Regard sur les relations entre les territoires dans l’aire métropolitaine de Luxembourg

Contribution adoptée par l’Assemblé générale du 3 mars 2020 à Sarrebruck

Actualisée en octobre 2022

Depuis le printemps 2020, la crise sanitaire liée au Covid a rappelé l’interdépendance entre les territoires de l’aire métropolitaine de Luxembourg et confirmé les faiblesses, les fragilités et les limites de son développement actuel porteuses de déséquilibres économiques, sociaux et environnementaux croissants.

Mais cette crise peut aussi être une opportunité pour envisager une stratégie de changement partagée entre ces territoires. Tel est l’objet de cette contribution.

Nous nous efforçons de réfléchir au niveau du périmètre de la Grande Région et de ses différentes échelles transfrontalières (grand régionale, infra-grand régionales, bassins de vie de proximité) en dépassant la limite administrative de ses différents versants et de leurs composantes et en nous adressant à tous les acteurs.

  1. Un territoire métropolitain transfrontalier au cœur de la Grande Région.

            Métropolisation : de quoi parle-t-on ?

Le métropolisation est un processus de concentration des populations, des activités et des fonctions de commandement dans les grandes villes. Il y a un lien entre métropolisation et mondialisation : le métropolisation est une traduction spatiale de la mondialisation.

En s’inscrivant dans les réseaux de l’économie mondiale, le métropolisation modifie l’ancrage local, régional ou national d’une ville. Le processus, tend à renforcer au niveau mondial es hiérarchies urbaines en faveur des grandes villes.  Le métropolisation amplifie un certain nombre d’enjeux d’aménagement liés à l’étalement urbain, aux mobilités croissantes et à l’augmentation de nuisances (pollution, engorgement). L’ensemble réinterroge aussi les modes de gouvernance urbaine.

            Une stratégie métropolitaine pour la Grande Région

La Grande région n’échappe pas à ce phénomène et cherche à l’organiser.  Dès 2008, le Sommet des Exécutifs – l’instance de coopération politique et institutionnelle de la Grande Région- a impulsé la stratégie Metroborder.  L’objectif sur le long terme est la « mise en place progressive d’une métropole polycentrique, transfrontalière, capable de se mesurer avec les grandes métropoles nationales » À cet objectif est accolé un objectif à court terme : « dégager […] une démarche cohérente et intégrative en matière de développement territorial et de planification territoriale tant de l’espace urbain que de l’espace rural ».

Sous les présidences successives depuis 2008, le Sommet des Exécutifs de la Grande Région s’est accordé sur la définition d’une stratégie commune de développement équilibré au bénéfice de tous les territoires et sur la base de leurs complémentarités fonctionnelles. Depuis 2013, il impulse l’élaboration d’un Schéma de Développement Territorial commun à l’échelle de la Grande Région (SDT-GR), avec deux objectifs :

  • Renforcer la cohérence et la dimension intégrative du développement du territoire ;
  • Constituer le cadre général des actions à mener au niveau grand-régional, à différentes échelles temporelles et territoriales.

En 2016, un groupement, mandaté par l’Agape, a procédé à une analyse transversale de documents stratégiques existants en Grande Région, afin d’en tirer un bilan et des préconisations susceptibles de nourrir la méthode d’élaboration du SDT-GR.  Lancé le 1er janvier 2018 pour une durée de quatre ans, le projet Interreg SDT GR, porté par 25 partenaires issus de l’ensemble des versants de la Grande Région en est à la fin de sa deuxième phase :

  • La première phase a consisté, dans une démarche participative, en la constitution d’un socle de connaissances partagé et d’un langage commun. Il s’est agi d’établir sur base d’indicateurs socio-économiques et territoriaux des diagnostics permettant la spatialisation des problématiques, et d’aboutir à une série cartographique de présentations des risques et opportunités.
  • Au cours de la 2ème phase, sur la base de ces résultats, la stratégie de développement territorial a été élaborée. Les ministres et responsables politiques en charge de l’aménagement du territoire de la Grande Région se sont réunis le jeudi 16 janvier 2020 à l’occasion de la 6e réunion ministérielle sectorielle de l’Aménagement du territoire de la Grande Région et ont validé le document « En route vers une vision stratégique opérationnelle transfrontalière pour la Grande Région ». 

Le Schéma de Développement Territorial de la Grande Région affiche cinq objectifs :

  • Une Grande Région plus compétitive et innovante, par ses savoirs et ses complémentarités.
  • Une qualité de vie et un bien-être à la hauteur des transitions (climatiques, écologiques, énergétiques, démographiques, socio-économiques, digitales, alimentaires), visant une véritable cohésion sociale et territoriale.
  • Un marché du travail transfrontalier et partagé, fondé sur des filières communes de formation.
  • Un développement métropolitain polycentrique basé sur une mobilité et une connectivité bas-carbone.
  • Un cadre d’orientation et de coordination à long terme qui s’inscrive dans une logique multi-niveaux.

           

            La 3e phase en cours consiste :

  • à formaliser une stratégie opérationnelle : elle était l’objet de la 7e réunion ministérielle sectorielle de l’Aménagement du Territoire de la Grande Région   du 12 janvier 2021 qui a adopté une résolution  et le document « Une stratégie opérationnelle transfrontalière pour la Grande Région en réponse aux enjeux des transitions », avant approbation par le Sommet des Exécutifs du 20 janvier 2021.

Chacun des axes stratégiques composant le Schéma de Développement territorial de la Grande Région se décline, aux trois échelles de coopération (Grande Région dans son ensemble, espace métropolitain autour de Luxembourg, territoires transfrontaliers de proximité)  en actions et idées de projets  structurés autour de 4 axes :

  • Anticiper, accompagner, orienter les transitions pour pouvoir agir sur la gestion des ressources ;
  • Améliorer les services et favoriser l’implantation équilibrée des activités au bénéfice des
  • populations ;
  • Développer des territoires ruraux et urbains décarbonés et résilients ;
  • Faire évoluer ensemble les projets et les structures du territoire en impliquant davantage les citoyennes et citoyens.
  • à identifier des projets et des actions susceptibles de contribuer à la réalisation des objectifs retenus. D’ores et déjà, suite à un appel lancé le 8 avril 2020, 35 idées collectées ont été reprises dans le document stratégique opérationnel.

         

  1. L’aire métropolitaine de Luxembourg : quelles intégrations ?

La Grande région institutionnelle dispose donc d’un outil prospectif important dans le domaine de l’aménagement se son territoire. Mais qu’en est-il plus précisément lorsqu’on réalise un focus sur la métropole transfrontalière en développement depuis plusieurs années autour de la vile de Luxembourg ?  Quelle est la nature de ce développement transfrontalier ?

Répondre à cette question suppose que l’on distingue deux types d’intégration :

  • L’Intégration fonctionnelle qui se rapporte à la forme et à l’intensité des interactions socio-économiques observées de part et d’autre d’une frontière.

Frédéric Durand chercheur au LISER a identifié trois types d’intégration fonctionnelle :

  • L’intégration par polarisation qui se traduit par l’émergence d’un centre à forte attractivité globale ;
  • L’intégration par spécialisation qui se caractérise par des flux multidirectionnels de part et d’autre de la frontière en raison des différences juridiques, des prix et de la disponibilité du foncier ;
  • L’intégration par osmose : les flux frontaliers et l’attractivité sont partagés entre le centre métropolitain et les territoires voisins.
  • L’intégration institutionnelle qui concerne la forme et l’intensité des interactions entre les acteurs politiques éventuellement disposés à collaborer.

Comment l’aire métropolitaine de Luxembourg peut-elle être caractérisée par rapport à ces deux dimensions ?

Premier constat : l’aire métropolitaine de Luxembourg (elle-même polycentrique Trèves Thionville Metz  Arlon) relève d’une intégration transfrontalière par polarisation qui se traduit par une dynamique transfrontalière dominante « d’aspiration »

Pour le Nord-Lorraine, l’Est de la Province du Luxembourg, l’Ouest de la Rhénanie Palatinat et de la Sarre, la proximité immédiate avec le Luxembourg génère une attraction très forte et donc des taux de frontaliers élevés.  Ces territoires font désormais partie de l’aire urbaine fonctionnelle de Luxembourg qui regroupe, selon le périmètre choisi,  entre 1,3 et 2,4 M h.

            Mais la métropolisation de Luxembourg est telle (développement de l’immobilier de bureau, projet de nouvel hôpital, plateforme logistique de Bettembourg, commerce, Université etc..) qu’elle limite fortement le développement économique de ces territoires (mise à part l’économie présentielle) et les place en situation délicate : alors qu’ils connaissent un dynamisme démographique indéniable (croissance de la population et des actifs), leur emploi est en baisse.

Il est par ailleurs significatif de constater que l’arrondissement d’Arlon connaît exactement la même dynamique que le Nord-Lorraine : de tous les territoires des pays voisins, il est le seul à connaître un recul de l’emploi.  Et à Trèves, dont la population augmente, il y a un important déficit de main d’œuvre.

A noter que l’ouest de la Sarre (Merzig) et de la Rhénanie Palatinat (Trèves) ainsi que la zone d’emploi de Metz sont plutôt dans une dynamique de compétition avec une dynamique de croissance emploi population pour les territoires frontaliers allemands mais une baisse démographique et de l’emploi pour Metz.

 

 

Deuxième constat : l’aire métropolitaine de Luxembourg est caractérisée par de multiples interdépendances réciproques. Elles sont porteuses d’opportunités, mais aussi de déséquilibres, de discontinuités de dissymétries. Elles peuvent être porteuses de vulnérabilités et de risques tant pour le territoire sur le Grand-duché que  pour les autres versants.

Source : le codéveloppement dans l’aire métropolitaine transfrontalière du Luxembourg. Vers un modèle plus soutenable ?  Document de travail N° 13  IDEA Novembre 2019 – Vincent Hein

Ces déséquilibres sont analysés par plusieurs institutions de recherche en particulier, l’Insee, le Statec, l’Agape  et la Fondation Idea (Vincent Hein).  C’est aussi l’objet de réflexions du Comité Economique et social du Luxembourg (cf. son avis de juin 2022 « Pour un développement cohérent de la métropole transfrontalière du Luxembourg dans la Grande Région »).

Tous insistent particulièrement sur le différentiel de ressources et de dynamiques de l’économie et de l’emploi au détriment des territoires périphériques et en faveur du centre luxembourgeois de la métropole (hormis la Province belge du Luxembourg)

La contribution annuelle des frontaliers (sur la base de 47% des actifs) aux finances publiques luxembourgeoises peut être estimée à 1,56 Md€ au budget de l’Etat (impôt sur le revenu,  pensions et sociétés,  taxes et accises sur les produits pétroliers, tabac, balance des cotisations sociales. En 2019, cette contribution représentait 8% du budget total de l’Etat luxembourgeois (19,6 Mds€) ;

D’un point de vue budgétaire et plus global, le territoire frontalier nord lorrain se retrouve dans une situation difficile : les budgets des communes du territoire Longwy-Villerupt sont majoritairement plus faibles que les communes de même taille ailleurs dans la région Grand-Est, alors que l’effort fiscal pour accueillir les nouveaux habitants est globalement plus fort ! De plus trop peu d’entreprises s’installent sur le versant français, ce qui génère un manque à gagner en termes de dynamisme et de taxes locales (cf. étude Climaxion sur la situation fiscale des communes du Grand-Est).

            Le manque à gagner fiscal local (ancienne taxe professionnelle) pour les entités politiques de Lorraine-Nord, du fait du défaut d’entreprise dans les zones frontalières, est estimé à 55,8 M€ pour la seule année 2018.

            Des charges de résidence ne sont pas compensées (situation côté français)

  • La formation initiale des frontaliers : le coût de la formation initiale des frontaliers est estimé à 3 153 € par frontalier et par an, soit un coût théorique de 324 M€ pour 2019 ;
  • L’indemnisation du chômage des frontaliers : alors que les frontaliers cotisent intégralement au Luxembourg, le Luxembourg ne prend en charge que les 3 premiers mois. En 2019, le reste à charge pour l’Unedic est estimé à près de 108 M€ ;
  • La prise en charge de la dépendance : les frontaliers français financent le système de dépendance luxembourgeois mais il est peu probable qu’ils y passeront leur retraite. L’heure de la dépendance venue, ils seront pris en charge par le système français, qu’ils n’auront pas contribué à financer.

De plus, contrairement à une idée répandue, le dynamisme économique du Luxembourg ne fait pas baisser le chômage dans le Nord lorrain et le risque de fragilisation croissante de la cohésion sociale (fracture entre frontaliers et non-frontaliers) est réel.

Evolution du nombre de demandeurs d’emploi ABC en France Région Grand Est et Territoire Agape  base 100 en 2007
Source : Agape Zoom « Crise sanitaire baisse du chômage en trompe l’œil » décembre 2020
(1) STATEC Regards N° 21 décembre 2020 «L’impact des frontaliers dans la balance des paiements 2019 » (2) Agape «Exploratoire» #3 de novembre 2020 « Le transfrontalier et la crise sanitaire du Covid-19 »

Si dans la Province du Luxembourg, le taux de demandeurs d’emploi (8,1 %) est inférieur à la moyenne de Wallonie (12,2), il est plus élevé dans plusieurs communes frontalières : Virton, Aubange, Rouvroy, Musson, Arlon, Martelange, Bastogne, Houffalize, Vielsalm

Dans les territoires frontaliers de Sarre et Rhénanie Palatinat le taux de demandeurs d’emplois reste peu élevé en raison de la diminution de la population active liée au vieillissement de la population dans ces deux Länder,mais aussi de critères de définition du chômage des jeunes différents en Allemagne.

 

                           

Par ailleurs, comme le note l’Agape dans sa publication Zoom de mars 2020  » Territoire de l’Agape : + 6300 habitants en 10 ans (2007-2017)  » Le territoire de l’AGAPE confirme son dynamisme démographique, observé depuis les années 2000, essentiellement dû au développement luxembourgeois. Mais si les territoires directement frontaliers du Grand-Duché bénéficient en premier lieu de ce dynamisme, les territoires plus éloignés affichent au contraire un décrochage ».

Un autre point de vue est aussi souvent exprimé. Il insiste sur l’apport considérable du Grand-Duché dans le domaine économique : en 2019, les frontaliers ont touché 10,559 Mds € en 2019 (salaires et traitements brut soit environ 8,8 Mds € en net) – Source STATEC.

Toutes ces données ont toutefois évolué en 2020. En raison du ralentissement économique lié à la pandémie le nombre de frontaliers a baissé pour la première fois, et au premier semestre 2020 la balance globale des paiements a fortement reculé, notamment en raison de la forte augmentation des versements sociaux aux frontaliers touchés par le chômage partiel et le congé extraordinaire pour raisons familiales.

Yves Wendling, Consul du Grand Duché de Luxembourg pour le Grand Est (hors Alsace), estime dès lors « qu’affirmer que les transfrontaliers ne payent par leurs impôts en France et bénéficient du service public du pays est en réalité injuste. Le seul impôt dont ils ne s’acquittent pas dans l’Hexagone est celui sur le revenu, qui représente environ 20 % du total.

Une fois cela posé, il faut considérer que les salaires des transfrontaliers sont, en moyenne, supérieurs à ceux des travailleurs français. Pour rappel, le salaire minimum au Luxembourg culmine à 2 600 euros brut/mois et une famille avec trois enfants reçoit près de 1 000 euros d’allocations par mois, bien plus qu’en France. En adéquation avec leurs salaires, les transfrontaliers consomment plus et payent donc plus de TVA. Ils s’acquittent aussi, comme tous les résidents français,  de taxes foncières et d’habitation plus importantes puisque leurs logements sont souvent plus grands et onéreux..

D’autant que, du coup, c’est aussi la Sécurité sociale luxembourgeoise qui paye pour les frais de santé des salariés. Le débat sur la fiscalité est un faux débat. On a voulu faire de l’Europe le lieu où l’on paye les impôts là où l’on travaille.

C’est d’ailleurs un principe de la constitution et c’est pour ça que l’on bataille avec les Gafam qui sont présents dans le monde entier sans verser d’impôts ailleurs qu’aux États-Unis. J’ai parfois l’impression que l’on cherche à opposer le Luxembourg et la France, ce qui n’a aucun sens. Les entreprises du territoire ont souvent des filiales au Luxembourg et de grands groupes de l’autre côté de la frontière viennent chez nous, à l’image de Costantini, la Provençale, Grossbuch pour les fruits et légumes et bien sûr la pâtisserie Namur. Les exemples sont très nombreux. Il n’y a plus non plus de frontière physique et les Luxembourgeois viennent consommer à Metz le week-end, comme les Mosellans font le chemin inverse. Les échanges sont permanents et tout le monde a de quoi y gagner. » la Semaine 09 12 2020

Troisième constat : la crise sanitaire a été révélatrice de la forte interdépendance des territoires et des limites du modèle actuel de développement

Dans son numéro «Exploratoire» #3 de novembre 2020, l’Agence d’urbanisme et de développement durable Lorraine Nord (Agape) a tiré les premières leçons du Covid-19 sur la Grande Région.

Même si des contrôles aux frontières ont été lors du premier confinement, les frontaliers ont toujours pu les traverser, en dérogeant aux limites fiscales (seuils des 19, 24 et 29 jours) et sociales (seuil des 25% du temps de travail) du télétravail par des accords bilatéraux suite à des relations diplomatiques intenses à l’initiative du Grand-Duché qui se serait sinon trouvé en situation de forte vulnérabilité.

            « La structure de l’emploi luxembourgeois montre une forte dépendance aux frontaliers: en 2019, hormis l’administration publique et les activités des ménages employeurs, les principales branches d’activité au Luxembourg affichent un taux de frontaliers supérieur à 30%.

            Parmi elles, cinq branches d’activité (25% des emplois) sont complètement dépendantes de l’emploi frontalier, qui représente 50 à70% des effectifs : l’industrie manufacturière, le commerce, les services administratifs et de soutien, la construction, et les activités spécialisées, scientifiques et technique».

             « Les autres branches d’activité, qui comptent 30 à 50% d’emplois frontaliers,  peuvent être dépendantes sur certains secteurs d’activité: c’est notamment le cas de l’entreposage, la programmation informatique, la collecte et le traitement des déchets (60 à 70% de frontaliers), mais aussi l’assurance, l’édition ou les services financiers (50 à 60% de frontaliers). »

             Dans le secteur de la santé, on compterait 36% de frontaliers, un taux qui dépasserait les 50% pour les aides-soignants ou les infirmiers en en milieu hospitalier (près de 66 %). ». 

                  L’Agape s’interroge aussi sur l’avenir du télétravail : « près de 144 000 déplacements quotidiens ont été évités à l’échelle du Nord-lorrain pendant le confinement, majoritairement du fait des frontaliers à la maison, soit 10% de l’ensemble des déplacements économisés. Il faut cependant rappeler que seulement 52 % des emplois peuvent prétendre au télétravail.

            Cela mérite réflexion.

            Car le pérenniser sous cette forme mettrait encore plus en concurrence les entreprises lorraines et luxembourgeoises, et tant les employeurs que les salariés pointent les limites d’une quotité de  télétravail trop importante qui poserait aussi des problèmes à plusieurs secteurs économiques au Grand-Duché (en particulier hôtellerie-restauration-café), sans parler d’une nécessaire discussion sur la question des seuils fiscaux et sociaux (qui ont été dépassés sans aucun bénéfice jusqu’alors pour les états frontaliers du Grand-Duché).

            Et ne pas lui donner un nouvel élan remettrait en cause les bons chiffres quant à la protection du climat : “les mesures montrent une baisse de la concentration en dioxyde d’azote (NO2) de 54% aux abords de l’A31 entre Metz et Thionville et de plus de 30% au Luxembourg”.

            Quatrième constat : une intégration transfrontalière institutionnelle complexe et éclatée

La multiplicité des acteurs (en particulier sur le versant lorrain), de leurs visions de la coopération (compensation fiscale / cofinancement de projets/codéveloppement), hétérogénéité des prises de position des ministres du Grand Duché sur les relations avec les versants voisins, faible visibilité de la stratégie de coopération transfrontalière du côté de la Wallonie)  ainsi que la multiplicité des approches de l’aménagement du territoire et  des formes de coopération locale et transfrontalière aux différentes échelles rendent  une gouvernance efficiente difficile.

La constellation des acteurs politiques de la coopération internationale et transfrontalière du côté français

  1. Trois approches du rééquilibrage

 

Quelle que soit la perception des uns et des autres sur la nature des phénomènes d’intégration qui viennent d’être décrits, rares sont ceux qui contestent la nécessité d’un rééquilibrage en matière développement.

Trois approches de ce rééquilibrage sont identifiables.

 

 

La rétrocession fiscale aux collectivités

 

            Elle existe entre le Grand-Duché et la Belgique pour les 40 communes comprenant plus de 3% de travailleurs frontaliers, de la  province wallonne du Luxembourg  par un accord de 2002 dans le cadre de l’Union Economique Belgo Luxembourgeoise.

Cet accord vise à compenser les pertes de recettes pour la Belgique, causées par des taux et accises plus bas au Grand-Duché. Autrement dit, à réajuster le manque à gagner engendré par les frontaliers belges qui se fournissent en tabac, carburant et alcool au Luxembourg, attirés par les prix plus attractifs.

Pour 2019 le montant total de cette rétrocession s’élève à 91 millions € (pour 48 000 frontaliers wallons).

Sur le versant lorrain et en Rhénanie-Palatinat, des élus demandent que ce principe de compensation soit aussi mis en œuvre au nom de l’équité afin de permettre aux collectivités de financer des infrastructures et des services dont bénéficient les frontaliers qui y résident.

 

 

            Le cofinancement de projets

 

Il a été acté lors du Séminaire Intergouvernemental Franco- Luxembourgeois du 20 mars 2018 dans un protocole relatif au renforcement de  la coopération en matière de transport transfrontalier.

Globalement, les aménagements sur le territoire français identifiés (dans le domaine des infrastructure ferroviaires et routières) font l’objet d’une contribution du Grand-Duché de Luxembourg jusqu’à concurrence d’un montant maximal de 120.000.000 d’euros, dont 110.000.000 euros pour le domaine ferroviaire et 10.000.000 d’euros pour la promotion d’une politique de mobilité durable, dans la perspective d’une contribution totale de la partie luxembourgeoise équivalente à 50% des coûts d’investissements en France.

Certains autres projets en cours/ prévus s’inscrivent ou pourraient s’inscrire dans cette logique :

  • Formation de demandeurs d’emploi (ADEM et Pôle emploi),
  • École d’infirmière au Grand Duché en partenariat avec la France,
  • Collège franco-luxembourgeois sur le site de Micheville,
  • Liaison tram Esch Micheville.

