Les rencontres de l’IGR – Rencontre à Martelange « la touristique »

Mardi 4 juin 2024

Maison communale de Martelange

 

 

17 membres de l’IGR ont participé à cette rencontre avec le bourgmestre de Martelange Daniel Waty, organisée grâce à Franz Clément.

Dans une ambiance à la fois conviviale et pédagogique, les caractéristiques de la commune, les opportunités et les difficultés qu’elle rencontre ont été présentées et ont suscité de nombreux échanges.

Les caractéristiques de la commune

Située, à la frontière avec le Grand-Duché, dans l’arrondissement d’Arlon, dans la Province de Luxembourg, dans l’Ardenne à mi-chemin entre Arlon et Bastogne sur la Nationale 4 et traversée par la Sûre, la commune de Martelange compte 2113 habitants (augmentation de près de 40% depuis 1991) dont 60 % des actifs travaillent au Grand-Duché.

De 1830 à 1947, Martelange fut un des hauts lieux de l’industrie de l’ardoise qui après avoir totalement disparu, renait depuis 2021 avec l’entreprise « le schiste de Martelange ». Depuis les années 1990, à Haut Martelange du côté luxembourgeois, le Musée de l’ardoise a permis de faire revivre le site de 8 ha d’une ancienne ardoisière.

Martelange est connu pour la route nationale 4 qui le traverse et fait office de frontière avec le Grand-Duché de Luxembourg. Le long de celle-ci, côté luxembourgeois, se trouvent 12 stations-service sur le territoire de Rombach, le village luxembourgeois jouxtant Martelange, qui attirent les clients belges et même français pour les carburants et l’alcool dont les prix sont moins élevés.

Martelange a été le théâtre, en août 1967, de la catastrophe de Martelange : un camion transportant 47 000 litres de gaz de pétrole liquéfié a raté un virage après une longue descente sinueuse, s’est encastré dans le parapet du pont de la Sûre et a explosé, faisant 22 morts et 47 blessés.

Martelange est dans le périmètre du Parc naturel Haute-Sûre Forêt d’Anlier créé en 2001 avec les communes de Bastogne, Fauvillers, Habay, Léglise, Neufchâteau et Vaux-sur-Sûre. Ce Parc met en œuvre sur son territoire des projets de conservation de la nature, de soutien à l’agriculture locale, de tourisme durable, de sensibilisation à l’environnement, ainsi que de préservation du paysage et du patrimoine.

Une commune face aux opportunités et aux difficultés de sa situation frontalière

 

Opportunités                                  Difficultés                  
·      Dynamique économique du Grand-Duché

·      Emplois au Grand-Duché

·      Attractivité du territoire

·      Rétrocession fiscale (Fonds des frontaliers luxembourgeois) : 450 000 € par an

·      Dépendance / dynamique du Grand-Duché

·      Pression immobilière (prix de l’immobilier en hausse encore deux fois moins cher qu’au Luxembourg qui attire les luxembourgeois mais est de plus en plus difficile d’accès pour les wallons)

·      Difficultés des entreprises wallonnes pour trouver de la main d’œuvre et développement économique local freiné

·      Saturation de la circulation automobile et des parkings du fait du « tourisme à la pompe »

·      Faiblesse de l’implication des travailleurs frontaliers dans la vie de la commune (en particulier politique)

 

Une commune qui développe des projets de mise en valeur de ses aménités au service de la qualité de vie des habitants et entend conforter la coopération transfrontalière.

 

Depuis le début des années 2000, après les fermetures successives de l’ardoisière, de l’école secondaire, de la maison de retraite et de deux campings, la commune s’est engagée dans une stratégie volontariste de développement rural (avec le soutien de la Fondation rurale de Wallonie) et de mise en valeur du territoire dans lequel elle s’inscrit

Les trois ODR (Opérations de Développement rural) ont permis la mise en œuvre de projets variés : la réalisation d’une passerelle, la construction et l’extension de la maison communale, la création d’un circuit du petit patrimoine. Des équipements issus d’autres politiques sont aussi venus s’ajouter : terrain de football, hall sportif et son extension toute récente, crèche communale, maison médicale et l’aménagement d’un pré-RAVeL (Réseau Autonome des VoieLentes afin de permettre le passage des randonneurs, des cavaliers.et des vélos).

