Certification des diplômes pour le respect de la diversité linguistique

 

Un décret émanant du Premier ministre français, daté du 3 avril 2020, subordonne l’obtention du BTS à une certification du niveau en anglais des candidats. Parallèlement, un second arrêté émanant de la ministre française de l’Enseignement supérieur, porte sur les certifications en langue dans le cadre des licences, licences professionnelles et DUT, et subordonne l’obtention de ces diplômes à sa passation en anglais.

La certification, mise en œuvre par un organisme privé, représentera à partir de la rentrée 2022 une facture annuelle de plus de 32 millions d’euros. On peut s’interroger sur l’intérêt de cette dépense conséquente.

L’Institut de la Grande Région (IGR) rejoint l’avis de beaucoup d’acteurs qui contestent la décision du gouvernement français, et ce, pour plusieurs motifs :
atteinte au plurilinguisme au sein des universités par la seule obligation de l’anglais et, de ce fait, appauvrissement des profils étudiants français en matière de langues vivantes ;
financement d’organismes privés par de l’argent public pour l’obtention d’un diplôme national public ;
standardisation des pratiques dans une seule visée certificative.

Tout ceci, selon l’IGR, représente une très mauvaise nouvelle pour la Grande Région qui a fait du plurilinguisme l’un de ses axes de développement stratégique. L’obligation de certification en anglais, excluant toute possibilité de choix alternatif d’une autre langue de l’Union européenne, diminuera de façon importante le nombre d’étudiants en allemand mais aussi dans les autres langues européennes. Il s’agit d’une atteinte évidente portée à la diversité linguistique.

La décision du gouvernement français se révèle aussi contraire à l’esprit du traité d’Aix-la-Chapelle, signé par la France et l’Allemagne en 2018, et plus spécifiquement des articles 10 « Les deux États rapprochent leurs systèmes éducatifs grâce au développement de l’apprentissage mutuel de la langue de l’autre » et 15 « les deux États sont attachés à l’objectif du bilinguisme dans les territoires frontaliers ».

C’est pourquoi, en s’associant aux démarche déjà engagées, l’Institut de la Grande Région demande au Gouvernement français de revoir sa politique en matière de certification en langue anglaise des diplômes de l’enseignement supérieur et de permettre, en fonction des spécificités des territoires, tant aux universités qu’aux étudiants, d’exercer un libre choix fondé sur la diversité.

IGR | Contact presse
Guy Keckhut | +33 (0)6 76 47 88 20 | guy.keckhut@gmail.com

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L’Institut de la Grande Région communique…

« La montée des populismes en Europe est extrêmement préoccupante. Elle sape dans ses fondements même cet idéal européen qui place en son cœur les solidarités, la rencontre des énergies et non pas le repli sur soi. Certes, la vague anti-européenne demeure pour l’heure politiquement contenue. Elle l’a été il y a quelques mois en Autriche, quelques  semaines aux Pays-Bas puis en Sarre le 26 mars dernier. Elle doit également l’être le 7 mai prochain en France. Dans ce contexte, les responsables de l’Institut de la Grande Région appellent clairement à faire en sorte que la candidate de l’extrême-droite ne parvienne pas au pouvoir en France. Dans le même temps, l’IGR continuera à se battre pour que l’idéal européen fasse sens pour les citoyens de chaque pays. La Grande Région transfrontalière, qui s’étend des Ardennes à la Moselle, est un espace essentiel pour ancrer des projets utiles et perceptibles par ses habitants. Il faut plus que jamais les  mettre davantage en évidence. La responsabilité de tous les acteurs transfrontaliers est engagée. Il faut aujourd’hui affirmer avec plus de force la nécessité d’indispensables solidarités entre les pays transfrontaliers. »

Le président

Roger Cayzelle

Les vice-présidents

Günther Schartz (Rhénanie-Palatinat)

Hans-Peter Georgi (Sarre)

Bruno Echterbille (Wallonie)

Bruno Theret (Grand-Duché de Luxembourg)

Gérard Rongeot (Lorraine)

mardi 2 mai 2017

 