Le codéveloppement

Cette démarche a été initiée du côté français quelques semaines après la Séminaire Intergouvernemental Franco- Luxembourgeois le 20 mars 2018.

Le Ministre français de la Cohésion des territoires d’alors  a demandé au Préfet d’associer le Président de Région à une mission de construction avec les autorités luxembourgeoises d’une stratégie de codéveloppement fondée sur une démarche d’aménagement du territoire conjointe (domaines prioritaires ciblés : la mobilité et la localisation de l’activité économique).

Plusieurs réunions ont eu lieu entre acteurs du côté français et le gouvernement du Grand-Duché a amorcé une réflexion.

Mais la démarche ne semble pas avoir été poursuivie en raison du changement de Ministre du côté français puis de la crise sanitaire.

A signaler cependant la démarche impulsée par le GECT Alzette Belval dont la stratégie vise à promouvoir l’émergence et la reconnaissance d’une agglomération transfrontalière.

Cette stratégie repose dans la construction d’un avenir transfrontalier commun, pour tous les habitants du territoire, et se décline notamment dans l’élaboration d’un schéma de développement transfrontalier :

  • C’est ainsi que l’ensemble des partenaires se sont engagés dans une nouvelle démarche partenariale, la préfiguration d’une Internationale Bauausstellung (IBA) pour ce territoire de coopération.
  • Tout en étant le chef de file du projet, le GECT agit avec le soutien financier du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire et de la Région Grand Est pour la France et, du côté luxembourgeois, du Ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du Territoire et du Ministère du Logement.
  1. Agir pour un modèle de développement plus solidaire et plus durable.

             A partir de ces constats et de ces prises de positions, il s’agit désormais d’agir pour réduire les disparités et les déséquilibres et pour mettre en en œuvre un nouveau modèle de développement résilient, moins spatialement différencié et plus solidaire. L’objectif est ambitieux : Il s’agit d’engager une transition sociale, économique et écologique partagée.

            Dès lors il faut faire face à deux grands enjeux :

  • L’articulation, la cohérence et la complémentarité entre les différentes échelles d’action(européenne, nationale, grand régionale, régionale, infrarégionale) en référence au cadre du Schéma de Développement Territorial de la Grande Région ;
  • L’agencement et la coopération entre acteurs, dans chaque versant et entre chaque versant de la Grande Région.  

            Nous proposons quelques orientations prioritaires à des échelles et dans des temporalités différentes.

            A l’échelle de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques)

  • Faire évoluer les articles 15 (prélèvement de l’impôt par le pays de travail) et faire appliquer l’article 18 (imposition des pensions par le pays de résidence) du modèle de convention fiscale.

            A l’échelle européenne

  • Réduction des différentiels sociaux et fiscaux.
  • Répartition plus équitable des recettes fiscales qui découlent du travail frontalier en zones frontalières.
Le rapport Lambertz, préconisant une approche commune à l’échelle européenne, a été adopté par le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe le 29 octobre 2019.
  • Meilleure prise en compte des régions frontalières dans les dispositifs politiques et législatifs de l’Union Européenne
« L’Alliance européenne pour les citoyens transfrontaliers » initiée récemment, avec le soutien politique du Comité européen des Régions, réclame, entre autres, que les négociations concernant le projet de règlement relatif à un mécanisme transfrontalier européen (ECBM) visant à lever les obstacles juridiques et administratifs dans un contexte transfrontalier aboutissent.

 Il ya cependant un risque de provoquer des effets d’aubaine qu’il faudra contenir. Elle réclame aussi  que les régions frontalières et leurs groupements transfrontaliers soient associés à la conférence sur l’avenir de l’Europe.

  Aux échelles nationales

  • Prendre davantage en compte les problématiques transfrontalières et conforter la déconcentration de la diplomatie de proximité.
En France la récente loi « 3DS » (Différenciation, Décentralisation, Déconcentration, Simplification) intègre, comme espaces d’expérimentation en première ligne, les territoires frontaliers.

Cela a fait l’objet d’une démarche participative engagée par la Mission Opérationnelle Transfrontalière.

  • Assurer un interface entre les territoires frontaliers et les administrations centrales / fédérales favorisant une approche interministérielle transversale.

 Assurer une meilleure transposition de la stratégie transfrontalière de la Grande Région (SDT GR) dans les documents de planification nationaux.

 Harmoniser entre Etats concernés le plafond des jours de télétravail (des avancées à 34 jours ont eu lieu pour les frontaliers belges et français au Grand-Duché mais les allemands restent à 19 jours).

A l’échelle de la Grande Région

 Développer un portage politique fort, lisible et visible du Schéma de Développement Territorial.

  • Faire davantage converger les réflexions menées par le Sommet des Exécutifs, le Conseil Economique et Social de la Grande Région et le Conseil Parlementaire Interrégional sur ces questions.

            A l’échelle de chaque versant de la Grande Région

  • Rendre plus cohérent, lisible et efficace le portage politique par les acteurs concernés (Etat, collectivités), en particulier sur le versant lorrain en veillant à mieux articuler les différentes échelles de relations et coopérations locales et transfrontalières.
  • Assurer une meilleure transposition de la stratégie transfrontalière de la Grande Région dans les documents de planification régionaux et supra-communaux.

A l’échelle de l’aire métropolitaine de Luxembourg

  • Passer, dans la perspective démographique 2018-2050 que l’on connait à l’échelle de la Grande Région (vieillissement et diminution de la population active dans les territoires voisins du Grand Duché dont la croissance perdure), d’une dynamique d’aspiration (avec les déséquilibres et les risques qu’elle induit) à un développement intégré plus équilibré et véritablement partagé, soutenabletant pour les citoyens que pour l’environnement et favorisant la cohésion sociale et territoriale dans une logique de coresponsabilité du développement du territoire.

 Consolider la coopération partagée entre les Etats concernés et le Grand-Duché : s’inspirer du traité d’Aix la Chapelle pour envisager un traité interétatique multilatéral avec en particulier la mise en place d’un comité de coopération transfrontalière multilatéral associant des élus nationaux et locaux.

  • Passer d’une intégration fonctionnelle à une intégration politique à l’échelle de l’aire métropolitaine de Luxembourg comprenant une partie de la Province de Luxembourg et la Communauté germanophone en Belgique, le Nord lorrain et les territoires frontaliers de Rhénanie- Palatinat et de Sarre (en s’appuyant sur le retour d’expérience de la gouvernance mise en place pour le Grand Genève).
  • Elaborer à cette échelle une stratégie durable d’aménagement du territoire fondée sur une vision prospective transdisciplinaire et systémique (cf. Grand Genève).
L’initiative « Luxembourg in transition » une opportunitéLe Grand-Duché vient de lancer une consultation internationale afin de désigner les équipes pluridisciplinaires urbanistiques, architecturales et paysagère, chargées d’élaborer les scénarios de sa politique de transition écologique des trente prochaines années ; non des réponses prêtes à l’emploi, mais un éclairage général qui permettra de guider les autorités. Cette démarche intègre les territoires frontaliers (Lorraine, Belgique, Sarre et Rhénanie-Palatinat) et associe leurs représentants dans un comité consultatif.

 

  • Faire converger les différents moyens financiers (fonds européens INTERREG et part des autres fonds européens – structurels, sectoriels -, budget des états, budget des collectivités) pour financer des projets « d’intérêt métropolitains » (comme par exemple le projet de réseau express métropolitain transfrontalier initié par le Sillon lorrain) à l’échelle de l’aire métropolitaine de Luxembourg incluant la réduction des fragmentations et des ségrégations territoriales, avec une clef de répartition équitable au regard des déséquilibres aujourd’hui constatés (cf. le Grand Genève).

 

 

 

 

 

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Les problématiques des relations entre les territoires dans l’aire métropolitaine de Luxembourg

1- Une aire métropolitaine dans la  Grande Région – Région Métropolitaine Polycentrique Transfrontalière (RMPT)

 

Métropolisation : processus de concentration des populations, des activités et des fonctions de commandement dans les grandes villes. Il y a un lien entre métropolisation et mondialisation : la métropolisation est une traduction spatiale de la mondialisation

En s’inscrivant dans les réseaux de l’économie mondiale, la métropolisation modifie l’ancrage local, régional ou national d’une ville. Le processus est multi scalaire : à l’échelle mondiale, il tend à renforcer les hiérarchies urbaines en faveur des grandes villes ; à l’échelle métropolitaine, on assiste à des dynamiques sociales et spatiales différenciées de fragmentation et de ségrégation.

La métropolisation amplifie un certain nombre d’enjeux d’aménagement liés à l’étalement urbain, aux mobilités croissantes et à l’augmentation de nuisances (pollution, engorgement). L’ensemble réinterroge aussi les modes de gouvernance urbaine.

1-1  Trois sous ensembles métropolitains

                        La carte met en évidence les trois ensembles à caractère métropolitain avec leurs orientations respectives:

  1. Le premier espace transfrontalier fonctionnel est situé dans la partie centrale de la Grande Région et regroupe le territoire autour du Luxembourg et de la Ville de Luxembourg (cité-Etat à l’influence politique, économique et financière déterminante à l’échelle mondiale), de Metz, de Nancy, de Sarrebruck, de Sarreguemines, de Trèves ainsi que de Kaiserslautern et de l’est de la Province wallonne du Luxembourg ;
  2. Un deuxième espace à dimension métropolitaine autour de l’axe rhénan et qui se compose de trois ensembles métropolitains nationaux allemands à savoir, Rhein-Ruhr, Rhein-Main et Rhein-Neckar;
  3. Un troisième espace à dimension métropolitaine au Nord de la Région Wallonne, composé de villes qui se tournent davantage vers Bruxelles, ainsi que des espaces métropolitains transfrontaliers tels que l’Euro métropole Lille-Kortrijk-Tournai ou la Région MHHAL (Maastricht-Heerlen-Hasselt-Aachen-Liège)

 

On peut aussi distinguer trois niveaux de pôles urbains (supérieur ; intermédiaire ; à confirmer = de proximité).

C’est à cette échelle qu’est menée l’action du Sommet des Exécutifs de la Grande Région

 

1-2 Les enjeux et les étapes du développement territorial à l’échelle de la Grande Région

 

1-2-1 L’étude Metroborder (2008-2010) du programme européen ESPON/ORATE

Le rapport final Metroborder de décembre 2010 met en évidence, pour la Grande Région, un « cœur », un « noyau central » autour d’un axe Luxembourg – Sarrebruck, auquel des espaces voisins sont reliés par des corridors. Le rapport indique que « l’identification [de ce] noyau central […] semble particulièrement approprié pour le développement d’une coopération renforcée en vue notamment de la création d’une RMPT ».

1-2-2 Le développement intégré au service de tous les territoires d’une Région Métropolitaine Polycentrique Transfrontalière (RMPT) (2011-2012)

Pour donner suite à l’étude Metrobroder, la présidence lorraine 2011-2012 du 13e Sommet s’est ouverte sur une proposition d’approche renouvelée de l’espace grand régional : celle d’un développement global intégré au bénéfice de tous les types de territoires qui composent cet espace.

Lors du 13e Sommet du 24 janvier 2013 à Pont-à-Mousson, la Présidence lorraine se clôt par la présentation d’un cadre stratégique articulé autour des quatre piliers (l’économie, les hommes, les territoires et la gouvernance) retenus par la déclaration de Berlin le 07 juillet 2011.

Lors de ce même Sommet, les Exécutifs  adoptent une Déclaration Commune dans laquelle il est réaffirmé que la RMPT concerne tout le territoire de la Grande Région, et précisé que :

« …les Exécutifs de la Grande Région confirment la poursuite de la définition d’une stratégie de développement métropolitaine portant un développement territorial polycentrique reposant sur les complémentarités des fonctions des territoires de la Grande Région. Si les fonctions métropolitaines supérieures situées dans le noyau central de la Grande Région constituent le moteur de cette stratégie, il convient d’intégrer tous les territoires de l’espace de coopération institutionnelle afin de contribuer à un développement territorial structuré et équilibré à même de répondre aux préoccupations quotidiennes des habitants de la Grande Région accentuées par la situation économique et sociale actuelle.

 

1-2-3 Vers un Schéma de Développement Territorial de la Grande Région (depuis 2012)

A l’issue de la présidence lorraine du 13e sommet,  les Exécutifs ont validé la proposition de la 3e réunion sectorielle conjointe Aménagement du territoire et Transports du 17 janvier 2013 portant sur l’élaboration d’un Schéma de développement territorial à l’échelle de la Grande Région (SDT-GR), la mission d’en piloter la réalisation étant confiée au Comité de Coordination du Développement Territorial (sous présidence luxembourgeoise). Il est à noter que le seul document prospectif existant alors datait de 2003 à l’initiative de la Sarre présidant alors le 7e Sommet des Exécutifs.

Ce schéma de développement territorial vise à offrir un cadre général aux actions et réalisations concrètes à mener au niveau de la Grande Région afin d’orienter de manière cohérente la prise de décision politique, et, par conséquent, le développement territorial commun de la Grande Région. Il doit déboucher sur un programme opérationnel d’actions en référence au cadre stratégique.

Pour ce faire, le Schéma doit :

  • conforter les fonctions métropolitaines supérieures de l’espace central comprenant Luxembourg, Arlon, Metz, Nancy, Sarrebruck, Sarreguemines, Trèves ainsi que Kaiserlautern,
  • renforcer les liens entre les trois espaces à potentiel métropolitain de la Grande Régiondans l’objectif du développement de la dimension métropolitaine de l’ensemble de la Grande Région.

Il doit permettre d’identifier les interactions entre les territoires de la Grande Région autour des fonctions productives, résidentielles, récréatives (culture, tourisme) et environnementales, afin de conduire à des relations de solidarité réciproques renforcées, en mettant l’accent sur les transports, la mobilité et le développement de l’habitat, et en établissant les liens avec d’autres aspects nécessaires au développement territorial tels que les questions de l’énergie et de la protection de l’environnement et du climat.

 

Dans un premier temps, 3 documents ont été produits : la dimension métropolitaine de la Grande Région (carte page 1), les projets de transport prioritaires, l’étude préparatoire au volet économie.

 

En 2016, un groupement, mandaté par l’Agape, a procédé à une analyse transversale de documents stratégiques existants en Grande Région, afin d’en tirer un bilan et des préconisations susceptibles de réinterroger la méthode d’élaboration du SDT-GR.

Lancé le 1er janvier 2018 pour une durée de 4 ans, le projet Interreg SDT GR, porté par 25 partenaires issus de l’ensemble des versants de la Grande Région en est à la fin de sa deuxième phase :

  • la première phase a consisté, dans une démarche participative, en la constitution d’un socle de connaissances partagé et d’un langage commun. Il s’est agi d’établir sur base d’indicateurs socio-économiques et territoriaux des diagnostics permettant la spatialisation des problématiques, et d’aboutir à une série cartographique de présentations des risques et opportunités.
  • au cours de la 2ème phase, sur la base de ces résultats, la stratégie de développement territorial a été élaborée. Les ministres et responsables politiques en charge de l’aménagement du territoire de la Grande Région se sont réunis le jeudi 16 janvier 2020 à l’occasion de la 6e réunion sectorielle de l’Aménagement du territoire de la Grande Région et ont validé le document « En route vers une vision stratégique opérationnelle transfrontalière pour la Grande Région ».

 

Les 5 finalités du Schéma de Développement Territorial de la Grande Région

o   Une Grande Région plus compétitive et innovante, par ses savoirs et ses complémentarités.

o   Une qualité de vie et un bien-être à la hauteur des transitions (climatiques, écologiques, énergétiques, démographiques, socio-économiques, digitales, alimentaires), visant une véritable cohésion sociale et territoriale.

o   Un marché du travail transfrontalier et partagé, fondé sur des filières communes de formation.

o   Un développement métropolitain polycentrique basé sur une mobilité et une connectivité bas-carbone.

Un cadre d’orientation et de coordination à long terme qui s’inscrive dans une logique multi-niveaux.

 

  • au cours la 3e phase (d’ici la fin 2021) des actions à mener pour assurer un volet opérationnel seront identifiées.

2- Une intégration transfrontalière fonctionnelle  forte dans l’aire métropolitaine de Luxembourg

 

Intégration transfrontalière :  l’intégration fonctionnelle se rapporte à la forme et à l’intensité des interactions socio-économiques observées de part et d’autre d’une frontière, au travers de l’extension de l’aire métropolitaine, tandis que l’intégration institutionnelle concerne la forme et l’intensité des interactions entre les acteurs politiques éventuellement disposés à collaborer.

Les chercheurs du LISER ont caractérisé trois types de fonctionnement transfrontalier :

La Région Grand Est et ses voisins : nouvelles dimensions, nouvelles opportunités Séminaire ADEUS 7 novembre 20016 Strasbourg

 

2-1 Une intégration transfrontalière fonctionnelle par polarisation qui se traduit par une dynamique transfrontalière « d’aspiration »

Analyse comparée de l’intégration métropolitaine transfrontalière en Europe
C Sohn B  Reitel 2002

Pour le Nord-lorraine, l’est de la Province du Luxembourg, l’ouest de la Rhénanie Palatinat et de la Sarre, la proximité immédiate avec le Luxembourg génère une attraction très forte et donc des taux de frontaliers élevés.

            Ces territoires font désormais partie de l’aire urbaine fonctionnelle de Luxembourg. 

 

La métropolisation de Luxembourg est telle (développement de l’immobilier de bureau, projet de nouvel hôpital, plateforme logistique de Bettembourg, commerce, Université etc..) qu’elle limite fortement le développement économique de ces territoires (mise à part l’économie présentielle)  et les place en situation de quasi-dépendance : alors que ces territoires connaissent un dynamisme démographique indéniable (croissance de la population et des actifs), leur emploi est en baisse. Il est par ailleurs curieux de constater que l’arrondissement d’Arlon connaît exactement la même dynamique que le Nord-lorraine : de tous les territoires des pays voisins, il est le seul à connaître un recul de l’emploi.  Et à Trèves, dont la population augmente, il y a un important déficit de main d’œuvre.

 

2-2 Une situation complexe de multiples interdépendances réciproques porteuse à la fois d’opportunités, de déséquilibres, de vulnérabilités et de risques

Le codéveloppement dans l’aire métropolitaine transfrontalière du Luxembourg. Vers un modèle plus soutenable ? Document de travail N° 13 IDEA Novembre 2019 – Vincent Hein

3- Une intégration transfrontalière institutionnelle éclatée

  1. doc « L’existant dans le domaine des orientations stratégiques, des schémas et des instruments de coopération ayant un impact sur les territoires de l’aire métropolitaine de Luxembourg »

La multiplicité des acteurs (en particulier sur le versant lorrain), de leurs visions de la coopération (compensation fiscale ou codéveloppement du côté lorrain, hétérogénéité des prises de position des ministres du Grand Duché sur les relations avec les versants voisins, faible visibilité de la stratégie de coopération transfrontalière du côté de la Wallonie)  ainsi que la multiplicité des formes de coopération locale et transfrontalière aux différentes échelles rendent  une gouvernance efficiente difficile.

 

4- Enjeux et  orientations prioritaires proposées au débat :

 

            4-1 Deux grands enjeux :

  • L’articulation (cohérence complémentarité) entre les différentes échelles d’action (européenne, nationale, grand régionale, régionale, infrarégionale) en référence au cadre du Schéma de Développement Territorial de la Grande Région ;
  • L’agencement et la coopération entre acteurs, dans chaque versant et entre chaque versant de la Grande Région.

           

            4-2 Quelques orientations prioritaires

 

                        4-2-1 A l’échelle de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques)

  • Faire évoluer les articles 15 (prélèvement de l’impôt par le pays de travail) et faire appliquer l’article 18 (imposition des pensions par le pays de résidence) du modèle de convention fiscale.

 

                        4-2-2 A l’échelle européenne

  • Réduction des différentiels sociaux et fiscaux.
  • Répartition plus équitable des recettes fiscales qui découlent du travail frontalier en zones frontalières. récent rapport Lambertz, préconisant une approche commune à l’échelle européenne (adopté par le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe le 29 octobre 2019).
  • Adoption de l’instrument européen European Cross-Border Mechanism – ECBM relatif à la création d’un mécanisme visant à lever les obstacles juridiques et administratifs dans un contexte transfrontalier.

 

                        4-2-3 Aux échelle nationales

  • Prendre davantage en compte les problématiques transfrontalières et déconcentrer la diplomatie de proximité.
  • Assurer une meilleure transposition de la stratégie transfrontalière de la Grande Région (SDT GR) dans les documents de planification nationaux.

 

                        4-2-4 A l’échelle de la Grande Région

  • Développer un portage politique fort, lisible et visible du Schéma de Développement Territorial.
  • Faire davantage converger les réflexions menées par le Sommet des Exécutifs, le Conseil Economique et Social de la Grande Région et le Conseil Parlementaire Interrégional.

                                  

                        4-2-5 A l’échelle de chaque versant de la Grande Région

  • Rendre plus cohérent, lisible et efficace le portage politique par les acteurs concernés (Etat, collectivités), en particulier sur le versant lorrain en veillant à mieux articuler les différentes échelles de relations et coopérations locales et transfrontalières.
  • Assurer une meilleure transposition de la stratégie transfrontalière de la Grande Région dans les documents de planification régionaux et supra-communaux.

 

                        4-2-6 A l’échelle de l’aire métropolitaine de Luxembourg

  • Passer, dans la perspective démographique 2018-2050 que l’on connait à l’échelle de la Grande Région (vieillissement et diminution de la population active dans les territoires voisins du Grand Duché dont la croissance perdure), d’une dynamique d’aspiration (avec les déséquilibres et les risques qu’elle induit) à un développement intégré plus équilibré et véritablement partagé, soutenable tant pour les citoyens que pour l’environnement et favorisant la cohésion sociale et territoriale dans une logique de coresponsabilité du développement du territoire.
  • Consolider la coopération partagée entre les Etats concernés et le Grand-Duché : s’inspirer du traité d’Aix la Chapelle avec en particulier la mise en place d’un comité de coopération transfrontalière.
  • Passer d’une intégration fonctionnelle à une intégration politique à l’échelle de l’aire métropolitaine de Luxembourg intégrant une partie de la Province de Luxembourg en Wallonie, le Nord lorrain et les territoires frontaliers de Rhénanie Palatinat et de Sarre (retour d’expérience sur le Grand Genève).
  • Faire converger les différents moyens financiers (fonds européens INTERREG et part des autres fonds européens – structurels, sectoriels -, budget des états, budget des collectivités) pour financer des projets « d’intérêt métropolitains » à l’échelle de l’aire métropolitaine de Luxembourg incluant la réduction des fragmentations et des ségrégations territoriales, avec une clef de répartition équitable au regard des déséquilibres aujourd’hui constatés (cf. le Grand Genève).

