Les élections législatives luxembourgeoises du 8 octobre en 5 questions
Quelle place prennent les élections législatives dans la vie politique du pays ?
Ce sont elles qui aboutissent obligatoirement à la mise en place d’un gouvernement et d’un Premier ministre. Elles jouent donc un rôle essentiel dans la vie du pays tous les cinq ans. Comme dans toutes les démocraties parlementaires l’élection a lieu en un seul tour (pour le Luxembourg cette année c’était le 8 octobre) avec au Luxembourg un système un peu complexe, puisque l’on vote à la fois pour une liste mais aussi nominativement pour des députés.
Il faut noter que ces élections se sont déroulées dans un climat très apaisé, y compris au moment de la proclamation des résultats. Il y a peu de petites phrases et encore moins d’invectives , en raison de la culture du consensus du pays mais aussi parce que les différents acteurs seront nécessairement amenés à s’allier pour gouverner.
Que penser des résultats de ces élections ?
Ils sont en fait assez lisibles. Le CSV, parti conservateur longtemps dirigé par Jean-Claude Juncker, a obtenu un nombre de sièges suffisamment important pour le placer en tête et donc pour être désigné par le Grand-Duc comme formateur du futur gouvernement.
Luc Frieden, le chef de file du CSV à très rapidement choisi de faire une alliance avec les libéraux de Xavier Bettel qui dirigeaient le pays depuis 2013 avec les Verts et les Socialistes
Les deux partis vont maintenant s’atteler à se mettre d’accord sur le programme de gouvernement qu’ils présenteront ensuite devant l’assemblée. Cela nécessitera un peu de temps mais il est probable que ce travail devrait déboucher assez rapidement.
En ce qui concerne les prises de responsabilité Luc Frieden devait devrait être, sauf surprise, le futur Premier ministre. Xavier Bettel, le précédent Premier ministre resterait dans le gouvernement peut-être, disent certains, sur le poste de ministre des Affaires étrangères. Le maire d’Esch-sur-Alzette, Georges Mischo, pourrait aussi devenir ministre
Quels sont les perdants de cette élection ?
En premier lieu les Verts donc il faut dire qu’ils occupaient des postes très exposés dans une démocratie : (logement, police, transports). Ils souffrent aussi paradoxalement du fait que les électeurs installés au Grand-Duché privilégient surtout aujourd’hui le pouvoir d’achat et la sécurité. C’est une problématique qui existe aussi dans d’autres pays, on l’a vu le même jour en Allemagne dans le cadre des élections en Hesse et en Bavière.
Les socialistes peuvent également être considérés comme ayant perdu l’élection alors que paradoxalement leur résultat est plutôt bon. C’est le jeu des alliances qui les exclut du pouvoir
Enfin les petits partis sont loin d’être en perdition et font des scores parfois significatifs notamment à l’extrême droite, mais dans une proportion qui n’est pas comparable avec celle que connaissent les pays voisins et notamment l’Allemagne et la France.
Quelle incidence ces élections vont-elles avoir sur la vie des frontaliers et plus largement sur la coopération transfrontalière ?
Il est difficile de le dire aujourd’hui. La problématique transfrontalière a été très peu présente dans les thématiques abordées au cours des élections. Luc Frieden a réaffirmé à plusieurs reprises sa volonté de développer une politique transfrontalière plus affirmée. L’avenir dira jusqu’où le nouveau gouvernement sera prêt à aller. Le travail mené par les Verts pour favoriser la mobilité des frontaliers sera sans nul doute poursuivi, notamment dans le domaine ferroviaire.
En matière de coopération économique l’introduction d’une rétrocession fiscale automatique vers les communes, comme cela se passe avec la Belgique, apparaît très peu probable. Mais la mise en œuvre de projets partagés pourrait peut-être être davantage activée en tout cas espérons-le.