EUROP ACT REGARD SUR LES PROGRAMMES EUROPEENS

Séminaires transfrontaliers Europ’Act « Ensemble, échangeons sur la plus-value des programmes européens pour nos territoires frontaliers ! Quel bilan, quelles perspectives, quelle ambition ? »
3 février 2020
Hôtel de la Région Grand Est Metz

Dans le cadre de l’étude de capitalisation de la Région Grand Est financée par le programme d’assistance technique Europ’Act, la Mission Opérationnelle Transfrontalière et l’Euro-Institut de Kehl ont participé à l’animation de trois séminaires successifs avec les acteurs de la coopération transfrontalière en Grande Région et dans l’Ardenne franco-belge. Ces évènements ont eu lieu à Strasbourg le 4 décembre 2019, Metz le 3 février 2020, ainsi qu’à Charleville-Mézières, le 10 février.
Le Secrétaire général de l’IGR était présent à la journée qui s’est déroulée à Metz.
L’objectif (cf. programme joint) du séminaire était de :
• Rendre compte des premiers résultats de l’étude réalisée à partir d’une enquête auprès des porteurs de projets et des institutions parties prenantes
• Echanger sur la plus-value des programmes européens dans la mise en œuvre de projets structurants pour le territoire
• Travailler au travers d’ateliers participatifs sur les perspectives d’accompagnement des projets pour la prochaine période de programmation européenne 2021-2027.
Il faisait suite à une enquête auprès des acteurs du transfrontalier en Grand Est (questionnaire adressé à près de 500 acteurs pour 182 répondants, et réalisation de 25 entretiens semi-directifs avec des instances et porteurs de projets : 10 Rhin supérieur, 9 Grande Région, 5 Ardennes, 1 Grand Est).

Les points saillants de la restitution de l’enquête et des échanges du matin
Contexte de mise en œuvre et apport des projets développés en Grand Est : une mise en œuvre dans le temps long des projets, et qui correspond à des besoins grandissants

• Une coopération transfrontalière qui s’appuie sur des financements et des groupes de travail dédiés ;
• Une place centrale (plus-value) d’interreg pour le financement des projets transfrontaliers à relativiser (au profit d’une part importante de l’autofinancement pour faire émerger puis pérenniser les projets) ;
• Une combinaison de différents programmes européens limitée (combinaison complexe et couteuse qui nécessite une ingénierie dédiée)

• La mobilité et le développement économique semblent être les 2 domaines dans lesquels l’impact de la coopération transfrontalière est le moins évident
• Des projets de coopération qui se pérennisent pour répondre à des enjeux stratégiques de développement
o Besoin de main d’œuvre frontalière : projets interculturel, de formation, de rapprochement des services de l’emploi ;
o Besoin de transports transfrontaliers : achat matériel roulant mutualisé ;
o Besoin de services publics transfrontaliers : accès aux soins, accès à la formation, accès aux droits… ;
o Besoin de circuits locaux d’approvisionnement.

Obstacles et freins à la coopération : des obstacles à la coopération qui sont en partie résolus au travers de la mise en œuvre pratique des projets
• Des difficultés qui ne viennent qu’en partie d’obstacles légaux ;
• Un ressenti partagé sur les domaines posant des difficultés : transports, développement économique, emploi transfrontalier, santé, transition énergétique, ;
• Une résolution collective des obstacles à renforcer
• Des expériences efficientes pour dépasser les difficultés (s‘informer et s‘expliquer ses cadres d‘action respectifs , partager les mêmes objectifs, sans uniformiser la méthode, trouver des solutions locales avec les bénéficiaires du projet et toutes les parties prenantes).

Gouvernance des espaces transfrontaliers : de la mise en place d’institutions communes à la construction d’un espace politique partagé , un travail à compléter
• Une reconnaissance des structures de gouvernance transfrontalières pour leur apport stratégique, de visibilité et de mise en réseaux des acteurs ;
• Qui se combine avec une perception contrastée du système global ;
• Une coordination des stratégies de planification des espaces transfrontaliers qui reste à construire ;
• Quelles possibilités pour l’élargissement des partenariats ? Aux acteurs privés ? A la société civile ?

 

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Séminaires transfrontaliers Europ’Act

« Ensemble, échangeons sur la plus-value des programmes européens pour nos territoires frontaliers ! Quel bilan, quelles perspectives, quelle ambition ? »

3 février 2020

Hôtel de la Région Grand Est Metz

Dans le cadre de l’étude de capitalisation de la Région Grand Est financée par le programme d’assistance technique Europ’Act, la Mission Opérationnelle Transfrontalière  et l’Euro-Institut de Kehl ont participé à l’animation de trois  séminaires successifs avec les acteurs de la coopération transfrontalière en Grande Région et dans l’Ardenne franco-belge. Ces évènements ont eu lieu à Strasbourg le 4 décembre 2019, Metz le  3 février 2020, ainsi qu’à Charleville-Mézières, le 10 février.

Le Secrétaire général de l’IGR  était présent à la journée qui s’est déroulée à Metz.

L’objectif (cf. programme joint) du séminaire était  de :

  • Rendre compte des premiers résultats de l’étude réalisée à partir d’une enquête auprès des porteurs de projets et des institutions parties prenantes
  • Echanger sur la plus-value des programmes européens dans la mise en œuvre de projets structurants pour le territoire
  • Travailler au travers d’ateliers participatifs sur les perspectives d’accompagnement des projets pour la prochaine période de programmation européenne 2021-2027.

Il faisait suite à une enquête auprès des acteurs du transfrontalier en Grand Est (questionnaire adressé à près de 500 acteurs pour 182 répondants, et réalisation de 25 entretiens semi-directifs avec des instances et porteurs de projets : 10 Rhin supérieur, 9 Grande Région, 5 Ardennes, 1 Grand Est).

Les points saillants de la restitution de l’enquête et des échanges du matin

     Contexte de mise en œuvre et apport des projets développés en Grand Est  : une mise en œuvre dans le temps long des projets, et qui correspond à des besoins grandissants

  • Une coopération transfrontalière qui s’appuie sur des financements et des groupes de travail dédiés ;
  • Une place centrale (plus-value) d’interreg pour le financement des projets transfrontaliers à relativiser (au profit d’une part importante de l’autofinancement pour faire émerger puis pérenniser les projets) ;
  • Une combinaison de différents programmes européens limitée (combinaison complexe et couteuse qui nécessite une ingénierie dédiée)

  • La mobilité et le développement économique semblent être les 2 domainesdans lesquels l’impact de la coopération  transfrontalière est le moins évident
  • Des projets de coopération qui se pérennisent pour répondre à des enjeux stratégiques de développement
    • Besoin de main d’œuvre frontalière : projets interculturel, de formation, de rapprochement des services de l’emploi ;
    • Besoin de transports transfrontaliers : achat matériel roulant mutualisé ;
    • Besoin de services publics transfrontaliers : accès aux soins, accès à la formation, accès aux droits… ;
    • Besoin de circuits locaux d’approvisionnement.

            Obstacles et freins à la coopération : des obstacles à la coopération qui sont en partie résolus au travers de la mise en œuvre pratique des projets

  • Des difficultés qui ne viennent qu’en partie d’obstacles légaux ;
  • Un ressenti partagé sur les domaines posant des difficultés : transports, développement économique, emploi transfrontalier, santé, transition énergétique, ;
  • Une résolution collective des obstacles à renforcer
  • Des expériences efficientes pour dépasser les difficultés (s‘informer et s‘expliquer ses cadres d‘action respectifs , partager les mêmes objectifs, sans uniformiser la méthode, trouver des solutions locales avec les bénéficiaires du projet et toutes les parties prenantes).