 

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Au cœur de l’Europe, une Grande Région à conforter

Plus de 11,5 millions de citoyens, soit 2,3 % de la population de l’Union Européenne, vivent dans la « Grande Région », cet espace situé au cœur de l’Europe qui s’étend sur plus de 65 000 km2 de la Wallonie à la Rhénanie-Palatinat en passant par la Sarre, la Lorraine et le Grand-Duché de Luxembourg.

Après 1945, la France et l’Allemagne ont décidé d’ancrer à leurs frontières les principes de la reconstruction économique et de la réconciliation politique. Cette évolution a favorisé le développement de la coopération transfrontalière sur laquelle l’Union Européenne s’est ensuite appuyée pour promouvoir l’effacement des frontières.

Ainsi, au fil du temps, et surtout depuis la fin des années soixante, , des relations fortes – bilatérales puis multilatérales dans un premier espace « Sar-Lor-Lux » – se sont créées à l’échelle de la Grande Région (GR).Des réseaux d’acteurs se sont organisés et une culture commune a progressivement émergé. Cet espace a été conforté par la suppression des frontières instituée par l’accord de Schengen en 1985.

Un espace structuré

La gouvernance de cet espace s’est progressivement structurée autour de trois piliers, à partir des années 80, avec la création :

  • en 1986, du Conseil parlementaire interrégional (CPI) consultatif réunissant des élus de chaque versant ;
  • en 1995, du Sommet des exécutifs de la Grande Région, réunissant régulièrement les responsables politiques au plus haut niveau des régions partenaires, complété en 2008 par des conférences ministérielles sectorielles et des groupes de travail thématiques ;
  • en 1997, du Comité économique et social de la Grande Région (CESGR) rassemblant les acteurs de la société civile.

Parallèlement à ces instances, des outils ont peu à peu été institués afin d’intensifier la coopération transfrontalière :

  • en 1999, le bureau commun Luxembourg-Rhénanie-Palatinat-Sarre (Maison de la Grande Région) au Grand-Duché de Luxembourg ;
  • en 2014, le GECT Secrétariat commun du Sommet, pour répondre à la constante intensification de la coopération institutionnelle, à la nécessité d’assurer un suivi entre les présidences du Sommet et d’apporter un soutien administratif quotidien aux travaux du Sommet ; il est hébergé dans les locaux de Maison de la Grande Région inaugurée à Esch-sur-Alzette en 2015 ;
  • et l’Observatoire Interrégional de l’Emploi (OIE), le CRD-Eures, la Task Force Frontaliers, le Système d’information géographique (SIG) Grande Région, le Portail statistique de la Grande Région, etc.

Dans le même temps, des réseaux se sont structurés dans de nombreux domaines : Conseil Interrégional des Chambres des Métiers (CICM), Université de la Grande Région (UniGR), Espace culturel de la Grande Région, réseaux de villes (Tonicités, Quattropole), Luxlorsan, etc.

Enfin, des coopérations de proximité ont été institutionnalisées afin de favoriser les rencontres citoyennes (Groupement Européen des Ardennes et de l’Eifel) ou le développement d’agglomérations transfrontalières (Eurodistrict SaarMoselle, GECT Alzette Belval).

Depuis 1990, les cinq générations de programmes européens Interreg A qui se sont succédé ont permis de soutenir des projets de développement régional intégré – c’est-à-dire un développement économique, social et territorial harmonieux – entre les versants de la Grande Région.

L’ambition des promoteurs de la Grande Région consistait à construire un espace de coopération au cœur de l’Europe, une « petite Europe au quotidien ».

Printemps 2020, un édifice ébranlé mais…

L’irruption brutale de la Covid-19 a secoué durement cet édifice construit au fil du temps. Très rapidement, les frontières se sont fermées sous la pression des Etats, bien loin de l’esprit de Schengen qui avait permis de faire de la Grande Région un espace ouvert. La mobilisation des Exécutifs du Sommet de la Grande Région est apparue pour le moins assez tardive.

Cependant, des actions de coopération ont été maintenues grâce aux réseaux existants des administrations des différents versants et des structures transfrontalières. Elles ont permis de répondre, en particulier, aux interrogations des travailleurs frontaliers et de leurs employeurs, mais aussi des étudiants et des apprentis. Et plus prioritairement encore, dans le domaine de la santé, l’accueil de malades français par le Luxembourg, la Sarre et la Rhénanie-Palatinat a constitué un geste fort et visible.

Par ailleurs, de nombreux acteurs politiques – notamment des maires frontaliers – et  des citoyens des différents versants se sont également exprimés dans les médias (cf. La Lettre de l’IGR Spécial frontières Avril-Mai 2020).

Ces réactions, positives, issues du monde politique et aussi de la société civile sont porteuses d’espoir. Elles peuvent servir de base à la construction d’une Grande Région (GR) plus solide, plus cohérente, plus intégrée et plus efficace. Cela suppose toutefois de dépasser les bonnes intentions pour analyser en profondeur ce qui a dysfonctionné et d’examiner plus précisément les conditions de la réussite.

Des dysfonctionnements 

L’efficacité des coopérations transfrontalières, notamment dans la GR, dépend de la mise en place et/ou de l’articulation d’instances et d’outils qui se situent à différents niveaux et qui sont amenés à interagir. Examinons-les et portons un regard sur ce qui a dysfonctionné à chaque niveau.

Au niveau européen

L’Union Européenne ne dispose, dans le domaine sanitaire, que d’une compétence d’appui et ne peut donc au mieux que tenter de coordonner l’action des Etats membres sous forme de recommandations.

Dès lors, face à une menace pourtant transnationale, l’Europe a donné le sentiment aux citoyens d’un manque d’anticipation, de coordination et de protection dans un contexte marqué par des conflits autour de recherche de masques, d’appels à l’aide restés lettre morte dans un premier temps, de rétention de matériel, de stratégies de confinement différentes et de fermetures unilatérales de frontières. Autant d’entailles faites au pacte européen qui nous lie et aux valeurs qui en sont le socle.

Au niveau de chaque Etat

La très faible prise en compte de la spécificité des régions transfrontalières par la plupart des États est apparue très clairement. L’absence d’approche concertée entre les Etats concernés sur les problématiques des régions transfrontalières a accentué ce phénomène. 

Au niveau de chaque région frontalière

Les mobilisations dans chaque versant ont été très souvent dispersées. En France, dans le Grand Est, l’action du Conseil régional a voisiné avec des expressions départementales et un relatif silence des métropoles. En Allemagne, la concertation a été faible entre la Sarre et la Rhénanie-Palatinat, avec parfois des prises de décisions assez divergentes.

Au niveau de la Grande Région

La mobilisation du Sommet des Exécutifs de la Grande Région a été très tardive – première réunion plénière le 28 avril – et peu opérationnelle, au-delà de l’affirmation d’une volonté commune visant à éviter toute forme de repli.

Le CESGR a réagi le 13 mai par le biais d’une lettre ouverte à la Présidence sarroise du Sommet des Exécutifs, et le CPI a adopté une résolution le 5 juin dernier.

Force est de constater que jusqu’alors, les relations sont restées plutôt bilatérales : tribune conjointe dans la presse de Stephan Toscani et Patrick Weiten, déclaration médiatique commune de Jean Rottner et Tobias Hans en avril, tenue de l’Assemblée parlementaire franco-allemande en mai.

Clarifier pour avancer

L’efficacité de l’action publique dans l’espace transfrontalier grand régional dépend de la volonté des responsables politiques et des administrations publiques, mais aussi de l’implication des acteurs économiques, sociaux, associatifs et culturels.

Malgré des imperfections, ces conditions sont plutôt réunies dans la GR. Mais cette efficacité dépend aussi d’une clarification de l’action menée par chacun aux différents niveaux de coopération. Il faut donc faire un travail de clarification niveau par niveau.

Prendre la mesure du fait transfrontalier au niveau de chaque Etat central

 On l’a déjà noté, la crise a clairement mis en évidence l’absence d’une véritable prise en compte de la spécificité des régions transfrontalières par la plupart des États, même ceux qui sont organisés de manière très décentralisée.

Il convient dès lors de renforcer dans chaque Etat le pilotage stratégique du fait frontalier et faciliter la coordination des acteurs du niveau central avec ceux du niveau régional. Cela suppose d’imaginer une fonction interface entre le central et le local.

Dans ce cadre, conforter la déconcentration de la diplomatie de proximité apparaît une nécessité : par exemple en nommant dans chaque versant une personnalité désignée par le pouvoir central susceptible de créer du lien avec les responsables locaux. En France, il pourrait s’agir d’un délégué interministériel.

Imaginer des instances de coopération partagée  

Le traité d’Aix-la-Chapelle constitue un réel progrès dont il est possible de s’inspirer car il crée des instances de coopération partagée entre les pouvoirs locaux et les représentants des Etats à l’échelle de la Grande Région. Cette disposition pourrait entre étendue à d’autres, vers d’autres versants, à travers deux initiatives :

  • d’une part, la création d’un comité de coopération transfrontalière à l’échelle de la Grande Région qui pourrait élargir l’instance du Sommet des Exécutifs à des députés de chaque Etat issus de chaque versant ;
  • d’autre part, la modification du CPI pour aller vers une assemblée parlementaire représentative des deux niveaux tant central que régional. 

Clarifier l’ambition transfrontalière dans chaque versant 

L’action transfrontalière de la GRT s’organise d’abord dans chacune de ses composantes. Il est essentiel que le portage politique par les acteurs concernés dans chaque versant soit plus cohérent, plus lisible et plus efficace. En veillant à mieux articuler les différentes échelles de relations et coopérations locales et transfrontalière, dans une gouvernance plus participative. Mettre en place au niveau de chaque versant de la Grande Région une instance de liaison et de coordination entre les acteurs du territoire pourrait alors être utile.

 

Renforcer la Grande Région

L’idée est largement développée dans les lignes qui précèdent, la Grande Région, située à la convergence entre les autres niveaux de coopération, est un vecteur essentiel du développement des territoires de cet espace. La crise qui l’a frappée peut et doit être l’occasion d’un approfondissement de sa construction pour une meilleure efficacité.

 Plusieurs pistes de travail méritent d’être creusées

La Grande Région s’appuie sur trois instances institutionnelles qui mènent des travaux intéressants mais dont les réflexions mériteraient d’être davantage coordonnées et valorisées.

Il appartient au Sommet des Exécutifs de la Grande Région d’organiser des coordinations plus régulières entre le Sommet, le CPI et le CESGR tout en s’appuyant sur les organismes d’observation du territoire (Task Force Transfrontalière, IBA/OIE, centre de recherches sur les frontières de l’UniGR, etc.) .

Malgré les efforts de chacun, la vision stratégique du Sommet est trop peu visible et trop peu lisible pour les citoyens alors qu’un Schéma de Développement Territorial de la Grande Région est en cours de finalisation, après une large concertation des réseaux transfrontaliers et des acteurs des différents versants. Il a été présenté en janvier 2020 aux ministres de l’Aménagement du territoire de chaque versant et doit être validé à l’occasion du Sommet des Exécutifs de la Grande Région le 18 juin.

Cela suppose l’affirmation d’une stratégie grand régionale à travers une communication forte. Cette stratégie doit intégrer la dimension sanitaire, à travers :

  • la mise en place d’un observatoire sanitaire qui fédère et articule les données et les connaissances ;
  • le développement de capacités industrielles pour la production d’équipements médicaux ;
  • le développement de solutions cliniques et scientifiques pour prévenir et maîtriser les risques épidémiologiques et sanitaires futurs à l’échelle de la Grande Région.

Elle doit également promouvoir fortement le Schéma Régional de Développement Territorial de la Grande Région enrichi des leçons tirées de la crise sanitaire afin de mieux prendre en compte encore les nouveaux enjeux liés à un nouveau type de développement.

Les thématiques de la digitalisation, de la valeur ajoutée sociale, de la mobilité, de la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de l’environnement méritent d’être particulièrement mises en avant.

Les moyens pour renforcer le fait « grand régional » doivent également être mis en avant dans cette stratégie, car ils sont porteurs de mobilisation collective et d’une forte visibilité. Il s’agit notamment de :

  • la participation des citoyens; 
  • la culture;
  • le tourisme et la promotion de la Grande Région.

Enfin, il apparaît urgent de prendre l’initiative d’une réflexion sur le télétravail visant à dépasser les conventions bilatérales existantes par un conventionnement à l’échelle de la Grande Région, dans un esprit d’équité au regard des dimensions de fiscalité, de cotisations sociales, de compétitivité des entreprises, de captation de la main-d’œuvre et de développement des territoires. Cette réflexion devra associer l’ensemble des parties prenantes : Etats, employeurs, salariés, territoires.

 

Gouvernance et communication

La mise en œuvre d’une stratégie « grand régionale » doit s’appuyer sur une gouvernance plus efficace. La question de l’organisation politique de la Grande Région ne peut pas être éludée.

À l’évidence, le système de rotation biennale, de la présidence du Sommet des Exécutifs de la Grande Région présente de réelles limites malgré la qualité des responsables politiques de chaque versant. Cette modalité rend difficile toute identification de celui ou de celle qui préside ainsi pour une durée limitée aux destinées de la Grande Région.

Tout en évitant d’entrer dans un processus complexe de réorganisation, il faut examiner les conditions permettant à la fois une plus grande continuité et une meilleure réactivité de la gouvernance :

  • en confortant le principe de la « troïka » associant, pour les décisions importantes, la Présidence en cours, la Présidence précédente et la Présidence à venir ;
  • en imaginant une configuration réduite de type G5 (cinq régions) activée en cas de crise.

Dans ce cadre, une communication plus affirmée apparaît nécessaire. Celle-ci doit s’appuyer encore davantage sur le site web de la Grande Région et mettre encore plus en évidence les projets et actions menés pour améliorer la vie des habitants.

Une partie de ces projets et actions sont soutenus dans le cadre du programme Interreg qui gagnerait aussi à les valoriser davantage.

Enfin, on ne peut toujours pas nommer la Grande Région. Cette absence de nom générique n’est pas un détail car il obère bien évidemment son identification par les citoyens. Sans entrer dans une démarche trop complexe, la prochaine Présidence du Sommet pourrait engager une démarche largement participative pour attribuer un nom générique la Grande Région.

L’Union Européenne à la croisée des chemins

Toutes les observations et les propositions qui précèdent s’inscrivent assurément dans un cadre plus vaste : celui de l’Union Européenne. Parce qu’il regroupe des Européens convaincus, l’Institut de la Grande Région formule un certain nombre d’observations – voire des recommandations – susceptibles de relancer l’Union et de lui redonner un nouveau souffle.

Parmi elles :

  • le renforcement de l’intégration politique, sociale et économique de l’UE afin de conforter l’anticipation et la coordination entre les États ;
  • cela suppose notamment de lancer une réflexion sur une augmentation du budget de l’UE, avec en premier lieu un transfert limité et progressif des recettes entre les États membres et l’Union sous la houlette d’institutions européennes démocratiques;
  • la création au sein du Parlement européen d’une instance dédiée à la coopération dans les domaines de la santé et de la solidarité, en priorisant les régions transfrontalières : recommandations en matière de gouvernance sanitaire – refonte et coordination des agences européennes –, de coopération transfrontalière – transferts de patients, circulation de matériel médical –, de relocalisation de la production des biens médicaux essentiels et de leurs achats groupés – équipements de protection, dispositifs médicaux, principes actifs, médicaments ; cette instance pourrait également promouvoir la recherche commune et la coordination pour le développement de nouveaux traitements ou vaccins;
  • plus globalement, cette instance pourrait être le prélude à une compétence sanitaire exercée par l’UE qui pourrait être expérimentée à l’échelle de la Grande Région.

 

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Im Herzen Europas: eine Großregion, die es zu stärken gilt

Mehr als 11,5 Millionen Bürger, also 2,3 % der Bevölkerung der Europäischen Union, leben in der « Großregion », dem Raum im Herzen Europas, der sich über mehr als 65.000 km2 von Wallonien nach Rheinland-Pfalz, zum Saarland, nach Lothringen und zum Großherzogtum Luxemburg erstreckt.

Der Umstand, dass Frankreich und Deutschland nach 1945 beschlossen, an ihren Grenzen die Grundsätze des wirtschaftlichen Wiederaufbaus und der politischen Versöhnung zu verankern, begünstigte die Entwicklung einer grenzüberschreitenden Zusammenarbeit, auf die sich später die Europäische Union stützte, um die Abschaffung der Grenzen zu voranzutreiben.

So sind im Laufe der Zeit und insbesondere seit Ende der sechziger Jahre auf der Ebene unseres großen regionalen Territoriums starke Beziehungen – zunächst bilateraler, dann multilateraler Art in einer ersten Region « Saar-Lor-Lux » – geschaffen und Netzwerke aufgebaut worden; nach und nach entstand eine gemeinsame Kultur. Dieser Raum ist durch die vom Schengener Abkommen 1985 eingeführte Abschaffung der Grenzen gefestigt worden.

 

Ein strukturierter Raum

Das Regierungs- und Verwaltungssystem dieses Raums wurde ab den 80er Jahren Schritt für Schritt um drei Säulen herum strukturiert. Dazu wurden folgende Gremien geschaffen:

 

  • 1986 der konsultative Interregionale Parlamentarierrat (IPR), in dem gewählte Vertreter jeder Teilregion zusammenkommen;
  • 1995 das Gipfeltreffen der Regierungschefs der Großregion, auf dem die politisch Verantwortlichen der Partnerregionen regelmäßig auf höchster Ebenen zusammentreffen, seit 2008 ergänzt durch sektorale Ministerkonferenzen und thematische Arbeitsgruppen;
  • 1997 der Wirtschafts- und Sozialausschuss der Großregion (WSAGR), der Akteure der Zivilgesellschaft zusammenbringt.

Parallel zu diesen Gremien wurden schrittweise Instrumente eingeführt, um die grenzüberschreitende Zusammenarbeit zu intensivieren:

  • 1999 das gemeinsame Büro Luxemburg-Rheinland-Pfalz-Saarland (Haus der Großregion) im Großherzogtum Luxemburg;
  • 2014 die Schaffung des gemeinsamen EVTZ-Sekretariats des Gipfeltreffens als Antwort auf die ständige Intensivierung der institutionellen Zusammenarbeit und die Notwendigkeit, die Kontinuität zwischen den Präsidentschaften des Gipfels sicherzustellen und die Arbeit des Gipfels täglich administrativ zu unterstützen; es ist in den Räumlichkeiten des 2015 in Esch-sur-Alzette eingeweihten Hauses der Großregion untergebracht;
  • sowie: das Interregionale Beschäftigungsobservatorium (IBO), das CRD-Eures, die Task Force Grenzgänger, das Geografische Informationssystem der Großregion (GIS), das Statistikportal der Großregion usw.

Zur gleichen Zeit wurden Netzwerke in vielen Bereichen strukturiert: der Interregionale Rat der Handwerkskammern (IRH), die Universität der Großregion (UniGR), der Kulturraum der Großregion, Städtenetzwerke (Tonicities, Quattropole), Luxlorsan usw.

Ferner wurden nachbarschaftliche Kooperationen institutionalisiert, um Bürgertreffen (Europäische Vereinigung für Eifel und Ardennen) oder die Entwicklung grenzüberschreitender Großräume (Eurodistrict SaarMoselle, EVTZ Alzette Belval) zu fördern.

Seit 1990 haben die sukzessiven fünf Generationen europäischer Interreg-A-Programme die Unterstützung von Projekten integrierter Regionalentwicklung – d.h. einer harmonischen wirtschaftlichen, sozialen und territorialen Entwicklung – zwischen den Teilregionen der Großregion ermöglicht.

Das Bestreben der Förderer der Großregion war es, im Herzen Europas einen Raum der Zusammenarbeit, ein « alltägliches kleines Europa » zu schaffen.

 

Frühjahr 2020, ein wankendes Gebäude aber…

Der brutale Ausbruch von Covid-19 hat dieses Gebäude im Zeitablauf stark erschüttert. Unter dem Druck der Staaten wurden sehr schnell die Grenzen geschlossen; dies war weit entfernt vom Geist von Schengen, der es möglich gemacht hatte, die Großregion zu einem offenen Raum zu machen. Die Mobilisierung der Regierungschefs für das Gipfeltreffen der Großregion erfolgte – gelinde gesagt – ziemlich spät.

Dennoch wurden dank der bestehenden Netzwerke der Verwaltungen der verschiedenen Teilregionen und der reaktiven grenzüberschreitenden Strukturen Maßnahmen getroffen, insbesondere die Befragung der Grenzgänger und ihrer Arbeitgeber, aber auch von Studenten und Auszubildenden. Und dies war noch vordringlicher im Gesundheitsbereich, in dem die Aufnahme Erkrankter aus Frankreich durch Luxemburg, das Saarland und Rheinland-Pfalz eine starke und sichtbare Geste darstellte.

Darüber hinaus haben sich viele politische Akteure – insbesondere Bürgermeister der Grenzgemeinden – und auch Bürger der verschiedenen Teilregionen in den Medien geäußert (vgl. Brief IGR Spécial frontières April/Mai 2020).

Diese positiven Reaktionen aus Politik und Gesellschaft machen Hoffnung. Sie können als Grundlage für die Schaffung einer stärkeren, kohärenteren, besser integrierten und effizienteren Großregion (GR) dienen. Dies erfordert jedoch, über gute Absichten hinauszugehen und eingehend zu analysieren, was nicht funktioniert hat, sowie die Erfolgsbedingungen genauer zu untersuchen.

 

Fehlfunktionen

Die Wirksamkeit der grenzüberschreitenden Zusammenarbeit, insbesondere in der GR, hängt von der Einsetzung und/oder der Artikulation von Instanzen und Instrumenten ab, die sich auf verschiedenen Ebenen befinden und zur Interaktion gebracht werden. Schauen wir sie uns an und werfen wir einen Blick darauf, was auf der jeweiligen Ebene nicht funktioniert hat.

Auf europäischer Ebene

Die Europäische Union verfügt im Gesundheitsbereich lediglich über eine unterstützende Zuständigkeit und kann daher allenfalls versuchen, das Vorgehen der Mitgliedstaaten in Form von Empfehlungen zu koordinieren.

Europa hat angesichts einer grenzüberschreitenden Bedrohung den Bürgern deswegen den Eindruck eines Mangels an Voraussicht, Koordination und Schutz vermittelt, in einem Kontext, der von Auseinandersetzungen auf der Suche nach Masken, Hilfsersuchen, die in der ersten Zeit auf taube Ohren stießen, Zurückhaltung von Material, unterschiedlichen Ausgangsbeschränkungen und einseitigen Grenzschließungen gekennzeichnet war. So viele Verstöße gegen das europäische Vertragswerk, das uns miteinander verbindet, und gegen die Werte, die ihm zugrunde liegen.

