5e Forum Grande Région UNI GR Center for Border Studies

Changement climatique et durabilité dans la Grande Région

 10 septembre 2020- En ligne

 

Le secrétaire général de l’IGR a participé à ce forum en ligne qui a réuni une cinquantaine de participants.

Problématique

Nous connaissons actuellement de multiples crises, telles que la crise sanitaire mondiale et les crises sociales et économiques qui y sont liées. En outre, le changement climatique et ses conséquences représentent l’une des plus grandes crises mondiales de notre époque. L’augmentation des températures, les tempêtes, l’appauvrissement de la biodiversité et les autres conséquences du changement climatique ne s’arrêtent pas aux frontières régionales ou nationales. Le changement climatique est un phénomène transfrontalier dont les manifestations sont diverses au niveau local et qui se font également sentir dans la Grande Région. Mais comment contrer cette crise à long terme ?

Les tactiques d’isolement et de démarcation nationale, que nous connaissons dans la crise de Corona virus, semblent totalement inadaptées pour faire face au changement climatique. L’adaptation durable au changement climatique doit être pensée stratégiquement et négociée au-delà des frontières. Alors que nous connaissons à plusieurs reprises des désaccords et des impasses dans les négociations internationales sur le climat, ces dernières années, les niveaux d’action locaux et régionaux en particulier sont apparus comme des unités spatiales centrales pour faire face aux impacts du changement climatique. Dans la Grande Région également, il devient évident que les autorités locales en particulier développent souvent leurs propres stratégies pour répondre aux défis écologiques, sociaux et économiques que pose le changement climatique.

Quelles sont les mesures de protection du climat disponibles au niveau municipal ? Quels sont les obstacles auxquels les municipalités de la Grande Région sont confrontées à cet égard ? En outre, une stratégie à long terme réussie ne devrait-elle pas être basée sur une adaptation globale et transformative au changement climatique plutôt que sur des mesures de protection individuelles ?

Bien que la Grande Région soit déjà étroitement liée dans de nombreux domaines, la coopération et la gouvernance transfrontalières en matière de changement climatique semblent en être encore à leurs débuts. Dans ce forum, nous souhaitons donc encourager un dialogue transfrontalier productif en nous penchant sur le niveau municipal. Comment nos municipalités voisines gèrent-elles le changement climatique et que pouvons-nous apprendre d’elles ? Comment pouvons-nous contribuer à la mise en œuvre de la Convention de Paris sur le climat ? La Grande Région au cœur de l’Europe peut-elle devenir une pionnière en matière de climat ?

Discutant.e.s

  • Manuel Mavel (Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement Grand Est)
  • Rainer van den Bosch (Vorstand Energiewende Hunsrück-Mosel eG)
  • Claudia Mohr (Klima-Bündnis Lëtzebuerg)
  • Antje Bruns (Université de Trèves)
  • Peter Dörrenbächer (Université de la Sarre, animation)

 

1- Interventions

En introduction, Antje Bruns rappelle que la crise climatique est un défi tant transfrontalier que mondial et à souligné qu’à l’échelle de la Grande Région, deux niveaux d’action sont essentiels  : le local et le régional.

L’interaction entre ces deux niveaux est un enjeu primordial (la gouvernance) pour mettre en œuvre de façon pertinente une double stratégie :

  • protection du climat ;
  • adaptation au climat.

Manuel Mavel présente brièvement la DREAL qui s’inscrit dans  la nouvelle organisation de l’administration de l’État en région  en Région Grand Est depuis le 1er janvier 2016.

La DREAL met en œuvre, sous l’autorité du préfet de région et des préfets de départements, les politiques publiques du Ministère de la Transition Écologique et Solidaire (MTES) et du Ministère de la Cohésion des Territoires (MCT).

Ses missions sont axées sur :

·     la Transition Énergétique pour la croissance verte,

·     le renforcement de la multi-modalité, la fluidité et la sécurité des déplacements,

·     la construction d’une politique régionale de l’habitat adaptée aux besoins des habitants et du territoire,

·     la prévention des risques à fort impact humain et économique,

·     la préservation des ressources naturelles et la biodiversité, l’accompagnement de la transition écologique et l’évaluation         environnementale,

·     la promotion d’un aménagement durable.

Il détaille le rôle du Plan Climat Air Energie Territorial que les intercommunalités de plus de 20 000 habitants doivent formaliser en mobilisant l’ensemble des acteurs locaux.

Le Plan Climat Air-Énergie Territorial (PCAET) est un outil de planification qui a pour but d’atténuer le changement climatique, de développer les énergies renouvelables et maîtriser la consommation d’énergie.

Outre le fait, qu’il impose également de traiter le volet spécifique de la qualité de l’air), sa particularité est sa généralisation obligatoire à l’ensemble des intercommunalités de plus de 20.000 habitants à l’horizon du 1er janvier 2019, et dès 2017 pour les intercommunalités de plus de 50.000 habitants.

Il peut être de nature assez différente en fonction de l’engagement des collectivités concernées, mais son contenu est fixé par la loi :

·       un diagnostic,

·       une stratégie territoriale,

·       un plan d’actions

·      un dispositif de suivi et d’évaluation des mesures initiées.

Il évoque le PCAET de Communauté d’agglomération de Longwy comme un exemple intéressant.

