Du microcosme de la Grande Région à une Europe fédérale plus forte

Une tribune libre de Hanspeter Georgi

L’Europa-Union Saar avait invité le dimanche 6 mars 2022 à un « Premier colloque fédéraliste » sous-titré « Plus d’Europe grâce à des listes transnationales« . L’ensemble de la manifestation en ligne a été soutenu par le Forum EUROPA a.s.b.l., fondation sans but lucratif (Luxembourg).

Le colloque s’est basé sur un document  intitulé « Pour une Europe fédérale et démocratique des régions ». Il est intéressant de constater que l’on retrouve dans cette prise de position des positions et des suggestions telles qu’elles ont été développées dans le dépliant de l’IGR « Forums de la société civile » et dans « l’Appel de Trèves » de 2019.

Objectif : parvenir à une Europe plus forte par le biais de listes transnationales et d’un parlement interrégional directement élu – en quelque sorte testé comme laboratoire réel dans les régions frontalières intérieures. (Pour ce document de position de l’EU Saar, les suggestions du discours de la Sorbonne du président Macron ont probablement joué le rôle de parrain intellectuel).

La table ronde a réuni des juristes : le professeuy Giegerich, Sarrebruck, le professeur Callless, FU Berlin, et le professeur Eppler, Kehl. Après un approfondissement dans quatre groupes de travail, une table ronde finale a eu lieu avec Karl-Heinz Lambertz, président du Parlement de la Communauté germanophone de Belgique, Jasha Frey, député du Bade-Wurtemberg, et Manuela Ripa, députée européenne.

Les contributions et la discussion ont été un encouragement pour l’UE Sarre à continuer à travailler sur son objectif. En effet, pour générer des progrès dans la coopération au sein des microcosmes européens tels que la Grande Région ou d’autres régions frontalières intérieures, il faut une volonté politique. Cela présuppose à son tour un engagement durable de la société civile. Les progrès réalisés dans les microcosmes en tant que laboratoires réels pour une amélioration de la coopération européenne constituent la meilleure base pour des améliorations au niveau européen. Manuela Ripa, députée européenne, a encouragé tous les acteurs des régions frontalières intérieures à progresser dans ce sens. En effet, l’UE a également pris conscience de l’importance des régions transnationales pour l’Europe. Et Josha Frey a ajouté que le potentiel offert par le traité d’Aix-la-Chapelle à cet égard était encore loin d’être épuisé. Karl-Heinz Lambertz, qui s’appuie sur un demi-siècle de travail politique dans ce domaine, a encouragé les participants malgré les déceptions : Continuer à creuser pour obtenir plus de coopération institutionnelle, plus de budgets, plus de participation citoyenne. Il faudra beaucoup de patience pour parvenir à la nouvelle « constitution d’une collectivité territoriale européenne » souhaitée par l’UE en Sarre. Les avantages pour le quotidien des citoyens et des citoyennes dans les régions européennes devraient être clairement visibles, selon les trois professeurs. Le professeur Giegerich l’a illustré dans son introduction en prenant l’exemple des soins « transfrontaliers » aux patients.

Dans notre cas, la question de la délimitation géographique de la Grande Région est reportée, mais pas annulée. Sans cette définition de l’espace de coopération ou plutôt d’intégration, la question des listes transnationales, des circonscriptions transrégionales et de l’élection directe d’un parlement interrégional reste dans le vide.

La présidente de l’EU Saar, Margriet Zieder-Ripplinger, et le modérateur, le professeur Norbert Gutenberg, ont conclu en informant que tant le document de synthèse que les contributions des experts et les résultats des discussions seraient transmis à la « Conférence sur l’avenir de l’Europe ».

En conclusion : une réflexion enrichissante et motivante

Dr Hanspeter Georgi

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