7e Forum Grande Région UNI GR Center for Border Studies « Ecrire et représenter la frontière»

20-21 mai 2021 – Webinaire

 

Comment percevons-nous aujourd’hui nos frontières ?  L’Université de la Grande Région travaille sur ce sujet depuis plusieurs mois dans le cadre d’un programme européen baptisé « Border Sudies ».

C’est dans ce cadre que s’est tenu un séminaire en ligne, ouvert au public  le 20 mai 2021 organisé par l’Université de Lorraine sous la direction scientifique de Carole-Bisenius-Penin (CREM) et Grégory Hamez (LOTERR).  Christian Wille (Université de Luxembourg) en assurait la modération.

Jean Salque le secrétaire général de l’IGR a participé à la première journée ouverte au public. Il revient sur le travail mené.

Problématique du séminaire

Au-delà des approches et des définitions différentes des frontières, de nombreux scientifiques soulignent que les frontières sont avant tout des représentations. Ce sont certes des représentations d’ordre géopolitique, porteuses de visions du monde essentiellement différentes (Foucher, 2012 et 2016). Mais ce sont aussi des représentations sociétales. La frontière est un construit social – comme l’écrivait Georg Simmel, « la frontière n’est pas un fait spatial avec des conséquences sociologiques, mais un fait sociologique qui prend une forme spatiale » (Simmel, 1908). Parmi les représentations sociétales de la frontière, celles qu’offre la littérature constituent un matériau d’analyse d’une grande richesse, qui reflète et contribue à créer de nouvelles images des frontières.

L’objectif du séminaire est de sonder les moyens d’écrire et de représenter la frontière. En quoi la création littéraire constitue-elle un moyen d’accès à l’idéalité des lieux, à l’imaginaire du territoire, au paradigme frontalier ? Peut-on dire comme l’affirme Bertrand Westphal que « la fiction ne reproduit pas le réel, mais elle actualise des virtualités inexprimées jusque-là, qui ensuite interagissent avec le réel » ? Avec le développement récent des « littératures de terrain» (Laurent Demanze, Dominique Viart, 2019) ­— qui sur le modèle des sciences humaines et sociales, offrent des formes textuelles singulières en prise directe avec la société, l’enquête et le parcours d’un territoire —, la littérature contemporaine offre une possibilité de mise à l’épreuve et de questionnement des dispositifs frontaliers à travers lesquels nous représentons le monde. Comment la littérature parle de ces objets sociétaux et révèle un discours autre que celui du géographe sur ses terrains traditionnels ?

Retour sur le programme du séminaire

Le 20 mai

Quelques repères

            Définitions de la frontières

Michel Foucher : « Les frontières sont des structures spatiales élémentaires, de forme linéaire, à fonction de discontinuité géopolitique et de marquage, de repère, sur les trois registres :

  • Du réel (limite spatiale de l’exercice d’une souveraineté),
  • Du symbolique (identité, appartenance à une communauté politique inscrite dans un territoire).
  • De l’imaginaire (le rapport à l’autre, voisin, ami ou ennemi, donc la relation à soi-même, à sa propre histoire, à ses mythes fondateurs).

Christine Arbarret : la frontière est une construction territoriale qui met de la distance dans la proximité : « Les frontières sont du temps inscrit dans l’espace ; elles restent des buttes-témoins du passé ou des fronts vifs, selon les conjonctures locales, toujours des lieux de mémoire et parfois de ressentiment. » Les frontières sont du temps inscrit dans l’espace ou, mieux, des temps inscrits dans des espaces.

Géographie et littérature

La géographie est à la fois cette discipline qui observe les phénomènes par lesquels l’homme modifie son espace et cette science humaine qui invente cet espace à travers les concepts dont elle use pour le décrire.

Les littératures donnent une visibilité particulière à certains d’entre eux, et en tant que telles elles deviennent partie intégrante de la géographie, mais elles sont aussi la médiation par laquelle le regard du lecteur se tourne du texte vers les espaces qui leur ont donné naissance.