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Sortir des malentendus

« Ils vont certainement vous demander de l’argent » : cette formule triviale lancée récemment dans un cercle privé par un responsable luxembourgeois à quelques jours de la Conférence intergouvernementale franco-luxembourgeoise caractérise bien le malentendu qui imprègne  encore trop souvent les relations entre  la Lorraine et le Grand-Duché. La CIG se réunit en effet en principe une fois par an, mais dans les faits de manière plus irrégulière depuis 2011. Elle a pour objectif d’examiner le nature des coopérations possibles entre le Luxembourg et la Lorraine en présence d’élus lorrains (et cette année du Grand Est) mais aussi de représentants de  l’Etat Français. Traditionnellement ce sont des questions liées à la formation, à la santé, Esch-Belval et bien sûr à tout ce qui touche à la mobilité des travailleurs qui sont abordées. Cette année toutefois, la question de la compensation financière risque d’imprégner les débats. Plusieurs représentants de collectivités françaises, en particulier frontalières, estiment en effet que l’afflux de salariés qui viennent s’installer sur leur territoire pour aller travailler au Luxembourg génère des coûts importants pour les communes en matière d’équipements collectifs notamment au niveau des écoles et des garderies. Ils demandent donc au Grand-Duché de leur attribuer une indemnité forfaitaire à l’exemple de ce qui se fait entre la Suisse et la région d’Annemasse (depuis le XVIIIe siècle) mais aussi entre la Belgique et le Luxembourg. Cette revendication, qui s’exprime avec plus ou moins de vigueur depuis plusieurs années, provoque en retour de l’incompréhension, voire de l’irritation, chez les responsables Grand Ducaux. Ceux-ci peuvent à bon droit argumenter sur le fait que les créations d’emplois luxembourgeois provoquent certes des dépenses nouvelles pour les communes françaises mais qu’en retour celles-ci bénéficient d’un afflux de population qui ne peut que les enrichir. « Si nous n’étions pas là, de nombreuses municipalités fermeraient des écoles au lieu d’en construire de nouvelles », rappellent parfois certains responsables Grand Ducaux. On peut comprendre cette objection Imaginerait-on  en Lorraine les villes de Briey ou de Sarrebourg réclamer de l’argent à Metz ou à Strasbourg au prétexte que de nombreux salariés vont travailler dans les deux métropoles régionales. En Lorraine comme ailleurs de nombreuses communes périphériques tirent leur richesse de leurs proximités avec les villes  centre sans pour autant exiger des compensations de leur part. Il reste que tout cela créé aussi beaucoup de frustrations. Elles s’expriment côté luxembourgeois à travers un sentiment diffus d’invasion. Mais, côté français, il n’est  pas contestable qu’un certain  nombre d’élus lorrains mais aussi d’habitants ont le sentiment de n’être qu’une force d’appoint pour l’économie luxembourgeoise. Il faut aussi entendre ce ressenti. Pour y répondre, la meilleure voie est celle d’une coopération plus active, plus visible et plus conséquente entre les deux territoires. Les questions de mobilité y ont évidemment leur place  On imagine par exemple assez mal que Grand-Duché ne s’associe pas au financement de l’élargissement autoroutier entre Thionville et la frontière. Mais c’est sans nul  doute  aussi autour d’autres coopérations qu’il faut travailler. Certaines peuvent déboucher sur des initiatives proches des frontières dans le domaine de la santé, du tourisme et de la culture. Pourquoi le Grand-Duché  ne soutiendrait-il pas, par exemple, l’effort d’une ville  ou d’un territoire lorrain en matière d’équipements culturels à Rodemack, Longwy ou Thionville. D’autres coopérations peuvent être plus  larges en matière universitaire par exemple, l’essentiel étant qu’elles soient visibles et qu’elles marquent une volonté. C’est sans nul doute cette volonté d’afficher une construction durable et volontariste entre la Lorraine et le Luxembourg qui est  aujourd’hui au cœur du  débat. La CIG, espérons-le, saura sans nul doute l’aborder sas détour dans quelques jours.

