Le 16 juin dernier nous avons eu l’honneur d’accueillir Georges Santer dans le Grand Salon de l’Hôtel de Ville de Metz. Organisé sur une initiative de la ville en partenariat avec l’IGR,  l’événement a attiré pas moins  60 participants, dont un groupe d’étudiants de l’Université de Québec, en formation à l’IAE. La conférence était animée par Guy Keckhut.

Madame Molet-Terver, conseillère municipale déléguée au jumelage, a ouvert la rencontre au nom du maire de Metz, F. Grosdidier. Metz est jumelée avec 5 villes, dont Luxembourg depuis 1953. Madame Molet-Terver s’est félicitée de l’amitié franco-luxembourgeoise et du jumelage, qui se traduit par exemple par l’accompagnement des travailleurs frontaliers.  

Guy Keckhut a retracé la carrière de Georges Santer. Nommé Ambassadeur à Pékin (1991-1995), puis à Vienne (1995-2002), il a notamment exercé les fonctions d’Ambassadeur auprès du Saint-Siège, au Luxembourg en France de 2004 à 2012, ensuite à Berlin de 2012 à 2017. Il était ainsi chargé des relations bilatérales dans les grandes capitales que sont Pékin, Vienne, Paris, et Berlin.

Georges Santer : une vision pour les relations sino-luxembourgeoises qui a contribué aux nombreux partenariats avec la Chine

De par son séjour de quatre ans en tant que diplomate à Pékin, Georges Santer connait très bien les relations sino-luxembourgeoises. Il a expliqué à son auditoire qu’il était convaincu dès 1991 de l’essor futur de la Chine. Les Européens, notamment les Français et les Luxembourgeois ont des difficultés à comprendre comment le pays a fait un bond économique aussi important  et aussi rapide. La Chine n’oublie pas les humiliations des Européens du XIXème siècle et prend une revanche.

Cette vision fait que G. Santer a contribué à développer les relations diplomatiques avec la Chine  et lesrelations économiques au moment où la Chine était en phase de réouverture économique.  Il a préparé certains des premiers contacts qui, plus tard, ont abouti à partenariats en logistique aérienne et dans le domaine de la finance.

Ces échanges se déclinent actuellement dans plusieurs secteurs : →Le Luxembourg est devenu une plateforme stratégique pour le fret sino-européen (Cargolux) → l’installation de services financiers spécialisés (de nombreuses banques chinoises sont domiciliées au Luxembourg). →des accords sur les technologies spatiales

Georges Santer nous a également expliqué l’apport du Luxembourg au développement de la sidérurgie chinoise.  En tant qu’expert de la sidérurgie, le Luxembourg a joué un rôle significatif dans le transfert de technologies de production vers la Chine.

Comment l’Europe peut-elle faire pour peser sur les décisions mondiales ?

G. Santer a répondu à cette question posée par G. Kechhut.
Il nous a fait remarquer que le Luxembourg est aujourd’hui le seul pays européen à n’avoir pas de parti d’extrême droite. Les partis d’extrême droite doivent être davantage pris en compte dans le dialogue. L’Europe s’est développée énormément avec 27 pays, et les gens se retrouvent difficilement dans l’Europe.

Pour davantage peser dans les décisions mondiales, l’Europe devrait se renforcer, en matière de politique étrangère et de défense commune pour être capable de peser face aux grandes puissances que sont les USA, la Chine, et la Russie.

Le regard porté par Georges SANTER sur la Grande Région

La Grande Région est une structure complexe. Elle réunit des composantes ayant chacune un cadre juridique différent. Cela implique une diversité de niveaux de décision (Etat fédéral, Länder, régions, communautés linguistiques). Seul le Luxembourg est un Etat souverain. Il n’est pas sûr que le Luxembourg soit pour autant disposé à jouer le rôle de porte-parole de la Grande Région. Le Luxembourg a un devoir de sympathie envers la France notamment.  

Le Luxembourg est le pôle d’attraction de la Grande Région et attire chaque jour plus de 200 000 frontaliers.

Sa dynamique de croissance risque toutefois de ralentir dans le futur. Les coûts liés au vieillissement de la population (santé, retraite) prendront toujours plus de place et des réformes seront nécessaires. Or le Luxembourg est habitué à vivre dans l’abondance. Son fonctionnement tripartite (Etat, patronat, syndicats) qui repose sur le dialogue social lui permet toutefois d’envisager des réformes consensuelles pour l’avenir.

André Parthenay, membre de l’IGR, a posé la question du rôle concret du GECT Grande Région.  Créé sous l’impulsion de Georges Santer en mai 2025, son siège est à Luxembourg. Le GECT ne se substitue pas aux administrations existantes mais il est censé créer des synergies et coordonner les politiques des différentes composantes. Son objectif local était de faire de la Grande Région un territoire attractif pour les entreprises. Les résultats restent toutefois limités.

A la suite de cette conférence très enrichissante, les participants se sont retrouvés autour d’un cocktail offert par la mairie pour un moment convivial.