            Gouvernance des espaces transfrontaliers : de la mise en place d’institutions communes à la construction d’un espace politique partagé , un travail à compléter

  • Une reconnaissance des structures de gouvernance transfrontalières pour leur apport stratégique, de visibilité et de mise en réseaux des acteurs ;
  • Qui se combine avec une perception contrastée du système global ;
  • Une coordination des stratégies de planification des espaces transfrontaliers qui reste à construire ;
  • Quelles possibilités pour l’élargissement des partenariats ? Aux acteurs privés ? A la société civile ?

   

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Dialogue Citoyen avec M. Nicolas Schmit

Commissaire Européen à l’Emploi et aux Droits sociaux

 » Ma mission: renforcer la dimension sociale de l’Europe! « 

Université du Luxembourg, Maison des Arts et des Étudiants – Esch-sur-Alzette

20 janvier 2020 à 12h00

« La révolution numérique bouleverse l’économie et transforme l’essence même du monde de l’emploi. Ces changements d’envergure, ainsi que la transition écologique, ou encore le Brexit, mettent à l’épreuve le modèle européen bâti sur le Socle des droits sociaux. Face à un avenir incertain, les Européens s’interrogent à juste titre sur les nouveaux défis à relever en matière d’éducation et de formation, sur l’évolution des conditions de vie et de travail, sur les stratégies collectives en matière de solidarité et de protection sociale, sur la préservation du dialogue social, propre à la démocratie et aux valeurs européennes. »

C’est autour de ces enjeux que  la Représentation de la Commission européenne au Luxembourg, l’Europe Direct Information Centre de l’Université du Luxembourg (EDIC) et leurs partenaires ont organisé le 20 janvier un dialogue citoyen avec le nouveau commissaire européen à l’emploi et aux droits sociaux.

Le Secrétaire général de l’IGR était présent.

Article du Quotidien

http://www.lequotidien.lu/economie/nicolas-schmit-lenorme-chantier-de-la-digitalisation-du-travail/

Article du Luxemburger Wort

https://www.wort.lu/fr/international/le-green-deal-un-enorme-gisement-d-emplois-5e25c3a5da2cc1784e354657

 

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Conférence-Débat « Saar-Lor.lux : J’en fais quoi pour ma boîte »

« Nous habitons la seule région française qui est bordée par quatre frontières et nous présentons ce positionnement comme un atout considérable.

Ceci étant, comment traduisons-nous vraiment cela dans la réalité ? En Lorraine notamment, développons-nous vraiment un projet commun avec nos voisins belges, allemands ou luxembourgeois ?

Sommes-nous en capacité de prendre des initiatives transfrontalières susceptibles de soutenir un développement partagé au service de nos entreprises?

Autant de questions qui méritent que l’on examine plus précisément quels sont les grands enjeux transfrontaliers et de quels manières les différents acteurs y font face. »

 

A l’invitation des Dirigeants Commerciaux de France Metz, le Président de l’GR, Roger Cayzelle a animé, le mardi 14 janvier 2020 au Novotel Metz Amnéville, une conférence débat autour de ces questions. Il était accompagné de Yves Sand, Trésorier et Jean Salque Secrétaire général.

Roger Cayzelle a d’abord rappelé les caractéristiques de l’espace de coopération que constitue la Grande Région

  • Un espace transfrontalier qui s’étend de la Meuse au Rhin au cœur de l’Europe 65 000 km2 11millions d’habitants ;
  • Un espace marqué par la diversité :  4 pays, 2 espaces culturels, 3 langues, 5 entités : un Etat – le Grand Duché de Luxembourg ; deux Länder de l’Allemagne Fédérale; une Région et une Communauté dans un Etat Belge fédéral – la Wallonie et la Communauté Germanophone- et le Grand Est (incluant le périmètre de la Lorraine) dans une France qui reste centralisée avec son « millefeuille territorial » ; 11 partenaires ;
  • Un espace marqué par des flux permanents et importants de travailleurs (et de consommateurs) transfrontaliers, 240 500 en 2018, dont 78 % (187 600) vers le seul Luxembourg.

Il a ensuite évoqué les structurations qui se sont progressivement mises en place depuis la constitution de la Grande Région il y a vingt cinq ans (après la création de l’espace Saar Lor Lux en 1971) :

  • un Sommet des Exécutifs (qui s’est doté d’un GECT Secrétariat en 2015, année de la création de la Maison de la Grande Région à Esch sur Alzette) ;
  • un Conseil Parlementaire Interrégional ;
  • un Conseil Economique et Social de la Grande Région ;
  • les réseaux d’acteurs et de projets qui se sont progressivement constitués : UNIGR (Université de la Grande Région), Observatoire Interrégional de l’Emploi, Task Force Frontaliers, Chambre Interrégionale des Métiers, CRD EURES Frontaliers Grand Est, réseau de villes Quattropole etc.. ;
  • les fonds européens dédiés au travers des programmes Interreg

 

Après avoir rappelé le contexte dans lequel, depuis le milieu des années 1990, l’idée d’Europe intégrée est en déclin et les institutions européennes sont ressenties comme éloignées des citoyens, il a souligné les deux faiblesses qui handicapent l’appropriation par les citoyens de l’idée de Grande Région : le manque de visibilité et d’incarnation politique.

 

Il a enfin précisé les deux défis majeurs (en interaction) auxquels la Grande Région est et sera confrontée :

  • Le vieillissement de la population et une raréfaction de la population active ;
  • l’émergence du Luxembourg qui fait exploser les flux et crée des ruptures.

   

Les échanges avec les participants ont porté sur les principaux enjeux qui découlent de ces défis :

  • élaborer une stratégie prospective à l’échelle de la Grande Région (intérêt du Schéma de Développement Territorial en cours de finalisation) comme cadre des relations et des projets entre les partenaires, au service d’un développement intégré ;
  • développer un marketing territorial commun ;
  • imaginer un grand projet structurant ;
  • amener l’ensemble des acteurs des territoires de l’aire métropolitaine de Luxembourg à intégrer l’idée de coresponsabilité dans le développement équilibré et soutenable de cet espace.

 

 

 

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Quo vadis : entre vision et reflets

 

Entre visions et reflets Quo Vadis Grande Région
Besoins des talents de nos entreprises : de la compétition à la coopération
Table-ronde enjeux croisés de formation recrutement
CCI Moselle Métropole Metz, Avenue Foch Metz – 4 décembre 2019

Organisation partenariale : CCI Moselle Metz Métropole, IGR, Chambre de Commerce Luxembourg

Intervenants : Fabrice Genter Président CCI Moselle Metz Métropole ; Isabelle Schlesser ADEM – Agence pour le développement de l’emploi ; Vincent Hein Fondation IDEA asbl ; Jean Arnould Pôle formation UIMM Lorraine ; Pr Michel Fick Université de Lorraine et Joël Berger Directeur C2IME
Modération : Guy Keckhut
Conclusion : Roger Cayzelle, Président IGR

Cette rencontre s’inscrivait dans le cycle des travaux « Quo vadis Grande Région ? » qui rassemble les acteurs de l’économie, de la formation et de l’emploi de la Grande Région à l’invitation de la Chambre de commerce Luxembourg, de l’Institut de la Grande Région, de la SOLEP et de la Fondation IDEA, et aujourd’hui, de la CCI Moselle Métropole Metz

Dans son allocation d’ouverture, Fabrice GENTER, Président de la CCI Moselle Métropole Metz, souligne que la proximité des frontières au sein de la Grande Région est une chance et qu’il faut partager plus, plus vite et mieux. Il est urgent de promouvoir la Grande Région en tant qu’espace de codéveloppement et de coattractivité et pour cela il faut que les partenaires s’apprivoisent, apprennent à se connaitre.

