée du chemin de fer. En 1956, l’ardoisière du Grand Babinay fut la dernière à fermer parmi celles sises sur l’actuel territoire communal.

L’extraction du schiste a repris au Grand Babinay au XXIe siècle (début du projet en 1999), cette fois à ciel ouvert. La production d’ardoises de couverture n’étant plus rentable, cette carrière fournit maintenant divers autres matériaux destinés à la construction (pierres de maçonnerie…) et surtout des articles d’aménagement intérieur (salles de bain…) et extérieur.

Aujourd’hui, la commune, aux identités multiples a développé les activités de nature et plein air, en s’appuyant sur un patrimoine naturel remarquable :

  • Chasse et pêche ;
  • Tourisme (offre de 95 km de promenades et visite de quelques lieux spécifiques tels le château – zone de baignade reconnue par la Région Wallonne) avec les activités Horeca et le camping ;
  • Sport (trail en particulier)

Connaissant une forte dynamique associative et culturelle, elle a développé des partenariats importants dans le domaine de la mobilité, de l’aménagement du territoire et du tourisme.

Cette dynamique va se renforcer avec la toute récente création du Parc naturel de la Vallée de la Semois

La Vallée de la Semois a été sélectionnée en 2022  par le Gouvernement wallon pour devenir l’un des deux premiers Parcs nationaux de Wallonie, aux côtés de l’Entre-Sambre-et-Meuse.

Une reconnaissance attestant des nombreux atouts du territoire et qui permet, dès janvier 2023, de lancer une série d’actions visant à valoriser et préserver le patrimoine naturel, tout en favorisant un développement touristique durable. 

La construction du projet de Parc national de la Vallée de la Semois s’est traduite par un vaste processus participatif impliquant toute une série d’acteurs locaux : les huit Communes concernées (Bertrix, Bouillon, Chiny, Florenville, Herbeumont, Paliseul, Tintigny et Vresse-sur-Semois), le CPAS de Mons (propriétaire du domaine des Epioux), les associations naturalistes et environnementales, les gestionnaires des cours d’eau, de la forêt et de la filière bois, les opérateurs touristiques, les associations de chasseurs et de pêcheurs, les acteurs économiques et culturels et, naturellement, les habitants.

Pour aller plus loin

Les documents qui ont servi de support aux échanges

Présentation Herbeumont IGR

Parc Naturel Vallée Semois Présentation générale

Le site de la commune d’Herbeumont

https://www.herbeumont.be/

 

 

 

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Assemblée Générale de la MOT

Metz – Centre Pompidou

27 juin 2023

La Mission Opérationnelle Transfrontalière (MOT) est une association créée en 1997 par le gouvernement français.

Elle est la plate-forme principale d’échanges et de réflexion sur la coopération transfrontalière représentant toutes les tendances politiques au niveau national et européen.

Elle regroupe au sein de son réseau les acteurs de la coopération transfrontalière. Elle fédère une grande diversité de membres, représentatifs des échelles et des acteurs impliqués dans les projets transfrontaliers. Le réseau compte à ce jour plus de soixante adhérents, issus de 9 pays européens (France, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Allemagne, Suisse, Italie, Andorre, Espagne), autour de trois missions :

  • Veiller aux intérêts des territoires transfrontaliers ;
  • Assister les porteurs de projets ;
  • Mettre en réseau les acteurs et les expériences.

Sa 29e assemblée générale a été cette année co-organisée à Metz avec l’Eurométropole de Metz et l’Eurodépartement de Moselle et s’est déroulée sur deux jours avec des visites de terrains autour de projets emblématiques de la coopération transfrontalière à Saarbrücken et Bliesbruck.

Le secrétaire général de l’IGR a participé à la première journée du 27 juin.

L’Assemblée générale proprement dite a été ouverte par François Grosdidier, maire de Metz et président de l’Eurométropole de Metz et Patrick Weiten, président de l’Eurodépartement de Moselle qui ont insisté sur l’enjeu du renforcement de la coopération transfrontalière pour une métropole et un département au cœur de l’Europe.