Auf der Ebene des einzelnen Staates

Die sehr geringe Berücksichtigung der Besonderheit grenzüberschreitender Regionen seitens der meisten Staaten ist dabei überaus deutlich geworden. Das Fehlen eines konzertierten Ansatzes zwischen den betroffenen Staaten hinsichtlich der Probleme grenzüberschreitender Regionen hat dieses Phänomen verstärkt.

Auf der Ebene der jeweiligen Grenzregion

Die Mobilisierungen in der jeweiligen Teilregion waren sehr oft unkoordiniert. Im Großen Osten Frankreichs standen die Aktionen des Regionalrats neben Äußerungen der Departements und einem relativen Schweigen der Großstädte. In Deutschland gab es kaum Abstimmung zwischen dem Saarland und Rheinland-Pfalz, was zu manchmal ziemlich voneinander abweichenden Entscheidungen führte.

Auf der Ebene der Großregion

Die Ausrichtung des Gipfeltreffens der Regierungschefs der Großregion erfolgte sehr spät – die erste Plenarsitzung fand am 28. April statt – und brachte kaum operative Ergebnisse, von der Bekräftigung des gemeinsamen Willens abgesehen, jeden Anschein von Passivität zu vermeiden.

Der WSAGR reagierte am 13. Mai mit einem offenen Brief an die saarländische Präsidentschaft des Gipfels und der IPR verabschiedete am 5. Juni eine Entschließung.

Es ist darauf hinzuweisen, dass die Beziehungen bis dahin eher bilateralen Charakter hatten: ein gemeinsames Presseforum von Stephan Toscani und Patrick Weiten, eine gemeinsame Presseerklärung von Jean Rottner und Tobias Hans im April, die Abhaltung der Deutsch-Französischen Parlamentarischen Versammlung im Mai.

 

Abklären um fortzuschreiten  

Die Wirksamkeit öffentlichen Handelns im grenzüberschreitenden Raum der Großregion hängt vom Willen der politisch Verantwortlichen und der öffentlichen Verwaltungen ab, aber auch von der Einbeziehung wirtschaftlicher, sozialer, kultureller Akteure sowie der Vertreter von Verbänden ab.

Trotz Unvollkommenheiten sind diese Bedingungen in der GGR im Wesentlichen erfüllt. Diese Wirksamkeit hängt jedoch auch von einer Abklärung der Maßnahmen ab, die jeweils auf den verschiedenen Ebenen der Zusammenarbeit durchgeführt werden. Diese Abklärung muss daher auf jeder Ebene erfolgen.

Der Tatsache der grenzüberschreitenden Region auf der Ebene des jeweiligen Zentralstaats Rechnung tragen

Wie wir bereits festgestellt haben, hat die Krise deutlich gemacht, dass die meisten Staaten, selbst diejenigen, die sehr dezentral organisiert sind, die Besonderheiten der grenzüberschreitenden Regionen nicht wirklich berücksichtigen.

Es ist deshalb angebracht, im jeweiligen Staat die strategische Steuerung der grenzüberschreitender Handlungsmöglichkeiten zu verstärken und die Koordination der Akteure der zentralen Ebene mit denen der regionalen Ebene zu erleichtern. Dies erfordert die Einrichtung einer Schnittstellenfunktion zwischen dem Zentralen und Lokalen.

In diesem Zusammenhang scheint es eine Notwendigkeit zu sein, die Dekonzentration derNachbarschaftsdiplomatie zu verstärken: zum Beispiel könnte in jeder Teilregion eine vom Zentralstaat bestimmte Persönlichkeit ernannt werden, die eine Verbindung mit den Verantwortlichen vor Ort herstellen konnte. In Frankreich könnte dies ein interministerieller Delegierter sein.

Beispiele von Instanzen gemeinsamer Zusammenarbeit ausdenken

Der Vertrag von Aachen stellt einen echten Fortschritt dar, der als Inspiration dienen kann, da er Instanzen gemeinsamer Zusammenarbeit zwischen lokalen Behörden und Vertretern der Staaten auf der Ebene der Großregion schafft. Diese Bestimmung könnte mittels zweier Initiativen auf andere Teilregionen ausgedehnt werden:

  • einerseits die Schaffung eines Ausschusses für grenzüberschreitende Zusammenarbeit auf der Ebene der Großregion die den Gipfel der Exekutivorgane der Großregion auf Abgeordnete jedes Staates von beiden Seiten des Berges ausdehnen könnte ;
  • andererseits die Transformation des IPR in eine für beide Ebenen repräsentative parlamentarische Versammlung die sowohl die zentrale als auch die regionale Ebene vertritt.

 

Abklärung der grenzüberschreitenden Ambitionen in jeder Teilregion

Die grenzüberschreitenden Aktionen der GRR erfolgen in erster Linie in jeder ihrer Teilregionen. Es ist dabei wesentlich, dass die politische Unterstützung durch die zuständigen Akteure in der jeweiligen Teilregion kohärenter, deutlicher und effizienter wird und eine bessere Artikulation der verschiedenen Ebenen von Beziehungen und grenzüberschreitender Zusammenarbeit in einem stärker partizipatorisch ausgerichteten Regierungs- und Verwaltungssystem sichergestellt wird. Die Einrichtung einer Verbindungs- und Koordinierungsstelle zwischen den Akteuren vor Ort auf der Ebene der Teilregionen der Großregion könnte dann nützlich sein.

Die Großregion stärken  

Der Gedanke ist bereits weiter oben breit entwickelt worden: Die Großregion, die sich in der Konvergenz zwischen den anderen Ebenen der Zusammenarbeit befindet, ist ein wesentlicher Treiber der Entwicklung der Gebiete in diesem Raum. Die Krise, von der sie getroffen wurde, kann und muss Anlass für eine Vertiefung ihres Ausbaus für mehr Effizienz sein.

Es lohnt sich, mehrere Vorgehensweisen zu erkunden

Die Großregion stützt sich auf drei institutionelle Instanzen, die interessante Arbeiten durchführen, deren Erörterungen jedoch eine stärkere Koordinierung und Beachtung verdienen.

Es liegt in der Zuständigkeit des Gipfels der Regierungschefs, eine regelmäßigere Koordinierung zwischen dem Gipfeltreffen, dem IPR und dem WSAGR in die Wege zu leiten (unter Rückgriff auf die Beobachtungsorgane des Territoriums (Grenzüberschreitende Task Force, IBA/OIE, Grenzforschungszentrum UniGR, usw.).

Trotz der Bemühungen aller Seiten ist die strategische Vision des Gipfels für die Bürger zu wenig sichtbar und deutlich, obwohl ein Raumentwicklungskonzept der Großregion nach einer umfassenden Abstimmung mit den grenzüberschreitenden Netzwerken und Akteuren der verschiedenen Teilregionen fast fertiggestellt ist. Es wurde im Januar 2020 den Ministern für Regionalplanung der Teilregionen vorgelegt und soll anlässlich des Gipfeltreffens der Regierungschefs der Großregion am 18. Juni verabschiedet werden.

Dies setzt die Bekräftigung einer großen regionalen Strategie durch starke Kommunikation voraus. Diese Strategie muss die Dimension der Gesundheit integrieren durch:

  • die Einrichtung eines Gesundheitsobservatoriums, das Daten und Wissen zusammenfasst und artikuliert;
  • die Entwicklung industrieller Kapazitäten zur Herstellung medizinischer Ausrüstung;
  • die Entwicklung klinischer und wissenschaftlicher Lösungen zur Verhinderung und Beherrschung künftiger epidemiologischen und gesundheitlichen Risiken auf der Ebene der Großregion.

Sie muss gleichermaßen nachdrücklich das um die Schlussfolgerungen aus der Gesundheitskrise erweiterte Raumentwicklungskonzept der Großregion fördern, um den mit einem neuen Typ von Entwicklung verbundenen neuen Herausforderungen besser Rechnung tragen zu können.

Dabei sollten auch die Themen Digitalisierung, sozialer Mehrwert, Mobilität, Kampf gegen die globale Erwärmung und Erhaltung der Umwelt besonders in den Vordergrund gestellt werden.

Die Mittel zur Stärkung der Handlungsmöglichkeiten der Großregion sollten in dieser Strategie ebenfalls hervorgehoben werden, da sie kollektive Mobilisierung und hohe Sichtbarkeit schaffen. Dazu zählen vor allem:

  • die Beteiligung der Bürger;
  • die Kultur;
  • der Tourismus und die Werbung für die Großregion.

 Schließlich erscheint es dringend erforderlich, eine Debatte zur Telearbeit zu initiieren, die das Ziel hat, durch ein Abkommen auf der Ebene der Großregion über bestehende bilaterale Übereinkommen hinauszugehen, im Geist der Billigkeit hinsichtlich von steuerlichen Aspekten, Sozialbeiträgen, der Wettbewerbsfähigkeit von Unternehmen, der Rekrutierung von Arbeitskräften und der territorialen Entwicklung. Diese Überlegungen sollte die Gesamtheit der Akteure einbeziehen: Staaten, Arbeitgeber, Arbeitnehmer, Regionen.

Regierungs-/Verwaltungssystem und Kommunikation

Die Umsetzung einer « großen regionalen » Strategie muss sich auf ein effizienteres Regierungs-/Verwaltungssystem stützen. Der Frage der politischen Organisation der Großregion kann nicht ausgewichen werden.

Das zweijährige Rotationssystem der Präsidentschaft des Gipfels der Regierungschefs der Großregion stößt trotz der Qualität der politisch Verantwortlichen der Teilregionen an unübersehbare Grenzen. Dieser Umstand erschwert die Identifizierung mit der Person, die für eine begrenzte Zeit über die Geschicke der Großregion präsidiert.

Obwohl vermieden werden sollte, einen komplexen Reorganisationsprozess zu beginnen, müssen die Bedingungen untersucht werden, die sowohl eine größere Kontinuität als auch eine bessere Reaktionsfähigkeit des Regierungs-/Verwaltungssystems ermöglichen:

  • durch Stärkung des « Troika »-Prinzips, das bei wichtigen Entscheidungen zur Zusammenarbeit der derzeitigen Präsidentschaft, der vorherigen Präsidentschaft und der künftigen Präsidentschaft führt;
  • durch Einrichtung eines kleinen Steuerungsgremiums vom Typ G5 (fünf Regionen), das im Krisenfall aktiviert wird.

In diesem Zusammenhang scheint eine aktivere Kommunikation notwendig. Diese muss sich noch stärker auf die Website der Großregion stützen und die Projekte und Maßnahmen zur Verbesserung des Lebens ihrer Bewohner stärker hervorheben.

Ein Teil dieser Projekte und Maßnahmen wird im Rahmen des Interreg-Programms unterstützt, das ebenso von einer stärkeren Herausstellung profitieren würde.

Des Weiteren gibt es noch immer keinen Namen für die Großregion. Dieses Fehlen eines generischen Namens ist kein Detail, da es dadurch den Bürgern ganz offensichtlich schwerfällt, sich mit ihr zu identifizieren. Ohne ein übermäßig komplexes Verfahren zu beginnen, könnte die nächste Gipfelpräsidentschaft einen weitgehend partizipatorischen Prozess einleiten, um einen generischen Namen für die Großregion zu finden.

 

Die Europäische Union am Scheideweg

Alle vorstehend gemachten Bemerkungen und Vorschläge gehören sicherlich in einen größeren Rahmen: den der Europäischen Union. Als Vereinigung überzeugter Europäer formuliert das Institut der Großregion eine Reihe von Bemerkungen – und auch Empfehlungen – , die die Union wiederbeleben und ihr neuen Schwung geben könnten.

Dazu gehören:

  • Stärkung der politischen, sozialen und wirtschaftlichen Integration der EU, um die Voraussicht und Koordinierung zwischen den Staaten zu stärken;
  • dies setzt vor allem voraus, über eine Erhöhung des EU-Haushalts, in erster Linie mit einem begrenzten und schrittweisen Transfer der Einnahmen zwischen den Mitgliedstaaten und der Union unter Führung der demokratischen europäischen Institutionen nachzudenken;
  • die Schaffung eines Gremiums im Europäischen Parlament, das der Zusammenarbeit in den Bereichen Gesundheit und Solidarität gewidmet ist, wobei die grenzüberschreitenden Regionen Priorität genießen : Empfehlungen im Bereich des staatlichen Gesundheitswesens – Umgestaltung und Koordinierung der europäischen Agenturen –, der grenzüberschreitenden Zusammenarbeit – Transfer von Patienten, Umlauf medizinischen Materials –, Verlagerung der Produktion wichtiger medizinischer Güter und deren gemeinsamer Einkauf – Schutzausrüstung, medizinische Geräte, Wirkstoffe, Arzneimittel; dieses Gremium könnte ebenso die gemeinsame Forschung und die Koordinierung zur Entwicklung neuer Therapien oder Impfstoffe fördern ;
  • allgemeiner betrachtet könnte dieses Gremium der Auftakt zu einer EU-Zuständigkeit für den Gesundheitsbereich sein, die auf der Ebene der Großregion erprobt werden könnte.

 

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Les Cahiers de la Grande Région : « Marché du travail transfrontalier : quelles équations à résoudre ? » (Mai 2020)

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La Lettre de l’IGR – Avril Mai 2020

Spécial frontières

 

EDITO

Roger Cayzelle

L’Europe et la Grande Région à la croisée des chemins

« Il y a quelques semaines à peine, la fermeture des frontières semblait une mauvaise réponse face à l’épidémie qui se profilait alors. Les grandes épidémies se sont en effet souvent développées par le passé sur la planète quel que soit le degré d’ouverture ou de fermeture de chaque pays. Se barricader n’aurait servi à rien.

La montée en puissance du coronavirus et l’aggravation de la situation ont toutefois amené les Européens à abandonner ce raisonnement et à fermer leurs frontières souvent assez brutalement.

Cette situation, qui devrait perdurer encore plusieurs semaines au moins, est en contradiction avec les accords de Schengen qui prévoient la libre circulation des personnes et des biens au sein d’un vaste territoire européen dépassant les frontières nationales. Au niveau de la Grande Région Transfrontalière, il n’est donc plus possible, pour l’instant, de circuler librement d’une région à l’autre à l’exception des travailleurs frontaliers qui n’ont pu, majoritairement, bénéficier du télétravail.

Ces décisions ont des conséquences fortes dans notre Grande Région que beaucoup ont voulu construire depuis tant d’années et qui s’appuient sur la volonté de forger un espace cohérent et intégré. Elles donnent l’impression d’un retour en arrière malgré plusieurs efforts de coopérations, notamment dans le domaine de la santé (accueil de malades français) et la mise en réseaux des administrations des différents versants et des structures transfrontalières pour répondre aux interrogations des travailleurs frontaliers et de leurs employeurs, mais aussi des étudiants et des apprentis*.

Des acteurs et des citoyens des différents versants se sont également exprimés dans les médias comme on pourra le découvrir dans cette Lettre de l’IGR.

Les fermetures de frontières ne sont sans doute que provisoires mais il est permis de s’interroger sur la nécessité de construire une véritable souveraineté européenne permettant au plus grand nombre d’être informé, de débattre, de décider, d’évaluer et de contrôler.

Pour l’heure, que penser de ce qui s’est passé ? Quelles ont été les réactions des uns et des autres ? Au-delà des aspects sanitaires de cette grave crise, comment rebondir en réfléchissant ensemble à l’avenir de l’Europe et de notre espace de coopération transfrontalière ? Comment la Grande Région peut-elle conforter la coopération en tirant les leçons des évènements, comme Tobias Hans et Jean Rottner viennent de l’appeler de leurs vœux dans une récente tribune publiée dans le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung ?  

Nous avons voulu publier des témoignages d’acteurs engagés de part et d’autre des frontières. Ils pourraient nous permettre de mieux comprendre ce qui s’est passé au niveau des politiques menées et, peut-être, de contribuer modestement et utilement au futur de la Grande Région. »

* https://www.frontaliers-grandest.eu/fr/actualites/coronavirus-frontaliers-f-a-q

http://www.granderegion.net/COVID-19

http://www.interreg-gr.eu/fr/information-covid-19/

 


 

NOS ADHÉRENTS TÉMOIGNENT

 

Les adhérents de l’IGR ont souhaité réagir à la fermeture des frontières dans l’Espace Schengen. Nous leur donnons ici la parole sur la base de déclaration écrites ou de propos retranscrits à l’occasion d’interviews réalisés sur la radio RCF Lorraine.

▶︎ Bruno Echterbille, Vice-président de l’IGR, premier échevin à Herbeumont (B) – (rédigé le 12 avril 2020)

« La pandémie a permis un miracle en Belgique : celui d’avoir un gouvernement fédéral, chose jugée impossible sans un retour aux urnes au début de l’année 2020, et avec pour la première fois, une première ministre : Sophie Wilmès. Il a été convenu entre les partenaires que ce gouvernement aura une durée de six mois, c’est-à-dire que sa validité court jusqu’au mois de septembre 2020.

En ce qui concerne le déconfinement progressif pour la Wallonie et la Belgique, l’échéance est fixée au 3 mai (31 août pour tous les événements de masse). Nous n’avons pas d’attestations pour nos déplacements à l’extérieur ni aucun périmètre à respecter, il y a tout de même des verbalisations pour non-respect de confinement.

Comme les trois autres composantes de la Grande Région, on a pu assister à une résurgence de l’état central avec une diminution de l’autonomie des autres niveaux de pouvoir. Mais les tensions sur la manière de gérer la crise sont palpables. Par exemple, le gouvernement fédéral voulait permettre à nouveau les visites dans les maisons de retraites. Décision jugée aberrante en ce pic de pandémie par de nombreux Belges ; la plupart des communes a décidé de ne pas suivre la recommandation en n’autorisant pas ces visites.

Les débats sur le déconfinement et la méthode à utiliser suscitent autant de polémiques qu’en France, mais on constate surtout le retour des états dans leur formule centralisée au détriment d’une Europe jugée comme impuissante dans l’histoire de cette pandémie et un travail transfrontalier limité à quelques cas.

Cette pandémie a mis de nombreux sujets politiques et économiques sous le tapis, mais le retour à la normale risque d’être particulièrement douloureux pour un état belge qui est chancelant, à la merci d’un nationalisme flamand en très grande forme électorale et des désastres socio-économiques qui vont se multiplier dans les prochains mois. »

 

▶︎ Franz-Peter Basten, Vice-président de l’IGRChristoph Grimm et Bernhard Karster,  Membres de l’IGR         (tribune parue dans le Trierischer Volksfreund le 6 avril 2020)

« L’Europe traverse sa plus grande crise depuis la Seconde Guerre mondiale. Les personnes déçues perçoivent un échec des institutions européennes. Les gouvernements nationaux sont confrontés à des défis majeurs, mais la solidarité européenne, la gestion des frontières intérieures et le traitement des zones à risque sont des tâches européennes.

Nous nous référons à l’Appel de Trèves de février 2017 et à l’appel aux élections européennes de mai 2019. Compte tenu des effets catastrophiques de l’épidémie de Corona, nous réitérons l’appel à la mise en place d’institutions capables d’agir et à la création de structures décisionnelles efficaces au niveau de la Grande Région.

La manière dont les gouvernements et les institutions nationales et régionales font face à l’épidémie est principalement orientée vers les frontières nationales et laisse l’impression fatale que l’Europe n’existe pas du tout dans cette crise – ni au niveau paneuropéen ni au niveau de la Grande Région.

Cela est d’autant plus décevant que l’une des idées fondatrices de l’Union européenne était de créer un instrument efficace pour les peuples d’Europe afin de lutter contre les menaces mondiales. Au contraire, ce sont précisément les citoyens qui vivent l’Europe de manière exemplaire et tout à fait pratique depuis des années dans les régions frontalières du Luxembourg, de la Belgique, de la France et de l’Allemagne qui sont confrontés à des contrôles frontaliers imposés unilatéralement. Toute personne en possession d’un « laissez-passer » est autorisée à entrer au Luxembourg et les Luxembourgeois qui n’ont pas de raison « valable » ne sont pas autorisés à entrer en Allemagne.

Jusqu’à présent, ces mesures ne sont pas vraiment justifiées par une politique de santé convaincante. En effet, le Luxembourg, ainsi que la France et la Belgique, ont pris des précautions contre la propagation du virus, dont certaines vont au-delà des mesures prises du côté allemand. Toutefois, peu importe que le déplacement inutile se fasse à l’intérieur d’un pays ou à travers une frontière intérieure européenne qui se trouve « par hasard » sur place. La seule chose qui aurait du sens serait des contrôles dans des domaines de risque.

Un concept de lutte transfrontalière contre les risques graves pour la santé humaine n’existe même pas au départ, bien que l’accord entre les gouvernements allemand, français, luxembourgeois et suisse du 23 janvier 1996 et le nouveau traité d’Aix-la-Chapelle offrent des solutions suffisantes pour une stratégie commune et des mesures pratiques permettant de faire face, comme c’est le cas actuellement, à des « situations majeures » mettant collectivement en danger la vie des personnes.

Nous nous félicitons de l’engagement bilatéral des Länder de Rhénanie-Palatinat et de Sarre et de l’assistance exemplaire entre les jumelages de villes et les hôpitaux concernés. Mais le Sommet des Exécutifs de la Grande Région est en train d’échouer presque complètement.

Nous appelons donc les gouvernements, les institutions et les autorités concernées : à supprimer les contrôles aux frontières sous leur forme actuelle dès que possible ou les adapter en tenant compte des aspects purement sanitaires, tels que la gestion des zones à risque ; à créer, mettre en commun et coordonner les compétences transfrontalières dans le secteur de la santé de la Grande Région afin de permettre des mesures coordonnées et efficaces pour lutter contre les menaces transfrontalières ; à doter la Grande Région de structures décisionnelles qui sont exercées conjointement par les sous-régions participantes. »

 

▶︎ Roger Briesch, Membre de l’IGR, ancien Président du Comité économique et social européen                                  (rédigé le 28 avril 2020)

« Il est clair que l’Europe est à la croisée des chemins. Mais pour retrouver de l’efficacité après cette période marquée, au moins dans un premier temps, par le repli de certains pays, il faut qu’elle se remette en ordre de bataille avec un rappel : c’est le conseil, c’est-à-dire les chefs d’états et de gouvernements qui décident et non les institutions, c’est-à-dire la Commission. Ce sont les états qui sont à la manœuvre. Le plus souvent, ils imposent leurs décisions.