Par ailleurs, la création d’un Village de Vacances géré par le privé dans le cadre d’un bail emphytéotique attire quotidiennement 120 personnes tout au long de l’année et assure 60 000 € annuel pour la commune.

La coopération transfrontalière est mise en œuvre avec le voisin luxembourgeois : la commune de Rombach (participation aux frais du cimetière), l’état (participation à la rénovation de RN 4) et avec le soutien des fonds européens (aménagement du sentier des fraudeurs qui traverse les deux communes).

Le bourgmestre souhaite renforcer cette coopération dans le domaine des services de secours mais aussi de la mobilité et du tourisme. Il attend de pouvoirs mettre en œuvre des projets concrets dans le cadre de la stratégie découlant de la toute récente mise en place de la Zone Fonctionnelle Transfrontalière Luxembourg -Wallonie Nord (s’inscrivant dans le programme Interreg Grande Région 2021-2027).

La rencontre s’est conclue par :

  • Une déambulation sur l’étonnante passerelle suspendue longue de 150m, à l’entrée du parc de la Tannerie, qui enjambe la Sûre et ses berges où coassent les grenouilles et permet, en accédant à une tour en bois, de découvrir une magnifique vue sur le village ;
  • Une visite du hall sportif et de son extension toute récente.

Pour aller plus loin

 La fiche Martelange sur WalStat Le portail d’informations statistiques locales sur la Wallonie https://walstat.iweps.be/walstat-fiche-entite.php?entite_id=81013

 Le site de la commune de Martelange

https://www.martelange.be/

 La fiche « Pôle rural de Martelange » – Fondation Rurale de Wallonie

https://www.frw.be/store/p236/FAR-Martelange.html

Des précisions sur le Fonds des frontaliers luxembourgeois sur le site de l’Union des Villes et Communes de Wallonie

https://www.uvcw.be/finances/etudes/art-2774#:~:text=De%202018%20%C3%A0%202021%2C%20le,une%20p%C3%A9riode%20de%2010%20ans.

Des précisions sur les Zones Fonctionnelles Transfrontalières Luxembourg Wallonie (Nord et Sud) dans le cadre du programme Interreg VI A 2021-2027 sur le site d’IDELUX

https://www.idelux.be/fr/les-zones-fonctionnelles-transfrontalieres-zft-luxembourg-wallonie    

                                         

Crédits photos André Parthenay – Jean Salque- Jean Claude Fonck

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Rencontre avec Peter Altmaier, ancien ministre allemand de l’Economie

à la Mairie de Metz le mardi 9 avril 2024 à 18 h 15

 Animée par Guy Keckhut

A l’initiative de l’IGR et de la Ville de Metz, Peter Altmaier était l’invité d’honneur d’une rencontre qui a réuni près de 80 personnes dans le grand salon de l’hôtel de ville de Metz.

Peter Altmaier : quelques éléments biographiques

Né le 18 juin 1958 à Ensdorf en Sarre.

1978, diplôme d’études secondaires, puis service militaire ; de 1980 à 1985, études de droit à l’Université de la Sarre à Sarrebruck ; premier examen de droit d’État en 1985 et deuxième en 1988 ; 1985 à 1986 études post-universitaires en « Intégration européenne », certificat en études européennes.

De 1985 à 1987, chercheur à la Chaire de droit constitutionnel et international de l’Université de la Sarre ; de 1988 à 1990, assistant de recherche à l’Institut européen de l’Université de la Sarre ; depuis 1990, fonctionnaire de la Commission européenne, de 1993 à 1994, secrétaire général de la Commission administrative de la CE pour la sécurité sociale des travailleurs migrants ; en congé depuis 1994.