Le temps fort a été l’intervention de Dominique Faure, ministre déléguée chargée des Collectivitésterritoriales et de la Ruralité qui a annoncé :

  • Un travail devant conduire à la création d’un comité interministériel transfrontalier chargé de travailler efficacement avec les comités locaux auxquels il ne se substituera pas ;
  • La définition d’une nouvelle feuille de route conjointe avec la MOT visant à déterminer les principaux axes de travail ainsi que les objectifs et les enjeux pour la période 2024-2027 :
  • Accompagner les acteurs locaux dans leurs projets transfrontaliers en analysant leurs besoins, le contexte et les ressources disponibles ;
  • Identifier les enjeux transfrontaliers au niveau national et faciliter leur prise encompte dans les politiques publiques de l’État ;
  • Renforcer la dynamique partenariale aux niveaux européen et international afin d’explorer d’éventuelles initiatives européennes et internationales.

Elle a insisté sur le fait que ces nouvelles mesures permettront de renforcer la coopérationtransfrontalière et d’optimiser l’utilisation des ressources pour le développement  harmonieux de nos territoires. Elle a rappelé que

  • Chaque jour, plus d’un demi-million de Français franchissent une frontière dans le cadrede leur travail, pour accéder à des services publics, se divertir ou entretenir des relationspersonnelles et 20% de la population nationale réside dans un département frontalier ;
  • Les enjeux et les besoins spécifiques de ces territoires nécessitent un pilotage précis et dédié.

En fin de journée une table-ronde animée par le secrétaire général de la MOT Aurélien Biscaut et intitulée « Les bassins de vie transfrontaliers Quelle réalité ? Quels défis ? »  a réuni :

  • Brigitte Torloting, Vice-Présidente, Déléguée Transfrontalier, Europe et relations internationales, Région Grand Est
  • Amandine Laveau-Zimmerlé, Conseillère métropolitaine, Mission Coopération Institutionnelle, Internationale et Européenne, Eurométropole de Metz
  • Patrice Harster, Directeur général des services, GECT Eurodistrict PAMINA
  • Fabrice Nourdin, Directeur Territorial, Pôle emploi Moselle

Cette table-ronde a permis de revenir sur l’expérimentation engagée fin 2022 par la MOT sur les « bassins de vie transfrontaliers », dont les objectifs sont :

  • D’approcher une définition de la notion de « bassin de vie transfrontalier » ;
  • Analyser les besoins et attendus de territoires pilotes, ainsi que les opportunités et freins juridiques ;
  • Proposer une boite à outils opérationnelle favorisant la mise en œuvre de politiques publiques transfrontalières ;

La méthodologie développée aspire à la prise en compte de la réalité fonctionnelle tout autant qu’institutionnelle de ces territoires

Pour aller plus loin

            Le retour sur l’assemblée générale sur le site de la  MOT

            Quelques articles de presse :

La Mot convie une ministre et des acteurs de terrains à son assemblée générale Voisins Nachbarn

AG MOT Metz RL

Mobilite transfrontalière _ Paris écoute (un peu plus) les élus locaux AG MOT site la Semaine      

      

 

 

 

 

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5ème édition de la conférence transfrontalière sur les mobilités

D’ici le 1er janvier 2025, en France, les agglomérations de plus de 150.000 habitants devront intégrer sur leur territoire une ZFE-m (Zone à Faibles Emissions-mobilités), excluant les véhicules les plus polluants, selon la loi Climat et Résilience du 24 août 2021.

L’objectif : réduire la pollution, principalement le dioxyde d’azote et les particules fines pour éviter près de 48.000 morts par an en France.

Cet événement annuel sur la transition environnementale des territoires et les mobilités a proposé de mettre en perspective le déploiement des ZFE-m au sein de la Grande Région transfrontalière, ainsi que les défis qu’il représente.