Ainsi les premières propositions de la Commission sur le budget pourtant modeste, ont été retoquées par le Conseil. Le Conseil est seul maître du jeu, il s’évertue depuis des années à prendre des décisions et d’en faire porter le chapeau à la Commission. Si elle ne surmonte pas ces contradictions, la Communauté européenne peut être en grand danger comme l’a rappelé récemment Jacques Delors.

Ceci étant, depuis le début de la crise, après une première période d’atermoiements, les choses tendent lentement à s’améliorer. Covid-19 oblige, les chefs d’état et de gouvernement, c’est-à-dire le Conseil, ont dû s’adapter aux nouvelles exigences de la situation en prenant des décisions qui ont été marquantes et plus conformes à l’esprit de solidarité.

La pandémie a mis en évidence les aspects positifs de l’intervention de l’Europe mais aussi les graves lacunes apparues dans son fonctionnement. Après la crise, nous n’échapperons pas à une révision en profondeur des orientations et priorités de l’Union européenne. Une certitude : pour nous préparer à affronter d’autres catastrophes de ce type et pour préserver nos acquis sociaux, il nous faudra exister sur le plan géopolitique. Pour ce faire nous avons le devoir de mettre en œuvre les initiatives favorisant la consolidation d’une communauté rassemblée autour d’un projet plus intégré et plus inclusif, ainsi que des structures adaptées permettant de réagir aux évolutions stratégiques en cours et à venir. »

 

▶︎ Guy Keckhut, Responsable de la communication de l’IGR, dirigeant de #GuyKeckhut Communications.               (rédigé le 20 avril 2020)

« La pandémie qui nous submerge depuis quelques semaines ne facilite guère la tâche à nos gouvernants. Quelles que soient les décisions qu’ils sont amenés à prendre, celles-ci gérèrent – et quelquefois à juste titre – des critiques parfois trop vives. La fermeture de nos frontières en est une parfaite illustration.

Fallait-il fermer ces frontières ou considérer la Grande Région comme un espace particulier ? Cela supposerait des lieux de gouvernance affirmés, capables de décider et de faire mettre en œuvre les décisions. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Nous savons bien à quel point ces instances – au premier rang desquels le Sommet des Exécutifs de la Grande Région – ne disposent pas réellement de cette capacité à l’heure actuelle, du moins pas pour gérer des crises d’une telle ampleur.

Alors, regardons plutôt devant et formulons un vœu, et plutôt que de critiquer ce qui est fait, devenons réellement résilients. Faisons preuve d’intelligence collective et apprenons de cette situation sans précédents. Si nous tenons vraiment à la coopération transfrontalière, si notre Grande Région est un terrain de jeu qui nous semble utile pour le vivre ensemble, si notre amitié avec nos voisins est suffisamment forte, sachons alors tirer les enseignements, ensemble, de ce que nous sommes en train de vivre, des décisions que nous aurons parfois mal prises ou pas suffisamment prises, apprenons de toutes ces initiatives simples mais volontaristes à souhait qui ont révélé que les choses sont possibles si on y tient vraiment (n’est-ce pas Monsieur Hans ? N’est-ce pas Monsieur Rottner ?).

Bref, arrêtons de regarder derrière nous, mais sachons exprimer enfin avec courage ce que nous voulons vivre collectivement, et agissons. Moins de réunions, moins de photos symboles, moins de paroles, plus d’actes, plus d’initiatives collaboratives, plus de confiance donnée à toutes les personnes de terrain qui vivent le transfrontalier, qui font la Grande Région. Il paraît que le monde d’après sera différent… C’est possible, à condition qu’on le décide ! »

 

▶︎ Frédérique SeidelMembre de l’IGR, secrétaire générale de l’Uni.GR (enregistrée le 15 avril 2020)

« Quand on observe le scénario de la fermeture des frontières entre l’Allemagne et la France, on a l’impression que le Land de Sarre a subi une décision prise au niveau fédéral mais sans réagir dans un premier temps. Puis il a fallu attendre les premières réactions des maires des communes frontalières, mais aussi des entreprises qui défendaient les travailleurs frontaliers, et enfin de certaines personnalités politiques lorraines et sarroises pour faire bouger les choses. Et on se rend bien compte que la classe politique sarroise est elle-même très partagée sur la question.

Aujourd’hui, nous nous faisons systématiquement contrôler quand nous allons en Allemagne et nous avons besoin de quatre attestations pour revenir d’Allemagne en France. Pour des Européens convaincus comme nous, c’est assez choquant et même violent. On a le sentiment de faire un grand pas en arrière. On mesure d’autant plus la chance que nous avons en temps normal de pouvoir passer la frontière librement. 

Je trouve que la communication autour de la fermeture des frontières a été catastrophique. C’est comme si l’on découvrait le phénomène transfrontalier et toutes les conséquences sociales et culturelles qu’il implique pour nos régions : 17 000 travailleurs frontaliers, près d’un tiers d’origine allemande.

Nous travaillons actuellement sur la question des frontières au sein de l’Université de la Grande Région, avec deux constats. D’une part, le paradoxe entre la pandémie, qui est un phénomène mondial sans frontière, et les réponses nationales qu’on y apporte sans concertation, ou si peu. Ce qui renvoie à la question du rôle de la frontière : une cloison, mais une cloison poreuse et une cloison qui suscite beaucoup de fantasmes aujourd’hui. D’autre part : la crise actuelle met durement à l’épreuve la politique transfrontalière. Même si nous ressentons une volonté de coopérer de certains acteurs régionaux, ils sont eux-mêmes dépendants de décisions nationales qui les en empêchent. Cela pose la question de la gouvernance des régions frontalières. »

Pour écouter l’enregistrement complet, il vous suffit de cliquer sur ce lien.

Retrouvez aussi Frédérique Seidel dans ce reportage que lui a consacré la chaîne allemande ZDF dans son journal Heute, le 28 avril 2020.

 

▶︎ Hanspeter Georgi, Vice-président de l’IGR (rédigé le 20 avril 2020)

« Les fermetures de frontières ont été effectuées dans une perspective nationale. D’un point de vue européen, on ne peut que le regretter. En tant que citoyen, on aurait souhaité une stratégie commune pour la Grande Région, conformément au traité d’Aix-la-Chapelle. Après tout, le chapitre 4, avec les articles 13-16, fournit des bases suffisantes pour une action commune, au moins entre la France et l’Allemagne.

Des gestes de bonne volonté ont été faits, et je suis heureux de dire que les admissions d’urgence de patients français dans les hôpitaux sarrois reflètent l’esprit qui devrait maintenant inspirer les actions futures dans la Grande Région. Malheureusement, les difficultés pour les navetteurs, qui ont accompagné la fermeture des frontières, sont très fortes, malgré certains assouplissements ici ou là.

Mais il faut aussi tirer les leçons de toute crise. La première leçon devrait être la suivante : nous devons enfin créer des institutions dotées de compétences et de la capacité d’agir pour notre Grande Région européenne. Des propositions telles que l’élection directe du Conseil parlementaire interrégional ou l’élection d’un président de la Grande Région doté de pouvoirs peuvent être citées à titre d’exemple.

Le traité d’Aix-la-Chapelle et l’engagement commun de Jean Rottner et Tobias Hans devraient maintenant être des signaux pour tous ceux d’entre nous qui sont actifs dans le domaine de la politique, de l’administration, de l’économie, de la culture ou dans la société civile. C’est cela qui permettra une meilleure coopération à l’avenir dans la Grande Région. »

 

▶︎ Sabrina Sagramola, Responsable événementielle de l’IGR, responsable EEN à la Chambre de commerce Luxembourg

Pour écouter l’enregistrement réalisé le 28 avril 2020 sur l’action de la Chambre de commerce Luxembourg, il vous suffit de cliquer sur ce lien.

 

▶︎ Bruno Théret, Vice-président de l’IGR, vice-président du Comité économique et social de la Grande Région (rédigé le 28 avril 2020)

« Le Luxembourg bénéficie de l’apport d’une population étrangère extrêmement importante. Il y a plus de 70 % de résidents étrangers dans la capitale – 48 % au Grand-Duché de Luxembourg – auxquels il faut ajouter une grande partie des 105 000 travailleurs frontaliers ! Le Grand-Duché a besoin de travailleurs de la Grande Région dans beaucoup de secteurs, notamment au niveau des personnels de santé en cette période.

Mais le Luxembourg a aussi fait preuve de solidarité en accueillant les malades du Grand Est. Il faut saluer la qualité des échanges entre les exécutifs du Sommet de la Grande Région qui a permis l’accueil d’une bonne dizaine de patients au Luxembourg, l’envoi de matériel médical d’Allemagne en France, et de la liberté de circulation des biens et des travailleurs frontaliers défendue dès le début par le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, Jean Asselborn, et par Corinne Cahen, ministre à la Grande Région.

Pour entrer au Luxembourg, il faut une attestation de l’employeur. Les frontières ne sont pas fermées pour les frontaliers, mais il est clair que les restrictions actuelles sur la frontière luxembourgo-allemande à des points de contrôles précis mettent à rude épreuve l’idéal européen, surtout à Schengen ! Des bourgmestres des villes allemandes et luxembourgeoises ont d’ailleurs écrit aux ministres-présidents pour manifester leur désapprobation. Nous devons faire preuve de confiance entre voisins et dans la famille européenne !

Pour sortir du Luxembourg, il faut une « Attestation de déplacement international dérogatoire » et cocher la case « ressortissants de nationalité française » et remplir également en France l’« attestation de déplacement dérogatoire ». J’espère que cette situation exceptionnelle provoquera la réflexion. Il faut faire en sorte que cet espace exceptionnel qu’est la Grande Région soit un modèle de « vivre ensemble ». La crise actuelle peut donner une nouvelle impulsion à la coopération transfrontalière. Il faut s’appuyer sur les signes de solidarités qui se sont développés au cours de ces dernières semaines.

Mais la Grande Région pourrait aller plus loin pour faciliter la vie des douze millions de citoyens dans un même bassin de vie, en coordonnant davantage ses décisions, en levant les obstacles aux frontières, en s’appuyant sur les GECT (Groupement Européens de Coopération Transfrontalière) et le traité d’Aix-la-Chapelle, et en s’appropriant le droit à l’expérimentation. L’arsenal juridique existe, il faut simplement s’en emparer !

Osons créer une véritable plateforme de coopération et proposer un « plan de relance transfrontalier » de sortie de crise ! Dans le domaine du déconfinement, de l’économie, du télétravail, de projets de co-développement, de mobilité transfrontalière, de formation en alternance, d’intelligence collective, d’offre culturelle, sans oublier le développement durable.

Plus que jamais, la Grande Région doit se réapproprier son marché, développer son industrie, élargir l’Aide Médicale d’Urgence en Grande Région, créer un observatoire transfrontalier de santé…, et utiliser à bon escient les structures mises en place pour être plus efficace et faciliter la vie des citoyens et l’activité économique.

La Grande Région vit d’un savoir partagé, composée de citoyens conscients de leurs responsabilités. Sachons tirer les leçons de nos expériences en renforçant nos structures politiques en Grande Région et en développant davantage un véritable dialogue citoyen basé sur la confiance et la participation active. »

Pour écouter l’enregistrement, réalisé le 20 avril 2020, cliquez sur ce lien.

 

▶︎ Tristan AtmaniaResponsable du suivi des projets transversaux à l’IGR (rédigé le 29 avril 2020)

« La Grande Région est souvent critiquée pour son existence abstraite pour le citoyen, son manque de cohésion ainsi que sa faiblesse opérationnelle dans la planification et la mise en œuvre d’actions structurelles en faveur de l’attractivité et du rayonnement du territoire.

Même si la Grande Région ne se mobilise pas en tant que structure propre pendant la crise, force est de constater qu’elle est opérationnelle et qu’elle apporte une réponse, non seulement efficace, mais visible pour le citoyen. En effet, comment ne pas considérer l’efficacité de la Grande Région dans la crise, quand on sait qu’entre la Sarre et le Luxembourg, ce sont près de 200 patients issus de la Région Grand Est qui ont été accueillis dans les hôpitaux frontaliers, dénotant ainsi d’une véritable politique de solidaire sanitaire. Certains disent : « C’est ça l’Europe ? », ils devraient dire, « Merci la Grande Région ! ».

Les frontières rétablies, comme un rappel à une époque révolue, ont d’ailleurs été immédiatement contestées, tant par les habitants des territoires frontaliers que par les pouvoirs locaux et régionaux qui ont prôné l’intégration culturelle et économique de leurs bassins de vie communs. C’est ainsi que Tobias Hans, le ministre-président sarrois et Jean Rottner, le président de la Région Grand Est, se sont exprimés au travers d’une tribune commune dans le célébré FAZ pour réclamer plus de coopération et de synergie au cœur de la Grande Région en appuyant sur le fait que le territoire représente avec ses 220 000 travailleurs frontaliers, le plus gros marché du travail en Europe !

C’est bien connu, la crise est un accélérateur de décision. C’est sans attendre que la mobilisation des acteurs politiques et économiques de la Grande Région doit aboutir à des actions concrètes pour doter notre espace européen commun de nouveaux outils dans le domaine de la santé mais aussi de lever des barrières dans le secteur de l’économie et de l’emploi. La création d’un observatoire transfrontalier de la santé, sur le modèle de celui de l’emploi, dédié au recensement et à l’harmonisation des différents indicateurs des régions mais aussi à la favorisation d’une coopération sanitaire plus fluide, doit être une priorité.  

Enfin, alors que la crise pousse chacun d’entre nous à s’interroger sur notre impact écologique et donc sur notre mobilité, il est évident que les limites imposées jusqu’à présent sur le télétravail frontalier devront être très significativement rehaussées.

L’avenir de la Grande Région est devant nous, à condition que nous nous en saisissions. »

 

▶︎ Charles-Ferdinand NothombPrésident d’honneur de l’IGR (enregistré le 23 avril 2020)

« Je suis un Européen convaincu mais en tant qu’ancien ministre de l’Intérieur, je crois que pour des raisons de sécurité, il n’était pas totalement illogique de fermer les frontières un moment donné, même si nous vivons ensemble dans un mouchoir de poche européen qui s’appelle Grande Région.

Bien sûr, il faut reconnaître que c’est triste de s’arrêter à la frontière avec des documents pour aller travailler de l’autre côté. A l’évidence, cela nous ramène pour l’instant cinquante ans en arrière. Mais quand il y a une nécessité vitale de sécurité, il faut bien que les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités. D’une manière générale, les habitants des différentes régions ont d’ailleurs assez bien accepté ces dispositions.                                                                                                                                    

En Belgique, notre système très décentralisé est beaucoup plus « concertant ». Il nous amène à débattre davantage ensemble notamment entre le fédéral et le régional.

Par contre, j’ai vécu avec admiration le fait que les pays comme le Luxembourg et les régions allemandes aient ouvert leurs hôpitaux aux patients français. J’ai trouvé dommage que la Belgique n’ait pas pu ou su le faire.

Au niveau « grand régional », il faudra sans doute réfléchir à ce qu’on pourrait faire si se reproduit une crise telle que celle que nous venons de vivre ».

Pour écouter l’intégralité de l’enregistrement, il vous suffit de cliquer sur ce lien.

 

▶︎ Charlotte SchneidersMembre du comité de pilotage du Forum d’avenir des Jeunes de la Grande Région (enregistrée le 24 avril 2020)

« Face à l’épidémie, les Länder ont pris des décisions relativement différentes. La Bavière et la Sarre ont été plus strictes en matière de confinement. La Sarre en raison de sa proximité avec le Grand Est, très touché par la maladie. En Allemagne, nous avons une mosaïque de mesures dues au fédéralisme. Mais il est clair que la vie de tous les jours a été bouleversée depuis le mois de mars. De mon côté, même s’il n’y a pas comme en France d’attestation à remplir, j’ai limité mes déplacements au maximum. Je n’ai pas vu mes parents par exemple depuis plusieurs semaines alors qu’ils habitent en Sarre.

En ce qui concerne la fermeture des frontières, j’ai été très surprise par la rapidité de la décision. Du jour au lendemain, il est devenu beaucoup plus difficile de traverser la frontière. J’ai également été frappée par l’absence de concertation. Au départ, tout a été décidé depuis Berlin. Tout cela a provoqué beaucoup de réactions au niveau local. Les maires sarrois de communes partenaires avec les villes lorraines ont publié une vidéo en indiquant que la coopération frontalière devait rester intacte. D’autres discussions assez vives ont eu lieu en raison de la position charnière de la Sarre entre la France et l’Allemagne. La coopération transfrontalière fait partie de l’identité sarroise.

J’espère que cette fermeture physique des frontières sera provisoire et j’espère surtout qu’elle ne constituera pas une fermeture mentale. Je pense par ailleurs que le Sommet des Exécutifs de la Grande Région n’a pas joué suffisamment son rôle, même si c’était difficile dans la période.

En tout cas, il faudra que nous apprenions à travailler beaucoup plus ensemble à l’avenir. Le Conseil parlementaire interrégional a d’ailleurs fait savoir, lui aussi, qu’il aurait fallu davantage se concerter ».

Pour écouter l’intégralité de l’enregistrement, il vous suffit de cliquer sur ce lien.

 

▶︎ Pascal IckxMembre du Bureau de l’IGR (rédigé le 24 avril 2020)

« La pandémie nous impose d’adopter une attitude et un comportement diamétralement opposés à ceux que la société et la civilisation nous encouragent depuis toujours à pratiquer. On dirait que le virus incite de même les états à agir en contradiction avec tout ce qui serait souhaitable qu’ils fassent habituellement. 

C’est pourquoi, les états doivent se ressaisir, résister aux tentations du repli sur soi et continuer à unifier leurs pratiques pour une vie collective plus harmonieuse et moins exposée aux inégalités et injustices involontaires. Et songer qu’en moyenne 25 % de leurs populations vivent au voisinage de frontières avec leurs voisins. La réponse de la population en temps de crise devrait être conforme à la discipline librement consentie sous le signe de la responsabilité individuelle. Comme le préconise Jean-Jacques Rousseau ? »

 

▶︎  François de WendelMembre de l’IGR (rédigé le 15 avril 2020)

« Nos amis allemands ont de considérables qualités d’anticipation des problèmes, de planification des solutions et de protection de leurs ressortissants. Pourtant, malgré un réel esprit européen, ils ne sont pas prêts à s’ouvrir à une vraie solidarité européenne, considérant les pays latins comme la fourmi considère la cigale de la fable. Une chose semble leur échapper. Avant l’euro, les écarts de performance entre les économies se réglaient par les écarts de change : le deutschmark se réévaluait, la lire italienne (ou parfois le franc français) se dévaluait. Les Allemands s’enrichissaient, les Italiens vivaient moins à l’aise avec une inflation plus forte mais leur économie tournait.

Avec l’euro, l’Allemagne peut vendre ses produits moins chers que si le DM ajustait les prix à l’exportation à la hausse, d’où une expansion des exportations à prix sans correctif monétaire. Les Français (ou les Italiens) sont dans la situation inverse. Le cas extrême de cette situation a été la crise grecque. Si la Grèce n’avait pas fait la terrible erreur d’adopter l’euro, elle aurait fait face à la crise en dévaluant la drachme. Certes la population aurait souffert de la hausse de ses coûts d’importation, mais elle n’aurait pas subi un arrêt quasi total de l’activité.

Le problème de fond est que l’euro a été mis en place sans doter la zone euro des disciplines nécessaires : rigueur budgétaire commune, mais aussi fiscalité et régime de transferts communs, en bref une politique financière, sociale et fiscale tendant à s’unifier. De ce fait, les Allemands sont les grands gagnants et se refusent à toute solidarité économique ou sociale. Ce que nous voyons aux frontières n’en est que la conséquence directe.

Ce qui est en jeu est la construction européenne. On voit mal pourquoi, tandis que l’Allemagne bénéficie d’une monnaie sous-évaluée par rapport à sa structure coûts, d’autres pays seraient pénalisés par l’obligation de vendre dans une monnaie pour eux surévaluée. La chose n’avait pas échappé à un des principaux conseillers de Madame Merkel qui, il y a une dizaine d’années, avait prôné la mise en place d’un système dual : euromark fort pour les pays d’Europe du Nord et euro faible pour l’Europe du Sud. Cela répondait à la problématique monétaire tout en évitant à l’Allemagne d’admettre des mécanismes de solidarité. Deux raisons expliquent la non-prise en compte de cette idée : d’une part, la déficience de la Commission européenne qui n’a pas souhaité aller voir comment fonctionnaient les régimes d’entraide entre états dans un pays fédéral comme les Etats-Unis, d’autre part, il reste dans les populations européennes des préjugés qui trouvent leurs racines dans l’antiquité, les guerres de religion, etc. Sans solidarité européenne, l’euro ne survivra pas. »

 

▶︎ Frédéric Kestener,  Membre de l’IGR  (rédigé le 28 avril 2020)

« Jeune enfant, des visites à ma grand-mère paternelle, plus que de son visage, je me souviens surtout de la table de la cuisine qui sursautait aux passages des camions dans la descente d’Apach, alors important point de transit. Mon père, né là, après-guerre, à 100 mètres de Schengen, était venu dans la force de l’âge, fonder famille dans notre maison maternelle, plantée à Neunkirchen, là encore à 100 mètres de la frontière entre Moselle et Sarre. C’est dire si, enfant, avec frère et sœur, nous avons grandi cernés de barrières douanières, de bornes en pierre et de chemins de contrebandiers. Grandir là, dans le no man’s land, nourris de consonances franciques, certainement oblige à davantage d’ouvertures d’esprit. Trop allemand pour les uns, trop français pour les autres, les frontières nous traversent plus que nous les traversons. Coulés, dans ce moule topographique, notre pâte ne peut-elle alors que s’échapper par le haut ?

Jadis, nos aïeuls sur leurs carrioles passaient sur les routes et chemins pénétrants de la Moselle en Sarre et retour sans même en référer à l’autorité. Ces voies se sont aujourd’hui décomposées en sentiers non carrossables et s’arrêtent noyées dans les sillons agricoles. Avons-nous oublié qu’au gré des annexions, l’antagonisme national a remodelé nos routes et villages, et qu’en construisant des routes-frontières pour faciliter les contrôles de douanes et d’accises, ils avaient aussi enclavé nos esprits, nous acculant les uns contre les autres, nous, Européens, voisins, qui partageons les mêmes branches généalogiques et avons reçu une langue commune en héritage…

J’avais 9 ans lorsque fût signé, à un jet de pierre de la maison paternelle, les premiers accords de Schengen en 1985, alors que Lorrains, Sarrois et Luxembourgeois redécouvraient ce goût véritable de la liberté et que l’on levait partout les barrières physiques. A l’instar du big bang d’où s’expand l’univers, Schengen a déclenché une libération de nos esprits confinés dans nos têtes et acculés aux frontières, qui ne peut plus s’arrêter !