Guy Keckhut présente ensuite les problématiques.  » Si la Grande Région est un espace hétérogène sur le plan socio-économique, force est de constater que la problématique des difficultés de recrutement transcendent ses frontières internes, avec une acuité croissante. Reprise et/ou expansion économique, digitalisation, « montée en gamme » de certains secteurs, déclin démographique, inadéquation entre les compétences recherchées et les qualifications des actifs, (im)mobilité géographique, manque d’attractivité de certains métiers, exigences d’une meilleure qualité de vie au travail / d’un équilibre vie privée/vie professionnelle raisonnable … les raisons pouvant expliquer les tensions sur l’offre de travail sont nombreuses et les entreprises comme les pouvoirs publics concernés doivent s’y adapter mais surtout trouver rapidement des solutions innovantes et durables… et sans doute mieux coopérer !
L’objet de cette rencontre est de mieux cerner les contours de ce que l’on pourrait parfois appeler « une compétition voire guerre des talents « , d’identifier les principaux secteurs concernés et les compétences qui leur font défaut et de mettre en avant des solutions, notamment en matière de coopération, qui pourraient bénéficier à notre espace transfrontalier… »

Table-ronde : points saillants des interventions

Jean Arnould évoque la nécessité d’un diagnostic partagé et d’anticiper les solutions devant une situation tendue (qui est similaire à la frontière franco-suisse) en rappelant la diversité des problématiques selon les versants de la Grande Région : la Grand Duché a une économie en expansion mais une population limitée, les Länder connaissent le plein emploi (avec un perspective de déprise démographique), la Lorraine connait une pénurie de main d’œuvre et un taux de chômage encore élevé.
Il évoque le besoin de renouveler 20 000 emplois dans le secteur industriel dans les années à venir à l’échelle du Grand Est et souligne que 64 % des chefs d’entreprise sont inquiets quant au recrutement.
Pour lui, alors qu’il y a aujourd’hui 300 000 emplois non pourvus en France, l’entreprise doit opérer une révolution dans le domaine de gestion des ressources humaines : traiter des individus (acteurs de leur employabilité) et non des statistiques, considérer la formation comme une ressource de développement et apprendre à détecter et développer le potentiel des collaborateurs.
L’enjeu principal est de « faire grossir ensemble le gâteau » dans un contexte de concurrence mondiale, européenne et entre régions. C’est dans cet esprit qu’AFOREST a noué des contacts avec des acteurs de la formation tant au Grand-Duché qu’en Wallonie.
Un autre enjeu, pour ce qui concerne l’industrie, est de sensibiliser les jeunes aux métiers de ce secteur le plus en amont de leurs études et formations.

Joël Berger rappelle que la situation de tensions est ancienne mais qu’elle s’est accélérée (avec la numérisation et la digitalisation des entreprises mais aussi l’évolution des mentalités des nouvelles générations qui arrivent sur le marché du travail) et risque de se renforcer avec les perspectives de déprise démographique en Sarre et Rhénanie Palatinat.
Les chefs d’entreprises qu’il côtoie se posent tous les mêmes questions : comment maintenir les compétences dans l’entreprise ? Comment faire évoluer les métiers dans l’entreprise ? Comment anticiper les métiers de demain et trouver les bonnes compétences ?
C’est autour de ces questions que la coopération doit être menée.
Il rappelle aussi que la Lorraine, terre d’immigration, a une tradition de « melting pot » et qu’une question fondamentale est : comment accueillir tous les talents ?

Isabelle Schlesser précise que les difficultés de recrutement au Grand-Duché sont variables selon les secteurs, mais que les chefs d’entreprise partagent l’inquiétude de leurs homologues lorrains. Il y a pour elle une dimension psychologique : la crainte de manquer des « bons éléments ».
Elle rappelle que l’emploi connait au Grand-Duché une croissance de 3% par an. Cette tendance, même si un léger fléchissement est envisagé en 2020, se maintiendra. Compte tenu de son manque de ressources en hommes, le pays devra continuer à aller chercher la main d’œuvre ailleurs.
La Grand-Duché a aussi une tradition d’accueil (75% des actifs ne sont pas des nationaux).
Il y a cependant effectivement pénurie de main d’œuvre dans certains secteurs au Luxembourg (audit et contrôle comptables et financiers, comptabilité, études et développement informatique , secrétariat, défense et conseil juridique, personnel de cuisine, service en restauration, sécurité et surveillance privées, nettoyage des locaux , xxpertise et support technique en systèmes d’information…).
Et les secteurs qui ne demandent pas beaucoup de qualifications offrent des conditions de travail compliquées qui peuvent être rebutantes.
C’est pour ces raisons que le Gouvernement Bettel 2 a inscrit dans son programme deux objectifs : « retenir les talents » « attirer les talents ».
Le projet pilote « Digital Skills Bridge » permet d’expérimenter une aide aux entreprises pour anticiper l’évolution de métiers et prévenir le chômage par la formation interne.
C’est dans le même esprit qu’il est envisagé de développer des formations partagées avec Pôle Emploi.
Selon elle, il est essentiel de penser formation et emploi à l’échelle de la Grande Région.

Michel Fick craint que les tensions ne deviennent graves, en évoquant une fromagerie dans laquelle deux emplois de cadre sur cinq ne sont pas pourvus (avec le risque de baisse de la qualité et d’une délocalisation)
Les deux défis principaux en Lorraine sont de retenir et d’attirer les compétences, dans un contexte où le Luxembourg a un effet « aspirateur ».
Alors que le nombre d’étudiants de l’Université de Lorraine a augmenté de 15 % avec un taux d’employabilité de 90 %, seuls 20 % des étudiants vont travailler au Grand-Duché. Les ingénieurs sont plutôt tentés par d’autres régions en France. La limite des ressources est atteinte et il faut envisager de nouvelles solutions.
Une des principales difficultés posée à l’Université est la connaissance des secteurs et des métiers pour les jeunes y entrants : les filières jugées attractives (droit, sport, médecine, langues appliquées connaissent des taux d’échec élevés atteignant parfois 50 %). C’est sur ce « vivier » qu’il faut travailler en développant l’information sur les secteurs et les métiers très en amont.
Et s’il est vrai que les jeunes ingénieurs sont tenté davantage par les grands groupes que par les PMI PME, la dimension qualitative du travail et l’éthique de l’entreprise commencent à prendre de plus en plus d’importance pour eux.
C’est pourquoi il est nécessaire de mettre en œuvre une politique d’attractivité tant dans les entreprises que dans les territoires.