Le secrétaire général et le vice-président de l’IGR pour la Lorraine ont participé à cette conférence qui a réuni, dans le Tiers-lieu d’inspiration, d’innovation & d’intelligence collective BLIIIDA (dont le directeur, Jean-Pierre BURGER, a  présenté l’historique et les ambitions en ouverture), dans le format d’une table ronde animée par Danièle BEHR :

  • Monsieur Cédric GOUTH, Président de l’agence Inspire Metz et Vice-Président Développement Economique à Eurométropole Metz
  • Monsieur Bruno MILLIENNE, Député des Yvelines (Mission Flash ZFE-m pour le gouvernement)
  • MadameBéatrice AGAMENNONE, Vice-Présidente Mobilités/Transports Eurométropole de Metz et adjointe au maire de Metz
  • Monsieur Alban BISSIELO, Président de la Fédération des Commerçants de Metz
  • MonsieurThierry SCHIDLER, Directeur Général Autocars SCHIDLER, Vice-Président Chambre de Commerce de la Moselle, Président FNTV Moselle
  • MonsieurBruno CHARPENTIER, Vice-Président Chambre de Métiers et de l’Artisanat de la Moselle, chef d’entreprise de l’entreprise Charpentier
  • Monsieur. Jean-Marie STRASSER, Unité Stratégies et Concepts, Ministère de l’environnement, du climat et du développement durable – Luxembourg
  • MadameEugenia KOLB, Ministère des Transports du Land de Bade Wurtemberg –Allemagne
  • MonsieurStéphane COOLS, Président Agence Wallonne de l’Air et du Climat – Belgique

Bruno Millienne, député des Yvelines et auteur d’une mission flash sur ce sujet, a rappelé les enjeux, en particulier sanitaires, de cette disposition de la loi Climat et Résilience du 24 août 2021et le retard de la France dans ce domaine. D’ici au  1er janvier 2025, après les 10 premières métropoles engagées dans la démarche depuis 2020 (suite à la Loi d’Orientation des Mobilités en 2019),  les agglomérations de plus de 150.000 habitants (soit 35) devront intégrer sur leur territoire une ZFE, excluant les véhicules les plus polluants pour réduire les rejets, principalement de dioxyde d’azote et de particules fines, auxquels sont imputables 48.000 morts par an en France.

Les lois françaises de 2019 et 2021 sont la transposition de la directive européenne 2008/50/CE concernant la qualité de l’air ambiant et un air pur pour l’Europe que par ailleurs la Commission européenne est en train de réviser.

Béatrice Agamennone  a souligné que la proximité de l’autoroute A 31, qui débouche au cœur de la ville, constitue un facteur majeur d’émission de particules fines. Les élus de l’Eurométropole de Metz, suite à des études en cours, devront arrêter prochainement le périmètre (au moins 50 % du territoire de la Métropole), les exclusions et les aides.

Thierry Schidler et  Bruno Charpentier, au nom des socio-professionnels, ont exprimé les inquiétudes quant au coût pour les entreprises (remplacement des flottes d’autocars et de véhicules utilitaires par des véhicules électriques) et la difficulté à acheminer touristes, matériaux (en particulier pour le secteur du bâtiment) et matériel depuis des plateformes à la périphérie des agglomérations.

Ils ont plaidés pour une concertation avec les élus, une mise en place souple et progressive et un accompagnement et des aides à destination des professionnels.

Bruno Millienne et Béatrice Agamennone ont souhaité rassurer en précisant que 2005 ne verra que la définition du périmètre et le début de la mise en place du plan d’action. Les inquiétudes devront être levées dans la concertation (entre élus locaux et l’état, entre les élus locaux et les professionnels pour les dérogations et les aides) et en s’appuyant sur le retour d’expériences des métropoles engagées dans la démarche depuis 2019.

Ils ont tous deux insisté sur la nécessaire harmonisation des mesures entre les agglomérations, sur l’indispensable communication et évoqué quelques pistes : incitation au covoiturage, bus à haut-niveau de service, carburants nouvelle génération et hydrogène pour les bus, etc.

Jean-Marie Strasser représentant le Grand-duché a souligné que le pays se conforme aux préconisations européennes de qualité de l’air en matière de transports grâce à la gratuité des transports publics, au développement des P+R, à la modernisation des flottes de véhicules professionnels, souvent électriques, à la mise en service du tramway, à l’encouragement au covoiturage et à la promotion de la multi modalité. Ces solutions ne s’étendent cependant pas au bassin d’emploi transfrontalier où l’automobile reste très largement dominante.