En conclusion, il souligne que la Lorraine semble moins affectée par le changement climatique que d’autres territoires de la Région Grand Est et d’autres régions françaises et évoque une problématique forte en Lorraine et dans les territoires frontaliers : celle de l’import/export des émissions de gaz à effet de serre qui implique solidarité et compensation entre les territoires (comme cela se passe pour la gestion de l’eau)

Claudia Mohr présente l’Alliance pour le climat Luxembourg

Depuis 30 ans, les municipalités membres de l’Alliance pour le Climat œuvrent en faveur du climat, en partenariat avec les peuples autochtones des forêts tropicales. Avec plus de 1 700 membres dans 27 pays européens, l’Alliance pour le Climat constitue le plus important réseau mondial de communes engagées pour le climat. Notre alliance est la seule à s’être défini des objectifs chiffrés : chaque commune ou ville membre s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 10% tous les 5 ans.

Consciente de l’impact des modes de vie occidentaux sur les peuples et les territoires les plus vulnérables de la planète, l’Alliance pour le Climat combine actions locales et responsabilité globale. Le réseau coopère avec les peuples indigènes, mène des campagnes de sensibilisation et fournit des instruments pour l’action en faveur du climat. Il offre également de nombreuses opportunités d’échanges et représente ses membres aux niveaux national, européen et international. www.climatealliance.org

 

Au Luxembourg, c’est en 1995 que quelques communes se joignent aux ONG « ASTM – Action Solidarité Tiers Monde » et « Mouvement Ecologique » dans le but de fonder ensemble le « Klima-Bündnis Lëtzebuerg/Alliance pour le climat Luxembourg ».

A l’heure actuelle,  l’Alliance pour le climat Luxembourg  compte 40 communes membres (avril 2020). Afin d’atteindre les objectifs qu’elles se sont fixés, les communes échangent leurs expériences,  soumettent des projets d’initiatives et mettent en oeuvre des actions communes. S’il est vrai que chaque commune préserve son autonomie, elle gagne néanmoins en expérience par les actions des autres membres luxembourgeois et européens et au-delà, des organisations partenaires Action Solidarité Tiers Monde et Mouvement Ecologique. En outre, l’Alliance pour le climat est un porte-parole pour les communes en matière de politique énergétique, climatique et de développement vis-à-vis des niveaux national et européen.

Les efforts déployés par l’ Alliance pour le climat Luxembourg  bénéficient du soutien des Ministères compétents en matière de Coopération au développement et de Développement durable.

 

 

Rainer van den Bosch (Vorstand Energiewende Hunsrück-Mosel eG ) présente la coopérative énergétique citoyenne qui a son siège à Monzelfeld : fondée en février 2018 avec 17 membres fondateurs, EwHM eG compte déjà 88 membres et est actuellement en train de construire le neuvième système de toiture photovoltaïque.

Il regrette les conditions-cadres discriminatoires et les taxes et prélèvements disproportionnés dans la construction et l’exploitation des systèmes photovoltaïques. Les restrictions de plus en plus complexes que le législateur a introduites depuis 2012 freinent massivement une transition énergétique citoyenne. Cela conduit à ce que chez EwHM eG, 59 projets sont actuellement suspendus en raison de leur inefficacité. Rien que pour les 10 plus gros projets, avec un volume d’investissement de 1,2 million d’euros, aucune commande ne peut donc être passée et aucune impulsion d’emploi d’avenir dans la région n’est créée.

Il souhaite les décideurs politiques et économiques au niveau fédéral lèvent les obstacles au plus vite .

Il conclut son intervention en évoquant le besoin d’une volonté claire et d’un soutien à tous les niveaux politiques pour une protection du climat qui mérite ce nom et pour une transition énergétique décentralisée avec une valeur ajoutée régionale maximale.

 

2-Discussion

            Peter Dörrenbächer (Université de la Sarre, animation)remercie les intervenants pour leurs présentations très diversifiés, en regrettant la faible évocation de la dimension grand-régionale et transfrontalière.

Il propose les questionnements suivants pour structurer la discussion :

  • comment de référer à la Grande Région ?
  • quels sont les phénomènes transfrontaliers ?
  • quels sont les possibilités de projet transfrontaliers ?
  • pour y parvenir : quels projets déjà existants, quels interlocuteurs ?
  • comment intensifier la coopération transfrontalière en développant les expérimentations et permettre ainsi à la Grande Région de devenir une région transfrontalière modèle dans le domaine du développement durable

Constats partagés

La Grande Région est rarement le cadre des contacts et des coopérations.

La mobilisation des citoyens est un enjeu fort.

L’identification des autorités compétentes et la diversité des procédures dans chaque versant de la Grande Région sont un obstacle à la coopération. Manuel Mavel évoque alors le travail mené dans le cadre du groupe de travail « environnement » du Sommet d es exécutif : la réalisation d’un guide des procédures transfrontalières  de consultation dans le domaine du développement durable. Il sera publié dans quelques semaines.

Il est nécessaire pour les acteurs locaux d’élargir leurs horizons et de saisir l’opportunité donnée par le forum de l’UniGR CBS pour développer la coopération transfrontalière.

            Propositions     

Avec le soutien méthodologique de l’UniGR CBS (et si cela est possible aussi, des fonds Interreg) :

– constituer un réseau ente acteurs des versants de la Grande Région  permettant d’enrichir collectivement les réflexions par l’échange de démarches et de pratiques (avec un focus sur la mobilisation des citoyens) ;

– réfléchir à la constitution d’une base de données partagées ;

– réfléchir à l’intérêt de la création d’une Agence Grand régionale.             

Pour aller plus loin

Site de l’UNIGR CBS  :   http://cbs.uni-gr.eu/

 

 

 

 

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