 » Alors que pendant longtemps, la littérature n’avait qu’une valeur documentaire pour les géographes en tant que reflet mimétique d’une réalité géographique préexistante, on assiste à un virage conceptuel avec l’arrivée d’une génération de géographes (Marc Brosseau, Bertrand Lévy, Mario Bédard, Michel Lussault, Joanne P. Sharp) qui ne considèrent plus « le texte littéraire comme simple témoin d’un habiter particulier mais comme un acteur et même un enjeu d’un mode d’habiter ». Marc Brosseau établit clairement une distinction entre une « géographie littéraire » en tant qu’outil d’analyse interne centré sur l’interprétation des représentations des lieux et paysages dans la littérature et une « géographie de la littérature » cherchant à examiner le rôle de la spatialité au sein du processus créatif.  » Carole Bisenius-Penin et Grégory Hamez.

            La notion d’imaginaire géographique dans la littérature

« L’imaginaire désigne tout ce qui dans une conscience ne relève ni de la perception réaliste de ce qui est, ni de la conception intellectuelle opérant sous le contrôle du jugement et du raisonnement » (Wunenburger, 2003)

Il s’agit de la conception et de la représentation de l’espace dans les œuvres littéraires, autrement dit  le processus de recréation du monde par l’intermédiaire d’images, de symboles, de signes, de formes, de représentations.

Les lieux ainsi décrits ne doivent pas être réduits uniquement à leur dimension physique mais doivent être envisagés aussi et surtout sous l’angle de leur dimension sensible, existentielle.

            Exemples de représentations graphiques des frontières

Tanguy Pennec, 2015, « Etudier les frontières pour comprendre le monde : analyse cartographique », Fiche pédagogique accompagnant l’exposition temporaire Frontières (10 novembre 2015 – 29 mai 2016)

 

Vers un modèle multi scalaire des territoires frontaliers intérieurs à l’Union européenne Gregory Hamez – Belgeo n°1/2013

            Qu’est ce espace frontalier  terraqué  ?

            Terraqué  = Composé de terre et d’eau

C’est un espace frontalier caractérisé par l’intersection complexe, souvent mouvante (marées, courants) de la terre et formant une interface géographique singulière, un « entre-deux ».

Les détroits de Malacca, de l’Øresund, du Pas de Calais, de Bab el Mandeb, du Bosphore, de Bering, de Gibraltar,… mais aussi dans une certaine mesure les passages maritimes et les canaux, comme Panama et Suez, constituent des zones de fracture qui jouent un rôle fondamental dans l’organisation de relations politiques et économiques à l’échelle mondiale

Typologie des espaces terraqués

Typologie des formes « d’entre-deux »

Nora Mareï et Nacima Baron Yellès, « Penser le détroit de Gibraltar pour figurer l’entre-deux » – Belgeo n°1/2013.

Grille d’analyse d’identification du détroit du Pas de Calais

Renard Jean-Pierre. Le détroit du Pas-de-Calais : un espace frontalier terraqué ?

In: Bulletin de l’Association de géographes français, 80e année, 2003-2 ( juin). Frontières. Géomatique. pp. 113-125

 

Pour aller plus loin

Site de l’UNIGR CBS   http://cbs.uni-gr.eu/fr/activites/mobilite/seminaires-unigr-cbs-border-studies/ecrire-et-representer-la-frontiere-2021

 

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Visioconférence « Les jeunes en territoires transfrontaliers : entre insertion et emploi »

Jeudi 22 avril 2021 – 16h00 18h00  

Un événement co-organisé par

 

Plusieurs membres de l’IGR ont participé à cette visioconférence suivie par plus de 100 personnes.

Problématiques et objectifs

En Europe, les régions frontalières occupent 40 % de l’espace géographique et regroupent un tiers des citoyennes et citoyens européen-ne-s. Parmi celles-ci et ceux-ci se trouve une population jeune de plus en plus importante et en devenir.

En France, les dernières études de l’INSEE indiquent en effet une croissance du nombre d’habitants dans les territoires frontaliers du pays. C’est clairement la situation de la région Grand Est, frontalière avec la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne et la Suisse. Aux abords des frontières, ces populations vivent au quotidien l’Europe avec ses avancées mais aussi ses limites.