Roger Cayzelle

LE JEUDI

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Demain teinte

Demi-teinte

René Collin est un homme chaleureux qui sait recevoir ses amis. Il l’a montré l’an dernier à l’occasion du  sommet intermédiaire de la Grande Région à Marche en Famenne.  Il a récidivé le 20 décembre dernier en recevant à Arlon tout le gratin régional à l’occasion du 15e Sommet de la Grande Région. La totalité des responsables politiques de l’espace Grand régional  avaient en effet répondu à son invitation, de Paul Magnette à Malu Dreyer en passant par Annegret Kramp-Karrenbauer et bien sûr Xavier Bettel. Même Philippe Richert, le nouveau  président de la nouvelle Région Grand Est, était présent, accompagné, côté français, de Jean-Luc Bohl, Patrick Weiten, Mathieu Klein et Claude Léonard et du représentant du Préfet de Région. C’est ainsi, on peine toujours à dégager clairement le chef de file en Lorraine et la création de la nouvelle région n’a pas simplifié les choses. La séance de travail organisée par celui qui fut pendant deux ans le président de la Grande Région aura donc eu le mérite de la transparence. Elle aura permis d’afficher une volonté commune et des objectifs volontaristes devant tous ceux  qui s’investissent  dans cet espace défini en 1995 et qui regroupe la Wallonie, le Luxembourg, la Sarre, la Rhénanie Palatinat et la Lorraine. Au lendemain de l’attentat terroriste de Berlin chacun eut donc l’occasion de réaffirmer son attachement à l’Europe et à ses valeurs, René Collin passant ensuite en revue les travaux et les objectifs du sommet. Ils seront désormais  déclinés sous la présidence du Grand-Duché. Corinne Cahen, la future présidente, prendra officiellement ses fonctions le 2 février prochain et présentera alors ses objectifs pour les années 2017 et 2018. Au total, ce quinzième sommet  fut donc loin d’être inutile et il aura été marqué par une vraie volonté d’aller de l’avant. D’où vient pourtant ce sentiment récurent d’une initiative un peu trop convenue et assez peu attractive ? On a pu en effet le constater une fois de plus : ces sommets n’intéressent guère le grand public et relativement peu la presse. Les responsables politique français étaient par exemple venus en nombre mais aucun journaliste ne les accompagnaient, qu’ils soient lorrains, champardenais et encore moins alsaciens. Trois raisons principales peuvent expliquer ce désintérêt. La première tient au fait que, quoi qu’on en dise, un doute s’est installé inconsciemment dans l’esprit de nos dirigeants qu’ils soient Français Belges Allemands ou Luxembourgeois. Il y a certes sans nul doute moins de désarroi qu’au niveau européen où l’humilité est aujourd’hui de rigueur et où on répugne « à avancer des idées neuves qu’on serait incapable de mettre en œuvre » selon le mot de Janis Emmanouildis chercheur au centre politique européen. Les convictions de nos dirigeants régionaux restent  réelles, leur engagement n’est pas à remettre en cause  mais leurs priorités sont souvent ailleurs. La seconde raison est par contre due à la difficulté qu’ont  la plupart des responsables de la Grande Région Transfrontalière à relier une vision stratégique et le développement de projets concrets. Ils cherchent même parfois inconsciemment à opposer les deux. Or les projets et les réalisations effectives  sont bien plus nombreux qu’on ne le croit, comme on l’a bien montré Pascale Braun dans son remarquable ouvrage, « l’Europe entre voisins ». On rétorquera que les résolutions, issues du sommet, développent une  vision mais il faut bien dire que tout cela reste  trop peu incarné dans les expressions publiques des uns et des autres. Dans ces conditions l’intervention en fin de séance du wallon Philippe Ledent, président  du Comité  Economique et Social de la Grande Région, mérite par contre d’être examinée de près. Il fut un des rares à réussir un exercice visant à dire quels sont les problèmes posés et à exposer les voies et les moyens pour y répondre. Il ne serait pas absurde de s’appuyer sur ces propos très structurés. Enfin, l’’absence de visibilité du travail mené pour le Sommet réside aussi dans une mise en scène trop conventionnelle de ce sommet. Malgré la volonté du président Collin de faire en sorte qu’ils ne soient ni trop longs ni trop abstraits la succession de discours à la tonalité assez classique a pu paraitre par moment assez contre-productive. En matière d’affichage, la mire reste encore à régler.

 

Roger Cayzelle

LE JEUDI

 

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