Vincent Hein insiste sur le nouveau cycle démographique dans lequel s’installe la Grande Région : perspective d’une diminution de l’ordre de 400 000 du nombre de personnes en âge de travailler à l’horizon 2030, alors que dans le même temps, sur le périmètre de l’aire métropolitaine de Luxembourg, 100 000 actifs de plus seront nécessaires.
Il module ces prévisions en évoquant les possibilité de jouer sur le taux d’activité et souligne les incertitudes quant à l’évolution des emplois.
Pour lui, dans un contexte de pénurie des ressources humaines, il n’est pas surprenant que la concurrence s’attise. Mais cela ne doit empêcher la coopération.
Si beaucoup de choses ont déjà été faites pour favoriser la mobilité des salariés, il faut amorcer une nouvelle phase, rendue nécessaire par l’interdépendance irréversible qui s’est constituée sur le territoire de l’aire métropolitaine de Luxembourg et qui se caractérise par une hyperspécialisation des centres.
Il reprend quelques éléments de la récents étude IDEA qu’il a réalisé (« le codéveloppement dans l’aire métropolitaine de Luxembourg ») en évoquant la « coopétition » qui pourrait être mise en œuvre, dans une logique gagnant/gagnant, en dépassant les frontières. Il cite quelques domaines envisageables : le recensement du foncier disponible, l’ingénierie de développement autour des projets industriels, le marketing territorial à destination de l’étranger, l’enseignement supérieur, une école d’ingénieur franco-luxembourgeoise, une stratégie commune de formation professionnelle initiale (apprentissage) et continue (demandeurs d’emploi), les langues…

Au cours des échanges, Fabrice Genter évoque la nécessité d’avoir une approche transversale du codéveloppement en insistant sur le lien entre la fidélisation des salariés et la présence sur les territoires d’équipements et de services permettant des offres de qualité (culture, sport, santé etc.). Le marketing territorial partagé est pour lui essentiel.

Les participants dans la salle
Les directeurs d’écoles d’ingénieur présent dans la salle soulignent l’enjeu de la fidélisation des jeunes ingénieurs qui font du « zapping ».
Dans son intervention le président du réseau « Re@gir » confirme l’enjeu de l’attractivité qui est un vrai intérêt commun de part de d’autre de la frontière, et auquel il ajoute ceux de l’adaptabilité et de la réactivité attendues par les chefs d’entreprise de la part tant des cadres que des autres salariés.
Il évoque aussi la piste d’un travail nécessaire avec enseignants et parents pour mieux faire connaitre les secteurs et les métiers et émet le souhait que la formation tant initiale que continue prépare davantage à la réactivité et l’adaptabilité.
Dans sa conclusion, Roger Cayzelle évoque les quatre questions qui lui paraissent essentielles :
• l’objectivation et le partage des données pour un diagnostic étayé ;
• la prospective relative aux évolutions des compétences et des qualifications (en ayant une attention particulière pour les personnes les moins qualifiées) : quelle méthodologie ? Comment mieux anticiper ?
• le développement de formations partagées ;
• la mobilisation des politiques (attractivité territoriale)..

 

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QUO VADIS GRANDE REGION : DE LA COMPETION à la COOPERATION

Quo Vadis Grande Région

Besoins des talents de nos entreprises : de la compétition à la coopération
Les enjeux croisés de formation recrutement

CCI Moselle Métropole Metz, Avenue Foch Metz – 4 décembre 2019

Organisation partenariale : CCI Moselle Metz Métropole, IGR, Chambre de Commerce Luxembourg

Intervenants : Fabrice Genter Président CCI Moselle Metz Métropole ; Isabelle Schlesser ADEM – Agence pour le développement de l’emploi ; Vincent Hein Fondation IDEA asbl ; Jean Arnould Pôle formation UIMM Lorraine ; Pr Michel Fick Université de Lorraine et Joël Berger Directeur C2IME
Modération : Guy Keckhut
Conclusion : Roger Cayzelle, Président IGR

Cette rencontre s’inscrivait dans le cycle des travaux « Quo vadis Grande Région ? » qui rassemble les acteurs de l’économie, de la formation et de l’emploi de la Grande Région à l’invitation de la Chambre de commerce Luxembourg, de l’Institut de la Grande Région, de la SOLEP et de la Fondation IDEA, et aujourd’hui, de la CCI Moselle Métropole Metz

Dans son allocation d’ouverture, Fabrice GENTER, Président de la CCI Moselle Métropole Metz, souligne que la proximité des frontières au sein de la Grande Région est une chance et qu’il faut partager plus, plus vite et mieux. Il est urgent de promouvoir la Grande Région en tant qu’espace de codéveloppement et de coattractivité et pour cela il faut que les partenaires s’apprivoisent, apprennent à se connaitre.

Guy Keckhut présente ensuite les problématiques.  » Si la Grande Région est un espace hétérogène sur le plan socio-économique, force est de constater que la problématique des difficultés de recrutement transcendent ses frontières internes, avec une acuité croissante. Reprise et/ou expansion économique, digitalisation, « montée en gamme » de certains secteurs, déclin démographique, inadéquation entre les compétences recherchées et les qualifications des actifs, (im)mobilité géographique, manque d’attractivité de certains métiers, exigences d’une meilleure qualité de vie au travail / d’un équilibre vie privée/vie professionnelle raisonnable … les raisons pouvant expliquer les tensions sur l’offre de travail sont nombreuses et les entreprises comme les pouvoirs publics concernés doivent s’y adapter mais surtout trouver rapidement des solutions innovantes et durables… et sans doute mieux coopérer !
L’objet de cette rencontre est de mieux cerner les contours de ce que l’on pourrait parfois appeler « une compétition voire guerre des talents « , d’identifier les principaux secteurs concernés et les compétences qui leur font défaut et de mettre en avant des solutions, notamment en matière de coopération, qui pourraient bénéficier à notre espace transfrontalier… »

Table-ronde : points saillants des interventions

Jean Arnould évoque la nécessité d’un diagnostic partagé et d’anticiper les solutions devant une situation tendue (qui est similaire à la frontière franco-suisse) en rappelant la diversité des problématiques selon les versants de la Grande Région : la Grand Duché a une économie en expansion mais une population limitée, les Länder connaissent le plein emploi (avec un perspective de déprise démographique), la Lorraine connait une pénurie de main d’œuvre et un taux de chômage encore élevé.
Il évoque le besoin de renouveler 20 000 emplois dans le secteur industriel dans les années à venir à l’échelle du Grand Est et souligne que 64 % des chefs d’entreprise sont inquiets quant au recrutement.
Pour lui, alors qu’il y a aujourd’hui 300 000 emplois non pourvus en France, l’entreprise doit opérer une révolution dans le domaine de gestion des ressources humaines : traiter des individus (acteurs de leur employabilité) et non des statistiques, considérer la formation comme une ressource de développement et apprendre à détecter et développer le potentiel des collaborateurs.
L’enjeu principal est de « faire grossir ensemble le gâteau » dans un contexte de concurrence mondiale, européenne et entre régions. C’est dans cet esprit qu’AFOREST a noué des contacts avec des acteurs de la formation tant au Grand-Duché qu’en Wallonie.
Un autre enjeu, pour ce qui concerne l’industrie, est de sensibiliser les jeunes aux métiers de ce secteur le plus en amont de leurs études et formations.

Joël Berger rappelle que la situation de tensions est ancienne mais qu’elle s’est accélérée (avec la numérisation et la digitalisation des entreprises mais aussi l’évolution des mentalités des nouvelles générations qui arrivent sur le marché du travail) et risque de se renforcer avec les perspectives de déprise démographique en Sarre et Rhénanie Palatinat.
Les chefs d’entreprises qu’il côtoie se posent tous les mêmes questions : comment maintenir les compétences dans l’entreprise ? Comment faire évoluer les métiers dans l’entreprise ? Comment anticiper les métiers de demain et trouver les bonnes compétences ?
C’est autour de ces questions que la coopération doit être menée.
Il rappelle aussi que la Lorraine, terre d’immigration, a une tradition de « melting pot » et qu’une question fondamentale est : comment accueillir tous les talents ?