Eugenia Kolb,  du Land de Bade-Wurtemberg, a rappelé qu’en Allemagne, les « zones vertes » restreignant l’accès aux véhicules polluants dans les grandes villes, remontent à près de vingt ans. Elles sont au nombre de 48 en Allemagne, dont 13 en Bade-Wurtemberg.

Au début de la mise en œuvre, des craintes, des inquiétudes et même de l’hostilité se sont exprimées. La justice a obligé les villes à avancer et l’adhésion de la population a fortement progressé grâce à une concertation avec les parties prenante et la promotion pédagogique d’une mobilité durable.

Les « zones vertes » commencent même à être levées dans certaines villes, où les niveaux de pollution ont baissé.

Stéphane Cools pour la Wallonie a précisé que la Région wallonne n’est pas tenue  d’instaurer des ZFE, mais qu’elle entend limiter la circulation de véhicules polluants sur l’ensemble de son territoire retenu comme « Zone à Basses Emissions ».

Les grandes villes (comme Liège, Charleroi) sont en train de développer les transports en commun.

Des incitations fiscales (déduction pour le covoiturage et l’utilisation du vélo, taxation des véhicules les plus lourds) et des mesures plus directives (en 2025, les véhicules de société qui représentent 50 % du parc automobile wallon devront être électriques ; les véhicules sans filtre à particules seront interdits de circulation) sont mises en œuvre.

Au cours des échanges qui ont suivi avec les participants trois enjeux forts ont été soulignés :

  • La prise en compte des hausses du coût des services et prestations des entreprises après les investissements qu’elles auront faits ;
  • Le contrôle et le nécessaire temps de la pédagogie lorsque la mise en œuvre des ZFE sera effective ;
  • L’indispensable harmonisation des critères et mesures entre pays européens, entre versants de la Grande Région et à l’échelle des bassins de vie transfrontaliers.

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Les rencontres de l’IGR Rencontre avec les responsables du GECT Alzette Belval

Groupement Européen de Coopération Territoriale Alzette Belval

Vendredi 2 juin 2023  – Laboratoire – site de Micheville Audun-le Tiche

 

Dorothée HABAY-LÊ – Directrice du GECT Alzette Belval et Marine YERAL – Chargée de Missions, responsable du Développement, ont accueilli le vendredi 2 juin 2023 au matin, dans les magnifiques locaux du Laboratoire, une délégation de 10 membres de l’IGR pour une présentation d’une très grande qualité, de :

  • l’historique du GECT,
  • ses missions, son fonctionnement, sa gouvernance,
  • ses orientations stratégiques et les projets portés /soutenus (avec un focus sur la mobilité et la santé),
  • sa reconnaissance comme zone fonctionnelle dans le programme Interreg VI A.

Cette rencontre faisait suite à celle organisée le 30 novembre 2022 avec les responsables de la Société d’aménagement Agora à Esch Belval et le 24 mars 2023 avec le Directeur de l’Etablissement Public d’aménagement Alzette Belval.

Créé le 8 mars 2013, cet outil transfrontalier (mis en place par l’Union Européenne en juillet 2006  ) dote la coopération entre les collectivités françaises et luxembourgeoises d’une personnalité juridique et d’une autonomie financière nécessaire pour mener à bien son  projet qui concerne de nombreux domaines afin de faire émerger une agglomération transfrontalière.

Il est conçu comme une plateforme de décision rassemblant les différents niveaux des instances de décision impliquées dans le projet d’aménagement du territoire. L’assemblée est composée par les Etats français et luxembourgeois, qui y sont représentés à parité aux côtés des autorités locales. Une présidence tournante assure le fonctionnement par alternance de cet organe décisionnel.

 Son périmètre couvre une zone de plus de 170 km², 13 communes : cinq du côté luxembourgeois (Esch-sur-Alzette, Sanem, Mondercange, Schifflange puis Rumelange depuis 2022), huit du côté français (constituant la Communauté de communes Pays-Haut Val d’Alzette), trois collectivités territoriales (la Région, les Conseil Départementaux  de la Moselle et  de Meurthe-et-Moselle) et concerne près de 110 000 habitants (dont 78% habitent du côté luxembourgeois) de part et d’autre de la frontière.