Et quand bien même, 35 années passées, alors que les frontières économiques internationales, en 2020, se sont estompées, un invisible virus vient nous confiner au plus profond de nous-même. Et quand bien même de vieux relents des pulsions barbares les plus détestables que nous pensions refoulées se libèrent dans quelques esprits étroits, l’expansion de nos esprits calibrés à l’échelle européenne ne peut plus se refermer sur eux-mêmes. Car à Neunkirchen, à Apach comme ailleurs, les versants français, allemands ou luxembourgeois de nos collines-frontières nourrissent les mêmes vaches et plus aucun barbelé tombé ne pourra nous séparer. »

 


 

VU DANS LA PRESSE  

 

Ils se sont exprimés… 

▶︎ Gerd Heger, animateur à la radio sarroise

▶︎ Jean Rottner et Tobias Hans dans une tribune commune

▶︎ Patrick Weiten et Stephan Toscani dans une autre tribune

▶︎ Des maires frontaliers à Schengen

▶︎ Christophe Arend, député de la Moselle, président du groupe d’amitié France-Allemagne

▶︎ Des bourgmestres allemands et luxembourgeois

▶︎ Nicolas Meyer-Landrut, ambassadeur d’Allemagne en France

Retrouvez toutes ces expressions en cliquant sur ce lien.

 

Institut de la Grande Région

www.institut-gr.eu

 

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Les problématiques des relations entre les territoires dans l’aire métropolitaine de Luxembourg

1- Une intégration transfrontalière fonctionnelle  forte dans l’aire métropolitaine de Luxembourg

 

Intégration transfrontalière :  l’intégration fonctionnelle se rapporte à la forme et à l’intensité des interactions socio-économiques observées de part et d’autre d’une frontière, au travers de l’extension de l’aire métropolitaine, tandis que l’intégration institutionnelle concerne la forme et l’intensité des interactions entre les acteurs politiques éventuellement disposés à collaborer.

Les chercheurs du LISER ont caractérisé trois types de fonctionnement transfrontalier :

 

La Région Grand Est et ses voisins : nouvelles dimensions, nouvelles opportunités Séminaire ADEUS 7 novembre 20016 Strasbourg

 

1-1 Une intégration transfrontalière fonctionnelle par polarisation qui se traduit par une dynamique transfrontalière « d’aspiration »

Pour le Nord-lorraine, l’est de la Province du Luxembourg, l’ouest de la Rhénanie Palatinat et de la Sarre, la proximité immédiate avec le Luxembourg génère une attraction très forte et donc des taux de frontaliers élevés.

            Ces territoires font désormais partie de l’aire urbaine fonctionnelle de Luxembourg. 

 

La métropolisation de Luxembourg est telle (développement de l’immobilier de bureau, projet de nouvel hôpital, plateforme logistique de Bettembourg, commerce, Université etc..) qu’elle limite fortement le développement économique de ces territoires (mise à part l’économie présentielle)  et les place en situation de quasi-dépendance : alors que ces territoires connaissent un dynamisme démographique indéniable (croissance de la population et des actifs), leur emploi est en baisse. Il est par ailleurs curieux de constater que l’arrondissement d’Arlon connaît exactement la même dynamique que le Nord-lorraine : de tous les territoires des pays voisins, il est le seul à connaître un recul de l’emploi.  Et à Trèves, dont la population augmente, il y a un important déficit de main d’œuvre.

 

1-2   Une situation complexe de multiples interdépendances réciproques porteuse à la fois d’opportunités, de déséquilibres, de vulnérabilités et de risques

 

 Le codéveloppement dans l’aire métropolitaine transfrontalière du Luxembourg. Vers un modèle plus soutenable ?

Document de travail N° 13  IDEA Novembre 2019 – Vincent Hein

 

2- Une intégration transfrontalière institutionnelle éclatée

 

La multiplicité des acteurs (en particulier sur le versant lorrain), de leurs visions de la coopération (compensation fiscale ou codéveloppement du côté lorrain, hétérogénéité des prises de position des ministres du Grand Duché sur les relations avec les versants voisins, faible visibilité de la stratégie de coopération transfrontalière du côté de la Wallonie)  ainsi que la multiplicité des formes de coopération locale et transfrontalière aux différentes échelles rendent  une gouvernance efficiente difficile.

3- Enjeux et  orientations prioritaires proposées au débat :

 

            3-1 Deux grands enjeux :

  • L’articulation (cohérence complémentarité) entre les différentes échelles d’action (européenne, nationale, grand régionale, régionale, infrarégionale) en référence au cadre du Schéma de Développement Territorial de la Grande Région ;
  • L’agencement et la coopération entre acteurs, dans chaque versant et entre chaque versant de la Grande Région.

           

            3-2 Quelques orientations prioritaires

                        3-2-1 A l’échelle de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques)

  • Faire évoluer les articles 15 (prélèvement de l’impôt par le pays de travail) et faire appliquer l’article 18 (imposition des pensions par le pays de résidence) du modèle de convention fiscale.

 

                        3-2-2 A l’échelle européenne

 

                        3-2-3 Aux échelle nationales

  • Prendre davantage en compte les problématiques transfrontalières et déconcentrer la diplomatie de proximité.
  • Assurer une meilleure transposition de la stratégie transfrontalière de la Grande Région (SDT GR § 4 ci-dessous) dans les documents de planification nationaux.

 

                        3-2-4 A l’échelle de la Grande Région

  • Développer un portage politique fort, lisible et visible du Schéma de Développement Territorial (cf. § 4 ci-dessous)
  • Faire davantage converger les réflexions menées par le Sommet des Exécutifs, le Conseil Economique et Social de la Grande Région et le Conseil Parlementaire Interrégional.

                                  

                        3-2-5 A l’échelle de chaque versant de la Grande Région

  • Rendre plus cohérent, lisible et efficace le portage politique par les acteurs concernés (Etat, collectivités), en particulier sur le versant lorrain en veillant à mieux articuler les différentes échelles de relations et coopérations locales et transfrontalières.
  • Assurer une meilleure transposition de la stratégie transfrontalière de la Grande Région dans les documents de planification régionaux et supra-communaux.

 

                        3-2-6 A l’échelle de l’aire métropolitaine de Luxembourg

  • Passer, dans la perspective démographique 2018-2050 que l’on connait à l’échelle de la Grande Région (vieillissement et diminution de la population active dans les territoires voisins du Grand Duché dont la croissance perdure), d’une dynamique d’aspiration (avec les déséquilibres et les risques qu’elle induit) à un développement intégré plus équilibré et véritablement partagé, soutenable tant pour les citoyens que pour l’environnement et favorisant la cohésion sociale et territoriale dans une logique de coresponsabilité du développement du territoire.
  • Consolider la coopération partagée entre les Etats concernés et le Grand-Duché : s’inspirer du traité d’Aix la Chapelle avec en particulier la mise en place d’un comité de coopération transfrontalière.
  • Passer d’une intégration fonctionnelle à une intégration politique à l’échelle de l’aire métropolitaine de Luxembourg intégrant une partie de la Province de Luxembourg en Wallonie, le Nord lorrain et les territoires frontaliers de Rhénanie Palatinat et de Sarre (retour d’expérience sur le Grand Genève).
  • Faire converger les différents moyens financiers (fonds européens INTERREG et part des autres fonds européens – structurels, sectoriels -, budget des états, budget des collectivités) pour financer des projets « d’intérêt métropolitains » à l’échelle de l’aire métropolitaine de Luxembourg incluant la réduction des fragmentations et des ségrégations territoriales, avec une clef de répartition équitable au regard des déséquilibres aujourd’hui constatés (cf. le Grand Genève)

 

Pour en savoir plus sur le Grand Genève

https://www.grand-geneve.org/

https://www.grand-geneve.org/sites/default/files/fichiers/projet-agglomeration3/charte_2017-projet-territoire.pdf

https://www.tram-annemasse-geneve.fr/faq-le-financement-du-projet/

 

4- Une problématique qui s’inscrit dans le cadre de la  Grande Région – Région Métropolitaine Polycentrique Transfrontalière (RMPT)

 

Métropolisation : processus de concentration des populations, des activités et des fonctions de commandement dans les grandes villes. Il y a un lien entre métropolisation et mondialisation : la métropolisation est une traduction spatiale de la mondialisation

En s’inscrivant dans les réseaux de l’économie mondiale, la métropolisation modifie l’ancrage local, régional ou national d’une ville. Le processus est multi scalaire : à l’échelle mondiale, il tend à renforcer les hiérarchies urbaines en faveur des grandes villes ; à l’échelle métropolitaine, on assiste à des dynamiques sociales et spatiales différenciées de fragmentation et de ségrégation.

La métropolisation amplifie un certain nombre d’enjeux d’aménagement liés à l’étalement urbain, aux mobilités croissantes et à l’augmentation de nuisances (pollution, engorgement). L’ensemble réinterroge aussi les modes de gouvernance urbaine.

4-1  Trois sous ensembles métropolitains

                        La carte met en évidence les trois ensembles à caractère métropolitain avec leurs orientations respectives:

  1. Le premier espace transfrontalier fonctionnel est situé dans la partie centrale de la Grande Région et regroupe le territoire autour du Luxembourg et de la Ville de Luxembourg (cité-Etat à l’influence politique, économique et financière déterminante à l’échelle mondiale), de Metz, de Nancy, de Sarrebruck, de Sarreguemines, de Trèves ainsi que de Kaiserslautern et de l’est de la Province wallonne du Luxembourg ;
  2. Un deuxième espace à dimension métropolitaine autour de l’axe rhénan et qui se compose de trois ensembles métropolitains nationaux allemands à savoir, Rhein-Ruhr, Rhein-Main et Rhein-Neckar;
  3. Un troisième espace à dimension métropolitaine au Nord de la Région Wallonne, composé de villes qui se tournent davantage vers Bruxelles, ainsi que des espaces métropolitains transfrontaliers tels que l’Euro métropole Lille-Kortrijk-Tournai ou la Région MHHAL (Maastricht-Heerlen-Hasselt-Aachen-Liège)

 

On peut aussi distinguer trois niveaux de pôles urbains (supérieur ; intermédiaire ; à confirmer = de proximité).

C’est à cette échelle qu’est menée l’action du Sommet des Exécutifs de la Grande Région

 

4-2 Les enjeux et les étapes du développement territorial à l’échelle de la Grande Région

 

4-2-1 L’étude Metroborder (2008-2010) du programme européen ESPON/ORATE

Le rapport final Metroborder de décembre 2010 met en évidence, pour la Grande Région, un « cœur », un « noyau central » autour d’un axe Luxembourg – Sarrebruck, auquel des espaces voisins sont reliés par des corridors. Le rapport indique que « l’identification [de ce] noyau central […] semble particulièrement approprié pour le développement d’une coopération renforcée en vue notamment de la création d’une RMPT ».

4-2-2 Le développement intégré au service de tous les territoires d’une Région Métropolitaine Polycentrique Transfrontalière (RMPT) (2011-2012)

Pour donner suite à l’étude Metrobroder, la présidence lorraine 2011-2012 du 13e Sommet s’est ouverte sur une proposition d’approche renouvelée de l’espace grand régional : celle d’un développement global intégré au bénéfice de tous les types de territoires qui composent cet espace.

Lors du 13e Sommet du 24 janvier 2013 à Pont-à-Mousson, la Présidence lorraine se clôt par la présentation d’un cadre stratégique articulé autour des quatre piliers (l’économie, les hommes, les territoires et la gouvernance) retenus par la déclaration de Berlin le 07 juillet 2011.

Lors de ce même Sommet, les Exécutifs  adoptent une Déclaration Commune dans laquelle il est réaffirmé que la RMPT concerne tout le territoire de la Grande Région, et précisé que :

« …les Exécutifs de la Grande Région confirment la poursuite de la définition d’une stratégie de développement métropolitaine portant un développement territorial polycentrique reposant sur les complémentarités des fonctions des territoires de la Grande Région. Si les fonctions métropolitaines supérieures situées dans le noyau central de la Grande Région constituent le moteur de cette stratégie, il convient d’intégrer tous les territoires de l’espace de coopération institutionnelle afin de contribuer à un développement territorial structuré et équilibré à même de répondre aux préoccupations quotidiennes des habitants de la Grande Région accentuées par la situation économique et sociale actuelle.

 

4-2-3 Vers un Schéma de Développement Territorial de la Grande Région (depuis 2012)

A l’issue de la présidence lorraine du 13e sommet,  les Exécutifs ont validé la proposition de la 3e réunion sectorielle conjointe Aménagement du territoire et Transports du 17 janvier 2013 portant sur l’élaboration d’un Schéma de développement territorial à l’échelle de la Grande Région (SDT-GR), la mission d’en piloter la réalisation étant confiée au Comité de Coordination du Développement Territorial (sous présidence luxembourgeoise). Il est à noter que le seul document prospectif existant alors datait de 2003 à l’initiative de la Sarre présidant alors le 7e Sommet des Exécutifs.

Ce schéma de développement territorial vise à offrir un cadre général aux actions et réalisations concrètes à mener au niveau de la Grande Région afin d’orienter de manière cohérente la prise de décision politique, et, par conséquent, le développement territorial commun de la Grande Région. Il doit déboucher sur un programme opérationnel d’actions en référence au cadre stratégique.

Pour ce faire, le Schéma doit :

  • conforter les fonctions métropolitaines supérieures de l’espace central comprenant Luxembourg, Arlon, Metz, Nancy, Sarrebruck, Sarreguemines, Trèves ainsi que Kaiserlautern,
  • renforcer les liens entre les trois espaces à potentiel métropolitain de la Grande Régiondans l’objectif du développement de la dimension métropolitaine de l’ensemble de la Grande Région.

Il doit permettre d’identifier les interactions entre les territoires de la Grande Région autour des fonctions productives, résidentielles, récréatives (culture, tourisme) et environnementales, afin de conduire à des relations de solidarité réciproques renforcées, en mettant l’accent sur les transports, la mobilité et le développement de l’habitat, et en établissant les liens avec d’autres aspects nécessaires au développement territorial tels que les questions de l’énergie et de la protection de l’environnement et du climat.

 

Dans un premier temps, 3 documents ont été produits : la dimension métropolitaine de la Grande Région (carte page 1), les projets de transport prioritaires, l’étude préparatoire au volet économie.

 

En 2016, un groupement, mandaté par l’Agape, a procédé à une analyse transversale de documents stratégiques existants en Grande Région, afin d’en tirer un bilan et des préconisations susceptibles de réinterroger la méthode d’élaboration du SDT-GR.

Lancé le 1er janvier 2018 pour une durée de 4 ans, le projet Interreg SDT GR, porté par 25 partenaires issus de l’ensemble des versants de la Grande Région en est à la fin de sa deuxième phase :

  • la première phase a consisté, dans une démarche participative, en la constitution d’un socle de connaissances partagé et d’un langage commun. Il s’est agi d’établir sur base d’indicateurs socio-économiques et territoriaux des diagnostics permettant la spatialisation des problématiques, et d’aboutir à une série cartographique de présentations des risques et opportunités.
  • au cours de la 2ème phase, sur la base de ces résultats, la stratégie de développement territorial a été élaborée. Les ministres et responsables politiques en charge de l’aménagement du territoire de la Grande Région se sont réunis le jeudi 16 janvier 2020 à l’occasion de la 6e réunion sectorielle de l’Aménagement du territoire de la Grande Région et ont validé le document « En route vers une vision stratégique opérationnelle transfrontalière pour la Grande Région ».
Les 5 finalités du Schéma de Développement Territorial de la Grande Région

o   Une Grande Région plus compétitive et innovante, par ses savoirs et ses complémentarités.

o   Une qualité de vie et un bien-être à la hauteur des transitions (climatiques, écologiques, énergétiques, démographiques, socio-économiques, digitales, alimentaires), visant une véritable cohésion sociale et territoriale.

o   Un marché du travail transfrontalier et partagé, fondé sur des filières communes de formation.

o   Un développement métropolitain polycentrique basé sur une mobilité et une connectivité bas-carbone.

Un cadre d’orientation et de coordination à long terme qui s’inscrive dans une logique multi-niveaux.

 

  • au cours la 3e phase (d’ici la fin 2021) des actions à mener pour assurer un volet opérationnel seront identifiées.

Pour en savoir plus sur le SDT GR

https://amenagement-territoire.public.lu/fr/grande-region-affaires-transfrontalieres/SDT-GR.html

 

 

 

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La Lettre de l’IGR – Avril 2020

L’AGENDA :

 

Ces manifestations ont été reportées en raison de la pandémie de Covid 19. Nous vous tiendrons informés des nouvelles dates.

 

Séminaire Grande Région « Marché du travail transfrontalier : quelles équations résoudre ? »

Présentation du Cahier de la Grande Région N° 2

 

Le lieu :  LISER, Maison des Sciences Humaines, Black Box  11, Porte des Sciences L-4366 Esch-sur-Alzette/Belval

 

Évolution à court et moyen terme de l’économie luxembourgeoise

 

Conférence organisée par le Cercle Européen Pierre Werner  avec le soutien de la Ville de Saint-Vith

Le lieu : Salle du Triangle Vennbahnstrasse,2 B-4780 Saint-Vith

 

 

 

RETOUR SUR….

 

L’Assemblée générale extraordinaire de l’IGR à l’IHK Sarrebruck  le 3 mars 2020

 

Olivier Groll, directeur général de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Sarre et président du Comité économique et social de la Grande Région a ouvert l’Assemblée Générale par une présentation du Comité Economique et Social de la Grande Région .

 

Les principaux points à l’ordre du jour étaient les suivants :

  • Suivi de l’exécution du budget 2019 – budget prévisionnel 2020 ;
  • Point sur le  » Forum d’avenir jeunes citoyens de la Grande Région  » ;
  • Révision des statuts (pour la reconnaissance d’utilité publique) ;
  • Initiatives 1er semestre 2020 ;
  • Les relations entre les territoires dans l’aire métropolitaine de Luxembourg.

 

Zoom sur le Forum d’avenir jeunes citoyens en Grande Région

L’IGR est actuellement missionné par le gouvernement sarrois pour le montage et la mise en œuvre de son projet dédié à la jeunesse à l’occasion de sa présidence du sommet de la Grande Région Objectif : que les jeunes citoyens développent ensemble les perspectives d’avenir de la Grande Région. De son côté  l’IGR met a disposition des experts pour accompagner les réflexions.

 

Le Comité de pilotage du projet (qui compte six jeunes personnes actives) travaille donc à un enjeu important : comment la Grande Région peut-elle être mieux perçue par la jeunesse ?

Trois  groupes de travail ont déjà été constitués.

D’ici l’automne 2020, ces perspectives d’avenir doivent être transmises aux acteurs politiques responsables sous la forme de revendications concrètes.

 

Membre du comité de pilotage Charlotte Schneider a évoqué les événement à venir

  • Un rassemblement des groupes de travail au Grand-Duché de Luxembourg au printemps ;
  • Une rencontre avec les jeunes de Wallonie le 27 mars ou le 3 avril à Arlon ou Aubange ;
  • Le 18 avril 2020, une rencontre/marche sur la thématique du tourisme en Grande Région au Pays des 3 frontières (Apach, Schengen, Perl) organisée par Peter Moll ;

Ces manifestations sont reportées en raison de la pandémie de Covid 19

 

Pour aller plus loin : le site internet bilingue du Forum https://forum-jgr.com/fr/wir-sind/

 

Le compte rendu de l’assemblée générale a été envoyé par courrier électronique aux membres de l’IGR

La conférence de Vincent Hein à « Luxembourg économie » le 18 février 2020

 

L’économiste a présenté une étude de la fondation IDEA suggérant de s’appuyer sur l’émergence de la métropole transfrontalière qui se développe progressivement autour de la capitale luxembourgeoise.

Il a rappelé que depuis la naissance de la « Grande Région », en tant qu’espace de coopération institutionnalisé en 1995, le Grand-Duché de Luxembourg s’est indiscutablement positionné comme le principal centre de gravité économique et démographique de cette « petite Europe ».

 

Vincent Hein a souligné que si cette a dynamique est aussi spectaculaire qu’unique, elle n’est pas sans susciter de débat sur les limites et les vulnérabilités de son modèle de développement, dont la dimension territoriale transfrontalière est un élément indissociable. L’émergence d’une aire métropolitaine transfrontalière autour du Luxembourg L’interdépendance croissante entre le Luxembourg et les territoires frontaliers voisins a fait émerger une aire métropolitaine transfrontalière ou vivent entre 1,3 et 2,4 millions d’habitants (selon la définition choisie).L’une de ses principales singularités est que l’intégration transfrontalière ne s’accompagne pas d’une dynamique de convergence économique et sociale. Elle se caractérise également par des aubaines et des risques partagés, plaidant pour un renforcement de la coopération transfrontalière.

 

Il a enfin mis en avant 5 thèmes autour desquels  des actions seraient à mener :

  • (Continuer à) lever les freins à la mobilité
  • Développement économique : de la compétition à la « coopétition » ?
  • Renforcer l’intégration de l’offre de formation dans un contexte de « guerre des talents »
  • Une coopération « de proximité » pour renforcer la cohésion et l’attractivité de l’aire métropolitaine transfrontalière
  • Gouvernance et financement : expérimenter des solutions nouvelles

 

Voir l’étude sur  le site de la fondation IDEA   https://www.fondation-idea.lu/wp-content/uploads/sites/2/2019/11/IDEA_DT_N13_Codeveloppement_Transfrontalier_vers_un_modele_plus_soutenable_Novembre_2019.pdf

 

 

Les entretiens franco-allemands de Nancy 2020 Nancy  les 13-14 février 2020

 

Les Entretiens franco-allemands de Nancy sont organisés depuis trois ans par la Métropole du Grand Nancy en partenariat avec l’OFAJ, Sciences Po Campus de Nancy, l’Université de Lorraine et le Goethe-Institut Nancy.

Comme les années précédentes, ce rendez-vous a réuni de grands témoins français et allemands issus du monde universitaire, socio-économique, politique et culturel, pour deux journées d’échanges, de dialogue et de coopération territoriale européenne  à  la CCI Grand Nancy Métropole 13-14 février 2020. Plusieurs membres de l’IGR étaient présents.

C’est un cadre propice à l’émergence de coopérations et de mises en réseaux dans les domaines économiques et scientifiques. Ils s’inscrivent dans le besoin d’une ambition européenne renouvelée, adaptée aux défis de notre époque. Sous l’angle de l’innovation permanente et de la compétitivité durable, ont été traités certains des « nouveaux horizons » de l’Europe.