Isabelle Schlesser précise que les difficultés de recrutement au Grand-Duché sont variables selon les secteurs, mais que les chefs d’entreprise partagent l’inquiétude de leurs homologues lorrains. Il y a pour elle une dimension psychologique : la crainte de manquer des « bons éléments ».
Elle rappelle que l’emploi connait au Grand-Duché une croissance de 3% par an. Cette tendance, même si un léger fléchissement est envisagé en 2020, se maintiendra. Compte tenu de son manque de ressources en hommes, le pays devra continuer à aller chercher la main d’œuvre ailleurs.
La Grand-Duché a aussi une tradition d’accueil (75% des actifs ne sont pas des nationaux).
Il y a cependant effectivement pénurie de main d’œuvre dans certains secteurs au Luxembourg (audit et contrôle comptables et financiers, comptabilité, études et développement informatique , secrétariat, défense et conseil juridique, personnel de cuisine, service en restauration, sécurité et surveillance privées, nettoyage des locaux , xxpertise et support technique en systèmes d’information…).
Et les secteurs qui ne demandent pas beaucoup de qualifications offrent des conditions de travail compliquées qui peuvent être rebutantes.
C’est pour ces raisons que le Gouvernement Bettel 2 a inscrit dans son programme deux objectifs : « retenir les talents » « attirer les talents ».
Le projet pilote « Digital Skills Bridge » permet d’expérimenter une aide aux entreprises pour anticiper l’évolution de métiers et prévenir le chômage par la formation interne.
C’est dans le même esprit qu’il est envisagé de développer des formations partagées avec Pôle Emploi.
Selon elle, il est essentiel de penser formation et emploi à l’échelle de la Grande Région.

Michel Fick craint que les tensions ne deviennent graves, en évoquant une fromagerie dans laquelle deux emplois de cadre sur cinq ne sont pas pourvus (avec le risque de baisse de la qualité et d’une délocalisation)
Les deux défis principaux en Lorraine sont de retenir et d’attirer les compétences, dans un contexte où le Luxembourg a un effet « aspirateur ».
Alors que le nombre d’étudiants de l’Université de Lorraine a augmenté de 15 % avec un taux d’employabilité de 90 %, seuls 20 % des étudiants vont travailler au Grand-Duché. Les ingénieurs sont plutôt tentés par d’autres régions en France. La limite des ressources est atteinte et il faut envisager de nouvelles solutions.
Une des principales difficultés posée à l’Université est la connaissance des secteurs et des métiers pour les jeunes y entrants : les filières jugées attractives (droit, sport, médecine, langues appliquées connaissent des taux d’échec élevés atteignant parfois 50 %). C’est sur ce « vivier » qu’il faut travailler en développant l’information sur les secteurs et les métiers très en amont.
Et s’il est vrai que les jeunes ingénieurs sont tenté davantage par les grands groupes que par les PMI PME, la dimension qualitative du travail et l’éthique de l’entreprise commencent à prendre de plus en plus d’importance pour eux.
C’est pourquoi il est nécessaire de mettre en œuvre une politique d’attractivité tant dans les entreprises que dans les territoires.

Vincent Hein insiste sur le nouveau cycle démographique dans lequel s’installe la Grande Région : perspective d’une diminution de l’ordre de 400 000 du nombre de personnes en âge de travailler à l’horizon 2030, alors que dans le même temps, sur le périmètre de l’aire métropolitaine de Luxembourg, 100 000 actifs de plus seront nécessaires.
Il module ces prévisions en évoquant les possibilité de jouer sur le taux d’activité et souligne les incertitudes quant à l’évolution des emplois.
Pour lui, dans un contexte de pénurie des ressources humaines, il n’est pas surprenant que la concurrence s’attise. Mais cela ne doit empêcher la coopération.
Si beaucoup de choses ont déjà été faites pour favoriser la mobilité des salariés, il faut amorcer une nouvelle phase, rendue nécessaire par l’interdépendance irréversible qui s’est constituée sur le territoire de l’aire métropolitaine de Luxembourg et qui se caractérise par une hyperspécialisation des centres.
Il reprend quelques éléments de la récents étude IDEA qu’il a réalisé (« le codéveloppement dans l’aire métropolitaine de Luxembourg ») en évoquant la « coopétition » qui pourrait être mise en œuvre, dans une logique gagnant/gagnant, en dépassant les frontières. Il cite quelques domaines envisageables : le recensement du foncier disponible, l’ingénierie de développement autour des projets industriels, le marketing territorial à destination de l’étranger, l’enseignement supérieur, une école d’ingénieur franco-luxembourgeoise, une stratégie commune de formation professionnelle initiale (apprentissage) et continue (demandeurs d’emploi), les langues…

Au cours des échanges, Fabrice Genter évoque la nécessité d’avoir une approche transversale du codéveloppement en insistant sur le lien entre la fidélisation des salariés et la présence sur les territoires d’équipements et de services permettant des offres de qualité (culture, sport, santé etc.). Le marketing territorial partagé est pour lui essentiel.

Les participants dans la salle
Les directeurs d’écoles d’ingénieur présent dans la salle soulignent l’enjeu de la fidélisation des jeunes ingénieurs qui font du « zapping ».
Dans son intervention le président du réseau « Re@gir » confirme l’enjeu de l’attractivité qui est un vrai intérêt commun de part de d’autre de la frontière, et auquel il ajoute ceux de l’adaptabilité et de la réactivité attendues par les chefs d’entreprise de la part tant des cadres que des autres salariés.
Il évoque aussi la piste d’un travail nécessaire avec enseignants et parents pour mieux faire connaitre les secteurs et les métiers et émet le souhait que la formation tant initiale que continue prépare davantage à la réactivité et l’adaptabilité.
Dans se conclusion, Roger Cayzelle évoque les quatre questions qui lui paraissent essentielles :
• l’objectivation et le partage des données pour un diagnostic étayé ;
• la prospective relative aux évolutions des compétences et des qualifications (en ayant une attention particulière pour les personnes les moins qualifiées) : quelle méthodologie ? Comment mieux anticiper ?
• le développement de formations partagées ;
• la mobilisation des politiques (attractivité territoriale).

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Atelier-débat de l’Observatoire interrégional du marché de l’emploi (OIE)

« Les marchés de l’emploi transfrontalier au cœur de l’Europe – Observer pour agir »

Mardi 3 décembre – Maison Robert Schuman Scy Chazelle                                                                         

                                                                                                              

Le secrétaire général de l’IGR était présent à cette rencontre organisée dans cette maison historique porteuse de symbole  et qui a réuni près de soixante participants venus de tous les versants de la Grande Région

Le compte rendu de cette rencontre ci-dessous à été rédigé et publié par l’OIE sur son site web.

Les deux discours introductifs du Dr. Heinz Bierbaum (Directeur de l’INFO-Institut e.V.) et de Roland Theis (Secrétaire d’Etat et plénipotentiaire pour les Affaires européennes de la Sarre) ont souligné l’importance des marchés du travail transfrontalier pour une Europe vivante et la pertinence de la disponibilité de données fiables pour les décideurs politiques.

En introduction, Nicolas Rossignol (Head of Unit for Evidence and Outreach au sein de l’European Observation Network for Territorial Development and Cohesion (ESPON) a présenté les objectifs et les méthodes de l’observation territoriale au niveau européen à travers plusieurs exemples concrets .

Ensuite, des représentants d’institutions d’observation territoriale de différentes régions frontalières situées au cœur de l’Europe ont présenté leurs structures et les résultats de leurs analyses du marché du travail.