C’est sur ce territoire que se trouve la 2e ville du Grand-duché, Esch-sur-Alzette qui compte 35 000 habitants, alors que la  CCPHVA en compte 29 000.

 Si le territoire est petit, sa population est en croissance constante (arrivée de nouveaux habitants) et jeune (présence de l’Université à Belval) et plusieurs grands projets (publics et privés) s’y développent : Belval, Metzeschmelz, Rout Lëns (côté luxembourgeois), Eco quartiers de Micheville et Cantebonne etc.. (côté français) et celui transfrontalier à venir, Terres Rouges (dont 2/3 se situe du côté français).

500 partenaires de part et d’autre de la frontière sont actifs dans 19 réseaux transfrontaliers et 250 clubs sportifs sont recensés.

 Les échanges ont principalement porté sur :

  • l’enjeu de la construction d’une éco-agglomération transfrontalière et la stratégie qui en découle autour de 7 thématiques ;

  • 3 thématiques en particulier :

 

  • Le développement des transports et de mobilités durables: projet de Bus à Haut Niveau de Service pour relier Micheville (projet de Hub Mobilités) à Luxembourg, via Belval ;  développement des mobilités douces (en particulier le vélo) ;
  • La santé: questionnaire en ligne en 2022 auprès des habitants, réunions bilatérales puis communes entres acteurs français et luxembourgeois concernés, identification des solutions à moyen terme (Zone Organisée d’Accès aux Soins Transfrontaliers, Maison de Santé Pluriprofessionnelle Transfrontalière), et dépôt de 4 dossiers dans le cadre de l’appel à projet européen b-solutions 2.0 (les entités sélectionnées bénéficient du soutien technique d’experts transfrontaliers afin de définir précisément les obstacles et d’élaborer des solutions potentielles pour les surmonter) : soins de suite, réseaux de soins, communauté de gestion des urgences, affiliation transfrontalière à la sécurité sociale.
  • Le vivre-ensemble: actions touristiques et animations pour valoriser le territoire, soutien aux manifestations nationales, création de supports de communication (ex : jeu des 7 familles Alzette Belval).

La rencontre s’est conclue par une évocation d’une nouveauté dans le programme Interreg VI A : les zones fonctionnelles.

Elles s’inscrivent dans la priorité 3 du nouveau programme Interreg Grande Région 2021-2027: « Une Grande Région plus proche des citoyens ».

Une « zone fonctionnelle » est un espace de coopération transfrontalière qui dispose :

  • de relations socio-économiques existantes,
  • d’instances de gouvernance transfrontalières,
  • d’une stratégie de développement transfrontalière définie par des partenaires de part et d’autres de la frontière.

Les espaces de coopération transfrontalière reconnus en tant que « zones fonctionnelles » peuvent recevoir et gérer une enveloppe financière. Chaque zone fonctionnelle assure la gestion de ce financement en vue de réaliser des projets transfrontaliers qui répondent aux besoins spécifiques de leur territoire dans les domaines prioritaires de la zone : développement, éducation, environnement, mobilité, santé… dans une approche multisectorielle.

Le GECT Alzette Belval est reconnu comme zone fonctionnelle, ce qui signifie que le programme INTERREG lui réserve une enveloppe budgétaire de 5,5 millions € sur la période 2021-2027pour accompagner les projets répondant à sa stratégie territoriale et en lui permettant de gérer lui-même l’octroi des subventions.

Pour aller plus loin

La page du site du parlement européen relative aux GECT

https://www.europarl.europa.eu/factsheets/fr/sheet/94/groupements-europeens-de-cooperation-territoriale-gect-

 

Le document qui a servi de support aux interventions et aux échanges : Présentation PowerPoint GECT Alzette Belval 02 06 2023

 La stratégie 2021 – 2027 du GECT Alzette Belval : Stratégie GECT Alzette Belval version-definitive approuvee-AG211021

 

Le site du GECT

https://gectalzettebelval.eu/

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