L’édition 2020 a abordé les questions suivantes :

  • Intelligence artificielle appliquée à la santé : état des lieux des stratégies régionales dans le Grand Est et chez ses voisins ;
  • Bois et forêt : en France et en Allemagne, mettre l’arbre au premier plan de la stratégie climatique ;
  • Nouveaux matériaux : bio-matériaux, matériaux innovants, point des coopérations engagées et à venir ;
  • France-Allemagne : après 2019 année des textes, 2020 année de l’action ? (en direct de Nancy et Berlin).

 

Face à la difficulté d’expliquer – et d’appliquer – les politiques publiques de long terme qui doivent en découler, a été rappelée la voie des territoires et de leurs élus, de France et d’Allemagne, confrontés au quotidien à la nécessité du dialogue et de la pratique constante de l’intelligence collective, au service de l’intérêt général.

 

Les échanges se sont conclus par la présentation, par André Rossinot,  de la Déclaration de Nancy 2020 pour une coopération franco-allemande renforcée.

Voir le programme détaillé

https://www.grandnancy.eu/fileadmin/fichiers/LA_METROPOLE/Relations_internationales/Programme_EFAN_2020.pdf

Ai_Now 2020  Maisons des Entreprises Metz Technopôle le 8 février 2020

 

« A.I now « est un événement conçu par Frédéric Schnur en 2019 pour revenir de façon annuelle, au milieu du 1er semestre, pour faire un  point régulier sur l’état de l’art, les tendances, les pistes de réflexion, et aussi des outils concrets relatifs à l’Intelligence Artificielle, à destination tant des professionnels que du grand public.

 

Le secrétaire général de l’IGR était présent lors de la matinée ouverte au grand public.

 

Manuel Masiello Consultant en IA (cabinet Deep42), après un rapide historique de l’Intelligence artificielle (dont la préhistoire remonte aux années 1940), a  rappelé que l’IA est un  ensemble d’algorithmes conférant à une machine des capacités d’analyse et de décision lui permettant de s’adapter intelligemment aux situations en faisant des prédictions à partir de données déjà acquises.

L’intelligence artificielle associe les logiciels à des composants physiques (ou « hardware ») qui peuvent être des capteurs, des interfaces pour l’utilisateur…

 

Ainsi l’IA permet :

  • D’analyser des textes ;
  • De modéliser des connaissances pour aider à la prise de décisions ;
  • De produire des connaissances grâce au « machine learning» ou apprentissage automatique ;
  • D’analyser des images ou des scènes en temps réel ;
  • De réaliser des actions.

 

La nouvelle ère de développement depuis 2017, s’appuie sur la puissance de calcul des ordinateurs, les big data (importance des GAFA) et le deep learning ou apprentissage profond , où la machine est capable d’apprendre par elle-même, contrairement à la programmation où elle se contente d’exécuter à la lettre des règles prédéterminées).

 

On ne comprend cependant pas vraiment comment fonctionne l’IA et n’oublions pas qu’ à la différence de l’homme, l’IA est pour le moment mono tâche.

 

Aurore Coince chargée de projet et de partenariat Université de Lorraine, a présenté le projet OLKi (Open Language and Knowledge for Citizens), lancé en mars 2019 qui est  un projet IMPACT Lorraine Université d’Excellence ancré dans le défi portant sur l’ingénierie des langues et des connaissances. Interdisciplinaire, le projet mêle l’informatique et les mathématiques aux sciences humaines et sociales.

Ce projet a pour objectif  de concilier deux problématiques : concevoir de nouveaux algorithmes d’apprentissage automatique dédiés à l’extraction des connaissances à partir de données langagières, et réfléchir et proposer des solutions qui garantissent un contrôle équitable, ouvert et partagé des données ainsi qu’une utilisation de ces données qui respecte le citoyen et sa vie privée.

 

Olivier Buchheit Ingénieur généraliste en mécanique et docteur en physique du solide fondateur de l’entreprise Sonopraxis, a brossé un tableau des usages sociaux de l’I.A.

Pour lui, notre époque est caractérisée par une explosion d’innovations technologiques et scientifiques catalysées par le digital. La vaste interconnexion des systèmes cyber physiques est maintenant bien au centre de notre développement socio- économique ; et la Data, véritable Pétrole Numérique, alimente à grands flots l’ensemble du système. Dans ce contexte, le Transhumanisme pousse cette interconnexion à son paroxysme : l’être humain-machine, comme assemblage partiel d’éléments technologiques repoussant singulièrement les limites biologiques, physiques et cognitives de l’individu, en lui ajoutant toujours plus de fonctionnalité dans le Grand Tout Connecté.

 

L’IA, au-delà de la mythologie que certains entretiennent,  relève en réalité d’un ultra empirisme qui peut se résumer à « apprendre sans comprendre », « décider sans comprendre » pour la machine et « exploiter sans pouvoir expliquer  » pour l’homme.

 

Gardons aussi toujours à l’esprit que si  l’Intelligence artificielle exécute à une extraordinaire vitesse des tâches précises, bien définies (le but de toute machine), l’intelligence humaine est multidimensionnelle, adaptative et autonome.

 

La cyber sécurité (protection des données) est un enjeu essentiel à l’échelle mondiale et nécessite une conscience collective et une gouvernance à ce niveau.

 

Laurent Casagrande, géographe et développeur numérique cofondateur de l’entreprise Greenberry, a clos la matinée par la thématique « La ville intelligente, quel apport pour le citoyen ? »

 

Le concept de ville intelligente, ou Smart City est aujourd’hui largement démocratisé et les chantiers de plus en plus nombreux. A l’heure de l’ultra connexion et des objets communicants, quels sont les enjeux actuels qui ouvrent les perspectives pour demain ?

 

Les principes éthiques qui doivent prévaloir :

·       Autonomie de l’humain / prise de décision ;

·       Robustesse technique et sécurité ;

·       Confidentialité et gouvernance publique de la donnée ;

·       Transparence ;

·       Diversité, non discrimination et équité ;

·       Bien être social et environnemental ;

·       Responsabilité.

Les enjeux essentiels pour les collectivités :

·       Identifier et comprendre les enjeux ;

·       Récupérer les données ;

·       Exploiter les données (en veillant à développer préalablement une culture digitale tant chez les élus que les techniciens) ;

·       Intégrer une réflexion partagée ;

·       Mettre en place une gouvernance et une gestion interne des données.

 

 

 

Séminaire transfrontalier Europ’Act « Ensemble, échangeons sur la plus-value des programmes européens pour nos territoires frontaliers ! Quel bilan, quelles perspectives, quelle ambition ? » Hôtel de la Région Grand Est Metz le 3 février 2020

 

Dans le cadre de l’étude de capitalisation de la Région Grand Est financée par le programme d’assistance technique Europ’Act, la Mission Opérationnelle Transfrontalière  et l’Euro-Institut de Kehl ont participé à l’animation de trois séminaires successifs avec les acteurs de la coopération transfrontalière en Grande Région et dans l’Ardenne franco-belge. Ces évènements ont eu lieu à Strasbourg le 4 décembre 2019, Metz le  3 février 2020, ainsi qu’à Charleville-Mézières, le 10 février. Le secrétaire général de l’IGR  était présent à la journée qui s’est déroulée à Metz.

 

L’objectif du séminaire était  de :

  • Rendre compte des premiers résultats de l’étude réalisée à partir d’une enquête auprès des porteurs de projets et des institutions parties prenantes ;
  • Echanger sur la plus-value des programmes européens dans la mise en œuvre de projets structurants pour le territoire ;
  • Travailler au travers d’ateliers participatifs sur les perspectives d’accompagnement des projets pour la prochaine période de programmation européenne 2021-2027.

Il faisait suite à une enquête auprès des acteurs du transfrontalier en Grand Est (questionnaire adressé à près de 500 acteurs pour 182 répondants, et réalisation de 25 entretiens semi-directifs avec des instances et porteurs de projets : 10 Rhin supérieur, 9 Grande Région, 5 Ardennes, 1 Grand Est).

 

Les échanges ont porté autour de trois problématiques

  • Le contexte de mise en œuvre et l’apport des projets développés en Grand Est : une mise en œuvre dans le temps long des projets, et qui correspond à des besoins grandissants ;
  • Les obstacles et freins à la coopération : des obstacles à la coopération qui sont en partie résolus au travers de la mise en œuvre pratique des projets ;
  • La gouvernance des espaces transfrontaliers : de la mise en place d’institutions communes à la construction d’un espace politique partagé , un travail à compléter.

 

Voir le site de la Mission Opérationnelle Transfrontalière

http://www.espaces-transfrontaliers.org/actualites/news/news/show/ensemble-echangeons-sur-la-plus-value-des-programmes-europeens-pour-nos-territoires-frontaliers/

 

 

 

 

 

Dialogue Citoyen avec M. Nicolas Schmit, Commissaire Européen à l’Emploi et aux Droits sociaux-  » Ma mission: renforcer la dimension sociale de l’Europe!  » Université du Luxembourg, Maison des Arts et des Étudiants – Esch-sur-Alzette le 20 janvier 2020

 

« La révolution numérique bouleverse l’économie et transforme l’essence même du monde de l’emploi. Ces changements d’envergure, ainsi que la transition écologique, ou encore le Brexit, mettent à l’épreuve le modèle européen bâti sur le Socle des droits sociaux. Face à un avenir incertain, les Européens s’interrogent à juste titre sur les nouveaux défis à relever en matière d’éducation et de formation, sur l’évolution des conditions de vie et de travail, sur les stratégies collectives en matière de solidarité et de protection sociale, sur la préservation du dialogue social, propre à la démocratie et aux valeurs européennes. »

 

C’est autour de ces enjeux que  la Représentation de la Commission européenne au Luxembourg, l’Europe Direct Information Centre de l’Université du Luxembourg (EDIC) et leurs partenaires ont organisé le 20 janvier un dialogue citoyen avec le nouveau commissaire européen à l’emploi et aux droits sociaux.

Le secrétaire général de l’IGR était présent.

 

Voir les articles du Quotidien.Lu et du Luxembourger Wort

http://www.lequotidien.lu/economie/nicolas-schmit-lenorme-chantier-de-la-digitalisation-du-travail/

https://www.wort.lu/fr/international/le-green-deal-un-enorme-gisement-d-emplois-5e25c3a5da2cc1784e354657

 

 

Conférence débat « Saar-Lor-Lux, j’en fais quoi pour ma boîte ? » organisée par les Dirigeants Commerciaux de France Metz  au Novotel Metz Amnéville le 14 Janvier 2020 

 

A l’invitation des Dirigeants Commerciaux de France Metz, le Président de l’GR, Roger Cayzelle a animé, le mardi 14 janvier 2020 au Novotel Metz Amnéville, une conférence débat autour de ces questions. Il était accompagné de Yves Sand, trésorier et Jean Salque secrétaire général.

Roger Cayzelle a d’abord rappelé les caractéristiques de l’espace de coopération que constitue la Grande Région : un espace transfrontalier qui s’étend de la Meuse au Rhin au cœur de l’Europe (65 000 km2  11millions d’habitants) ; un espace marqué par la diversité  :  4 pays, 2 espaces culturels, 3 langues, 5 entités, 11 partenaires ; Un espace marqué par des flux permanents et importants de travailleurs (et de consommateurs) transfrontaliers (240 500 en 2018, dont 78 % (187 600) vers le seul Luxembourg).

 

Il a ensuite évoqué les structurations qui se sont progressivement mises en place depuis la constitution de la Grande Région il y a vingt cinq ans (après la création de l’espace Saar Lor Lux en 1971).

 

Après avoir rappelé le contexte dans lequel, depuis le milieu des années 1990, l’idée d’Europe intégrée est en déclin et les institutions européennes sont ressenties comme éloignées des citoyens, il a souligné les deux faiblesses qui handicapent l’appropriation par les citoyens de l’idée de Grande Région : le manque de visibilité et d’incarnation politique.

Il a enfin précisé les deux défis majeurs (en interaction) auxquels la Grande Région est et sera confrontée

  • Le vieillissement de la population et une raréfaction de la population active ;
  • l’émergence du Luxembourg qui fait exploser les flux et crée des ruptures.

 

Les échanges avec les participants ont porté sur les principaux enjeux qui découlent de ces défis :

  • élaborer une stratégie prospective à l’échelle de la Grande Région (intérêt du Schéma de Développement Territorial en cours de finalisation) comme cadre des relations et des projets entre les partenaires, au service d’un développement intégré ;
  • développer un marketing territorial commun ;
  • imaginer un grand projet structurant ;
  • amener l’ensemble des acteurs des territoires de l’aire métropolitaine de Luxembourg à intégrer l’idée de coresponsabilité dans le développement équilibré et soutenable de cet espace.

 

 

 

 

 

Entre visions et reflets Quo Vadis Grande Région « Besoins des talents de nos entreprises : de la compétition à la coopération » Table-ronde enjeux croisés de formation recrutement  – CCI Moselle Métropole Metz  le ,4 décembre 2019

 

Cette rencontre s’inscrivait dans le cycle des travaux « Quo vadis Grande Région ? » qui rassemble les acteurs de l’économie, de la formation et de l’emploi de la Grande Région à l’invitation de la Chambre de commerce Luxembourg, de l’Institut de la Grande Région, de la SOLEP et de la Fondation IDEA, et ce jour, de la CCI Moselle Métropole Metz

 

La table ronde, modérée par Guy  Keckhut a réuni  : Fabrice Genter Président CCI Moselle Metz Métropole ; Isabelle Schlesser ADEM – Agence pour le développement de l’emploi ; Vincent Hein Fondation IDEA asbl ; Jean Arnould Pôle formation UIMM Lorraine ; Pr Michel Fick Université de Lorraine et Joël Berger Directeur C2IME.

 

Les riches échanges ont porté sur les problématiques énoncées à l’ouverture par Guy Keckhut :

 » Si la Grande Région est un espace hétérogène sur le plan socio-économique, force est de constater que la problématique des difficultés de recrutement transcendent ses frontières internes, avec une acuité croissante. Reprise et/ou expansion économique, digitalisation, « montée en gamme » de certains secteurs, déclin démographique, inadéquation entre les compétences recherchées et les qualifications des actifs, (im)mobilité géographique, manque d’attractivité de certains métiers, exigences d’une meilleure qualité de vie au travail / d’un équilibre vie privée/vie professionnelle raisonnable … les raisons pouvant expliquer les tensions sur l’offre de travail sont nombreuses et les entreprises comme les pouvoirs publics concernés doivent s’y adapter mais surtout trouver rapidement des solutions innovantes et durables… et sans doute mieux coopérer !

 

L’objet de cette rencontre est de mieux cerner les contours de ce que l’on pourrait parfois appeler « une  compétition voire guerre des talents « , d’identifier les principaux secteurs concernés et les compétences qui leur font défaut et de mettre en avant des solutions, notamment en matière de coopération, qui pourraient bénéficier à notre espace transfrontalier… »

 

En conclusion,  Roger Cayzelle a évoqué les quatre problématiques qui lui ont paru  essentielles à l’issue des échanges :

  • l’objectivation et le partage des données pour un diagnostic étayé ;
  • la prospective relative aux évolutions des compétences et des qualifications (en ayant une attention particulière pour les personnes les moins qualifiées) : quelle méthodologie ? Comment mieux anticiper ?
  • le développement de formations partagées ;
  • la mobilisation des politiques (attractivité territoriale).

 

 

 

 

Atelier-débat de l’Observatoire interrégional du marché de l’emploi (OIE)  « Les marchés de l’emploi transfrontalier au cœur de l’Europe – Observer pour agir » Maison Robert Schuman Scy Chazelle 3 décembre 2019

 

Le secrétaire général de l’IGR était présent à cette rencontre organisée dans cette maison historique porteuse de symbole  et qui a réuni près de soixante participants venus de tous les versants de la Grande Région

 

Le compte rendu de cette rencontre à été publié par l’OIE sur son site web.

https://www.iba-oie.eu/Detailseite.62.0.html?&L=1&tx_news_pi1%5Bnews%5D=102&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=News&tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&cHash=2d5377a4a68c9bddfe6a243d0a0ef7ed

 

 

 

 

Colloque Cercle Européen Pierre Werner « La coopération entre les communes frontalières belges et luxembourgeoises, un instrument : le CBCT ? – La mobilité » Salle de la Stuff Guerlange le 22 novembre 2019

 

Le président et le secrétaire général de l’IGR ont participé à ce colloque organisé par le Cercle européen Pierre Werner en partenariat avec une vingtaine d’acteurs.

 

Le programme et les différentes intervention sont publiés sur le site du Cercle Pierre Werner https://cercle-werner.aubange.be/documents-2/conferences-et-colloques/colloque-du-22-novembre-2019-a-guerlange-aubange/

Voir aussi l’article du Paperjam https://paperjam.lu/article/rendre-plus-forte-relation-bel?utm_medium=email&utm_campaign=22-11-2019-Matin&utm_content=22-11-2019-Matin+CID_c83e28b5984d9367617f2c181169d4f1&utm_source=Newsletter&utm_term=Rendre%20plus%20forte%20la%20relation%20belgo-luxembourgeoise

 

 

 

4e Forum Grande Région UNI GR Center for Border Studies  » Redynamisation des centres villes : une analyse du comportement des consommateurs en zone transfrontalière dans la Grande Région  »  Maison de la Grande Région Esch-sur-Alzette le 21 novembre  2019

 

Le secrétaire général de l’IGR était présent à ce forum consacré au comportement des consommateurs et à ses impacts sur le commerce et les centres villes dans un territoire transfrontalier.

La présence de deux représentants du Forum Transfrontalier de l’Arc Jurassien franco-suisse a permis une approche comparative très enrichissante entre deux territoires transfrontaliers

 

Voir le Site de l’UNIGR CBS   

http://dev-center-border-studies.uni-gr.eu/fr/activites/societe/redynamisation-des-centres-villes-une-analyse-du-comportement-des-consommateurs

Voir le compte rendu rédigé par Pascale BRENET, Docteur en sciences de gestion et membre du Comité du Forum Transfrontalier Arc Jurassien, qui est intervenue à la table ronde

https://www.forum-transfrontalier.org/de-larc-jurassien-a-la-grande-region-questions-autour-de-la-distribution-peripherique-et-massive/

 

 

 

« Le développement territorial dans les régions métropolitaines transfrontalières » Conférence « ESPON » à l’Université du Luxembourg, Esch-Belval le 21 novembre 2019

 

Le secrétaire général de l’IGR a participé au point annuel du programme ESPON (European Spatial Planning Observation Network) .

 

L’objectif du programme de coopération ESPON est de soutenir le renforcement de l’efficacité de la politique de cohésion de l’Union Européenne  et d’autres politiques et programmes sectoriels au titre des Fonds structurels et d’investissement européens (Fonds ESI), ainsi que les politiques de développement territorial aux niveaux national et régional, par la production, la diffusion et la promotion de données factuelles territoriales couvrant l’intégralité du territoire des 28 États membres de l’UE et des quatre pays partenaires que sont l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse.

 

 

Voir le site du point de contact ESPON

https://espon.public.lu/fr/actualites/2019/Retour_conference_2019.html

 

Voir le site du portail de l’aménagement du territoire du Grand Duché de Luxembourg (intervention du Ministre Claude Turmes)

 https://amenagement-territoire.public.lu/fr/actualites/2019/Novembre2019/Espon_annual.html

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La Lettre de l’IGR – Mars 2020

LA LETTRE DE L’IGR.

Mars 2020

L’EDITO

Écrire que nous traversons actuellement une période très difficile est un euphémisme. La crise sanitaire qui secoue la planète est bien sûr à prendre très au sérieux. Dans un premier temps des mesures de limitation des circulations s’avèrent nécessaires

La vérité objet dire qu’elles surviennent à un moment où les replis sur soi se développent un peu partout dans le monde. Plus que jamais il importe pourtant de ne pas céder à cette tentation du repli y compris bien sûr dans la Grande Région. Cet espace transfrontalier doit rester un territoire de coopération. De nombreuses initiatives existent. Nous en présentons plusieurs dans cette lettre. Il est essentiel de les soutenir et de développer des projets visibles, solidaires et efficaces.

Roger Cayzelle

Président

  

L’AGENDA :

 

Séminaire Grande Région « Marché du travail transfrontalier : quelles équations résoudre ? »

Présentation du Cahier de la Grande Région N° 2

La date : 6 avril 2020 14h00-16h00

Le lieu :  LISER, Maison des Sciences Humaines, Black Box  11, Porte des Sciences L-4366 Esch-sur-Alzette/Belval

Programme et inscription : https://www.liser.lu/?type=news&id=1875

 

Évolution à court et moyen terme de l’économie luxembourgeoise

Conférence organisée par le Cercle Européen Pierre Werner  avec le soutien de la Ville de Saint-Vith

La date : 22 avril 2020, 18h30 – 20h30

Le lieu : Salle du Triangel Vennbahnstrasse,2 B-4780 Saint-Vith

Programme et inscription : https://cercle-werner.aubange.be/2020/02/26/conference-du-22-avril-2020-a-st-vith/

 

 

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L’Assemblée générale extraordinaire de l’IGR à l’IHK Sarrebruck  le 3 mars 2020

Olivier Groll, directeur général de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Sarre et président du Comité économique et social de la Grande Région a ouvert l’Assemblée Générale par une présentation du Comité Economique et Social de la Grande Région .

Les principaux points à l’ordre du jour étaient les suivants :

  • Suivi de l’exécution du budget 2019 – budget prévisionnel 2020 ;
  • Point sur le  » Forum d’avenir jeunes citoyens de la Grande Région  » ;
  • Révision des statuts (pour la reconnaissance d’utilité publique) ;
  • Initiatives 1er semestre 2020 ;
  • Les relations entre les territoires dans l’aire métropolitaine de Luxembourg.

Zoom sur le Forum d’avenir jeunes citoyens en Grande Région

L’IGR est actuellement missionné par le gouvernement sarrois pour le montage et la mise en œuvre de son projet dédié à la jeunesse à l’occasion de sa présidence du sommet de la Grande Région Objectif : que les jeunes citoyens développent ensemble les perspectives d’avenir de la Grande Région. De son côté  l’IGR met a disposition des experts pour accompagner les réflexions.

Le        Comité de pilotage du projet (qui compte six jeunes personnes actives) travaille donc à un enjeu important : comment la Grande Région peut-elle être mieux perçue par la jeunesse ?

Trois  groupes de travail ont déjà été constitués.

D’ici l’automne 2020, ces perspectives d’avenir doivent être transmises aux acteurs politiques responsables sous la forme de revendications concrètes.