Les flux de mobilité transfrontalière pour des raisons de consommation, de travail, de formation, de culture et de loisirs ont connu un essor important ces dernières décennies. Au sein de ces territoires, ils sont aujourd’hui de plus en plus nombreux à occuper un emploi de l’autre côté des frontières ou bien sont en formation ou tout simplement en recherche d’emploi.

Parmi ces actifs transfrontaliers, nous trouvons beaucoup de jeunes… Les questions sont nombreuses :

  • Comment ces jeunes se projettent-ils dans leur territoire ?
  • Quelles sont les difficultés qu’ils rencontrent pour rechercher un travail ?
  • Ou bien rechercher une formation de l’autre côté des frontières ?
  • Mais aussi quelles sont les nouvelles attentes des entreprises à l’égard de ce jeune public ?

Cette visioconférence ne pouvait pas aborder tous ces sujets mais souhaitait éclairer quelques-unes des questions de l’engagement des jeunes dans leurs territoires transfrontaliers à partir de la situation des jeunes occupés au Luxembourg, principal pays de destination des travailleurs frontaliers.

« Le but est de traiter d’un sujet d’actualité dans un contexte où l’insertion sur le marché du travail transfrontalier reste sélective parmi les jeunes. Elle dépend certes du niveau d’études, mais pas seulement. Cette conférence vise à consulter les professionnels du marché du travail sur les bonnes pratiques pour réussir une bonne insertion dans l’emploi. Elle est adressée aux jeunes qui se posent des questions sur leur devenir. On a peu d’informations sur cette question. Des études nous montrent cependant que les taux d’insertion dans l’emploi des jeunes diplômés du Pays-Haut (à bac + 2 et + 3) sont plutôt bons comparativement à d’autres territoires en France, comme le montrent les enquêtes Cereq Generation des IUT. On sait pourquoi : travail frontalier, présence du Luxembourg avec une économie dynamique, consommatrice de compétences et en recherche de jeunes talents, etc. On a aussi des jeunes qui réussissent à s’insérer dans l’emploi au sein de leur territoire (côté Lorraine). On a des bons exemples de réussite à qui on veut aussi donner la parole. »

Rachid Belkacem, Républicain Lorrain Edition Meurthe et Moselle Nord, 11 avril 2021

Programme

Animateurs :
Line Parent-Balteau (Directrice de la MEIJE)
Rachid Belkacem (Enseignant-chercheur, IUT de Longwy, UniGR-Center for Border Studies)

16H – ALLOCUTIONS DE BIENVENUE

  • Gérard Vautrin Vice-Président de la MEIJE au nom de Chantal Carraro, Présidente
  • Harouna Souley Ali, Directeur de l’IUT de Longwy

16H10 – TÉMOIGNAGES DE JEUNES

  • Nicolas, 26 ans– Responsable études et méthodes électriques, société Andrin France – DUT GEII et LP TTAM
  • Camélia, 26 ans– Fiscaliste, Ministère des Finances, Luxembourg – DUT GEA et diplôme expertise-comptable
  • Mark, 26 ans– Responsable énergie et environnement Karp Kneip, Grande Région – DUT GTE et diplôme d’ingénieur

16H30 – TABLE RONDE

  • Les jeunes dans les flux de travailleurs frontaliers au Luxembourg : évolution et caractéristiques socioprofessionnelles– Isabelle Pigeron-Piroth (Université du Luxembourg – UniGR-Center for Border Studies)
  • Les pratiques de recrutements des jeunes– Emmanuel Gabriel (Manager RH, PwC)
  • Quelles sont les attentes des entreprises à l’égard des jeunes actifs ?– Eric Onyszczuk (Branch Manager Randstad Group Luxembourg)
  • Les dispositifs transfrontaliers qui accompagnent la mobilité des jeunes en territoires transfrontaliers– Nicolas Brizard (Coordinateur Eures Grande Région, Pôle emploi)

17H30 – DÉBAT

  • Animation par Line Parent-Balteau 

 

Visionner la conférence : http://videos.univ-lorraine.fr/video.php?id=14858&width=960&height=720&autostart=true

           

 

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