En 1974, il rejoint la Junge Union (organisation de jeunesse de la CDU) et en 1976 il adhère à la CDU ; de 1988 à 1990, président d’État de la Junge Union Saar ; de 2000 à 2008, président de district de la CDU Saarlouis ; de 2006 à 2010, président de l’Union européenne Allemagne, depuis lors président d’honneur.

 

Membre du Bundestag depuis 1994 ; de 2004 à 2005 conseiller juridique du groupe parlementaire CDU/CSU ; de novembre 2005 à octobre 2009, secrétaire d’État parlementaire auprès du ministre fédéral de l’Intérieur ; du 27 octobre 2009 au 22 mai 2012, premier secrétaire parlementaire ; de mai 2012 à décembre 2013, ministre fédéral de l’Environnement, de la Protection de la nature et de la Sécurité nucléaire ; de 2013 à mars 2018, chef de la Chancellerie fédérale et ministre fédéral chargé des tâches spéciales ; du 24 octobre 2017 à mars 2018, ministre fédéral des Finances par intérim ; de mars 2018 jusqu’en décembre 2021, ministre fédéral de l’Économie et de l’Énergie.

En raison de sa grande loyauté envers le parti et de son expertise, Peter Altmaier a gagné le respect et la confiance de la chancelière Angela Merkel et a rapidement été considéré comme son proche conseiller.

En 2015-2016, pendant la crise migratoire en Europe, il a milité pour que l’Allemagne prenne ses responsabilités en accueillant des milliers de réfugiés, avec pour conditions l’apprentissage de la langue et une insertion organisée sur le marché du travail. Une position finalement défendue par Angela Merkel.

 

Dans son allocution d’accueil, François Grosdidier, maire de la Ville de Metz et président de l’Eurométropole de Metz, a évoqué la forte vocation européenne de la ville, son grand attachement à la coopération avec l’Allemagne, et en cette période charnière de conflits et de remises en cause, les enjeux du renforcement de la coopération franco-allemande et, dans le cadre de la Grande Région, de l’organisation de l’espace de vie et de mobilité transfrontalière autour de la ville de Luxembourg.

Peter Altmaier a ensuite répondu pendant plus d’une heure aux questions dynamiques posées par Guy Keckhut devant un auditoire très rapidement conquis par sa parfaite maîtrise du français (une des quatre langues qu’il parle couramment), ses qualités oratoires, son très riche parcours politique, son authenticité et sa sincérité.

Après avoir précisé les raisons de son engagement en politique il y a près d’un demi-siècle, « pour changer la vie des gens dans une perspective de paix », il a insisté sur ce que représente pour lui le cœur de l’action politique, à savoir « résoudre les problèmes de la vie quotidienne des citoyens ».

Il a aussi souligné la responsabilité de sa génération de porter l’esprit européen dans le contexte de guerre en Ukraine et à Gaza et appelé, à l‘issue des élections européennes du 9 juin prochain, dont il regrette la « nationalisation », à un compromis entre libéraux, centre, démocrates-chrétiens et droite.

Il a aussi souhaité une relance du processus de l’Union méditerranéenne comme pilier central de la politique européenne dans le contexte géopolitique actuel.

Revenant sur la crise migratoire de 2015-2016, il a justifié les choix proposés à Angela Merkel par des enjeux géopolitiques (stabiliser la cohésion européenne et les relations avec la Turquie) et humanitaires. Il a aussi plaidé pour une politique migratoire à l’échelle européenne et une répartition équitable des flux entre pays de l’Union.

Il a enfin évoqué à plusieurs reprises la coopération franco-allemande qui doit rester le moteur de l’Europe, tout en reconnaissant que la guerre en Ukraine a eu un impact négatif sur la relation entre les deux pays. S’il y a sur le fond une vision assez proche entre les deux pays, aucun accord stratégique n’a pu malheureusement être trouvé.

Il a insisté sur la nécessité d’un compromis préalable entre les deux pays avant toute discussion avec les autres partenaires européens et sur la nécessité de ne pas manifester publiquement ses désaccords.

Article paru sur le site Voisins Nachbarn le 10 avril 2024 : Pourquoi Peter Altmaier est-il entré en politique

Crédits photos Pascal Bodez

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