Marie Feunteun-Schmidt (Coordinatrice de l’OIE et chargée d’études) a présenté l’Observatoire interrégional du marché de l’emploi. À l’aide d’un certain nombre d’indicateurs dans les domaines du chômage des jeunes, de la mobilité transfrontalière et de la démographie, elle a souligné les défis actuels du marché du travail transfrontalier et de son observation au sein de la Grande Région.

Johan van der Valk (Responsable de projet Statistiques transfrontalières chez CBS Nederland) a mis en lumière les résultats des projets statistiques transfrontaliers aux Pays-Bas. Ce fut l’occasion pour lui de présenter les projets Interreg en cours sur l’observation transfrontalière du marché du travail et le portail de données statistiques transfrontalières mis sur pied dans ce contexte. Sa conviction des possibilités d’instaurer une coopération transfrontalière plus large et permanente des offices statistiques sur ces bases fut également un point essentiel de son propos.

Raphael Alù (Responsable d’équipe Applications SIG à l’Office statistique de Bâle-Ville) a montré qu’aussi sur le marché du travail transfrontalier de la région du Rhin supérieur, l’observation du marché du travail ne peut s’arrêter aux frontières nationales. Le portail web interactif du projet EURES Arbeitsmarktmonitoring EURES-T Rhin supérieur offre un accès à de nombreux indicateurs liés à cette thématique.

Les interventions des différents régions frontalières situées au cœur de l’Europe ont été complétés par un exposé de Bertrand Kauffmann (Directeur régional adjoint INSEE Auvergne-Rhône-Alpes). Il a présenté l’observation territoriale de la région frontalière franco-valdo-genevoise et s’est également penché plus particulièrement sur la question de savoir comment mieux définir le territoire d’observation.

La table ronde qui a suivi les exposés, animée par Rachid Belkacem (Université de Lorraine/UniGR-Center for Border Studies) et qui réunissait Nicolas RossignolJohan Van der ValkBertrand Kauffmann ainsi que le Dr. Jeanne Ruffing (Coordinatrice de l’OIE) et Madeleine Imhof (Directrice de l’Office statistique du canton de Bâle-Ville) a permis dans un premier temps de faire apparaitre clairement qu’il existe toujours un fossé entre les données transfrontalières harmonisées disponibles et la diversité des informations dont les décideurs des régions frontalières ont besoin. Les participants à la table ronde ont échangé sur les différentes approches des observatoires que peut comprendre l’utilisation de sources alternatives d’information et de nouvelles approches de modélisation, ainsi que le besoin d’informations et d’analyses supplémentaires pour contextualiser les indicateurs disponibles et rendre leur appropriation plus facile. Un échange renforcé entre les institutions responsable de l’observation transfrontalière pourrait permettre d’apprendre les uns des autres et de sensibiliser les acteurs nationaux et européens aux besoins des régions concernées.

Dans sa synthèse de clôture, Rachid Belkacem a résumé les conclusions importantes des exposés et discussions riches de la table ronde. Les échanges et débuts d’une mise en réseau seront certainement approfondis dans les semaines et les mois à venir et pourraient donner lieu à de nouvelles initiatives.

Les résultats de cette manifestation seront intégrés au prochain rapport sur la situation du marché de l’emploi de la Grande Région qui paraîtra dans le courant de l’année 2020.

Pour aller plus loin : page du site de l’OIE sur laquelle les supports des différentes interventions sont téléchargeables : Supports des différentes interventions

 

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Conférence « Déchiffrer la nouvelle convention fiscale franco-luxembourgeoise »

organisée par

                                            

Jeudi 28 novembre 2019 – CCI Zone Cormontaigne Yutz

Le secrétaire général de l’IGR était présent à cette conférence organisée par la Entreprendre en Lorraine Nord et la Fédération Re@gir sous le format « cinquante neuf minutes chrono »

Le défi a été relevé par Thomas Lereboullet, Expert-comptable et pilote de la Commission EDITE d’ELN et Me Arnaud Freulet, avocat fiscaliste.

Le public présent était majoritairement composé de chefs d’entreprise opérant de part et d’autre de la frontière. Un point leur a été fait notamment en ce qui concerne la distribution des dividendes. Les conférenciers ont aussi abordé des points intéressants les particuliers  : conséquences du changement de résidence fiscale ; rappel sur la fiscalité des travailleurs frontaliers ; imposition relative à la fortune sur l’immobilier. Enfin, la question du télétravail a été abordée.

Points saillants

Une nouvelle convention fiscale et un protocole ont été signés le 20 mars 2018 par le Grand-Duché de Luxembourg et la République française en vue d’éviter les doubles impositions et de prévenir l’évasion et la fraude fiscales en matière d’impôts sur le revenu et sur la fortune. Ces dispositions étaient applicables au 1er janvier 2020.

Cette convention était la première signée par la France postérieurement aux travaux et recommandations de l’OCDE visant à lutter contre l’érosion des bases fiscales et les transferts de bénéfices (projet BEPS) réalisés sous l’égide du G20.

En substance, cette nouvelle convention redéfinit la notion d’établissement stable et introduit de nouvelles règles quant à la taxation des dividendes, intérêts et redevances.

 

Mais le 10 octobre 2019 les ministres des Finances luxembourgeois et français ont signé un avenant à cette convention. Par cet avenant, le paragraphe 1 de l’article 22 de la convention, relatif aux dispositions permettant d’éviter les doubles impositions, est remplacé par un nouveau dispositif. Cette modification vise notamment les revenus salariaux.

Le dispositif de la convention du 28 mars 2018 prévoyait pour les revenus salariaux imposés au Luxembourg et perçus par un résident de France, qu’ils soient uniquement pris en compte en France pour la détermination du taux effectif d’imposition, méthode dite de l’exemption avec réserve de progressivité. Ces revenus sont par ailleurs, en application du droit interne, exclus de l’assiette du prélèvement à la source (PAS) en France. L’article 22 de cette convention  prévoyait quant à lui, en lieu et place de la méthode de l’exemption avec réserve de progressivité, l’octroi d’un crédit d’impôt dit « réel », c’est-à-dire correspondant à l’impôt effectivement supporté au Luxembourg sur ce revenu.

Cette méthode d’élimination de la double imposition avait notamment pour conséquence de désormais inclure dans l’assiette du PAS les revenus salariaux imposés au Luxembourg.

Les salariés concernés auraient ainsi dû faire face à un double prélèvement à la source en France et au Luxembourg sur un même revenu.

L’avenant signé le 10 octobre dernier abandonne la méthode dite du crédit d’impôt réel pour la remplacer par la méthode dite du crédit d’impôt fictif, c’est-à-dire un crédit d’impôt égal à l’impôt français correspondant à ce revenu à condition que les revenus soient effectivement soumis à l’impôt luxembourgeois.

Cette modification écarte également le risque de double prélèvement d’impôt au Luxembourg et en France, dans la mesure où ces revenus sortent mécaniquement du champ du PAS ( les revenus de source étrangère qui ouvrent droit, en application d’une convention fiscale internationale à un crédit d’impôt égal à l’impôt français correspondant à ces revenus ne sont pas dans le champ du PAS).

 

Pour aller plus loin : Conférence Yutz 59 minutes pour déchiffrer la convention franco-luxembourgeoise

 

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Colloque Cercle Européen Pierre Werner

La coopération entre les communes frontalières belges et luxembourgeoises,

un instrument : le CBCT ?

La mobilité

Salle de la Stuff Guerlange – 22 novembre 2019

Le président et le secrétaire général de l’IGR ont participé à ce colloque organisé par le Cercle européen Pierre Werner en partenariat avec une vingtaine d’acteurs.