Membre du comité de pilotage Charlotte Schneider a évoqué les événement à venir

  • Un rassemblement des groupes de travail au Grand-Duché de Luxembourg au printemps ;
  • Une rencontre avec les jeunes de Wallonie le 27 mars ou le 3 avril à Arlon ou Aubange ;
  • Le 18 avril 2020, une rencontre/marche sur la thématique du tourisme en Grande Région au Pays des 3 frontières (Apach, Schengen, Perl) organisée par Peter Moll ;

Pour aller plus loin : le site internet bilingue du Forum https://forum-jgr.com/fr/wir-sind/

Le compte rendu de l’assemblée générale a été envoyé par courrier électronique aux membres de l’IGR

La conférence de Vincent Hein à « Luxembourg économie » le 18 février 2020

L’économiste a présenté une étude de la fondation IDEA suggérant de s’appuyer sur l’émergence de la métropole transfrontalière qui se développe progressivement autour de la capitale luxembourgeoise.

Il a rappelé que depuis la naissance de la « Grande Région », en tant qu’espace de coopération institutionnalisé en 1995, le Grand-Duché de Luxembourg s’est indiscutablement positionné comme le principal centre de gravité économique et démographique de cette « petite Europe ».

Vincent Hein a souligné que si cette a dynamique est aussi spectaculaire qu’unique, elle n’est pas sans susciter de débat sur les limites et les vulnérabilités de son modèle de développement, dont la dimension territoriale transfrontalière est un élément indissociable. L’émergence d’une aire métropolitaine transfrontalière autour du Luxembourg L’interdépendance croissante entre le Luxembourg et les territoires frontaliers voisins a fait émerger une aire métropolitaine transfrontalière ou vivent entre 1,3 et 2,4 millions d’habitants (selon la définition choisie, voir L’une de ses principales singularités est que l’intégration transfrontalière ne s’accompagne pas d’une dynamique de convergence économique et sociale. Elle se caractérise également par des aubaines et des risques partagés, plaidant pour un renforcement de la coopération transfrontalière.

Il a enfin mis en avant 5 thèmes autour desquels  des actions seraient à mener :

  • (Continuer à) lever les freins à la mobilité
  • Développement économique : de la compétition à la « coopétition » ?
  • Renforcer l’intégration de l’offre de formation dans un contexte de « guerre des talents »
  • Une coopération « de proximité » pour renforcer la cohésion et l’attractivité de l’aire métropolitaine transfrontalière
  • Gouvernance et financement : expérimenter des solutions nouvelles

Voir l’étude sur  le site de la fondation IDEA   https://www.fondation-idea.lu/wp-content/uploads/sites/2/2019/11/IDEA_DT_N13_Codeveloppement_Transfrontalier_vers_un_modele_plus_soutenable_Novembre_2019.pdf

 

Les entretiens franco-allemands de Nancy 2020 Nancy  les 13-14 février 2020

Les Entretiens franco-allemands de Nancy sont organisés depuis trois ans par la Métropole du Grand Nancy en partenariat avec l’OFAJ, Sciences Po Campus de Nancy, l’Université de Lorraine et le Goethe-Institut Nancy.

Comme les années précédentes, ce rendez-vous a réuni de grands témoins français et allemands issus du monde universitaire, socio-économique, politique et culturel, pour deux journées d’échanges, de dialogue et de coopération territoriale européenne  à  la CCI Grand Nancy Métropole 13-14 février 2020. Plusieurs membres de l’IGR étaient présents.

C’est un cadre propice à l’émergence de coopérations et de mises en réseaux dans les domaines économiques et scientifiques. Ils s’inscrivent dans le besoin d’une ambition européenne renouvelée, adaptée aux défis de notre époque. Sous l’angle de l’innovation permanente et de la compétitivité durable, ont été traités certains des « nouveaux horizons » de l’Europe.

L’édition 2020 a abordé les questions suivantes :

  • Intelligence artificielle appliquée à la santé : état des lieux des stratégies régionales dans le Grand Est et chez ses voisins ;
  • Bois et forêt : en France et en Allemagne, mettre l’arbre au premier plan de la stratégie climatique ;
  • Nouveaux matériaux : bio-matériaux, matériaux innovants, point des coopérations engagées et à venir ;
  • France-Allemagne : après 2019 année des textes, 2020 année de l’action ? (en direct de Nancy et Berlin).

Face à la difficulté d’expliquer – et d’appliquer – les politiques publiques de long terme qui doivent en découler, a été rappelée la voie des territoires et de leurs élus, de France et d’Allemagne, confrontés au quotidien à la nécessité du dialogue et de la pratique constante de l’intelligence collective, au service de l’intérêt général.

Les échanges se sont conclus par la présentation, par André Rossinot,  de la Déclaration de Nancy 2020 pour une coopération franco-allemande renforcée.

Voir le programme détaillé

https://www.grandnancy.eu/fileadmin/fichiers/LA_METROPOLE/Relations_internationales/Programme_EFAN_2020.pdf

 

Ai_Now 2020  Maisons des Entreprises Metz Technopôle le 8 février 2020

« A.I now « est un événement conçu par Frédéric Schnur en 2019 pour revenir de façon annuelle, au milieu du 1er semestre, pour faire un  point régulier sur l’état de l’art, les tendances, les pistes de réflexion, et aussi des outils concrets relatifs à l’Intelligence Artificielle, à destination tant des professionnels que du grand public.

 

Le secrétaire général de l’IGR était présent lors de la matinée ouverte au grand public.

Manuel Masiello Consultant en IA (cabinet Deep42), après un rapide historique de l’Intelligence artificielle (dont la préhistoire remonte aux années 1940), a  rappelé que l’IA est un  ensemble d’algorithmes conférant à une machine des capacités d’analyse et de décision lui permettant de s’adapter intelligemment aux situations en faisant des prédictions à partir de données déjà acquises.

L’intelligence artificielle associe les logiciels à des composants physiques (ou « hardware ») qui peuvent être des capteurs, des interfaces pour l’utilisateur…

Ainsi l’IA permet :

  • D’analyser des textes ;
  • De modéliser des connaissances pour aider à la prise de décisions ;
  • De produire des connaissances grâce au « machine learning» ou apprentissage automatique ;
  • D’analyser des images ou des scènes en temps réel ;
  • De réaliser des actions.

La nouvelle ère de développement depuis 2017, s’appuie sur la puissance de calcul des ordinateurs, les big data (importance des GAFA) et le deep learning ou apprentissage profond , où la machine est capable d’apprendre par elle-même, contrairement à la programmation où elle se contente d’exécuter à la lettre des règles prédéterminées).

On ne comprend cependant pas vraiment comment fonctionne l’IA et n’oublions pas qu’ à la différence de l’homme, l’IA est pour le moment mono tâche.

Aurore Coince chargée de projet et de partenariat Université de Lorraine, a présenté le projet OLKi (Open Language and Knowledge for Citizens), lancé en mars 2019 qui est  un projet IMPACT Lorraine Université d’Excellence ancré dans le défi portant sur l’ingénierie des langues et des connaissances. Interdisciplinaire, le projet mêle l’informatique et les mathématiques aux sciences humaines et sociales.

Ce projet a pour objectif  de concilier deux problématiques : concevoir de nouveaux algorithmes d’apprentissage automatique dédiés à l’extraction des connaissances à partir de données langagières, et réfléchir et proposer des solutions qui garantissent un contrôle équitable, ouvert et partagé des données ainsi qu’une utilisation de ces données qui respecte le citoyen et sa vie privée.

Olivier Buchheit Ingénieur généraliste en mécanique et docteur en physique du solide fondateur de l’entreprise Sonopraxis, a brossé un tableau des usages sociaux de l’I.A.

Pour lui, notre époque est caractérisée par une explosion d’innovations technologiques et scientifiques catalysées par le digital. La vaste interconnexion des systèmes cyber physiques est maintenant bien au centre de notre développement socio- économique ; et la Data, véritable Pétrole Numérique, alimente à grands flots l’ensemble du système. Dans ce contexte, le Transhumanisme pousse cette interconnexion à son paroxysme : l’être humain-machine, comme assemblage partiel d’éléments technologiques repoussant singulièrement les limites biologiques, physiques et cognitives de l’individu, en lui ajoutant toujours plus de fonctionnalité dans le Grand Tout Connecté.

L’IA, au-delà de la mythologie que certains entretiennent,  relève en réalité d’un ultra empirisme qui peut se résumer à « apprendre sans comprendre », « décider sans comprendre » pour la machine et « exploiter sans pouvoir expliquer  » pour l’homme.

Gardons aussi toujours à l’esprit que si  l’Intelligence artificielle exécute à une extraordinaire vitesse des tâches précises, bien définies (le but de toute machine), l’intelligence humaine est multidimensionnelle, adaptative et autonome.

La cyber sécurité (protection des données) est un enjeu essentiel à l’échelle mondiale et nécessite une conscience collective et une gouvernance à ce niveau.

Laurent Casagrande, géographe et développeur numérique cofondateur de l’entreprise Greenberry, a clos la matinée par la thématique « La ville intelligente, quel apport pour le citoyen ? »

Le concept de ville intelligente, ou Smart City est aujourd’hui largement démocratisé et les chantiers de plus en plus nombreux. A l’heure de l’ultra connexion et des objets communicants, quels sont les enjeux actuels qui ouvrent les perspectives pour demain ?

Les principes éthiques qui doivent prévaloir :

·       Autonomie de l’humain / prise de décision ;

·       Robustesse technique et sécurité ;

·       Confidentialité et gouvernance publique de la donnée ;

·       Transparence ;

·       Diversité, non discrimination et équité ;

·       Bien être social et environnemental ;

·       Responsabilité.

Les enjeux essentiels pour les collectivités :

·       Identifier et comprendre les enjeux ;

·       Récupérer les données ;

·       Exploiter les données (en veillant à développer préalablement une culture digitale tant chez les élus que les techniciens) ;

·       Intégrer une réflexion partagée ;

·       Mettre en place une gouvernance et une gestion interne des données.

 

Séminaire transfrontalier Europ’Act « Ensemble, échangeons sur la plus-value des programmes européens pour nos territoires frontaliers ! Quel bilan, quelles perspectives, quelle ambition ? » Hôtel de la Région Grand Est Metz le 3 février 2020

Dans le cadre de l’étude de capitalisation de la Région Grand Est financée par le programme d’assistance technique Europ’Act, la Mission Opérationnelle Transfrontalière  et l’Euro-Institut de Kehl ont participé à l’animation de trois  séminaires successifs avec les acteurs de la coopération transfrontalière en Grande Région et dans l’Ardenne franco-belge. Ces évènements ont eu lieu à Strasbourg le 4 décembre 2019, Metz le  3 février 2020, ainsi qu’à Charleville-Mézières, le 10 février. Le secrétaire général de l’IGR  était présent à la journée qui s’est déroulée à Metz.

L’objectif du séminaire était  de :

  • Rendre compte des premiers résultats de l’étude réalisée à partir d’une enquête auprès des porteurs de projets et des institutions parties prenantes ;
  • Echanger sur la plus-value des programmes européens dans la mise en œuvre de projets structurants pour le territoire ;
  • Travailler au travers d’ateliers participatifs sur les perspectives d’accompagnement des projets pour la prochaine période de programmation européenne 2021-2027.

Il faisait suite à une enquête auprès des acteurs du transfrontalier en Grand Est (questionnaire adressé à près de 500 acteurs pour 182 répondants, et réalisation de 25 entretiens semi-directifs avec des instances et porteurs de projets : 10 Rhin supérieur, 9 Grande Région, 5 Ardennes, 1 Grand Est).

Les échanges ont porté autour de trois problématiques

  • Le contexte de mise en œuvre et l’pport des projets développés en Grand Est : une mise en œuvre dans le temps long des projets, et qui correspond à des besoins grandissants ;
  • Les obstacles et freins à la coopération : des obstacles à la coopération qui sont en partie résolus au travers de la mise en œuvre pratique des projets ;
  • La gouvernance des espaces transfrontaliers : de la mise en place d’institutions communes à la construction d’un espace politique partagé , un travail à compléter.

Voir le site de la Mission Opérationnelle Transfrontalière

http://www.espaces-transfrontaliers.org/actualites/news/news/show/ensemble-echangeons-sur-la-plus-value-des-programmes-europeens-pour-nos-territoires-frontaliers/ 

Dialogue Citoyen avec M. Nicolas Schmit, Commissaire Européen à l’Emploi et aux Droits sociaux-  » Ma mission: renforcer la dimension sociale de l’Europe!  » Université du Luxembourg, Maison des Arts et des Étudiants – Esch-sur-Alzette le 20 janvier 2020

« La révolution numérique bouleverse l’économie et transforme l’essence même du monde de l’emploi. Ces changements d’envergure, ainsi que la transition écologique, ou encore le Brexit, mettent à l’épreuve le modèle européen bâti sur le Socle des droits sociaux. Face à un avenir incertain, les Européens s’interrogent à juste titre sur les nouveaux défis à relever en matière d’éducation et de formation, sur l’évolution des conditions de vie et de travail, sur les stratégies collectives en matière de solidarité et de protection sociale, sur la préservation du dialogue social, propre à la démocratie et aux valeurs européennes. »

C’est autour de ces enjeux que  la Représentation de la Commission européenne au Luxembourg, l’Europe Direct Information Centre de l’Université du Luxembourg (EDIC) et leurs partenaires ont organisé le 20 janvier un dialogue citoyen avec le nouveau commissaire européen à l’emploi et aux droits sociaux.

Le secrétaire général de l’IGR était présent.

Voir les articles du Quotidien.Lu et du Luxembourger Wort

http://www.lequotidien.lu/economie/nicolas-schmit-lenorme-chantier-de-la-digitalisation-du-travail/

https://www.wort.lu/fr/international/le-green-deal-un-enorme-gisement-d-emplois-5e25c3a5da2cc1784e354657

Conférence débat « Saar-Lor-Lux, j’en fais quoi pour ma boîte ? » organisée par les Dirigeants Commerciaux de France Metz  au Novotel Metz Amnéville le 14 Janvier 2020 

 A l’invitation des Dirigeants Commerciaux de France Metz, le Président de l’GR, Roger Cayzelle a animé, le mardi 14 janvier 2020 au Novotel Metz Amnéville, une conférence débat autour de ces questions. Il était accompagné de Yves Sand, trésorier et Jean Salque secrétaire général.

Roger Cayzelle a d’abord rappelé les caractéristiques de l’espace de coopération que constitue la Grande Région : un espace transfrontalier qui s’étend de la Meuse au Rhin au cœur de l’Europe (65 000 km2  11millions d’habitants) ; un espace marqué par la diversité  :  4 pays, 2 espaces culturels, 3 langues, 5 entités, 11 partenaires ; Un espace marqué par des flux permanents et importants de travailleurs (et de consommateurs) transfrontaliers (240 500 en 2018, dont 78 % (187 600) vers le seul Luxembourg).

Il a ensuite évoqué les structurations qui se sont progressivement mises en place depuis la constitution de la Grande Région il y a vingt cinq ans (après la création de l’espace Saar Lor Lux en 1971).

Après avoir rappelé le contexte dans lequel, depuis le milieu des années 1990, l’idée d’Europe intégrée est en déclin et les institutions européennes sont ressenties comme éloignées des citoyens, il a souligné les deux faiblesses qui handicapent l’appropriation par les citoyens de l’idée de Grande Région : le manque de visibilité et d’incarnation politique.

Il a enfin précisé les deux défis majeurs (en interaction) auxquels la Grande Région est et sera confrontée

  • Le vieillissement de la population et une raréfaction de la population active ;
  • l’émergence du Luxembourg qui fait exploser les flux et crée des ruptures.

Les échanges avec les participants ont porté sur les principaux enjeux qui découlent de ces défis :

  • élaborer une stratégie prospective à l’échelle de la Grande Région (intérêt du Schéma de Développement Territorial en cours de finalisation) comme cadre des relations et des projets entre les partenaires, au service d’un développement intégré ;
  • développer un marketing territorial commun ;
  • imaginer un grand projet structurant ;
  • amener l’ensemble des acteurs des territoires de l’aire métropolitaine de Luxembourg à intégrer l’idée de coresponsabilité dans le développement équilibré et soutenable de cet espace 

Entre visions et reflets Quo Vadis Grande Région « Besoins des talents de nos entreprises : de la compétition à la coopération » Table-ronde enjeux croisés de formation recrutement  – CCI Moselle Métropole Metz  le ,4 décembre 2019

Cette rencontre s’inscrivait dans le cycle des travaux « Quo vadis Grande Région ? » qui rassemble les acteurs de l’économie, de la formation et de l’emploi de la Grande Région à l’invitation de la Chambre de commerce Luxembourg, de l’Institut de la Grande Région, de la SOLEP et de la Fondation IDEA, et ce jour, de la CCI Moselle Métropole Metz

La table ronde, modérée par Guy  Keckhut a réuni  : Fabrice Genter Président CCI Moselle Metz Métropole ; Isabelle Schlesser ADEM – Agence pour le développement de l’emploi ; Vincent Hein Fondation IDEA asbl ; Jean Arnould Pôle formation UIMM Lorraine ; Pr Michel Fick Université de Lorraine et Joël Berger Directeur C2IME.

Les riches échanges ont porté sur les problématiques énoncées à l’ouverture par Guy Keckhut :  » Si la Grande Région est un espace hétérogène sur le plan socio-économique, force est de constater que la problématique des difficultés de recrutement transcendent ses frontières internes, avec une acuité croissante. Reprise et/ou expansion économique, digitalisation, « montée en gamme » de certains secteurs, déclin démographique, inadéquation entre les compétences recherchées et les qualifications des actifs, (im)mobilité géographique, manque d’attractivité de certains métiers, exigences d’une meilleure qualité de vie au travail / d’un équilibre vie privée/vie professionnelle raisonnable … les raisons pouvant expliquer les tensions sur l’offre de travail sont nombreuses et les entreprises comme les pouvoirs publics concernés doivent s’y adapter mais surtout trouver rapidement des solutions innovantes et durables… et sans doute mieux coopérer !

L’objet de cette rencontre est de mieux cerner les contours de ce que l’on pourrait parfois appeler « une  compétition voire guerre des talents « , d’identifier les principaux secteurs concernés et les compétences qui leur font défaut et de mettre en avant des solutions, notamment en matière de coopération, qui pourraient bénéficier à notre espace transfrontalier… »

En conclusion,  Roger Cayzelle a évoqué les quatre questions qui lui ont paru  essentielles à l’issue des échanges :

  • l’objectivation et le partage des données pour un diagnostic étayé ;
  • la prospective relative aux évolutions des compétences et des qualifications (en ayant une attention particulière pour les personnes les moins qualifiées) : quelle méthodologie ? Comment mieux anticiper ?
  • le développement de formations partagées ;
  • la mobilisation des politiques (attractivité territoriale).

Atelier-débat de l’Observatoire interrégional du marché de l’emploi (OIE)  « Les marché de l’emploi transfrontalier au cœur de l’Europe – Observer pour agir » Maison Robert Schuman Scy Chazelle 3 décembre 2019

Le secrétaire général de l’IGR était présent à cette rencontre organisée dans cette maison historique porteuse de symbole  et qui a réuni près de soixante participants venus de tous les versants de la Grande Région

Le compte rendu de cette rencontre à été publié par l’OIE sur son site web.

https://www.iba-oie.eu/Detailseite.62.0.html?&L=1&tx_news_pi1%5Bnews%5D=102&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=News&tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&cHash=2d5377a4a68c9bddfe6a243d0a0ef7ed

Colloque Cercle Européen Pierre Werner « La coopération entre les communes frontalières belges et luxembourgeoises, un instrument : le CBCT ? – La mobilité » Salle de la Stuff Guerlange le 22 novembre 2019

Le président et le secrétaire général de l’IGR ont participé à ce colloque organisé par le Cercle européen Pierre Werner en partenariat avec une vingtaine d’acteurs.

Le programme et les différentes intervention sont publiés sur le site du Cercle Pierre Werner https://cercle-werner.aubange.be/documents-2/conferences-et-colloques/colloque-du-22-novembre-2019-a-guerlange-aubange/

Voir aussi l’article du Paperjam https://paperjam.lu/article/rendre-plus-forte-relation-bel?utm_medium=email&utm_campaign=22-11-2019-Matin&utm_content=22-11-2019-Matin+CID_c83e28b5984d9367617f2c181169d4f1&utm_source=Newsletter&utm_term=Rendre%20plus%20forte%20la%20relation%20belgo-luxembourgeoise

4e Forum Grande Région UNI GR Center for Border Studies  » Redynamisation des centres villes : une analyse du comportement des consommateurs en zone transfrontalière dans la Grande Région  »  Maison de la Grande Région Esch-sur-Alzette le 21 novembre  2019

Le secrétaire général de l’IGR était présent à ce forum consacré au comportement des consommateurs et à ses impacts sur le commerce et les centres villes dans un territoire transfrontalier.

La présence de deux représentants du Forum Transfrontalier de l’Arc Jurassien franco-suisse a permis une approche comparative très enrichissante entre deux territoires transfrontaliers

Voir le Site de l’UNIGR CBS   

http://dev-center-border-studies.uni-gr.eu/fr/activites/societe/redynamisation-des-centres-villes-une-analyse-du-comportement-des-consommateurs

Voir le compte rendu rédigé par Pascale BRENET, Docteur en sciences de gestion et membre du Comité du Forum Transfrontalier Arc Jurassien, qui est intervenue à la table ronde

https://www.forum-transfrontalier.org/de-larc-jurassien-a-la-grande-region-questions-autour-de-la-distribution-peripherique-et-massive/

« Le développement territorial dans les régions métropolitaines transfrontalières » Conférence « ESPON » à l’Université du Luxembourg, Esch-Belval le 21 novembre 2019

Le secrétaire général de l’IGR a participé au point annuel du programme ESPON (European Spatial Planning Observation Network) .

L’objectif du programme de coopération ESPON est de soutenir le renforcement de l’efficacité de la politique de cohésion de l’Union Européenne  et d’autres politiques et programmes sectoriels au titre des Fonds structurels et d’investissement européens (Fonds ESI), ainsi que les politiques de développement territorial aux niveaux national et régional, par la production, la diffusion et la promotion de données factuelles territoriales couvrant l’intégralité du territoire des 28 États membres de l’UE et des quatre pays partenaires que sont l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse.

Voir le site du point de contact ESPON

https://espon.public.lu/fr/actualites/2019/Retour_conference_2019.html

Voir le site du portail de l’aménagement du territoire du Grand Duché de Luxembourg (intervention du Ministre Claude Turmes)

 https://amenagement-territoire.public.lu/fr/actualites/2019/Novembre2019/Espon_annual.html

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