Après l’ouverture par le Bourgmestre d’Aubange, Jean- Paul Dondelinger (qui insiste sur le risque de saturation du territoire liée aux problématiques de la mobilité), le président du Cercle Pierre Werner, Daniel Hussin, salue les acteurs du « grand Luxembourg » présents et  insiste sur la nécessité de coopérer à l’échelle de ce périmètre. Après avoir rappelé la concertation initiée à l’occasion de trois réunions avec  44 communes de la Province de Luxembourg, 2 communes de la Province de Liège et 23 communes du Grand-Duché de Luxembourg, Il évoque la perspective de 30 000 frontaliers belges supplémentaires vers le Grand-Duché à l’horizon 2030-2040.

Franz Clément (LISER) présente un bilan rapide des réunions avec les communes  :

  • la perception de la nécessité d’une collaboration transfrontalière est partagée (même si on s’éloigne des frontières) ;
  • des thèmes récurrents émergent : mobilité (dominante), tourisme, gestion de l’eau, sports, loisirs, culture ;
  • l’institutionnalisation des collaborations est faible et le problème du niveau décisionnel se pose ;
  • mais chacun prend conscience de l’impossibilité de rester dans l’isolement.

Après un bref rappel historique relatif au Benelux, Alain de Muyser, son secrétaire général adjoint et Stéphane Verwilghen, juriste au secrétariat général Benelux, présentent le Groupement Benelux de Coopération Transfrontalière (GBCT).

Créé le 20 février 2014 par une convention, le GBCT, rend possible la coopération ente les autorités centrales et régionales ainsi que  les organismes publics de six pays (les 3 du Benelux, l’Allemagne, la France et le Royaume Uni). Cette nouvelle forme de coopération combine le meilleur du règlement européen GECT de 2006 et les avantages de l’actuelle Convention Benelux de 1986.

La nouvelle convention permet trois formes de coopération sur la base du droit public. Les partenaires peuvent, comme c’est déjà le cas actuellement, conclure des ‘accords administratifs’ sans créer de structure permanente.

Ils peuvent aussi, et c’est également le cas actuellement, créer un « organe commun ». Il s’agit d’un organe de concertation qui n’est pas doté de la personnalité juridique et dans lequel les partenaires peuvent échanger des informations, essayer de favoriser l’adoption de certaines mesures ou formuler des propositions de coopération, qui peuvent alors être concrétisées d’une autre manière.

Les partenaires peuvent ensuite créer une forme de coopération commune dotée de la personnalité juridique, qui permet de conclure des accords liant les participants et les tiers.

La nouvelle convention ouvre la porte à une coopération sur tous les thèmes possibles qui relèvent des compétences des partenaires. Cette possibilité contraste sensiblement avec la forme de coopération transfrontalière GECT (pour : Groupement européen de Coopération Territoriale), qui ne permet pas de coopération dans le domaine de police et de la justice.

Les autorités et les organismes publics peuvent créer un GBCT sans demander l’approbation du pouvoir central. Ce qui n’est pas possible dans le cas d’un GECT.

Qu’est-ce que le Benelux?

Le Benelux est un accord de coopération intergouvernementale entre la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg.

Pendant la Seconde Guerre mondiale déjà, les gouvernements de Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg avaient décidé de collaborer plus étroitement. C’est en 1944 que le Benelux a vu le jour comme union douanière. Les trois partenaires ont ainsi pris l’initiative des toutes premières étapes vers l’intégration européenne. En 1958, l’union douanière entre la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg débouchait sur le Traité instituant l’Union économique du Benelux, impliquant un élargissement et un approfondissement de la coopération économique.

Le 17 juin 2008, un nouveau Traité Benelux était signé. Désormais, la coopération va se concentrer sur trois thèmes-clés: le marché intérieur & l’union économique, le développement durable et la justice & les affaires intérieures et tout ceci sous un nouveau nom: l’Union Benelux.

Table ronde « économie commerce » (points saillants)

  • l’émergence de la métropole transfrontalière autour de la ville de Luxembourg induit une interdépendance croissante entre les territoire mais elle est porteuse de difficultés et de risques (divergences entre les territoires, spécialisations) ;
  • il est nécessaire de renforcer la coopération transfrontalière et surtout les investissements à l’échelle de ce périmètre qui pourrait être un « laboratoire européen » de la cohésion territoriale,  dans une logique de « co-développement »;
  • le différentiel social et fiscal (et donc de compétitivité) entre le Grand-Duché et ses voisins rend cependant difficile une politique de métropolisation ;
  • le modèle de développement du Grand Duché depuis 30 ans est il viable (risque de « thrombose » pour les transports et la mobilité – charges accrues pour les collectivités côtés français)?
  • la compensation fiscale (dont bénéficient les commune de la Province du Luxembourg belge) est à distinguer du co-développement ;
  • concernant le commerce, pour prendre en compte les nouveaux comportements des consommateurs (tendance à faire leurs achats sur leur trajet), il est proposé de promouvoir l’identité propre de chaque territoire et de travailler à une complémentarité entre eux, dans la perspective de revitaliser les centres villes ;
  • les friches frontalières belges et françaises pourraient accueillir des entreprises luxembourgeoises productives (la logistique ne créant que très peu d’emplois) ;
  • les entreprises belges et françaises ont du mal a recruter les compétences nécessaires à leur développement, mais aussi à fidéliser leurs salariés en raison de l’attractivité salariale du Grand -Duché. Par ailleurs, ce sont les moins qualifiés qui cherchent un emploi de proximité.

Table ronde « environnement aménagement » (points saillants)

  • nécessité de développer les transports en commun à très grande échelle ;
  • modifier l’urbanisme (valoriser l’habitat à proximité des gares) ;
  • européaniser l’aménagement du territoire ;
  • privilégier la constitution d’agglomérations transfrontalières (avec une gouvernance adaptée) ;
  • s’appuyer sur le monde associatif ;
  • uniformiser les règles du télétravail.

Table ronde « mobilité » (points saillants)

  • changer de paradigme pour les trajets courts en ville (mobilités alternatives) ;
  • développer les lieux de vie en lien avec la mobilité ;
  • les perspectives démographiques dans les différents versants de la Grande Région risquent d’accroitre les tensions ;
  • le Projet Interreg M’MUST, porté par l’AGAPE, est de créer un outil d’aide à la décision en faveur de la mobilité transfrontalière en Grande Région. Au travers d’une gouvernance partagée réunissant 23 partenaires, MMUST proposera un modèle multimodal de prévision des déplacements des personnes et des marchandises. S’appuyant sur un dispositif d’étude ambitieux, MMUST permettra d’analyser collectivement les évolutions de la mobilité transfrontalièredans le temps. Chaque acteur pourra ainsi tester différents projets d’infrastructures ou d’aménagement du territoire, et en mesurer les impacts sur les différents versants de la Grande Région. In fine, il permettra une réflexion conjointe quant aux évolutions à prévoir sur l’offre de transport pour faciliter les déplacements entre la France, la Belgique et le Luxembourg.

Interventions du Ministre fédéral belge de la mobilité, François Bellot, et de Christophe Reuter, chargé de direction au ministère luxembourgeois de la Mobilité, représentant le ministre François Baush.

Le prix de l’abonnement de train depuis Arlon et d’autres gares transfrontalières baissera à partir du 1er mars 2020, date d’entrée en vigueur de la gratuité des transports en commun au Grand-Duché. En effet, la partie du trajet située sur le territoire luxembourgeois sera déduite. Des négociations sont, par ailleurs, en cours pour revoir à la baisse le montant à payer du poste frontière jusqu’à la gare belge avec l’objectif d’éviter que les frontaliers belges n’encombrent les gares luxembourgeoises proches de la frontière.

Deux autres nouvelles ont été annoncées, à savoir, l’arrivée des nouvelles rames M7, pour 2022, et l’homologation des rames Désiro sur le réseau luxembourgeois pour janvier 2020.

Quant au Park&Ride de Viville, un projet très attendu par le Grand-Duché, il est en stand-by. Le ministre François Bellot rappelle que le gouvernement belge avait décidé fin 2016 que ce dossier n’était pas prioritaire. Il annonce qu’il faudrait, sans doute, attendre 2027, au minimum, pour le voir se concrétiser.

Au niveau des investissements, le ministre Bellot a annoncé qu’il avait demandé au prochain gouvernement belge de débloquer une enveloppe de cinq milliards d’euros, en plus du milliard d’euros pour le RER, afin de veiller à la pérennisation et à l’extension du réseau ferroviaire sur un plus long terme.

Le Grand-Duché projette d’investir 3,8 milliards d’euros dans le rail jusqu’en 2027.

Site du Cercle Pierre Werner : https://cercle-werner.aubange.be/documents-2/conferences-et-colloques/colloque-du-22-novembre-2019-a-guerlange-aubange/

 

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Quatrième Forum Grande Région UNI GR Center for Border Studies

Redynamisation des centres villes : une analyse du comportement des consommateurs en zone transfrontalière

dans la Grande Région

21 novembre 2019 – Maison de la Grande Région Esch-sur-Alzette

Le secrétaire général de l’IGR était présent à ce forum consacré au comportement des consommateurs et à ses impacts sur le commerce et les centres villes dans un territoire transfrontalier.

La présence de deux représentants du Forum Transfrontalier de l’Arc Jurassien franco-suisse a permis une approche comparative très enrichissante entre deux territoires transfrontaliers.

L’Arc Jurassien franco-suisse

Le périmètre géographique s’étend sur 22 000 km2 avec une population de 2,4 millions d’habitants  et regroupe,  la région de Franche-Comté avec ses quatre départements (Doubs, Jura, Haute-Saône, Territoire de Belfort) et les quatre cantons suisses de Berne, Vaud, Neuchâtel et Jura.

L’Arc jurassien est traversé par une frontière de 230 kilomètres, essentiellement en zone de moyenne montagne. Malgré la présence du massif du Jura, l’Arc jurassien franco-suisse est caractérisé par un marché de l’emploi transfrontalier très actif, marqué par une spécialisation dans l’industrie horlogère. Les entreprises du secteur sont concentrées en Suisse à proximité de la frontière française et de la main d’œuvre qui y vit. Ainsi, le profil socioprofessionnel des frontaliers francs-comtois sont en grande majorité des ouvriers qualifiés travaillant dans l’industrie horlogère. les frontaliers actifs dans l’Arc jurassien suisse sont au nombre de 49 600 dont près de 32 000 résidant dans la partie française de l’Arc jurassien. Depuis 2011, les effectifs ont progressé de 28 %.

Sous l’impulsion, entre autres, de la structure de coopération « Conférence Transjurassienne » (CTJ), l’Arc jurassien montre depuis plusieurs années un réel dynamisme. Il demeure cependant marqué par une frontière de part et d’autre de laquelle le développement est parfois inégal la problématique des flux frontaliers est de plus en plus prégnante.

 

Les chercheurs sont unanimes dans leur constat : la pression commerciale au sein de la Grande Région est l’une des plus fortes d’Europe.

Du côté français, en Moselle, nous pouvons relever une densité commerciale de 1 280 m² par habitant contre 920 m² au niveau national. Le commerce est un sujet d’inquiétude chez un grand nombre d’élus locaux à l’heure où toute captation de dépenses compte pour animer et sauvegarder l’activité́ économique locale. Mais comment les commerces s’organisent face à cette compétition exacerbée ? Comment les consommateurs réagissent face à une offre multiple ? Quelles pistes de solutions afin d’équilibrer les territoires ?

 

Le compte rendu ci-dessous a été rédigé par Pascale BRENET, Docteur en sciences de gestion et membre du Comité du Forum Transfrontalier Arc Jurassien, qui est intervenue à la table ronde

La Grande Région rassemble 4 pays pour près 12 millions d’habitants. A l’instar de l’Arc Jurassien, cet espace a toutes les apparences d’un eldorado :  sur le territoire autour de Luxembourg, il concentre des activités de production et de logistique, attire un grand nombre de travailleurs frontaliers, génère une grande richesse productive. Cette richesse a depuis longtemps suscité un important essor du commerce et les prévisions faites aujourd’hui tablent sur une croissance continue du nombre de travailleurs frontaliers, des flux logistiques et des surfaces commerciales. L’indicateur clé de la surface commerciale par habitant est multiplié par trois dans certaines zones frontalières.

Contrairement à l’Arc Jurassien, les 4 pays de la grande Région appartiennent tous à l’Union Européenne. La monnaie unique est un trait d’union puissant en termes de consommation et favorise la mobilité croisée des consommateurs. Cette zone de chalandise dense et à fort pouvoir d’achat induit une intense concurrence entre les enseignes et les centres commerciaux, de part et d’autre des frontières. Les mobilités liées à l’emploi créent des trajectoires qui structurent les implantations massives de centres commerciaux, principalement à l’extérieur des villes et à proximité des frontières. Villes dortoirs, vacance des commerces de centre-ville, recul des commerces indépendants sont autant de phénomènes observés et déplorés par les collectivités locales et par les habitants.

Pourtant, depuis quelques années, les grandes enseignes de la distribution observent des changements dans le comportement et les attentes des consommateurs, ce qui conduit certaines d’entre elles à repenser leur stratégie : c’est le cas par exemple avec la réimplantation de commerces alimentaires dans les centres villes, la perte de vitesse des hypermarchés, le développement des circuits courts, les modèles mixtes du type « click and collect ». Ce qu’on observe toutefois dans la Grande Région, c’est non seulement qu’il est long et difficile de revenir en arrière après avoir réalisé de tels investissements en surface commerciale, mais encore que la croissance attendue donne lieu aujourd’hui encore à de nouveaux projets, qui se localisent en fonction des flux et des autorisations administratives.

L’effet frontière semble dans la Grande Région comme dans l’Arc Jurassien exacerber les polarités sur les points de passage situés à proximité des frontières, mais avec ici une intensité d’autant plus forte que la consommation se fait de façon croisée, ce qui suscite une concurrence acharnée entre les distributeurs. Cette distribution périphérique et massive est-elle adaptée aux exigences environnementales et au souhait de proximité qu’expriment de nombreux citoyens ? Le succès d’aujourd’hui n’est-il pas un frein face aux mutations qui s’annoncent en termes de comportement de consommation, de mobilité des citoyens et d’urgence environnementale ? Il est encore temps de poser les questions de la durabilité sociétale de ce modèle…

 

Pour aller plus loin

Site de l’UNIGR CBS :  http://cbs.uni-gr.eu/

Article de Colette Renard-Grandmontagne et Nicolas Dorkel sur le commerce transfrontalier intégré : Commerce transfrontalier intégré

Extrait étude consommation et comportements d’achats CCI Moselle Métropole Metz Octobre 2019 : Etude consommation

Article UCM Magazine 20 décembre 2017 « Grande Région saturation commerciale » : UCM saturation des commerces

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